charisma before all ║ Karadam

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Ce soir, c'était un soir que j'affectionnais particulièrement. J'avais hâte, j'avais attendu ça depuis longtemps. Avec mon cher Président Moonstone, Adam, nous allons à une fête, hum, même un gala de charité, même. Beaucoup de figures importantes de toutes les universités seront présentes. Comme on s'entend plutôt bien nous deux, on a décidé d'y aller ensemble.

Qui dit gala, dit classe, perfection absolue, une parure charismatique, un visage saint d'esprit et décontracté, et un attrait de beauté particulier. Je sors donc ma pièce de collection, -enfin une de mes pièces bien entendu- que les parents m'avaient offerte. Une robe Chanel, bleu azur, coupant un peu au dessus du genoux, dos nus et fine dentelle au décolleté encore raisonnable.

Je décide de lisser mes cheveux, et de les laisser en une classe raie. Puis, je m'occupe de ma bouille de bébé. Je la pavanne naturellement de fond de teint sans en abuser, je me fais un doux oeil de chat que je met en valeur avec du mascara et un fard couleur chair, puis je termine ce maquillage avec un blush rouge et un rouge à lèvre bordeau. J'enfile des escarpins coloré comme ma robe, un petit sac classieux et me voilà fin prête. Je m'admire assez de fois dans le mirroir pour me sentir satisfaite -mais jamais complètement, j'y arriverai un jour-. 20h. Le temps de prendre mon taxi, je serai là à l'heure; 20h30 comme on avait dit avec Adam.

Je sors de l'enceinte scolaire qu'est Enamor, et je prend mon taxi. Je le paie comme il se doit, patiente pendant le trajet avec un livre et un peu mon joujou électronique, mon teltel. Une fois arrivée, je descend gracieusement. C'est ici que le jeu commence. Il faut défoncer tout le monde, car ce soir, ce sont nous, Enamor représentant les plus classieux et intelligents.

J'attend alors là, sur le trottoir Adam. Il sera à l'heure, il a intérêt le grand.

Ce soir, un gala de charité est donné en faveur de la Fondation Farha, dont le but est de venir en aide aux personnes atteintes par le VIH. C'est un sacré hasard, je sais, et personne là-bas n'est ni ne sera au courant que je suis moi-même séropositif. Ce serait prendre le risque que la rumeur se répande à l'UE, et c'est tout sauf mon intention. Je n'ai pas besoin de ça en ce moment. Je suis déjà bien assez mal en point pour pouvoir subir une humiliation de plus. Entre les traitrises qui s'accumulent dans ma maison et, surtout, le meurtre d'Aria par Arthur, je suis émotionnellement à bout. Même si Eli et Rob se sont largement excusés d'avoir fricoté avec l'ennemi, je garde actuellement l'impression d'être complètement seul, et de ne pouvoir me reposer sur personne. Un peu de vacances me ferait le plus grand bien.

Mais ce n'est pas ce soir que je vais pouvoir me reposer, mh. A cette soirée, il y aura beaucoup de grands noms de la majorité des universités québécoises, et il va falloir faire bonne figure. Sourire, se tenir droit, être bien apprêté, et ne pas lâcher un mot plus haut que l'autre. Putain de galère, encore. Heureusement, il y aura Kara, une Moonstone avec qui je m'entends plutôt bien. On sait y faire, avec ce genre d'événements, ça nous connait. Ça devrait bien se passer.

Sans grande conviction, je me lève de mon lit sur lequel j'étais affalé depuis déjà plusieurs heures à ne rien foutre, et me dirige vers la salle de bain. Putain j'ai plus gout à rien, j'ai pas envie de bouger, de me faire beau, et de devoir faire l'hypocrite heureux pendant toute la soirée avec des gens tout aussi hypocrites qui viendront me parler de trucs qui ne m'intéressent même pas. J'ai juste envie de rester me morfondre là, dans mon lit, ou de partir faire un énième footing à pas d'heure. Mais bon, pas le choix. Quand on est le président de la maison la plus supposément parfaite de l'une des universités les plus supposément parfaites du Québec, il faut savoir assumer.

