"PAPAAAA!!!! MAMAAAN!!! RÉVEILLEZ-VOUS!"
Je me réveille en sueur et je pleurs un peu. Il fait noir et il y a un silence de mort. Je prend mon portable qui affiche: 3h24. Ce cauchemar se répète beaucoup ces derniers temps. Les cauchemars où les mauvais souvenirs sont ravivés sont les pires à mon avis. J'essuie mes joues et me lève doucement. Je n'aime pas être seule et je hais le noir.
Je regarde par la fenêtre et vois le paysage mort du campus; la pelouse est baignée dans le noir, il n'y a pas un chat et une ambiance sinistre y règne. J'ai l'impression que dans n'importe coin sans lumière peut se cacher un danger. Ce danger là vous guette sournoisement et vous saute à la gorge dès que vous je le regardez pas. Il rigole d'un rire mauvais et affiche un visage perfide. Il se déplace à pas de loup, vous pouvez juste entendre parfois un léger bruit de feuille qui ne fais que raviver votre peur. Cette peur vous ronge et vous obsède et ne disparait qu'au soleil. La lumière artificielle des lampadaires donne une ambiance lugubre, vous avez peur d'y voir quelqu'un à ce lampadaire? Moi aussi. Ce lampadaire que vous croyez être votre ami est votre ennemi, la nuit, tout est votre ennemi. J'ai peur d'y voir arriver à cette lumière quelqu'un au regard mauvais, à l'air menaçant. Pire, une petite fille en robe de chambre maculée de sang. En fond, on entend les gouttes de pluie. C'est la peur de la nuit qui agit.
J'ai peur du noir, c'est ainsi.
N'ayant aucune envie de mettre un peignoir ou quelque chose de plus je file dans le couloir en débardeur et en culotte. Je fonce rapidement hors de ma chambre. Je cherche rapidement les toilettes dans le noir et le silence total. Je suis morte de peur, je ne vois même pas où je vais. Soudain, un bruit. Infime mais je l'ai entendu. Je me stoppe net. Je reste paralysée, je ne sais même pas où est ma chambre dans ce noir complet et je n'ai aucune lumière ou lampe de torche sur moi. Je suis totalement désarmée. Je commence à courrir. Je ne sais pas où mais je fonce, je cours. J'ai peur. J'ai peur. Que quelqu'un vienne m'aider. Je commence à pleurer tant j'ai peur, et je continue ma course ne sachant où aller. Je suis perdue et sans repère.
Et d'un coup je me cogne violemment contre quelqu'un. Premier reflexe, crier de toutes mes forces. Je perce le silence de mort, notre collision brutale m'a fait revenir sur terre. Et deuxième réflexe, un coup de pied. Je ne sais pas où j'ai visée, je crois le visage. Toujours est-il que je continue à crier en m'éloignant de.... D'un garçon si j'ai bien entendue la voix masculine quand je lui ait donné un coup de pied. Toujours aussi paniquée je recule vivement, m'accrochant aux murs comme s'ils étaient ma bouée de sauvetage. Ma main entre en contact avec un interrupteur. La lumière revient, ouf. Je m'arrête aussitôt de crier et je réussis à me calmer, contrôlant mon souffle haletant, j'entends mon coeur battre tellement j'ai eu peur. Je reste contre le mur malgré tout.
Je vois un jeune homme qui a l'air aussi perdu que moi. Je ne peux rien dire, les mots n'arrivent plus à sortir. Je crois que je vais re-pleurer à torrent comme tout l'heure.

Je calme ma respiration et mes larmes. Je sanglote un peu mais je refuse le contact lorsque ce dernier me dit gentiment de me calmer, je n'aime pas montrer ma faiblesse. Comme tout le monde  je déteste que l'on me voit pleurer, et plus une personne se retient plus elle pleure. Les vraies larmes ne sont pas voulues, elles mouillent mes yeux malgré moi.

Je me frotte la tête pensivement, je déteste la nuit et le noir. J'ai été condamnée à sourire la journée et pleurer le soir car ma famille avait été tuée de sang froid devant mes yeux. Que pouvais-je faire? Rien. C'était justement ça le problème. Je ne peux que rester face à ce long silence qui s'est installé entre ce curieux jeune homme qui n'a pas sembler prendre mal mon violent coup de pied en pleine tête mais à la place a tenter de me consoler sans même essayer quelque chose de sexuel ou une réaction violente.
Je respire péniblement et essuie avec mon bras mes larmes, mes yeux sont rougi, mes cheveux d'habitude si bien ordonné sont maintenant un joli bazar et je comprend à présent que je suis en culotte, débardeur blanc et sans soutif devant ce parfait inconnu. Par instinct je cache mes seins avec mes bras et tente un sourire mais je n'y arrive pas je suis trop gêné. La situation commence à être encore plus étrange qu'elle ne l'est déjà.

