Jeudi, 20 heures à ma montre, le soleil fini sa course donnant de magnifiques reflets orangés au ciel. Quoi de mieux pour se rendre à une soirée bleue? Je vous le demande. Josef, un de nos Opal, à décidé d'organiser la première soirée étudiante de l'année. Autant dire qu'on va pas y aller de main morte. Faut bien fêter le début de l'année et se souhaiter réussite autour de bons alcools et dans une ambiance fort sympathique. Enfin moi je vais rester sur mes bières, quitte à pisser plus souvent avant d'être ronde.

Dans ma Jeep, fraîchement réparée du FEQ, je me gare devant la maison de notre camarade. Elle déglingue franchement. Y en a qu'on les moyens. Tu me diras, au moins on fait pas la fête dans un vieux taudis quoi, y a une certaine classe et je suppose que c'est propre à l'intérieur. Pour le moment eheh. Puis qui dit grande maison, dit de la place pour dormir, je pourrai m'étaler sans taper dans le voisin. Bon, allons-y, je connais pas encore toute la populasse bleue du coup cette soirée là tombe à pic, on va faire connaissance. Normalement ça devrait le faire, on a à peu près le même caractère et les mêmes délires dans une même maison. Enfin je pense. Je sonne donc à la porte, une de nos bleues vient ouvrir. Je ne la connais pas, pour pas changer, mais elle à l'air sympa. Je lui souris et rentre dans la maison, y a déjà pas mal de monde d'arrivé, deux trois bouteilles et des pack de bière d'ouverts. Un son sympa, pas trop fort pour le moment, ça devrait pas tarder faut laisser les choses se faire. Aucun soucis pour moi, je commence par une bière. Faut bien démarrer!

On pourrait croire que j'suis une fille hyper sociable, parce que j'ai des cheveux colorés comme un bisounours, que j'suis toute petite toute légère toute mimi comme un bébé koala, que j'suis aussi innocente que l'agneau qui vient de naître, que j'suis bavarde et que je pars dans des délires que seul Ez peut comprends et encore - j'lui ai pas sorti le truc de l'écureuil hem - mais pas du tout. J'aborde pas les gens comme une fifolle en sautillant comme un bébé kangourou. J'préfère largement me foutre discrètement - ou pas - de leur tronche. C'est pas beau, c'est pas bien, j'suis une vilaine fille, faut pas se moquer des gens. Mais j'y peux rien, c'est presque si je m'en rends compte. Et j'peux vraiment être méchante des fois. Que tout le monde se rappelle l'épisode Lola dans le bus menant au FEQ. Bref, là n'est pas la question, j'suis encore partie à quarante bornes de ce qui nous intéresse. Y a des gens qui disent que ça fait mon charme et - ok, je me recentre.

J'ai fait un effort de sociabilité, même si j'avais graaaave la flemme, j'aime bien sortir du coup j'suis allée chez Josef, qui m'avait invitée à une soirée. Et j'dois dire qu'y en a qui doivent avoir des dents en or pour se payer une baraque pareille. Et pis c'est ultra moderne. C'pas trop mon style mais bon, voilà voilà. Y a beaucoup de gens, j'ai fait quelques connaissances sans trop m'attarder, parce que bon, je fais des efforts mais faut pas non plus pousser Huguette dans les orties. Il commence à être tard, et j'suis un peu fatiguée, alors faut pas trop m'en demander non plus. Surtout que pour trouver une ou deux personnes pas encore déchirées, c'est bien compliqué. Moi, j'me bourre pas la gueule comme ça, j'ai trop vu ma mère rentrer complètement soûle, ça m'a suffit, pas envie de me retrouver dans le même état qu'elle.

Quand j'ai voulu aller aux toilettes, grave erreur, très grave erreur, y a une nana qui m'est rentrée dedans, elle a failli lamentablement se vautrer par terre. Oui, juste failli, elle s'est rattrapée à moi. Enfin. A ma chemise. Elle l'a littéralement déchirée. Je ressemble à Lady Gaga dans un de ses clips où elle est moitié à oilp - y en a beaucoup, hein, je conçois. Heureusement qu'j'suis pas comme toutes ces nanas qui se baladent sans soutif hein.

- Rah putain de merde. Tu peux pas faire attention ? Je grogne contre la blonde en face de moi, qu'a l'air bien fraîche.

La soirée se passe, je rencontre quelques bleus, discutent avec eux, échangent quelques verres. Bien sympa comme soirée, un peu trop bondée ma foi, on se tape dedans mais comme les 3 quarts du lot son beurrés ils s'en tapent complet. Puis vu les décibels qui s'échappent des enceintes, qui se couperait la voix pour demander des excuses, franchement. Du coup je fais le mouton, bières puis ma foi quelques alcools un peu plus fort, vodka, rhum, on goûte un peu à tout c'est relativement marrant, on est là pour ça non? Se marrer c'est le but d'une soirée étudiante, encore on casse rien pour le moment et, au cas où, Josef à fermé sa piscine, histoire de pas retrouver un comateux noyé dedans le lendemain. Ce serait bien triste. Du coup on se venge sur la musique, et c'est drôle. Jusqu'à ce que mon estomac en est ras-le-bol d'être balloté dans tous les sens et rempli à ras bord. Un haut de cœur en signal, je file aux chiottes à grandes foulées mais en voulant prendre le couloir sur la gauche y menant, je coupe trop court et c'est le drame. Je glisse sur le contenu renversé d'un verre, heurte quelqu'un et pour m'éviter le ramassage du siècle, je m'y agrippe. Manque de bol, sa chemise craque et la chute est inévitable, je me rétame correct au pied des chiottes.

- Rah putain de merde. Tu peux pas faire attention ?

Ironie du sort - ou non - l'envie de vomir me passe un temps et je parviens à m'asseoir, dos au mur pour me remettre de mes émotions. Je lève la tête pour voir ma victime et visiblement, elle n'a pas l'air heureuse. Quoi? Puis ma main engourdie me répond. Qu'est ce que? Je l'amène vers moi et m'aperçois qu'entre mes doigts, je tiens une chemise. Qu'est ce qu'elle fou là? Puis je regarde la fille, en soutif devant tout le monde. Le lien se fait difficilement mais je crois que ce que j'ai dans ma main lui appartient. Je tente de me lever, puis m'aidant du mur je m'approche d'elle et lui tend la chemise, tentant de m'excuser. Désolée, lui dis-je en bafouillant. Mon ventre me titille de nouveau c'est pas bon ça.