Après une longue douche bien chaude, je fouille dans ma garde-robe à la recherche de mon plus beau costume. Je sors mon deux-pièces de chez Armani, il fera très certainement l'affaire. J'aime bien, il a un détail sur le col qui fait toute la différence. Enfin. Une fois le tout enfilé et la cravate ajustée, je me sèche les cheveux et me fais un brushing parfait, il faut bien ça pour me redonner la pêche. J'ai de ces cernes en plus, c'est n'importe quoi. Je me brosse ensuite les dents m'asperge de parfum - le 1881 de Cerruti, une valeur sûre. Je suis presque prêt. Il ne me reste qu'à enfiler mes plus belles chaussures italiennes, et ranger mes clés, mes chewing-gums, mon portable et mon chéquier dans mes poches. Et à sortir un manteau assorti à mon costume, des gants en cuir et une écharpe. Il commence sérieusement à faire froid, en ce début de Décembre.

Le lieu de rendez-vous est à une demi-heure de l'université, et je suis parfaitement dans les temps. Je descends au parking de l'UE pour récupérer ma bonne vieille Silverado adorée. L'idéal aurait été que je prenne le taxi, mais j'ai bien envie de conduire un peu pour me détendre. Au pire, je me garerai assez loin pour ne pas être vu au volant - question de distinction.

Une fois arrivé près de l'hôtel qui accueille le gala ce soir, je me gare et rejoins à pied l'arrivée des taxis. Kara descend de l'un d'entre eux. Synchronisation parfaite. Je m'approche d'elle et arbore un faux sourire dont j'ai le secret. Salut Kara, tu vas bien ? Prête à jouer les étudiants modèles ?, je demande en plaisantant. Il va bien falloir l'être, de toute manière. Après avoir payé l'entrée et fait un tour par le vestiaire pour déposer quelques affaires, on entre dans la salle de réception. Un serveur s'approche aussitôt de nous pour nous proposer des flûtes de champagne. Volontiers, il va me falloir au moins ça pour tenir toute la soirée. Enfin bon. C'est parti.

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Bien, je n'aurai pas du poiroté pour attendre le Président populaire. Le voilà, à quelques secondes de mon arrivée. C'est parfait, nous sommes dans les temps, et on a pas du se faire attendre l'un et l'autre. C'est un bon départ pour une soirée qui s'avère difficile. Un soirée c'est sensé te détendre, mais là, tu dois te tenir les fesses bien droite pendant des heures et être parfait. Un vrai travail sur soi-même.

Adam s'approche donc, un sourire éclatant dilate ses lèvres, Salut Kara, tu vas bien ? Prête à jouer les étudiants modèles ? dit-il sur un ton d'humour. Ouah, et bien. A vrai dire j'aime bien jouer à ça, même si c'est pesant à la longue. Je suis de ce milieu, et j'aime bien l'utiliser. Qui n'aime pas se sentir chic et supérieur ? Je souris, hausse les épaules et gémis d'un bruit qui prend la situation presqu'à l'humour. Ca veut tout dire. On peut rire mais on devra être chics. Le charisme avant tout les gars. M'enfin, c'est vrai qu'Adam a eu une dure période. Il vient de perdre son ex copine, assassinnée, Aria Levis. Donc, si y'a un dérapage, dieu bien sur sait que je lui en voudrai pas. Donc on va y aller doucement. Ca va, ca va ! Oui, hein, comme toujours. Mais on va y aller assez molo ce soir, hein. je lui fais une tapette sur l'épaule, et lui adresse un clin d'oeil compatissant.

Nous voilà enfin là dans cette immense salle de réception. Beaucoup de personnes sont déjà présentes, merde, je voulais être la première. J'aime bien quand c'est moi et seulement moi qui marque le territoire. J'aime bien être la personne qui regarde de haut les arrivants. Hum, négatif, négatif. Vite, un serveur accourt. Parfait, bel homme. Comme Adam d'ailleurs. Je choppe une flûte et fais un signe à Adam avec mon verre, alternant une gorgée, En tout cas, on peut dire que t'es super bien sappé. je m'exclame, satisfaite, l'observant de A à Z. On peut toujours faire mieux cela dit.

Kara est rayonnante, ce soir. Enfin, ce soir comme toujours en fait. Elle est la partenaire idéale pour ce genre de soirées. Toujours super chic, jamais rien qui dépasse. C'est parfait pour montrer l'image de l'excellence de l'UE. "Ca va, ca va ! Oui, hein, comme toujours. Mais on va y aller assez molo ce soir, hein" répond-elle en me tapotant l'épaule, l'air presque compatissant. J'espère qu'elle ne fait pas référence à ma période de deuil, j'ai tout sauf envie d'attirer la pitié. C'est pas pour rien que je souris comme un idiot, comme si de rien n'était. J'ai juste pas envie que les gens, quand ils me voient, se disent "oh regardez, c'est Adam Foster qui a fêlé sa coquille, regardez-le chialer comme une gamine qui a fait tomber sa glace, han le pauvre." J'ai pas besoin de ça. Je refuse que mon entourage me voie différemment. Pour toute réponse, je souris un peu, hausse les épaules et fais mine de ne pas avoir compris son sous-entendu. On a l'habitude de ce genre de soirées de toute manière, pas vrai ?