Je renifle de manière peu élégante. Je pense que j'ai déjà connue meilleure rencontre avec un homme dans ma vie..
J'ai envie de courir à pleine jambe et de le laisser là où il est en lui disant qu'il a rêvé. Mais je remarque qu'il boîte à la jambe. Bravo mademoiselle Olivia Conan Gerorges, c'est tout à fait brillant digne d'une politicienne et de l'héritière de la famille Georges de frapper un inconnu, qui est plus est est infirme et avec ça se retrouver en petite tenue et en larme devant une tierce personne.
Il faut que je me reprenne. Mes yeux sont de plus en plus secs et ma tête commence à être de plus en plus claire, mes sanglots quant à eux ont cessé.
Je prend un ton rassurant et assuré afin de lui prouver que je ne suis plus une petite bête effrayée.

-Je suis sincèrement désolé du dérangement, le noir me terrifie. Je ne t'ai pas fait trop mal au moins?

J'effleure sa joue rouge et regarde comment va son nez. J'ai comme l'impression qu'il commence à saigner du nez. Ah ça y est, il saigne du nez.

-Viens dans ma chambre, elle est juste à côté. Je vais te passer un mouchoir pour stopper le sang et voir si ton nez n'est pas cassé.

Je reste très douce et mon regard est sincèrement désolé, puis je commence à marcher vers ma chambre tout en lui faisant signe de me suivre.

" Merde, j'en fiche partout excuse !"

Je n’ose malgré tout pas rattraper le sang qui coule de son nez avec mes doigts. Nous arrivons à ma chambre, ma coloc n’est pas là et apparemment c’est une fêtarde qui ne dort que très peu dans la chambre. Avec tout les efforts possible, nous avions essayé de la rendre chaleureuse : photos sur le mur, bougies d’ambiance et autres babioles dont du maquillage en désordre qui remplit nos deux bureaux.
Je remarque qu’il s’essuie avec son tee-shirt, je lui passe aussitôt un mouchoir sous son nez.

"Mais, qu'Est-ce qui t'a pris en fait? pourquoi n'avais-tu pas allumé la lumière plutôt? tu es arrivé tard comme moi? donc tout était éteint mais pourquoi tu n'as pas allumé ?"
Je ne pouvais pas dire mon secret. Il est hors de question de me dévoiler face à un parfait inconnu aussi gentil soit t-il. En vérité je n’osais même pas bouger dans le noir et je me suis rendue compte trop tard que je n’avais pas de lampe ou quoi que ce soit pour m’éclairer. Je réponds d’un sourire trompeur se voulant assurer.

"-Je ne trouvais pas la lumière et je ne supporte pas le noir. Comme je suis insomniaque je me suis levée en pleine nuit. "

J’espère simplement que ma réponse évasive le satisfera, je n’aime pas trop que l’on parle de mes peurs. Je l’assois sur mon lit et passe dans la salle de bain. Une fois que j’y suis-je me mouille le visage afin de me redonner un coup de pêche. Une fois mon visage essuyé je passe rapidement un coup de mascara afin de ne plus avoir cette tête affreuse apeurée devant un parfait inconnu. J’enfile un soutif et reviens vers le lit où le jeune homme est resté assis. Je remarque son tee-shirt plein de sang…. Mon dieu… Je ne vais quand même pas le laisser dans cet état.

" -Oh là là… Je suis vraiment désolé, attends je vais te passer un tee-shirt propre, enlève ton tee-shirt je vais aller le laver."

Je cherche dans mon armoire un tee-shirt trop grand, parfait. Je lui prends un de mes tee-shirts préféré. C’est un tee-shirt Led Zeppelin qu’un mec d’un soir a oublié une fois chez moi et qui depuis ne m’a plus quitter. Je pose le tee-shirt sur le lit et aide le jeune homme empêtré qui tente d’enlever son tee-shirt et à la fois de garder son mouchoir à son nez. Je lui prends le tee-shirt et le lui enlève. Il pourrait presque y avoir une ambiance chaude pourtant je ne la vois pas, je ne sais même pas quel est son prénom.

Lorsqu'il enleva son tee-shirt je ne pus m'empêcher d'être étonné. Sous son allure fébrile et timide se cachait donc un corps magnifiquement bien sculpté. Et non seulement il était très bien foutu mais aussi respectueux, il faisait tout pour ne pas tâcher le tee-shirt que je lui avais donné. Sa timidité me fis sourire, je le trouvais touchant, presque attachant.
Je m'assis à côté de lui sur mon lit et lui passa une boîte de mouchoir pleine. Vérifiant au passage si mes draps n'étaient pas tacher. C'est bon, ils étaient impeccable. Celà m'aurait poser un petit problème d'avoir mes draps tâcher de sang. J'imagine mal dire à ma coloc qu'hier soir un mec est venu dans mon lit et mes draps sont bizarrement tâcher de sang. Elle aurait des doutes concernant le fait que je lui ai dit que je ne suis plus vierge depuis belle lurette. Autant lui cacher cette mésaventure, sinon ça fera jaser alors que je n'en suis qu'à ma première nuit à l'UE et je serai afficher sur le panneau. Bref un mauvais départ et je me suis promis d'être en règle ici.

