Il était tôt et je manquais d'air dans cette petite chambre, puis je me sentais un peu seule. Ça fait 3 jours que je ne suis pas sorti de cette université et il sera grand temps pour moi de prendre un bon bol d'air. J’enfile rapidement un jeans et un sweat. Pour un jour de décembre il faisait relativement doux. Une fois dehors je respire un bon coup et me mis à marcher automatiquement en direction du parc, mon lieu favori. C'était un endroit calme, sauf le samedi où beaucoup d'enfant s'y aventurait à la recherche d'écureuils ou d'insectes en tout genre. C'était rigolo à voir, parfois je m'installais sur un banc et je regardais les petits enfants jouer à "cache cache". Ça me faisait du bien de venir ici et ça me changeait les idées. Je marche donc tranquillement en direction d'un banc qui se trouvait 500 mètres plus loin. Devant moi un jeune homme qui devait avoir mon âge marchait également mais dans la direction opposée, il avait des béquilles et une atèle à la jambe il me semble.

Soudain, son regard s'illumina, non pas de joie mais de peur, de terreur. Je lui jeta un regard interrogateur et il me cria des paroles incompréhensibles. Un quoi ? Chien ? Courir ? Je prends quelques secondes pour réaliser et je me mets à courir jusqu'au banc et je saute dessus en quelques secondes, c'est dingue comment avec l'adrénaline on peut être très rapide. Je me retourne et jette un coup d’œil vers ce fameux jeune homme. Il me donna un second ordre, décidément. Je lui lance sa béquille et il tape un coup sec sur le chien, je ne peux pas regarder ça... Je ferme les yeux et me protège le visage, au cas ou...

Après quelques secondes le chien reparti dans l'autre sens et je me précipite vers l'inconnu pour l'aider à se relever. J'espère qu'il n'a rien, j'espère aussi que le chien n'a rien également, ça peut paraître débile mais bon... J'ai de la peine pour lui aussi. M'enfin, je le regarde, il n'a pas l'air blessé ou quoi, il va s'en sortir avec seulement quelques bleus, puis il pourra dire qu'il a sauvé une fille des crocs d'un chien enragé, c'est pas mal.

Ça va ? Tu n'as rien ?

Je demande en le relevant et en l'aidant à s’asseoir sur le banc qui se trouvait juste à côté.

J'étais un peu perdue, tout c'était passé assez vite. Je m'assied en soupirant, mon cœur bat assez vite, je sais pas comment j'aurai fini si le jeune homme n'était pas là en tout cas je ne serai sûrement pas entière. J'ai l'impression qu'il s'en veut et surtout que je lui en veux mais pas du tout, j'aurai eu la même réaction, enfin, je pense. Je hoche la tête et je replace une mèche blonde derrière mon oreille.

Ne t'en fais pas, tu as très bien fait. Sinon on serait en morceaux, tous les deux.

Je dis en haussant un sourcil. Autrefois j'avais un chien, bon il était carrément moins gros et devait peser 5 kilos mais j'en avais un. C'était mon frère qui un jour l'avait rapporté à la maison en souriant. Mon père l'avait engueulé mais n'avait pas pu résister, il était tellement mignon ce chiot. On l'avait appelé Rémy, c'était mon frère qui l'avait choisi. On l'adorait, c'était le nouveau membre de la famille... Il me manque un peu quand j'y repense, ma famille me manque également, ça fait à peine trois jours que je suis ici mais les ronflements de mon frère et les soupirs de mon père me manquent, j'étais la seule fille à la maison, j'étais la styliste de la famille, je critiquais leurs tenues et je disais ce qui n'allait pas. J'espère que mon père n'a pas profité de mon départ pour mettre son affreuse cravate jaune, je souris intérieurement avant de retourner à la réalité et de regarder mon "sauveur".

Il n'a rien, tant mieux. Je me demande si il est à l'université, je lui demanderai.

Merci en tout cas, tu m'as sauvé. Tu es ?

Je n'avais eu le temps ni de le remercier ni de me présenter. En espérant que je pourrai me rattraper. Ce jeune homme m'avait quand même sauvé la vie. J'aurai très bien pu être déchiquetée par ce satané chien. Oui c'est glauque et dégueulasse mais c'est ce qui serait arrivé si il n'avait pas été là. En plus il était blessé, c'était donc doublement gentil et courageux de sa part.

En effet, laisser un chien sans surveillance c'est dangereux. Surtout si un enfant passait par là... M'enfin bon, il est parti et nous sommes en un morceau c'est le principal.

Effectivement mais bon...

Je dis simplement en haussant les épaules, on l'a échappé belle, ça c'est sûr et certain. Puis porter plainte je pense que ça va servir à rien. Ils vont sûrement piquer le chien si ils le retrouvent et j'ai pas envie, c'est quand même un être vivant. Il se présente, donc il est à l'université. Je ne l'ai jamais vu, bon c'est normal puisque l'UE est énorme et que ça fait seulement trois jours que je suis ici. Je peux donc enfin mettre un nom sur son visage, Nathan.

Enchantée Nathan, moi c'est Anna, je suis également à l'université, depuis trois jour.

Je n'avais pas encore parlé à beaucoup de gens de l’université, je dirai... seulement 4, c'est pas beaucoup et je me sentais un peu seule. Je suppose que tout le monde est passé par là un jour ou l'autre de toute façon, être le nouveau c'est pas facile mais on s'y fait, faut réussir à s'imposer mais moi je préfère rester à l'écart. Bon c'est vrai que si je n'essaye pas de m'intégrer faut pas que je me plaigne mais bon... Je suis comme ça. Je suis une fille assez pessimiste et je me dis que je ne vais jamais me faire d'amis ou bien être invitée à une fête. Je me dis également que personne n'en a rien à foutre de moi, tout le monde a déjà son petit groupe et ils ne s'occupent pas de moi. Bon ça, avouez le c'est un peu la vérité.

Je commence à avoir un peu froid ici. C'est le premier jour de l'hiver et Noel arrive à grand pas, je vais pouvoir manger comme jamais et fêter dignement ça. Je vais juste quelques jours chez ma famille, je dois encore acheter les cadeaux. J'ai hâte de les revoir même si je les ai régulièrement au téléphone. C'est mon frère qui me manque le plus, je faisais tout avec lui avant. C'était un peu mon seul ami. Evidemment j'avais d'autre amis mais je n'ai jamais été très proche d'eux, je ne leur racontais pas vraiment mes problèmes et tout ça... Par contre à mon frère je pouvais tout dire, il ne me jugeait jamais et on s'entendait super bien. mon cœur se sert un peu en pensant à lui, j'ai hâte de le voir et de lui raconter comme c'est ici.

Effectivement, et toi ? J'étudie en littérature et en journalisme et toi ?

Je demande, pour être polie parce qu'en ce moment j'ai juste envie d'être sous la couette avec un bon chocolat chaud et un bon film. Je le regarde, en attendant sa réponse. Je me demande dans quelle maison il se trouve, je dirai Opal également. Il m'avait l'air simple. En tout cas, je comprenais petit à petit ce système de maison, heureusement.