Bande de cons!

Je peste sauvagement contre les cantiniers. Trop tard pour manger? J'ai fait 3heures de cours d'économie sans pause, j'estime avoir le droit de manger à ma faim! Rien à faire, j'ai eu beau pester contre eux et expliquer clairement mes arguments: thèse, anti-thèse, conclusion ils n'ont rien voulu entendre. Ils sont plus têtus qu'une mule avec leur horaire de merde...
Je remets mon plateau à sa place, agacée. Génial, mes prochains cours commencent bientôt et je vais ne rien avoir manger. Je n'ai pas un énorme appetit mais il faut quand même que je mange! J'entends mon ventre gargouiller bruillament. Argh. Que faire? Je sors de mon sac un Twix, c'est peu mais ça fera l'affaire. Je n'ai pas le temps d'aller au centre-ville, ça me prendra trop de temps aller-retour. De plus, je n'ai rien mangé ce matin, j'avais eue une panne de réveil et j'ai enfilée à la hâte ma robe noire d'hiver, un collant noir opaque et des petites bottines noires et après j'ai dut filer sans me doucher et sans me maquiller en cours, le tout en courant comme une dératée.

Toutes les tables sont prises et les étudiants finissent de manger, tous sont arrivés dans les temps. J'enrage! Je ne vois aucun rouge et aucune tête familière. Dépitée, je m'assied à la seul table restant en mangeant piteusement une barre de mon Twix.
Et là, j'entends la grosse voix d'un des cantiniers dirent qu'il n'y a plus rien à manger et que la cantine est fermée. Même discours qu'à moi. Je me retourne pour voir qui est ce confrère retardataire et... miracle! Un rouge! Je vais enfin sortir de mon ennuyeuse solitude. Je me dirige vers lui et ne peut que lui dire excedée:

-Laisse tomber, ce sont des cons j'ai insistée pour manger mais ce sont des connards. Ils ne pensent pas aux élèves mais juste à leur pause.

L'un des cantiniers m'a entendu et me lance un regard offusqué.
Soudain, j'entends un bruit. Son ventre gargouille. Apparement il n'est pas le seul à avoir faim. Je lui tends amusée la deuxième barre de mon twix.

-Tu as l'air d'avoir faim apparement, tiens prends-le.

13h. De retour à l'université, le ventre rempli d'un fast food dont je tairai le nom. Ça fait du bien de temps en temps, de manger en dehors d'Enamor. Puis faut dire que la bouffe est pas tout le temps terrible. Objectivement elle est même souvent dégueulasse. Faudrait changer de chef, pour une université de cette taille et de cette réputation faudrait un minimum que ce qu'on y bouffe soit comestible. Un chef français ce serait pas de refus. On y mange bien chez eux à ce qu'on dit.

Quoiqu'il en soit, nous sommes de retour, avec quelques rouges. Le groupe se sépare à l'entrée d'Enamor, vaguant aux occupations personnelles de chacun. Je décide d'aller au self, voir si la machine à café a été réparée, chose relativement chiante depuis le début de l'année faut qu'on regagne les couloirs des bâtiments de cours pour trouver une autre machine. Serait temps qu'ils la réparent. Quand même. Je rentre donc dans le self et m'avance vers la machine. Un post it l'annonce HS, pour pas changer. Je cherche alors un cuisinier ou un disciple du genre pour en toucher deux mots. J'aperçois alors un gros lardon balayer devant le self service, je m'avance. Dites, la machine à ca...

- Nan on sert plus! aboie-t-il.

Il est con celui-là. J'allais répliquer quand une voix féminine me devanca. Décidément, on veut pas que je parle. Ça me gave un poil ct'affaire. Laisse tomber, ce sont des cons j'ai insistée pour manger mais ce sont des connards. Ils ne pensent pas aux élèves mais juste à leur pause. Je me retourne vers elle. Tiens, la rousse qu'à rebroussé les poils à notre Shay nationale. Elle a langue bien pendue dit. Tu as l'air d'avoir faim apparement, tiens prends-le. Elle me tend alors un morceau de sa barre chocolaté. Je la regarde. Non, ça va fis-je sans intérêt. Mon problème c'est le café là. La machine à café faudrait peut être y songer non? Je lance au commis. Il hausse les épaules et continue son affaire. On se fou de ma gueule ça me saoule. On paie pas votre putain de machine pour même pas sentir ce qu'en sort. Ça m'a gonflé léger. Je finis par gagner l'extérieur du bâtiment. Une clope pour me détendre. J'entends alors les pas de la fille me suivre. Qu'est ce qu'elle me veut? Elle a pas compris que c'est pas le moment.

