Ça fait peut être, quoi, quinze, vingt, cinquante fois ou plus que je rature des ébauches de discours sur ce bloc note. Le stress commence à monter, j’ai envie que tout soit parfait, que les mots soient justes, les intentions claires, qu’aucun grain de poussière vienne bloquer l’engrenage du plus beau jours de ma vie. De notre vie, à Robyn et moi. Trois ans maintenant qu’on partage nos quotidiens, qu’on s’est installé ensemble dans cette villa cosy sur les hauteurs de San Francisco, qu’on s’associe régulièrement dans nos projets professionnels. Une sorte de symbiose s’est créée, on fonctionne bien à deux, tellement bien qu’on a décidé de sceller notre union, aujourd’hui, au Mexique. Mais impossible de mettre des mots sur toutes ses années passées. Le temps passe et je suis toujours aussi peu bavard quand il est question d’exprimer ses sentiments. Toc, toc, toc! On frappe à la porte de ma chambre, j’espère que ce n’est pas la curiosité de Rob qui l’amène jusque là, ça porte malheur de voir la mariée avant la cérémonie… « J’ai pas pu la retenir » C’est la voix de ma mère. Immédiatement j’attrape un peignoir sur le dossier de la chaise pour me cacher de l’éventuelle mariée qui suivrait. Et. Non. La mariée en question n’atteint même pas la poignée de la porte, n’articule pas encore assez et doit être maintenue par les bras pour aligner trois pas. « Eden » Notre fille, d’à peine un an. Le plus beau cadeau qu’on ait pu me faire et certainement celui qui a fait taper le plus de fous-rires à Rob parce que voir le grand Tomen Greloyed complètement paniqué à l’idée de changer une couche, vérifier au thermomètre la température exacte du lait et composer le numéro des urgences dès que le bébé tousse de travers c’est quelque chose. Je m’empresse de prendre ma fille dans les bras et de lui faire deux trois grimaces pour entendre son petit rire. Le plus beau des rires. « Tu es prêt ? On t’attend pour dire bonjour à tout le monde » Les affaires reprennent. « J’arrive, j’arrive » je finis par répondre en lui tendant Eden. « Je suis bien comme ça ? » je lui demande en montrant mon costume, réalisé sur mesure pour l’occasion par une grande maison de couture française. Quelques secondes de silence s’installent, je relève la tête et croise le regard de ma mère, brillant. « Tu es le plus beau » fini-t-elle par dire, la voix étranglée par l’émotion. « Oh maman, on a dit pas avant l’échange de vœux les larmes » Je m’approche d’elle pour la serrer dans mes bras. « Je suis fière de toi, tellement fière » Maman « Me fait pas pleurer, mon mascara va couler » - « COMMENT ÇA ? Tu portes du masc… Oh grand benêt va ! » fait-elle avant de me donner une tape sur l’épaule. Je fais mine d’avoir très mal puis je leur emboîte le pas jusqu’à la porte. « Vous allez voir Rob ? » En entendant le nom de sa mère Eden laisse échapper un petit cri de joie, cri qui nous amusa avec ma mère. « Oui de ce pas, et interdiction de nous suivre, toi tu regagnes les convives en bas. Ton père est déjà en train de les endormir avec ses histoires de flux financiers là. » Bien reçu chef. Je les regarde s’éloigner avant de fermer la porte de la chambre. Aller, on peut plus faire marche arrière. C’est le grand jour. Je descends les escaliers, prenant une grand inspiration. En bas toute la famille de Robyn, que je connais très peu, ses amis, ses collègues, les miens, mon père et ses discours rébarbatifs, ma sœur Jude le ventre arrondi presque mariée elle aussi et dans moins d’une heure, le début de la cérémonie et l’arrivée de la plus belle d’entre toutes, la future Robyn Naya Delovres Greloyed.

