Nous étions samedi 6 juin, et comme j'avais étudié toute la matinée pour mes examens, j'avais décidé de m'accorder une pause shopping, afin de me changer les idées et voir même décompresser. Nous avions un tas de choses à étudier, et en Psycho, c'était du lourd les amis. J'aime beaucoup ce que je fais, mais ce n'est pas pourtant très facile.

Pensive, écouteurs aux oreilles, j'admirais la vue des routes périphériques de Montréal. J'étais fière de ma région, et à chaque visite de celle-ci, j'étais toujours autant émerveillée et fière.
Après quelques longues minutes, le Taxis fit halte et me déposa devant l'énorme centre commercial du centre ville, le coeur battant du shopping. Je salue donc le chauffeur et mis les pieds sur le sol. J'enfila mes lunettes de soleil, levant la tête vers le haut bâtiment et souris, convaincue. J'étais prête à bien m'amuser, seule, mais j'vais quand même m'amuser.

Sans plus tarder, j'entra dans le centre commercial et visita plusieurs boutiques, en achetant par ci, par là. En effet, mes parents m'avaient donné une belle somme pour cette semaine, un peu une sorte d'encouragement pour mes études.
Mais je du en conclure que j'avais assez dépensé pour aujourd'hui, et donc, bossue comme un âne par mes sacs d'achats, je me dirigea vers l'ascenseur. J'y monta, visant le rez' pour partir, mais celui-ci du s'arrêter, pour laisser monter des personnes.

Quelle belle journée. Un samedi de révisions, en apparence, pour la majorité des étudiants de l'UE. Mais pas pour moi. Je crois avoir suffisamment révisé pour l'instant en vue des exams et, satisfait par mon avance, je m'octroie une petite pause pour cet après-midi. Je décide donc de partir en "virée shopping." Enfin, si je vais au centre commercial, c'est surtout parce que j'ai pété une corde de ma guitare et qu'une autre s'apprête à lâcher, et qu'il faut donc l'emmener à réparer. J'avoue que j'ai un peu la flemme de changer les cordes tout seul huhu, c'est pourquoi je laisse un expert s'en occuper.

Une fois la guitare déposée, le vendeur m'annonce que je pourrai revenir la chercher l'heure suivante. Puisque j'ai un peu de temps devant moi, j'en profite pour faire les magasins. Faut bien être un peu fashion victim de temps à autres. Je finis par me trouver deux t-shirts plutôt cools. Faudra que je les montre à Ava pour qu'elle me dise ce qu'elle en pense, elle s'y connait forcément mieux que moi. Honnêtement, depuis que je la connais, je m'en sors plus trop mal pour les fringues. Je fais sûrement moins négligé qu'avant, et c'est pas désagréable. Je me surprends même parfois à apprécier me trouver de nouveaux vêtements. Enfin bref, voyant l'heure passer, je retourne récupérer ma guitare au magasin. Elle est comme neuve, je suis plus que ravi. C'est ainsi, sac en main et étui sur le dos, que je prends l'ascenseur pour rejoindre le parking.

En entrant, je constate une brunette dont le visage ne m'est pas inconnu. Il me semble l'avoir croisé à l'UE. Elle est probablement en socio, ou alors c'est une Opal. Ou aucun des deux, allez savoir. Toujours est-il que je ne m'étends pas sur la question, et que je fais comme si de rien n'était. Je ne la connais pas en même temps, donc bon. Il y a aussi une autre femme, une blonde d'une quarantaine d'années je suppose. L'ascenseur s'arrête ensuite un étage plus bas pour laisser sortir la quarantenaire et faire entrer un mec d'un certaine âge à l'allure, on va dire, particulière. Je fais tout mon possible pour éviter de le dévisager, mais c'est bien plus compliqué qu'on ne le pense. Il a l'air d'un gros beauf dégueulasse. Le genre de types qui met un peu mal à l'aise, voyez-vous.

En premier, une femme blonde ayant, je présume, la quarantaine entra dans ce bloc coulissant. Puis, un jeune homme, je dirai qu'il avait plus ou moins mon âge. Je croyais avoir déjà vu son visage, et c'était probablement un élève de l'UE. Mais, je n'y fis pas plus attention, voyant une troisième personne entrer. Un homme, plutôt perturbant. Il était gros, pas très bien soigné.. Et, je fini par remarquer qu'il me fixait. De suite, je baissais la tête, pour éviter tout contact avec cette personne.

Il était pas net ce type, nan. Puis, je sentais son lourd regard posé sur moi. C'était juste flippant, horrible et dégoutant. Je relevais discrètement les yeux, m'assurant qu'il ne me regarde plus. Sauf, que c'était encore le cas, malheureusement. La femme de la quarantaine regardait droit devant elle, ne remarquait rien. Je ne sais pas si le jeune homme lui, avait remarqué un truc étrange chez ce gars. Je l'espère, parce que je me sentais vachement seule, d'autant plus qu'il ne fixait que moi.