"Non, ça va"
Il me fout un vent et s'en va. Apparement il voulait du café. Je n'aime pas me prendre des vents et j'ai comme l'impression que le terrain semble miné. Mais baisser les bras c'est mal me connaître... je remets mon manteau, mets mon ordinateur portable sous mon bras et je fini de manger mon twix. Puis, j'avance vers lui tout en remettant mon sac sur mon épaule. Il ne veut pas de moi, ça je l'ai bien compris mais ce genre de mec un peu froid et qui ne donne pas des sourires hypocrites au premier con venu me plait plus déjà qu'un écervelé qui minaude. Et apparement il y a beaucoup d'ecervelé dans cette université là, surtout chez les blancs.

Heureusement que la radinité n'est pas un problème pour moi, je suis quelqu'un de nature généreuse. Mon eastpak est un peu comme un trésor: maquillage, aspirine, un miroir, mon portefeuille, un paquet de mouchoir, des tampons, un stylo, mon portable, mon chargeur de portable, mes clés et un briquet. Et aussi des échantillons de café en poudre que l'on trouve gratuitement à la sortie des métros.
Je m'assied à côté de lui tout en mettant une distance d'écart. Il ne m'adresse pas un regard, classique. Je pose mon ordinateur sur les marches et mets mon eastpak sur mes cuisses et cherche mon café en poudre. Ah, le voilà enfin. Je l'attrape et sort ma main de mon sac. Avec un petit sourire je lui montre le café que je tiens à deux doigts:

-J'ai entendu que tu voulais du café.... ils ne te refuseront pas de l'eau chaude ni une tasse.

Là, toute de suite, dans l'instant, j'ai juste envie d'une chose. Appeler Jude et lui meugler toute la rage que j'ai pour ce cochon transgénique même pas foutu d'être aimable avec les élèves. Mais, parce que y a toujours un mais, je veux pas l'emmerder. Faut que je la laisse vivre un peu cette petiote. Elle doit en avoir marre de moi par moment. Je la comprends pas, je suis adorable pourtant.

Blague à part. Je rejoins le coin fumeur en face du self, à l'ombre des arbres et entame ma clope tranquillement. Enfin c'est ce que je pensais. La roussette revient. Enfin non, la rousse tout court. La roussette c'est pour Rob. Que je suis chou à lui donner des surnoms. Ahem. Elle s'installe sur les marches menant à la bibliothèque, soit à côté de moi compter trois mètres d'écart quand même. C'est proche. Et elle fouille dans son sac, visiblement à la recherche d'un objet bien précis. Genre elle range pas son sac pour meubler le silence. Puis elle en sort une dose à café. À quoi elle joue?

- J'ai entendu que tu voulais du café.... ils ne te refuseront pas de l'eau chaude ni une tasse.

Bah ça, si je m'y attendais. Vu les aventures d'hier je la pensais plus conne, et donc moins aimable. Logique. Je me serai trompé faut croire. Ou alors elle a compris la leçon de Damon à savoir rester soudé avec sa famille rouge. Je me détends face à cet élan de sympathie - faut jamais trop en demander aux Garnets -. Même une tasse d'eau ils savent pas faire, c'est peine perdue. Lui dis-je dans un premier temps, tirant sur ma clope. Masis c'est sympa d'avoir proposé. Ah, ça m'irrite la gorge d'être poli. M'embête celle-là. Chloé c'est ça? Si j'ai bien compris hier. Élan de bavardage, mais que m'arrive-t-il aujourd'hui?