Je suis face à mon reflet, alors que ma mère et Hally sont dans la pièce d’à côté, pour sortir ma robe. C’est la première fois que je suis seule depuis le début de la journée, et j’ai l’impression que le stress redescend d’un coup. Le stress pour que tout se passe bien, qu’il ne manque rien, que tout soit en ordre, que tout le monde profite. Et pourtant la seule personne qui pourrait permettre à ce stress de partir n’est pas là, puisque c’est Tom. Il m’a manqué aujourd’hui, on va pas se mentir, mais vous connaissez les traditions. Je suis tellement impatiente de le revoir, et je sais déjà que ça va être extraordinaire. Je l’ai pas encore, mais vous trouverez pas femme plus heureuse de porter le nom de son mari. Y a 10 ans, je ne pensais jamais me marier. J’étais méfiante, je croyais tous les hommes aussi lâches que mon père. Et finalement Tom m’a montré qu’ils étaient pas tous pourris, et qu’il méritait ma confiance. Et pourtant, on partait de loin. Mais Tom est une bonne personne, un bon père, et je le sais déjà un bon mari. Les gens peuvent bien lever les yeux au ciel, on les emmerde, comme on l’a toujours fait depuis 3 ans.

« Chaud devant ! » j’entends Hally alors qu’elle me rejoint, la robe dans les mains, accompagnée de ma mère. Après l’avoir enfilée sans abîmer ni la coiffure ni le makeup que ma maquilleuse de meilleure amie s’est appliquée à faire, ma mère remonte la fermeture dans mon dos, et le stress commence à revenir. « Eh bien, la grossesse t’as donné une fille, mais t’as aussi gagné des boobs » me fait Hally, les yeux fixés sur mon décolleté. Je lui donne un coup dans l’épaule pour la faire taire, mais elle a raison. Merci Eden d’avoir doté ta mère d’atouts qu’elle ne possédait pas vraiment avant toi. Et en parlant du loup.

La mère de Tom apparaît, Eden dans les bras. Je souris immédiatement lorsque ma belle-mère me tend ma fille, que je prends dans les miens. Et elle est soudainement très intéressée par les boucles qui sortent de mon chignon. Eh ça non bébé, ne défaisons pas le beau travail de tata Hally, elle a pris du temps pour le faire, je dis calmement, avant d’être interrompue par les reniflements de ladite tata Hally. « Vous êtes tellement belles » elle dit en essuyant le bas de ses yeux d’un mouchoir.

Quelques instants plus tard, Hally est redescendue, la mère de Tom et Eden aussi, et je suis en tête à tête avec ma mère. Et si le stress s’était absenté, il est de retour, et il ne veut plus bouger. « Ma petite fille va se marier » souffle ma mère en prenant mon visage entre ses mains. « Je sais que ce que j’ai vécu t’as impactée, et j’en suis désolée. Je suis tellement heureuse que tu aies trouvé quelqu’un comme Tomen. Je t’aime ma chérie. » Je prends ses mains dans les miennes, avant de la serrer dans mes bras. Merci maman, je t’aime aussi. « Et détends-toi Robyn, tout est parfait. » Plus facile à dire qu’à faire, pour une angoissée comme moi.

Vous voyez ce truc con qu’on voit dans tous les films, les gens qui disent que oh mon dieu, je ne vois que lui. Eh bien ce truc con, c’est exactement ce que je ressens lorsque je remonte l’allée pour rejoindre Tom. Mes yeux l’ont trouvé, et ils ne l’ont plus lâché. Je vois même pas les gens autour, je saurais même pas dire qui se trouve où, je me concentre juste sur lui, et je me détends un peu. Et je me sens incroyablement chanceuse, parce qu’il est incroyablement beau. J’ai jamais autant eu l’impression de sourire comme une débile que lorsque je m’arrête face à lui. Et je voudrais déjà pouvoir l’embrasser et le serrer dans mes bras, après avoir crié un grand oui, mais faut attendre. Juste encore un peu.