"Tu n'aurais pas de la glace? je pense que ça arrêtera le sang." J'avoue que je le regarda sans comprendre. Pour avoir de la glace il fallait un frigo et les frigos étaient interdits dans les chambres d'étudiants. Il y eut un petit blanc avant ma réponse mais je me repris avec un petit sourire dissimulant mon trouble.

-Non désolé, je n'ai pas de frigo. Mais tu as une boîte de mouchoirs à côté de toi.

Heureusement il ne remarqua pas mon trouble et enchaîna par une présentation aussi après.

"Moi c'est Nathan Bellamy."
Nous nous serrâmes la main.

-Enchanté, moi c'est Olivia. Que faisais tu ici aussi toi d'ailleurs?

"Excuse, je n'ai pas réfléchi avant de parler!"

Apparement oui il avait remarquer mon trouble passager, sa réaction totalement désolée me fit légèrement sourire. Je haussa les épaules pour lui montrer que c'était sans importance.

"Dis-moi malgré le noir, pourquoi as-tu crié tes parents ?"
Je me crispa tout de suite. J'avais parlée dans mon sommeil et il m'avait entendu... Je baissa la tête, mes cheveux cachant mon visage et Nathan ne pouvant voir en ce moment quelle tête je faisais. Et moi, mes yeux rivés sur ma cicatrice à la cuisse droite. Mon expression traduisait ma souffrance, je sais que cet instant je paraissais abbatue et horrifiée. Puis, lorsque je releva ma tête et que j'écarta mes cheveux de mon visage je reprenais mon éternel visage chaleureux et souriant. Je leva les yeux au ciel et pris sa question au ton de la plaisanterie.

-Ah ah! Pas de soucis ce n'est pas indiscret. Juste que je parle dans mon sommeil voilà tout.

Suite à ma question il enchaîna.

"Oh moi, je traînais dans les couloirs sans pour autant avoir une raison. Il y a que la nuit et le soir que je suis tranquille"

Je ne savais trop quoi répondre, sa réponse était très étrange. Je me demandais juste si c'était un casse-cou ou au contraire une victime d'harcèlement car son visage était bien amoché. J'inspectais le visage de ce garçon suite à ça un petit blanc s'installa. Son nez quand à lui avait finit de saigner. Ce garçon était très étrange, je m'en méfiais presque.

-Ah ok je vois de quoi tu parles.

J'avais dit ça avec un sourire compatissant mais je ne voyais pas du tout où il voulait en venir.
À présent la fatigue me reprenait, je m'étira et m'allonga sur mon lit, lui assis à côté.

-Et sinon tu appartiens à quelle maison?

"Opal, et toi? Tu connais beaucoup de monde a L'UE? tu es nouvelle?"

-Je suis une moonstone, je suis sincèrement désolé. J'aurais aimée te rencontrer dans de meilleures circonstances. Et oui je suis nouvelle et forcément je ne connais personne mais ça viendra, je ne me fais pas de soucis.

Je me faufila sous ma couette, avec Nathan toujours assis sagement sur le rebord de mon lit. J'avais le début de mes partiels demain, il fallait que je me couche. Tranquillement je commençais à retrouver le sommeil. Ma voix était fatiguée et à la fois toute douce. Je m'étira de tout mon long, collant mes pieds froids en-dessous de mes jambes.

-Je suis crevée Nathan, tu peux sortir s'il te plaît?

Mon souhait était certes très égoïste mais avant de me réfugier dans mon lit j'avais bien vérifiée s'il ne saignait plus du nez et s'il n'avait plus mal au visage. Une fois tout ceci fait je pouvais enfin avoir la conscience tranquille, il n'avait pas l'air de trop m'en vouloir et tant mieux.
Nathan acquiesa de bon coeur, pris ses béquilles, me souhaita bonne nuit et referma la porte. Juste avant qu'il ne la ferme, je lui avais glissé un gentil:

-Bonne nuit Nathan.

Le noir revint mais cette fois-ci j'étais apaisée et je pouvais dormir sur mes deux oreilles sans qu'une quelconque peur vienne m'envahir. Au loin j'entedais le bruit des béquilles de mon gentil compagnon, le bruit s'éloignait petit à petit pour ne plus rien entendre. Mes yeux étaient clos et j'étais d'ors et déjà dans les bras de morphée.

Fin du rp