Je sentais sa présence se rapprocher, alertée par son odeur horriblement dérangeante. Un mélange d'oignon répondant à sa transpiration, et une vieille odeur de bière. Là, je commençais à avoir sérieusement peur. Mon rythme cardiaque s'accelerait, et je voulu m'agripper à quelque chose. Je reculais de plus en plus, jusqu'à ce que je frôla le bras du jeune homme. Sous l'effet de la peur, je ne m'en rendis pas compte et fini même par serrer son poignet. Bah merde, Sam. Vaste océan de merde...

Le vieux est visiblement encore plus dégueu que prévu. Il fixe la brune à côté de moi d'un regard malsain, limite l'écume au coin des lèvres. Dégueu. Je ravale ma salive; ce mec me répugne tellement qu'il me donnerait presque la gerbe. Et puis mon dieu, ce qu'il pue. Il a pas dû se laver de tout le mois. Voire de l'année. Et arrivé en juin, ça devient inquiétant, mh. Le porc semble s'avancer de la fille, le front huileux et la respiration rapide. Qu'est-ce qu'il compte faire, là ? Je reste à ma place pour l'instant, mais il a pas intérêt à trop s'approcher. De un, parce que son odeur corporelle brûlerait mes narines, et de deux, parce que je doute fort que la brune accepte de sauter dans ses bras.

Apparemment, je ne suis pas le seul inquiété par le porc, dans l'ascenseur. En effet, la fille se recule alors que l'autre s'avance vers elle. Elle recule, elle recule, jusqu'à m'attraper le poignet. Tiens donc. Immobile, un sourcil relevé, je baisse simplement les yeux sur ses doigts, quelque peu intrigué par sa réaction soudaine. Je ne peux m'empêcher ensuite de rouler des yeux, puis de soupirer bruyamment. La situation est tellement incongrue quoi. Manquerait plus que l'ascenseur se bloque. Enfin on va pas y penser non plus, sinon ça risque d'arriver, poisseux comme je suis parfois. Bref. Toujours est-il que je rentre dans son jeu, histoire de la libérer du vieux con, et me racle bruyamment la gorge en regardant le beauf avec insistance, d'un regard noir et quasi menaçant. Je parviens finalement à croiser son regard, ce qui le fait aussitôt arrêter son petit jeu infâme. C'est pas trop tôt.

Cette situation était vraiment chiante. Non seulement un gros porc avait de sales pulsions sexuelles et je venais d'aggriper telle une fille culcul le poignet d'un inconnu jeune homme. C'est un tournage de film débile américain, genre comédie eau de rose ici, ou quoi ? Et j'en suis la responsable, en plus ! Mais lâche sa main, idiote ! Foutaises. Je suis tellement bête.

Le gars s'approchait encore, en sueur, et son odeur devenait encore plus forte. Je n'osais pas regardé le jeune homme, gênée par cette situation.
D'un coup, le gars se calma. Je ne sais pas si le jeune homme avait changé quelque chose, mais heureusement, c'était fini et je déserrai aussitôt ma main de son poignet. Mon geste de timidité s'enclencha, et je remis une mèche de cheveu en place, regardant droit devant moi.

Ah non, c'est mort je ne suis plus crédible. Vraiment, là, c'est bon. Je veux plus jamais croiser ce gars auquel j'étais aggripée. C'est vraiment, roh, je suis révoltée. Voilà que je soupirai un bon coup, et que le gros porc descendit à un étage. Non, mais, tu vas descendre aussi, le jeune? Non, pas un malaise de plus ! Pas juste à deux dans l'ascenseur, s'il vous plaît.. On veut m'achever, ou quoi, ici ? Vaste océan de merde, chapitre II.

Une fois la bête calmée, la fille lâche mon poignet. Je soupire une fois de plus, quoique plus discrètement, exaspéré par la situation. Je fais ensuite signe au porc de quitter l'ascenseur alors que ce dernier s'ouvre à l'étage suivant. C'est pas trop tôt. Au pire, il prendra l'escalier, un peu d'exercice ne lui fera pas de mal, vu la masse corporelle qu'il doit trainer.