Un pas, deux pas et les éclats de voix, de rires laissent place aux chuchotements et aux exclamations discrètes. Me voilà dans l’atrium de l’hôtel, là où tous les convives avaient rendez-vous et patientaient depuis deux bonnes heures maintenant. Ça fait tout drôle de se retrouver face à une foule compacte qui n’a d’yeux que pour vous. Bien sûr j’ai déjà animé des réunions, des petites conférences, mais le regard que porte ce public là sur moi est aujourd’hui différent. C’est un sentiment intimidant. Il ne nous juge pas, il n’est pas là pour nous déstabiliser, il ne nous pose de questions et n’attend de réponses. Il est juste venu partager notre joie, célébrer l’amour avec nous. Alors j’esquisse un sourire en balayant l’assemblée du regard. Je croise celui de mon père qui s’avance vers moi, avec ce visage de businessman qui ne le quitte jamais. J’ai l’impression qu’à n’importe quel événement auquel il est invité, il y a une affaire à conclure, des parts de marché à gagner. Jamais il ne laisse tomber le masque et lâche une petite blague, raconte une anecdote gênante, discute jardinage ou autre sujet de discussion en-dehors de la finance et du golf. « Tom... » dit-il dans un premier temps m’attrapant par les épaules – marque d’affection pas trop assumée d’un père à son fils. « On dirait moi à ton âge ! Fringuant, beau, ambitieux... » puis il laisse planer sa phrase dont je redoute beaucoup la chute. « Mais ta mère m’avait déjà mis la bague au doigt depuis cinq ans » fini-t-il par lâcher avec une moue triste. Je vous l’avais dit, la chute allait être terrible. « Je rigole Tom, je rigole » il poursuit en m’assenant deux tapes dans le dos, appelant un quinte de toux que je contiens tant bien que mal. « J’y croyais pas une seconde. À votre histoire à Robyn et toi. Vraiment je me suis dis oh il a pas testé les caribéennes, en voilà une. » Je lève les yeux au ciel. Enfin je retrouve le vrai William Carl Greloyed. Dieu sait qu’il m’avait pas manqué celui-là. « Puis les mois ont passé et tu en parlais toujours à ta mère, tu lui as dis quand vous vous êtes installés ensemble quand tu lui as annoncé la grossesse puis la naissance de votre petite Eden puis il y a dix mois c’était le mariage. » Silence. « Et j’ai commencé à ressentir comme des remords ou des regrets je ne sais pas. Je n’ai pas cru en toi et encore une fois tu m’as prouvé que tu pouvais réussir seul, sans te faire bouffer par les loups de la finance… ou de ta propre famille. » Entre temps il m’avait pris la main pour la serrer dans les siennes. Presque immédiatement je sers à mon tour la mienne et vient poser l’autre par-dessus celles de mon père. « Alors aujourd’hui je veux te dire que je suis fier de toi, très fier. Et que je me sens honoré que tu me laisses t’accompagner jusqu’au bout de cette allée. Pour épouser la femme que tu aimes… » Les invités avaient presque tous rejoint leur place sur le lieu de cérémonie. Nous étions seuls dans l’atrium avec mon père. « Merci papa. Et je suis honoré que tu aies accepté » Ému aux larmes, mon père sort un mouchoir de sa poche et éponge l’intérieur de ses yeux. Je le prends dans les bras comme pour enterrer une hache de guerre jamais proclamée mais pourtant présente dans notre relation. Un mariage pour consolider un couple oui, mais aussi pour resserrer les liens familiaux.

La musique démarre. Je prends le bras de mon père et ensemble nous rejoignons l’autel. Je me place. Le stress grimpe d’un cran. Et là. Le temps s’arrête. Robyn vient d’apparaître au bout de l’allée. Elle est… Belle ne suffirait pas. Magnifique, resplendissante, parfaite. Je capte son regard, et je ne le quitterait pas avant qu’elle se place devant moi. Sa longue robe bustier blanche, son chignon haut et ses bouclettes, son visage fin. J’imagine même pas à quel point elle se retient de se mordre la lèvre pour ne pas enlever son maquillage. Ça y est, on y est. C’est le grand moment.

Lorsque ma mère m’embrasse après m’avoir emmenée jusqu’à l’autel, je vois bien qu’elle a les yeux brillants. Elle qui n’a jamais aimé se laisser aller en public. Faut dire qu’elle marie sa fille unique, ça doit faire quelque chose. Je serai certainement dans le même état, si un jour la mienne se marie. Enfin avant qu’elle se marie, on a encore du temps, et même lorsqu’elle aura l’âge, il faudra que la personne qu’elle ait choisie ait réussi une batterie de tests, tous arbitrés par Tom qui sera à mon humble avis un poil sévère. Juste un poil, oui, on y croit.

