Des fois... Il m'arrivais de regreter que le monde ne soit pas un beau conte de fée. Parce que si c'était le cas, ce que je verrais aurait un sens. Là... Ce n'était que l'expression d'un cerveau malade, dans un conte... Ce serait sans doute une double vue magique, un don unique de voyance ou je ne sais quelle connerie... J'aurais peut être été un puissant sorcier, qui sait. M'enfin, on était pas dans Harry Potter, malheureusement. C'est vrai quoi, un coup de reparo, ça aide toujours nop ?
C'était ainsi que, vêtu d'un slim noir et d'un t-shirt où était inscrit : « I'm not short, I'm a hobbit ». Il fallait avouer que j'étais un peu court sur patte, et que ce seul haut faisait ma petite fierté. Bah ouais, j'avais un peu des tendences de geekou. Déjà à l'asile, je lisais beaucoup, et je regardais pas mal de film. Le peu qu'ils avaient, là bas, j'avais pus voir genre, Star Wars, ainsi que le seigneur des anneaux. C'était les seuls films un peu près à la page qu'ils avaient. Sinon... On avait le genre de comédie romantique, ou alors la bible raconté par des charlots... Non sérieusement, j'étais pas croyant pour un sous. Si dieu existait... Il aurait entendu toutes les prières que je lui adressais. Je m'en suis détourné il y a un bon moment.
Je me baladais, le nez dans un bouquin. Le magicien d'Oz, pour faire simple. Un livre de gosse, mais je refaisais ma culture, je croquais tout ce qui était désormais à ma porté et qui ne l'était pas vraiment avant. J'avais lu la semaine dernière un livre de Jean Paul Sartre, un auteur Français ayant l'art de couper les cheveux en quatre, ce livre parlait de l'existencialisme. Je me détendais maintenant avec une lecture qui imposait à beaucoup moins de neurones de mon cerveau de rester actif. Un sac négligement jeté sur mon épaule, j'avançais, jettant de temps à autre le nez sur les gens qui m'entouraient afin de ne pas les toucher. Mes cheveux en pétards semblaient prévenir les gens, un genre de panneau capillaire clignotant du style « attention, Kit-le-taré-qui-voit-tout-et-nawak est dans la place ! Des chuchotements me firent lever les yeux. Souffrance... Je rangeais sagement le livre, alors que devant moi se dressait un magnifique château en émeraude verte. C'était une hallucination et rien d'autre. C'était... La plus cruelle des maladies, voir des merveilles, sans jamais pouvoir les toucher du doigt. Je baissais les yeux vers mes pieds, sans faire attention au reste, sans même oser lever les yeux, quand soudain quelqu'un me bouscula avec violence accompagné d'un « HE fait attention mec. ». Facile à dire, c'était pas toi qui était en train de te casser la gueule dans les escaliers. Vous savez ? C'est le genre de moment où tout se passe au ralentis. Je fis un roulé-boulé dans les escaliers, pour atterrir au sol devant deux trucs bizarres qui traînaient au sol. Mon royal popotin me faisait souffrir, mais malheureusement, c'était pas le genre de douleur généré par un bel apollon dans mon lit. Merci les marches. Je relevais les yeux en voyant deux paires de jambes. Ça allait encore beaucoup monté ? Je dus me tordre le cou pour voir le reste de la personne aux pieds de qui je venais de m'écraser, avant de m'exclamer.

« Belles chaussures Cendrillon, je vois que tout est en ordre, vous avez bien vos deux souliers ! »

Une bêtise pour sauver les apparences ? J'en avais l'habitude.

Jamais à l'aise, peut importe l'endroit, c'était ma malédiction, ça, et voir des choses qui n'existent pas. Je n'ai pas choisis d'être un rêveur, ma tête choisit toujours pour moi. C'est comme ça. Et je n'aurais pas regardé devant moi, je n'aurais peut être pas vu cette fille au sol. Ça aurait été dommage de lui écraser le minois avec mes gros sabots ! M'enfin j'ai remarqué que la vie est ainsi faite, les gens avancent tous sans prendre garde à ceux qui les entourent. On s'en fout de ces gens puisqu'ils ne sont pas nous. Ce n'est pas correct, c'est pas bien, mais on le fait tous. Je me perd un instant dans la contemplation du château d’émeraude qui est toujours là. Une belle bâtisse, tout comme je l'imagine en lisant le livre, c'est pas pour rien que ces hallucinations sont les miennes, mais encore, celle là est gentillette. Je ne vois pas encore les singes volants, une bonne chose n'est-ce pas ? Elle semble un peu sonnée, de peur qu'elle s'étale par terre, je pose ma main sur son épaule, pour la faire tenir sur ses pieds.

- Anh pas mal la relation avec Cendrillon. Faut dire qu'elle est pas dans son état naturel, Sinon j'suis désolée de t'avoir heurté, c'était pas prévu, putain, que je tombe, là, maintenant, aujourd'hui.

Cendrillon ? Elle était comme moi, elle était folle, parce que oui, je ne me faisais pas d'illusion, j'étais totalement fou... Quelque chose n'allait pas chez moi , sinon pourquoi avoir passé autant de temps en psychiatrie ? Je pense que c'est sans doute la première princesse schizo de toute l'histoire des contes de fées, la fille dit parler aux souris et aux oiseaux, son meilleur ami est d'ailleurs une souris, de plus, elle croit rejoindre le bal en carrosse-citrouille-magique. Ho je disais pas que la fille en face de moi était cinglé, ça aurait été se foutre de la gueule du monde comme on dit. Je lui offris un petit sourire.

« Cendrillon ? Ou alors toi ? Enfin... Tu as encore de la chance, il n'y a pas grand monde aujourd'hui dans le coin, va savoir pourquoi... »

En même temps... Un vendredi... Etant donné qu'en fac les fêtes se faisaient majoritairement le Jeudi... Je ne savais vraiment pas pourquoi hein ! (la plupart portaient des lunettes de soleils pour cacher leur yeux explosés) Genre o voyait tout de même qu'ils n'étaient pas dans leurs états normaux ! M'enfin qu'est-ce que j'en avais à faire ? C'était une bonne idée les lunettes de soleil... Je devrais sans doute y penser. Je me tournais à nouveau vers la demoiselle.

« Tu es sûre que ça va ? Tu veux pas t'asseoir cinq minutes ? On dirait Bambi là... Viens, je vais t'aider ! »

Ouais, j'avais peur qu'elle ne finisse par tomber à nouveau. Alors autant être prévoyant avec la demoiselle.

« Regarde le banc là bas, pose toi cinq minutes, rien de trop urgent à faire ? De toute façon je pense que je me sentirais mal si je te laisse repartir comme ça ! »

J'étais trop gentil, trop gentil pour ce monde en général, trop gentil parce que les autres profitaient souvent de moi. Mais j'avais l'habitude. C'était comme ça depuis toujours, j'étais fou, mais pas le pire des fous, j'étais juste influençable (et surtout j'avais peur de ce que je voyais, c'était sans doute pour ça que j'avais brûlé une maison) par contre... Pour l'histoire de gourou de secte... Là j'avais aucune excuse, a part celle d'avoir été trop naïf et d'avoir crus mon colocataire. En fait j'avais passé ma vie en institution, j'ignorais comment les gens se comportaient. C'était triste, presque déprimant, maintenant j'étais dehors, et pas grand monde n'était au courant de l'endroit où je me trouvais... Ce qui était une excellente nouvelle !