J'avale une gorgée de champagne. Faut vraiment que je me détende. Enfin, que je me concentre, plutôt. Je regarde tout autour de moi à la recherche de têtes connues. Une bonne partie des gens ici sont des "habitués" de ce genre de soirées. Ils ne se voient entre eux à peu près jamais, sauf pendant des galas de charité comme celui de ce soir. "En tout cas, on peut dire que t'es super bien sapé." Kara me sort de mes songes par ce compliment. Je tourne la tête vers elle, sourire flatté en coin, et la regarde de haut en bas. Elle aussi, elle sait sacrément bien se mettre en valeur. Merci, je te retourne le compliment, ta robe te va à ravir, je réponds sincèrement.

C'est alors que les deux représentants d'une autre université québécoise, Alban et Violet, s'approchent de nous. Ils ne dérogent pas à la règle, ils se la jouent petits BCBGs d'un soir, Alban ayant sorti le nœud papillon et Violet son plus beau tailleur. Je les aime pas trop, ces deux-là. Ils me font un peu penser aux pires péteux insupportables de la maison Garnet, un peu à Santana Lopez et Damon Howard sans le côté "on baise tout ce qui bouge." Mais bon, pas le choix, va bien falloir faire bonne figure et aller leur parler un peu, vanter les mérites de l'UE face à leur École de Technologie Supérieure à la con. C'est le moment de jouer les hypocrites, je chuchote discrètement à l'oreille de Kara, sans oublier de sourire de toutes mes dents à l'arrivée des deux idiots.

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Je pense que ma tapote amicale a un peu déstabilisé Adam, et il a refusé intérieurement mon geste. C'est toujours délicat dans ce genre de situation, en tout cas mon but n'est pas qu'il se sente pitoyable aux yeux d'autrui. J'voulais juste lui apporter un peu de confort, mais bon! Ce n'est pas un éternel échec, ce gamin est fort. On a l'habitude de ce genre de soirées de toute manière, pas vrai ?

Je souris, satisfaite. Ca c'est clair qu'on est habitués, et on est même sacrément doués. Mais d'autres sont de gros rivaux, mais on les écrabouille d'un simple regard. Ils croient être mieux, mais nous, notre université regorgons de potentiel incomparable. Alors oui, on est pas les seuls à leurs yeux, mais ils se trompent. Ce sont nous, nous et que nous. Là oui, je suis encore plus ethnocentrique que d'habitude, mais ici, en ce moment-même se joue une compétition. Et moi, Kara Lavender, dans une compétition, je ne prends rien à la légère. Je dois toujours en ressortir gagnante.

Du à mon compliment, Adam se tourne vers moi, le sourire plutôt flatté, et à son tour examine ma tenue. Je l'observe avec insistance, j'espère que ça lui plaît, ma robe. Ca le doit, j'en suis persuadée. Puis, quand on complimente, on reçoit des compliments, c'est un mécanisme. Même si la personne le pense pas, ça fait bonne figure. Merci, je te retourne le compliment, ta robe te va à ravir. il réplique, sincèrement. Je me sens maintenant encore plus assurée, j'ai l'impression que ma tête gonfle. J'adore ça, que tout va bien, que je plaise sans cesse. Je prends une furtive gorgée de champagne, et le remercie, satisfaite.

Mais alors voilà, maintenant il faut arrêter de se la jouer cool. C'est bien d'être pète-cul, mais il faut savoir s'en jouer de ça. Là, Alban et Violet se montrent. Ils approchent même de notre couple de compétition, et ça c'est qu'ils veulent prouver quelque chose. D'un oeil sceptique, je les observe, discrètement mais sûrement. Ces deux-là ont le talent de m'agacer et de me chauffer partout où qu'ils soient. Je me sens agressée quand je les vois, ils croient des choses sur leur capacités intellectuelles et physiques, mais ce ne sont que de pauvres incapables, comme la direction de leur Université. C'est le moment de jouer les hypocrites. me chuchote Adam, dévoilant son plus beau sourire. En effet, là le jeu commence. Et je compte bien le gagner. Les voilà arrivés à notre hauteur, le verre à la main, l'allure travaillée, tout autant superficiels que nous.