Je retiens la jupe de ma robe pour passer la marche qui nous surélève du public, et faire enfin face à Tom. Il est tellement beau dans son costume. Et je crois que je vais sérieusement avoir des crampes aux joues à force de sourire. Mes yeux se détachent difficilement de Tom pour se poser sur l’officiant, qui commence à parler, mais ils les retrouvent bien vite au moment de l’échange de voeux. Je sais que c’est une étape plus compliquée pour lui que pour moi. De la pudeur peut-être, son environnement familial, le milieu dans lequel il travaille, un mélange de plein de choses certainement, mais il n’a jamais été très bavard quand il s’agit de décrire ce qu’il ressent. Et de toute façon, je comprends parfaitement qu’il ne soit pas facile de raconter devant tout le monde ce qu’on a à l’intérieur de soi. Je décide donc de commencer, l’exercice étant plus simple pour moi que pour lui. Et même si c’est stressant, me concentrer sur lui plutôt que sur les gens qui nous observent facilite énormément la tâche.

Tom, je commence, on se connaît depuis maintenant plusieurs années. Et comme certains le savent, je pense présentement à Ad et Eli, on était pas forcément sur la même longueur d’ondes au début, je fais avec un sourire. Cette époque me fait bien rire maintenant. On en a parcouru, du chemin. On a évolué, chacun de notre côté, avant de se retrouver y a quelques années. Le moment où j’ai passé la porte de ton bureau j’ai su que quelque chose allait changer. Ça a pas été simple. J’arrivais pas à assumer ce que je ressentais, j’arrivais pas à me l’avouer. Ça me faisait peur, parce que tout ce que j’avais dans la tête c’était l’exemple de mon géniteur. On a été un peu gauches au début, parce que dieu sait qu’on peut être fiers et têtus. Et j’ai bien l’impression qu’Eden a hérité de ça aussi, le côté tête de mule, je fais avec un sourire, mais bon, après tout les chiens font pas des chats. Tu m’as prouvé que je pouvais avoir confiance en toi, et aujourd’hui je mettrais ma vie entre tes mains s’il le fallait. Le regard des gens a pas toujours été simple à supporter, mais ça nous a juste rendus plus forts. Et tant pis pour tous ces cons, moi je sais qui tu es, et ils savent pas ce qu’ils ratent. Y a qu’à te voir avec ta fille pour s’en rendre compte. D’ailleurs tu m’as permis de devenir maman, et sans me vanter je trouve qu’on l’a carrément réussie, c’est la plus belle. Tu m’as offert aussi les meilleurs fou rires, parce que pour une fois, t’étais plus angoissé que moi et ça en devenait hilarant. T’es pire qu’un papa poule, Tom. Mais, et je me permets de parler pour Eden aussi, tu es un très bon père. Et- Je suis interrompue par mademoiselle Greloyed, qui babille un peu fort, jouant avec les bijoux de ses grands-mères qui tintent en s’entrechoquant. Et visiblement elle est d’accord, je pouffe. Je sais que je finirai ma vie avec toi, et c’est la meilleure chose qui puisse m’arriver, je ne souhaite sincèrement pas autre chose. T'es littéralement l'homme de ma vie. Je t’aime infiniment Tom, et je suis fière de pouvoir devenir ta femme aujourd’hui.

Si mes yeux n’étaient pas fixés sur lui, ça fait bien longtemps que je me serais certainement tordue les doigts. Mais il me permet de me calmer, comme toujours. Et j’aurais pu continuer longtemps, mais je suis pas sûre de réussir un jour à exprimer avec des mots ce que je ressens exactement. Y a aucun mot existant qui puisse exprimer combien je l’aime.