Sincèrement, j'espère réelement que ce mec ne me parlera de la fâcheuse affaire d'hier. Je m'en fous d'avoir fait une connaissance aussi brutale avec Lady Flanby. Ce qui me contrarie en revanche c'est d'avoir la moitié de la maison à dos. Tant pis, j'arrangerai les choses. Comme d'habitude. Mais le fait qu'il m'en reparle ça va m'énerver je sens... De un je n'en vois pas l'interêt d'y revenir. Les choses ce sont passées et puis voilà. Et m'excusez n'a jamais fait partit de mes options. Et de deux je trouvais l'idée de mettre un bazar monstre chez les blancs pas si mauvaise évidemment... Je suis la première à faire des conneries, mais je suis nouvelle et les tensions entre les blancs et les rouges je m'en fiche un peu.

"Même une tasse d'eau ils savent pas faire, c'est peine perdue."
Je ne relève pas son refus même s'il sait tout aussi bien que moi qu'il pourrait aller leur demander ce service sans avoir la moindre crainte d'un quelconque refus, une tasse et de l'eau ce n'est pas la mer à boire.
Je hausse les épaules d'un air détaché et remet ma dosette dans mon sac
"Mais c'est sympa d'avoir proposé."
Je rêve? J'ai bien entendue? Il est poli? Je ne suis pas devin mais c'est limite écrit sur son visage, ce mec n'est pas le roi de la tchatte et non plus des simagrées. Le simple fait qu'il me remercie me laisse perspicace. Mais en voyant sa tête juste après je manque d'avoir un fou rire, ça se voit que ça lui coûte beaucoup de dire ce qu'il vient dire. Je me contente de ça, c'est un très bon début.

"Chloé c'est ça? Si j'ai bien compris hier."
De plus en plus suprenant, il s'intéresse à moi ou quoi?

-C'est bien Chloé et toi?

C'est bien Chloé et toi? Tu t'es vite fait remarquer toi. Trop vite même. Tomen, je réponds brièvement à mon interlocutrice. Finalement mon élan de paroles de tout alors était passager, je retrouve mes bonnes vieilles habitudes, à savoir ne pas parler, regarder les gens causer tous seuls - s'énerver dans le meilleur des cas -. En gros faire chier le monde et les laisser dérouler leurs répliques.

Je tire de nouveau sur ma clope, j'arrive à la fin d'ailleurs. Tant mieux, c'est déjà moins de temps passer à côté du moulin à paroles roux. Ce que les gens bavards me gonflent. J'aime pas parler et c'est pas non plus mon fort d'écouter - de subir que dis-je -. Je regarde ma montre, on reprend les cours dans une demie heure. Bizarre qu'ils soient déjà fermés au self quand même. Habituellement ils sont encore ouverts quand les cours reprennent. Jour spécial faut croire. Jour des cons aussi, par la même occasion.

Je profite de ce moment de silence, il y a un vent froid mais pas désagréable. Il est temps de mettre sur pied une conversation. Je ne gratte pas l'amitié, ce n'est pas mon genre. Mais ce type de personne m'intrigue et je suis toujours curieuse ce qui se cache derrière tout ça. La curiosité est un vilain défauts mais je m'en fous pas mal...

-Tu n'es pas du genre bavard et à écouter les gens parler toi...

Il n'y a aucune froideur dans ma phrase, c'est une constatation qui est dite d'un ton neutre.
Je me relève et enlève la poussière sur mon manteau.

-Je vais aller me faire un café, tu en veux un ou pas?

Un silence s'installe. Objectivement ça fait du bien. Serait-elle partie d'ailleurs? Je me retourne. Ah non, toujours là. Tu n'es pas du genre bavard et à écouter les gens parler toi... Toi par contre. Dans le genre casse pied t'es plutôt pas mal.

Ma clope fini, je la jete dans un cendrier et sors mon portable. Bon il reste vingt minutes, le temps de remonter et de me faire un café avant les cours. Avec une machine qui marche. Je vais aller me faire un café, tu en veux un ou pas? Je me retourne et la regarde de haut en bas. Elle insiste. Non c'est bon, finis-je par dire. Puis merde, cette histoire m'a coupé l'envie de café. Je range mon portable et commence à rejoindre les bâtiments de cours. Pour éviter d'avantages de tension au sein de la maison je pense à saluer ma camarade, ajoutant d'un ton enjoué : À la bonne heure!