Karaaaaa, Adaaaam ! explose de joie Violet, en nous voyant. Sa voix semble être une grosse masse bien dégueulasse d'hypocrisie, mais je jauge. C'est ainsi, ce jeu. Tout le monde n'est pas naturel, sinon on coule. Violet ! Ca fait si longtemps ! Tu es sublime ma parole ! je dis, faisant des gestes d'admiration, souriant aux flots. Que de l'hypocrisie pure, qui me connaîtra bien rira de mon jeu d'actrice. Je me tourne discrètement vers Adam, le laissant prendre la parole à son tour. Allez, président, montre tout ce que t'as.

"Karaaaaa, Adaaaam !" Eh merde, la voix stridente de Violet me casse déjà les oreilles, ça commence bien. J'espère que notre petite conversation ne durera pas éternellement, parce que j'ai pas trop envie de rester avec eux pendant des heures. Comme prévu, Kara entre dans leur jeu, et complimente Violet. "Violet ! Ca fait si longtemps ! Tu es sublime ma parole !" Je souris aux deux jeunes femmes, comme si j'étais ravi de leurs retrouvailles. Comme c'est mignon, comme c'est agréable l'hypocrisie. Et pendant qu'elles se noient sous les compliments, je serre la main à Alban. Salut Alban, félicitations pour les résultats de votre université au classement de prestige !, je lance. Inutile de préciser que je n'aurais pas parlé de ce classement si on n'avait pas été devant eux, ahah. On n'est pas les premiers, mais on les devance, c'est le principal. Je lâche finalement sa main pour poser la mienne sur son épaule. Signe implicite de supériorité, au cas où il en douterait encore un peu. Puis, une fois Violet libre, je me penche pour lui faire la bise. Nos deux pauvres rivaux étirent un sourire faussement ravis. Je sais à quel point ils auraient aimé nous devancer. "Félicitations à vous aussi, vous faites un tout aussi beau score" répond le jeune homme. Je sais à quel point ça lui arrache la gueule de l'avouer, ça me fait plaisir.
Ah, faut vraiment que je me porte mieux.. Je commence à vouloir le mal des gens, c'est très mauvais ça.

J'ai à peine le temps d'ajouter un "merci" que les lumières faiblissent. C'est très probablement le directeur de l'association qui va entamer son discours. Dommage, j'aurais bien voulu vanter les mérites de l'UE face à leur université, et leur prouver à nouveau qu'on les surpasse, mais c'est trop tard. Tous les regards se rivent sur la scène pour écouter le speech. Une fois dans le noir, j'en profite pour siffler ma flûte de champagne, et en choper une autre sur le plateau d'un serveur qui passait par là. Je vais en avoir besoin pour tenir toute la soirée.

Le discours ne dure pas plus d'une dizaine de minutes, et s'achève dans une nuée d'applaudissements et, une fois les lumières rallumées, Alban et Violet on disparu. Mince alors. Je fais un tour de la salle d'un bref regard, et les aperçois un peu plus loin. Ils ont pas dû apprécier leur défaite, je commente en plaisantant à l'oreille de Kara.

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Voilà, la conversation que je redoutais pour cette soirée s'est déroulée. Alban et Violet étaient vraiment emmerdés qu'on les devance dans le classement. Putain, que c'était bon de savoir qu'on est supérieurs à ces petits incompétents du domaine. Pourtant, ils se prennent encore la grande gueule, mais à leur place. A leur place je ferai de même, en fait. Mais là il s'agit de nous.
Enfin, les lampes faiblissent. Ah, voilà le fameux discours d'affaires du directeur de l'association. J'oublie donc mon sourire faux et écoute le charabia qui n'est très utile. Personne ne sait compéter dans son métier ?

Alors qu'il se termine aussi vite qu'il a commencé, je m'apprête à reprendre Kara Gentille, mais voilà que nos "conccurents" ont malheureusement disparus. Oh. Excellent. Je termine ma coupe de champagne.
Ils ont pas dû apprécier leur défaite, me murmure Adam à l'oreille.

Je me retourne vers lui, nous sommes proches pour parler. Vaudrait mieux pas que des casseculs nous entendent, parce que sinon y'auraient trente-six messesbasses. Carrément. je dis, le sourire fière. Tiens. Ca te dis de bouger au bar, j'ai loupé le serveur? Le champagne est pas mal. je souris, regardant Adam dans les yeux.