Tom. Robyn vient de prendre la parole. C’est l’échange des vœux. Je me rappelle des heures passées à raturer les mots que j’allais devoir dire à ce moment là. Je n’ai pas pu sortir quoique ce soit, pas une ligne, rien. De toute manière je l’aime, elle le sait, elle me pardonnera quelques balbutiements. Je crois. On se connaît depuis maintenant plusieurs années. Et comme certains le savent on était pas forcément sur la même longueur d’ondes au début. Cette époque me fait bien rire maintenant. On en a parcouru, du chemin. On a évolué, chacun de notre côté, avant de se retrouver y a quelques années. Le moment où j’ai passé la porte de ton bureau j’ai su que quelque chose allait changer. Ça a pas été simple. J’arrivais pas à assumer ce que je ressentais, j’arrivais pas à me l’avouer. Ça me faisait peur, parce que tout ce que j’avais dans la tête c’était l’exemple de mon géniteur. On a été un peu gauches au début, parce que dieu sait qu’on peut être fiers et têtus. Et j’ai bien l’impression qu’Eden a hérité de ça aussi, le côté tête de mule. Quelques rires viennent ponctuer son discours, dont le mien. Mais bon, après tout les chiens font pas des chats. Tu m’as prouvé que je pouvais avoir confiance en toi, et aujourd’hui je mettrais ma vie entre tes mains s’il le fallait. Le regard des gens a pas toujours été simple à supporter, mais ça nous a juste rendus plus forts. Et tant pis pour tous ces cons, moi je sais qui tu es, et ils savent pas ce qu’ils ratent. Y a qu’à te voir avec ta fille pour s’en rendre compte. D’ailleurs tu m’as permis de devenir maman, et sans me vanter je trouve qu’on l’a carrément réussie, c’est la plus belle. Tu m’as offert aussi les meilleurs fou rires, parce que pour une fois, t’étais plus angoissé que moi et ça en devenait hilarant. T’es pire qu’un papa poule, Tom. Mais, et je me permets de parler pour Eden aussi, tu es un très bon père. Et- Eden, visiblement très détendue, lance la fanfare plus tôt que prévu ce qui a pour conséquence de faire de nouveau rire l’assemblée. Et visiblement elle est d’accord.Je sais que je finirai ma vie avec toi, et c’est la meilleure chose qui puisse m’arriver, je ne souhaite sincèrement pas autre chose. T'es littéralement l'homme de ma vie. Je t’aime infiniment Tom, et je suis fière de pouvoir devenir ta femme aujourd’hui. Une salve d’applaudissement et de bravos se fait entendre. Je ne peux pas détacher mon regard de Rob, elle vient de résumer trois années de vie commune et bien d’autres de la plus belle manière qu’il soit. C’est à moi de prendre la parole, et les mots viennent tous seuls. Robyn Naya Delovres, je commence. Tout à commencé pour nous à l’Université Enamor, à Montréal. Rien ne nous prédestinait à un mariage… Non attends, rien ne nous prédestinait même à partager la même pièce ! Je poursuis sur le ton de l’humour. Moonstone versus Garnet, aka les pires ennemis. Puis tu es tombée sous mon charme, j’ajoute en passant la main dans mes cheveux. Plus sérieusement je pense qu’on à prouver à tout le monde et surtout à nous même qu’il ne faut pas s’arrêter sur des préjugés, tu m’as prouvé que je pouvais aimer une femme, l’aimer sincèrement et vouloir faire de chaque heure passée en sa compagnie, chaque jour que je partage avec elle un moment inoubliable. Tu m’as prouvé que la femme forte et indépendante que tu es ne s’ouvrait pas non pas par choix mais par manque de confiance en l’homme, tu m’as poussé chaque jour à m’approcher de la perfection pour ne pas te décevoir, pour te rassurer. Tu m’as fait devenir la meilleure version de moi même. Voilà une petite année que notre union était scellée, avec la naissance d’Eden comme tu l’as dis et la voir pleine de vie dans les bras de nos mères me fait dire que nous sommes tous les deux de bons parents, soit fière d’elle, soit fière de nous mais surtout soit fière de toi Rob. Je t’aime. Je finis en lui adressant un sourire et des yeux remplis de fierté. L’officiant poursuit la cérémonie avec le fameux « consentez vous à prendre pour époux/épouse », c’est Eden qui amène les alliances, portée par la mère de Robyn. C’est au marié de commencer. Je prends une profonde inspiration en me munissant de l’alliance. Robyn, veux-tu devenir ma femme ? Ça y est, l’émotion, la fierté, l’amour, tous ces sentiments me gagnent. J’espère vraiment pas que Rob va me faire cette fameuse blague du « non…….. JE RIGOLE TOM ». Même si j’avoue que ça me ferait bien rire il faut rester un minimum sérieux, on a des personnes qui ont le cœur fragiles ici, personne voudrait rempiler sur un deuil après une union.