J'ai l'impression que ce trajet d'ascenseur dure une éternité. J'aurais du prendre les escaliers moi aussi, ça aurait sûrement été plus rapide et moins relou. Mais bon, j'aurais pas pu faire ma bonne action du jour sinon, donc bon. Toujours est-il qu'on se retrouve finalement à deux, la brune et moi, et qu'un léger malaise semble s'installer. Enfin, pas vraiment de mon côté, mais surtout du sien. Elle a l'air assez gênée. Du coup, pour détendre un minimum l'atmosphère, ne serait-ce que pour les dernières secondes à rester dans ce si petit espace, je sors d'un ton neutre, faisant à peine l'effort de me tourner vers la fille : Sacré bouffon le vieux porc, hein ? Puis je lâche un léger rire silencieux, réalisant alors l'absurdité de la scène.

Je sentais quand même que la situation était tendue. Puis, le petit soupire discret du gars à qui j'avais aggripé le poignet me mise mal à l'aise. Ah putain, y'a bien toujours que moi pour me foutre dans des situations aussi idiotes et gênantes. Argh, j'me sens tellement gênée et honteuse de mon réflexe de peur.

Je fini donc par jouer avec mes doigts, les tortillants, stressée. C'est quand que ces foutues portes vont s'ouvrir? Hein, mais hé? C'est fait exprès? J'attend la panne d'acenseur, aussi ! Ouais, t'es en retard ? Non, mais, ne pensons à des choses aussi négatives.

Je tortillais, craquais, soupirais, m'impatientait jusqu'à ce que le jeune homme brisa la glace, posément, d'un air neutre. Sacré bouffon le vieux porc, hein ? Je relevais doucement la tête, l'air comme battu. Il finit par rire légèrement en silence, et moi, je souris, doucement sans trop forcer, pour essayer de suivre le délire, enfin, le truc là, pour détendre l'atmosphère. Ouais, faut que je me détende, moi. Je soupirais et me permise donc de répondre.

Ah, ça, oui je te l'accorde. disais je, d'une manière alertée. Je remis une mèche de cheveu en place et patientais. Sam, Sam, redis quelque chose. Redis ! Impulsivement, je repris la conversation. Tu es d'Enamor?

"Ah, ça, oui je te l'accorde." La fille sourit légèrement, puis s'en suit un silence. Ben bien, on est avancés avec ça. Qu'est-ce que je peux y répondre ? Rien, concrètement. Moi qui comptais détendre l'atmosphère, j'ai l'impression de l'avoir encore plus ruinée. Ofh, au pire, c'est pas un drame non plus si la conversation s'achève là, hein. De toute manière, dans trois secondes l'ascenseur va s'ouvrir à mon étage et on en sera enfin sortis de l'auberge.

Finalement, la conversation ne s'arrête pas tout de suite. La brune se lance et me pose une question. La fameuse question : "Tu es d'Enamor ?" Je tourne la tête en sa direction, intrigué, puis réfléchis. Pas directement à sa question, non. Je suis pas encore assez con pour oublier où j'étudie. Je réfléchis simplement à d'où me vient sa tronche. Si elle me pose cette question, c'est qu'elle y est probablement, elle aussi. En attendant de trouver, je hoche la tête en guise de oui. Et puis alors, c'est la révélation : la présidente Opal, c'est elle ! Ahah la honte, ne pas reconnaitre la présidente de sa propre maison. Pas sûr qu'elle m'en voudra, de toute manière. Eh mais tu serais la présidente Opal en fait ? Non parce que j'en suis membre, moi. Je savais bien que ta tête me disait quelque chose, je lâche, le regard rieur. Au même moment, les portes de l'ascenseur s'ouvrent enfin. C'est pas trop tôt.

Bon, bon, c'est un peu chiant, là. Je sais pas, d'habitude je suis pas aussi lourde et coincée. Mais c'est vraiment le fait que je lui ai aggripé la main ! Ca m'a vraiment embarassée. Je suis pas une grosse  cul cul quoi. Roh, c'est bon, puis je le reverrai sûrement, de toute façon.

Eh mais tu serais la présidente Opal en fait ? Non parce que j'en suis membre, moi. Je savais bien que ta tête me disait quelque chose. Ses propos me glacèrent le sang.

Bah merde, quoi. Non seulement il est vraiment à Enamor, mais non seulement il fait partis de ma maison. Belle image de la présidente ! N'importe quoi, c'est pas un stupide réflex d'un stimulus qui va me définir. Puis, oh, je fais vraiment des histoires pour rien. Je fini donc par me calmer, et repris mes esprits, ma simplicité digne de la présidente d'Opal. Je souris, naturellement.

Si, en personne. Sam, Sam Felicis. Toi aussi, tu me disais quelque chose. En tout cas, drôle de rencontre, euh.. C'est quoi ton prénom? disais je d'un air interrogateur amical.

Juste à ce moment, les portes de l'ascenseur s'ouvraient. Bien, je commençais à me calmer, mais là je le suis encore plus, c'est comme un soulagement en fait. Je commençais à sortir de l'ascenseur, attendant peut être la réponse du jeune homme.