Mon compère s'éloigne comme je m'en doutais lorsque je me dirige vers la cusine. Et me lance un "A la bonne heure!" d'un ton narquois, je lui réponds sur le même ton avec une tête exagérement hypocrite. Après avoir menacer les cuistos que s'ils ne me donnaient pas tout de suite une tasse et de l'eau chaude j'en ferai une affaire personelle et en toucherai un mot au directeur ils me les ont donner, fruster d'avoir été imterrompu pendant leur pause royale. Je le porte à mes lèvres. Enfin du chaud... Je me délecte de cette boisson chaude qui est à mes yeux en ce moment bien mieux que tout l'or du monde.
Ça y est, je veux être casse-pied. C'est parti. Je sors du self et trottine vers Tomen d'un pas discret. Je pense qu'il m'a entendu mais je me dit que c'est plus amusant de s'imaginer qu'il n'a rien entendu et de le prendre par surprise. Arrivée vers son niveau je fais mine de marcher normalement. En regardant les arbres mon café toujours à la main. On est pas toujours sérieux et mature, et j'ai bien envie de titiller ce personnage ténébreux.
"Et ouais mon petit pépère! On se débarrasse pas aussi facilement de tata Chloé!"
Il me regarde, les yeux ronds.
OUZHHZUJRHZIZIZJ!!!! J'ai dit ce que je pensais à haute voix!!! Première fois de ma vie que ça m'arrive.... Je n'arrive plus à parler maintenant. Saloperie de voix, quand j'ai pas besoin de parler elle parle mais quand faut parler là y'a plus personne!
Je le regarde tout aussi étonnée d'avoir sortit un tel truc. Je reste choquée de l'avoir dit. De vagues sons sortent de ma bouche, il devrait avoir compris au vu de ma curieuse réaction que les mots sont sortit malgré moi. Putain fait chier.
Je me demande comment va t-il réagir à.... Ça...

En marchant vers les bâtiments je repensais au saccage du salon Moonstone. Comment ils ont pris cher. J'aurai aimé être là quand ils ont ouvert la porte - enfin si y a pas un rouge qui l'aurai enlevé -. Enfin si ça se trouve ils y sont pas encore allés, dans leur salon. J'en ai pas eu vent en tout cas. Mais il me tarde je vous avoue.

Attendez. C'est pas des bruits de pas ça? L'esprit ailleurs je ne me retourne pas. Ça doit être quelqu'un. Un gens comme un autre, pas besoin de s'y intéresser. Et ouais mon petit pépère! On se débarrasse pas aussi facilement de tata Chloé! Elle se fou de la gueule du monde celle-là. Mais vraiment. Tellement que je retourne les yeux en soucoupe. C'est étonnant de chiantise. Franchement plus chiante on fait pas. Même Robyn est limite supportable à côté de cette rousse. Je me contente de soupirer un grand coup. Ne rien dire, surtout ne rien dire. Sinon j'enfonce sa petite tête dans le bitume.

Le saoûler et me faire encore plus d'ennemis? L'option est plus que tentante et promet d'être amusante mais pas très stratégique non plus.... Inutile de me faire plus d'ennemis dans ma propre maison. Je marche une minute à peine avec lui puis je reprends mon attitude normale et mon regard dur.
Je soupire et m'adresse à lui d'un ton neutre mais assez sec:
-Je ne sais pas pourquoi mais j'ai dit ce que je pensais malgré moi. C'est la première fois que ça m'arrive.

Je ne suis absolument pas désolée mais j'explique seulement ce qu'il vient de se passer. Je regarde l'heure sur mon portable. Ah, il est temps de partir. Par pur manie je réajuste ma robe, il faut vraiment que j'arrête de faire ça quand je suis ne serait-ce qu'un peu stressée.

-Bon bref moi j'ai cours, bonne journée à toi Tomen.

À vrai dire je suis légèrement saoulée. Le froid n'arrange pas les choses.... qu'est-ce que je détèste ça! C'est la première fois de ma vie que j'ai aussi froid. Le climat d'Australie ne m'a pas habitué à de pareilles températures...
Je tourne les talons et marche vers une allée de marroniers qui je sais me mènera vers mon bâtiment oú j'ai cours. Les marroniers ont déjà perdus toutes leurs feuilles. Foutu pays.