« Robyn Naya Delovres. Tout à commencé pour nous à l’Université Enamor, à Montréal. Rien ne nous prédestinait à un mariage… Non attends, rien ne nous prédestinait même à partager la même pièce ! » C’est peu de le dire, entre les croche-pieds, les bières au visage, et j’en passe et des meilleures, on pouvait pas se douter qu’on se retrouvait un jour tous les deux prêts à se dire oui. « Moonstone versus Garnet, aka les pires ennemis. Puis tu es tombée sous mon charme » il continue. Je pouffe, la modestie de Tom, vous la connaissez ? Perso, je l’ai jamais rencontrée. « Plus sérieusement je pense qu’on à prouver à tout le monde et surtout à nous même qu’il ne faut pas s’arrêter sur des préjugés, tu m’as prouvé que je pouvais aimer une femme, l’aimer sincèrement et vouloir faire de chaque heure passée en sa compagnie, chaque jour que je partage avec elle un moment inoubliable. Tu m’as prouvé que la femme forte et indépendante que tu es ne s’ouvrait pas non pas par choix mais par manque de confiance en l’homme, tu m’as poussé chaque jour à m’approcher de la perfection pour ne pas te décevoir, pour te rassurer. Tu m’as fait devenir la meilleure version de moi même. Voilà une petite année que notre union était scellée, avec la naissance d’Eden comme tu l’as dis et la voir pleine de vie dans les bras de nos mères me fait dire que nous sommes tous les deux de bons parents, soit fière d’elle, soit fière de nous mais surtout soit fière de toi Rob. Je t’aime. » Je vais me répéter, mais qu’est-ce qu’il est beau. Je lui adresse un sourire. J’aimerais pouvoir le toucher, mais non faut attendre encore un peu. Les traditions, je leur en ferais bouffer moi. Non, la patience n’est toujours pas l’une de mes qualités, elle non plus je ne l’ai jamais rencontrée.

« Robyn, veux-tu devenir ma femme ? » Vous voyez ce moment où le petit ange sur votre épaule vous dit Robyn, non, et que votre petit diable de l’autre côté vous dit Robyn, si ? Eh bien c’est exactement ce qu’il se passe en ce moment dans ma tête. Parce que l’occasion est trop belle pour pas blaguer un peu, non ? On se marie qu’une fois, ce serait vraiment bête. Eh bien, je commence prenant un faux air de réfléchir, laissant quelques secondes passer. Je sais pas ce que t’en penses, mais en y réfléchissant bien, en pesant bien le pour et le contre, parce que c’est quand même important on va pas se mentir, je continue pour faire traîner, ce serait bête d’être venu jusqu’ici pour dire non, et puis je suis impatiente d’aller enfiler ma deuxième robe, je commence à avoir chaud donc bon pourquoi pas, je fais en haussant les épaules d’un ton peu convaincu. Evidemment que oui, je veux être ta femme, je reprends plus sérieusement, avec un sourire. Je suis restée soft quand même, faudrait pas que Jude accouche ce soir. Ou que qui que ce soit nous abandonne. Croyez-moi, j'ai rarement été plus convaincue de quelque chose qu'aujourd'hui, là, face à lui. Mais ça me permet de me calmer un peu, parce que mon coeur bat à 100 à l’heure à cause du stress, de l’émotion et de l’excitation. Et l’impatience de pouvoir enfin m’appeler Madame Greloyed.

Et toi, Tom ? Qu’en dis-tu ? Veux-tu devenir mon mari ? je lui demande par la suite. Tom, seras-tu plus sérieux que moi ? Ou encore un petit coup de flippe pour tout notre entourage ? Faudrait veiller à pas trop les effrayer, on sait pas ce qu'il peut se passer tout de même.

