Enfin fini la matinée, c'était d'un chiant pas possible. Ça fait du bien de sortir là, j'ai cru que j'allais exploser à force de rester assis. Après avoir vérifié mon nouvel emploi du temps, tout beau tout propre et que je ne connais pas encore par cœur, je constate que j'ai bien trois heures de pause avant de reprendre les cours cet aprem. Si c'est pas beau ça.

Je quitte mes potes pour me retrouver un peu seul. Ils ont tous la dalle ces cons, du coup ils partent tous manger. Moi ça va, j'ai surtout envie de fumer en fait. La reprise des cours, c'est vraiment pas mon truc. Les cours tout court en fait, c'est pas ma tasse de thé, alors bon, faut que je me détende comme je peux. Du coup, je quitte le bâtiment principal et rejoins tranquillement le parc, à la recherche d'un coin calme. Après, je sais pas ce que je ferai. Soit je commencerai à me prendre pour un étudiant sérieux et j'irai réviser mes premières notes, soit j'irai nager un peu. Et on sait tous que je prendrai évidemment la seconde option, mh. Je suis un gros branleur assumé, de toute manière. On me changera pas hein.

Je roule une clope, l'allume et m'enfonce dans le parc, regardant droit devant moi, à moitié dans mes pensées. C'est alors qu'on m'attrape par le bras - heureusement celui qui ne tenait pas la clope - et qu'on me galoche. Là, comme ça, sans prévenir. Non mais sérieux. Cette université a vraiment un grain, quoi. Enfin surtout les filles de cette université. Si tant est que le truc qui vient de m'embrasser est une fille, puisque je l'ai à peine vu débarquer. Enfin je suppose quand même que c'était une fille, puisque du peu que j'ai vu, c'était plus petit que moi, et ça avait de longs cheveux. Et puis ça pique pas. Ça embrasse même plutôt bien. Sauvagement parce que bon, j'ai quand même une langue inconnue dans ma bouche, faut pas l'oublier, mais plutôt bien malgré tout. Mais merde, c'est qui ? Et pourquoi ?

Trêves de plaisanteries, je recule d'un pas, au risque de pousser un peu la personne. Je la regarde, complètement interloqué. Et le mot est faible. Bon, c'est une fille, c'est déjà ça. Enfin je suis pas homophobe hein, juste beaucoup trop hétéro pour me faire approcher par d'autres mecs. De plus, sa tête me dit quelque chose. Mais de là à savoir d'où je la connais,.. Ça t'arrive souvent de sauter sur les gens pour leur bouffer la bouche comme ça ?, je demande, quelque peu agressif sous le coup de la surprise, tout en m'essuyant légèrement le coin des lèvres. Non mais c'est une grande tarée celle-là.

Non mais encore une cinglée quoi. Le pire dans l'histoire, c'est ses potes qui ricanent comme des cons, derrière. Je supporte pas ça, c'est dingue. Ils font pitié, on dirait des phoques, ou des beaufs. Ou les deux, va savoir. Heureusement, la brune se retourne vite fait vers eux, et plus un bruit. Ah ben, ça fait du bien. Faut dire que je leur ai balancé un regard bien méprisant aussi, mais je pense que c'est surtout la réaction de la fille qui leur a fait changer d'avis. Enfin. Le principal c'est qu'ils aient fermé leurs gueules pour un temps.

La brune, quant à elle, a l'air plutôt fière de son coup. Eh bah tant mieux pour toi, hein. Mais bon, on se connait pas, et même si t'es plutôt très jolie, c'est pas dans mes habitudes de me faire galocher comme ça, à l'improviste. "C'était pas si mal que ça pourtant, j'trouve." Elle croise les bras et me fixe. Je la regarde un temps, toujours on-ne-peut plus perplexe, et soupire franchement en tournant la tête vers ailleurs et en laissant retomber mes bras mollement. Puis, je lâche un rire nerveux. Mais quelle situation à la con encore. Et je vois les autres bouffons au loin qui gloussent comme des hyènes. Mais putain. Ils ont pas encore fini, eux ? J'vais finir par les frapper si ça continue, ils verront si c'est si drôle qu'ils l'imaginent. Non, mieux, j'ai une meilleure idée. Mon regard se pose à nouveau vers la fille, et je laisse un sourire s'étirer. T'as raison en fait, c'était pas mal. On recommence ? Je m'approche alors d'elle, l'attrape par la taille et, à mon tour, l'embrasse, me servant de ma main libre pour afficher, au passage, un beau doigt d'honneur aux hyènes. Dans votre cul, les beaufs.

Choquée par mon comportement, la brune ? Que dalle. En aucun cas elle ne me montre que ce que je fais ne lui plait pas, ni même qu'elle a envie de se barrer. Non non, au contraire, ça a pas l'air de franchement la déranger, alors pourquoi s'arrêter maintenant ? Ça faisait longtemps en plus, que j'avais pas embrassé qui que ce soit. Et puis, vu que j'ai pu prendre une seconde ou deux pour vérifier qu'elle n'était pas facialement dérangeante, et vu qu'elle embrasse pas non plus comme une novice, autant prolonger encore un peu le truc quoi. Eh, en plus c'est la première à tester mon piercing, elle devrait se sentir flattée. Non en vrai, mon ex en avait un, et je dois avouer que ça fait quand même une certaine différence, non négligeable.

Enfin bon, on va pas rester des heures comme ça, hein. C'est bien sympa, mais faut que je fume ma clope moi. Je recule donc mon visage, regarde un instant la brune dans les yeux en fronçant les sourcils, puis laisse échapper un léger sourire, suivi d'un clin d’œil furtif. Bon dis moi, c'était plutôt cool non ? Tu diras à tes potes qu'ils peuvent aller se faire foutre du coup. Allez, à plus ! Je reprends ainsi mon chemin et ramène ma clope aux lèvres. Évidemment, c'était à prévoir, va falloir la rallumer, putain.