Eh bien. Je sais pas ce que t’en penses, mais en y réfléchissant bien, en pesant bien le pour et le contre, parce que c’est quand même important on va pas se mentir ce serait bête d’être venu jusqu’ici pour dire non, et puis je suis impatiente d’aller enfiler ma deuxième robe, je commence à avoir chaud donc bon pourquoi pas. C’était tellement prévisible, à porté de mains pour Robyn ce genre de plaisanterie. Qu’elle fasse attention quand même, on a des cœurs fragiles dans l’assemblée. Je souris en levant les yeux au ciel, incorrigible cette femme. Evidemment que oui, je veux être ta femme. Un sourire se dessine sur mon visage, je fixe Robyn des yeux, attendant le retour de question. Et toi, Tom ? Qu’en dis-tu ? Veux-tu devenir mon mari ? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir inventer pour faire mieux que sa plaisanterie. Pourquoi pas oui, si tu m’embrasses là maintenant. Ça peut se faire. Parce que n’oublions pas qu’au tout début de notre relation, c’est le grand Tomen qui à fait le premier pas. Un juste retour des choses ne serait pas mal, je dis ça je dis rien.

Un bruit de jouet viens rompre le silence qui s’est installé pendant l’échange de vœux. Eden vous l’aurez deviné qui commence à fatiguer ma pauvre belle-mère, elle peine à maintenant la boule d’énergie qu’est notre fille. Dépêche toi Robyn, ta fille s’impatiente, j’ajoute pour la faire stresser un peu plus. Un passe temps que celui d’embêter Rob, du sadisme pur je suis d’accord mais elle est tellement drôle quand elle s’énerve. Son apparence calme et distinguée cache une femme au vocabulaire acéré et aux expressions toutes droites sorties d’un festival d’humour et croyez moi, ça en vaut le détour. Puis c’est tellement facile de la faire monter sur ses grands chevaux qu’on se fatigue même pas et que le résultat est amplement satisfaisant.

Je sais pas si les invités sont particulièrement sereins ou amusés, mais moi ça m’amuse bien. C’est mon quotidien après tout, j’y suis habituée. Venez vivre quelques jours à San Francisco avec nous, vous verrez, notre quotidien est ponctué de ce genre de choses. « Pourquoi pas oui, si tu m’embrasses là maintenant. Ça peut se faire. » Je pouffe, bah tiens. Typiquement du grand Tomen Greloyed par exemple. Eh non, ce n’est pas parce qu’on vieillit qu’on change. Y a de grandes chances pour que lorsqu’on ait 80 ans, on soit toujours pareil. Ce serait dommage de changer, non ? Ah lala, ces hommes, toujours obligées de faire tout à leur place, je soupire pour plaisanter, peinant à garder un air faussement sérieux que mon sourire s’empresse de recouvrir. Mais bon, comme on dit, on est jamais mieux servie que par soi-même, n’est-ce pas, je fais en haussant les épaules.

Eden perd peu à peu patience, elle préfèrerait largement galoper partout que de rester assise, ce qui est compréhensible. Qui a dit que c’était drôle, à un an et demi, de rester assis à écouter ses parents raconter des trucs ? Non, mieux vaut, tout naturellement, galoper partout et essayer d’attraper tout ce qui nous semble intéressant, et ramener chaque chose à une personne choisie au hasard, ou bien les foutre toutes au même endroit pour s’en faire une collection digne d’une pie. Et c’est vrai, je fais traîner en longueur, mais je sais pas. C’est encore un des seuls moments qu’on va vraiment passer ensemble - bien que tout le monde nous regarde, après ça, on va se ruer sur nous, on sera occupés, on aura pas vraiment de moment à deux. Faudra attendre cette nuit, alors j’en profite. Je le garde encore un tout petit peu pour moi, et je ne suis pas désolée. « Dépêche toi Robyn, ta fille s’impatiente » me presse Tom. Ne fais pas porter le chapeau de ton impatience à ta fille, Tom, quand même, je continue sur le même ton, avant de me rapprocher de lui. Je glisse enfin une main dans sa nuque, et j’efface l’espace qu’il restait encore entre nous pour l’embrasser.

Les invités se lèvent et applaudissent, et j’ai le coeur qui s’affole. Je ne résiste pas longtemps à l’envie de le prendre dans mes bras, je me serre contre lui et je dépose un baiser au coin de sa mâchoire, et cette fois-ci je répète juste pour lui je t’aime. Je crois que l’émotion que je ressens en ce moment-même est pas vraiment descriptible. Je suis infiniment heureuse, et le stress retombe petit à petit, parce que ça y est, le plus important est passé, et qu’après ça, rien ne peut mal se dérouler, j’en suis persuadée.

C’est bon maintenant, vous pouvez officiellement m’appeler Madame Greloyed.

Ah lala, ces hommes, toujours obligées de faire tout à leur place. Mais bon, comme on dit, on est jamais mieux servie que par soi-même, n’est-ce pas. Le ton se voulait ironique, c’est bien Robyn ça ! Je pouffe à mon tour, attendant patiemment la réponse à ma demande. Ne fais pas porter le chapeau de ton impatience à ta fille, Tom, quand même. Eh, c’est un peu ta fille aussi. L’impatience est une qualité que vous partager, ne rejetez constamment les défauts de ma fille sur moi madame Greloyed. Et enfin le moment tant attendu arrive. Le baiser. Celui qui va sceller notre union jusqu’à la mort il est promis dans les vœux. Rob s’approche de moi et tend sa main en direction de mon cou jusqu’à s’immobiliser dans le creux de ma nuque. First step accomplish. Pour finir nos lèvres se touchent et nous nous rejoignons dans une profonde étreigne. Les applaudissements accompagnent notre union pendant de longues secondes avant de s’associer aux lancers de cotillons et autres pétales quand nous remontons l’allée. Ça y est, des bancs de l’Université Enamor à la villa sur les hauteurs de San Francisco, l’histoire rocambolesque d’une Moonstone et d’un Garnet qui ont réussi à briser les codes pour vivre ensemble, et à la vue de tous, leur amour avec un grand A. On pourrait presque en faire un film à l’eau de rose tiens.

La soirée se poursuit sur un lieu de réception à la belle étoile, illuminé de part et d’autre par de longues guirlandes et autres jeux de lumières. La wedding planer à suivi à la lettre les recommandations de Rob – disons que 90 % de nos idées de décoration pour le mariage émanaient de ma femme donc bon, j’ai pas vraiment eu mon mot à dire. Un groupe de musiciens mexicains s’occupait de l’ambiance pendant qu’un traiteur et ses serveurs nous régalaient autour d’un dîner raffiné et métissé. Nous n’étions pas encore attablés, profitant encore de l’apéritif servi sur un buffet. Le moment de passer quelques instants avec chaque invité et heureusement que nous étions en petit comité, ça permet de passer plus de temps avec chacun. Je décide toutefois de porter un toast pour remercier l’ensemble des convives mais aussi les acteurs extérieurs de ce joli orchestre. Je m’empare d’un couteau et de mon verre de champagne puis je viens entrechoquer les deux. Mesdames, messieurs, votre attention s’il vous plaît ! J’attends que les dernières discussions s’éteignent avant de continuer. Je voudrais remercier chacun d’entre vous d’être venu célébrer, avec nous, notre union. Vous remercier d’avoir fait le déplacement depuis Québec, La Trinité, Glasgow voir Bogota. Petit clin d’œil à Jude et son futur mari dont il est originaire. Je voudrais vous remercier de nous avoir donné la vie, de nous avoir élever, d’avoir été avec nous pendant notre jeunesse, de nous avoir accompagner dans toutes nos bêtises, de nous avoir aidé à réviser – ou a tricher – au court de notre scolarité à Enamor et bien avant, d’avoir été nos compagnons de voyage, de rire, de larmes, de joie et de peine, de nous avoir supporté, épaulé dans tous les remous de la vie, d’avoir partagé avec nous d’aussi beaux moments que la naissance d’Eden et aujourd’hui notre mariage avec Rob. Merci d’ailleurs aux musiciens, aux serveurs, au restaurateur et à toute l’organisation de la réception sans qui ce moment n’aurait ni sons ni saveurs. Vous saviez combien il était important pour nous de se dire oui, c’est une finalité que nous chérissions depuis les premiers mois de grossesse de Rob. Et il était aussi important pour nous d’avoir nos proches à nos côtés pour ce moment. Aucun de vous n’a manqué à l’appel et ça nous a fait chaud au cœur. Cette fête célèbre notre couple, notre famille même oui, mais aussi notre amitié et toute la sympathie que nous avons pour chacun de vous. Alors je lève mon verre à vous tous, merci et profitez bien ! Pour finir je me tourne vers Rob et lui tend mon verre pour trinquer. À nous mon amour. Tchin !