J'arrive toujours pas à me dire qu'Aria est morte. J'suis restée un quart d'heure devant la porte de sa chambre. J'ai envoyé 15 messages. J'suis carrément bloquée, totalement paumée. J'y arrive pas. J'ai tout essayé. L'autre jour j'étais complètement arrachée, j'étais mal comme pas possible. Mais j'crois que c'était encore pire après. J'ai pas réussi à aller en cours, j'y arrive pas. J'suis une épave, j'sais à peine à quoi je ressemble. J'dois être encore baisable parce que Jake avait l'air d'être ready to go quand j'ai eu l'espoir débile de pouvoir faire autre chose que m'envoyer en l'air. C'est bien, on se sent entouré. J'ai pas réussi à être bien même après Esfir. Les gens comprennent pas. C'est trop horrible. J'ai pas l'impression d'être comme eux. C'est horrible. Du coup après Esfir et Jake j'ai décidé d'aller voir Keith. Lui il voudra pas me sauter comme l'autre con. Et pis j'sais pas, on s'est pas vus beaucoup mais ça s'est bien passé. On se fait pas chier.

Du coup j'ai pris mon téléphone, mes clopes, et j'suis descendue. J'ai l'air d'une clocharde, j'suis moitié pas fringuée, si je remonte pas les épaules de ma robe-pull je finis à poils. J'me serais bien baladée en soutif mais apparemment c'est pas décent qu'ils disent. Pourraient arrêter de me faire chier. Et puis bon, soit dit en passant Keith m'a déjà vue à oilp. Enfin. Pour dire que ce serait pas moi la plus gênée.

J'adresse un doigt à un groupe de putes qui me regardent de haut en bas.  C'est quoi leur souci, même débraillée je ressemble plus à quelque chose qu'elles ? Vu leurs gueules de chiennes ça m'étonne même pas. Foutez-moi la paix bande de salopes. Occupez-vous dont de vos potes, demain on vous les enlèvera peut-être. Méfiez-vous.

Arrivée devant la porte de Keith je toque, comme un robot, pas totalement consciente de ce que j'suis en train de faire. Il est peut-être pas là, il est peut-être pas disposé à me voir, et pire encore, il est peut-être avec Kennedy. Et là, là j'crois que. J'sais pas. Soit il le défonce lui soit il me défonce moi. J'hésite, vraiment. Il est tellement sur les nerfs depuis cet été que j'crois que le premier mec que je vois il le tue. C'est cool, hein. On est pas ensemble qu'il faut pas qu'on me regarde. Si il savait que c'est même plus avec lui qu'j'veux passer mes nuits, il deviendrait dingue. Et j'pense que je perdrais ma tête. C'est pas une si mauvaise idée en fin de compte, j'pourrais enfin ne plus penser.

Tout le monde parle de la mort d'Aria Levis en ce moment. Putain ouais, c'est vrai que ça fait un choc. Je ne la connaissais pas plus que ça, mais je la croisais régulièrement dans le salon Obsidian et à l'atelier, et mon coloc m'en parlait tout le temps. C'était pas ma pote, mais ça me fait bizarre de savoir que je ne reverrai plus jamais la tronche que je voyais presque tous les jours depuis plus d'un an et dont j'entendais parler à longueur de journée.

Ce qui est encore plus perturbant, c'est que c'est mon coloc lui-même qui lui a tiré dessus, apparemment. Arthur Kelman. Je comprends pas ce qui lui est passé par la tête. Il avait l'air complètement dingue d'elle, il m'en parlait tout le temps, et à chaque fois qu'il la mentionnait, il avait les yeux qui pétillaient. Alors comment ça a pu partir autant en couille ? En plus le mec, c'est un amour quoi. Il parle de faire régner le bien tout autour de lui depuis qu'on partage notre chambre. Et lui, il vide un chargeur sur sa meuf. Fuck la logique là. Honnêtement, si j'étais pas stone H24, je le vivrais vraiment mal, je pense. C'est vraiment choquant, ce qu'il s'est passé.

D'ailleurs, tout le monde parle de la mort d'Aria, mais personne n'a encore fait gaffe au fait qu'Arthur ait toujours pas refait surface. Il est introuvable apparemment. Je le sens mal perso, je suis persuadé qu'il a fait une grosse connerie. En plus de buter sa copine, évidemment. Et j'avoue que ça me perturbe pas mal en fin de compte, parce que je l'aime bien moi, le Arthur. Même s'il arrêtait pas de me parler d'elle, de me dire qu'il pourrait crever pour elle, même s'il était lourd avec tout ça, ça reste un mec en or. Faut avouer que je me sentais un peu seul depuis le départ de Logan, et qu'Arthur comblait l'absence du frère d'Indi, en quelque sorte. J'ai comme le pressentiment qu'il est plus en vie, le militaire. Je sais pas, je le sens vraiment mal. Ça fait déjà quelques jours, et il répond ni à mes messages, ni à mes appels, et il est pas revenu dormir ici depuis. C'est louche.

Du coup moi, pour éviter de trop me préoccuper de tout ça, je fume un peu plus. En fait j'ai arrêté le tabac depuis quelques jours, je fume uniquement de l'herbe pure. Ça me coûte la peau du cul, mais il me faut bien ça. Et puis, mon revendeur me voit tellement souvent, qu'il me fait des prix de malade maintenant. Comme quoi, ça a du bon d'être fidèle. Par contre, j'imagine même pas l'odeur qu'il doit y avoir dans la chambre. Même si je garde toujours la fenêtre ouverte, forcément je peux pas tout évacuer. Mais bon, ça sent bon, donc c'est pas un drame. Suffit juste que personne ne débarque à l'improviste dans la chambre, je risquerais grandement de me faire cramer sinon.

Et évidemment, voilà qu'on frappe à la porte, alors que j'allais tout juste allumer mon beau stick de weed, le troisième ou quatrième de la soirée. La flemme de faire un effort, je range mon briquet dans ma poche et cale le stick derrière mon oreille, et vais ouvrir. De toute manière à cette heure-ci, soit c'est Arthur qui veut bien enfin donner un signe de vie - bien que je doute de plus en plus que ça arrive un jour - soit un veilleur qui trouvait l'odeur suspecte. Au pire, je les connais les veilleurs, ils seront jamais contre quelques lattes de joint, ça passera easy.

J'ouvre donc la porte, et tombe nez à nez avec Shay. Tiens, je m'attendais pas à la voir. La vache, elle a l'air dans un sale état. Il me semble qu'elle et Aria étaient très amies en même temps, j'imagine ce qu'elle peut ressentir. Ouais, j'imagine plus que n'importe qui je pense. Sauf que je suis tout sauf doué pour remonter le moral, moi. J'ai absolument aucune idée de ce que je peux lui dire. J'esquisse un semblant de sourire peiné et compatissant à son égard. Viens, entre, je l'invite simplement en indiquant l'intérieur de la chambre.

Lorsque Keith ouvre la porte, je tire sur mes manches, pas à l'aise. Ça me ressemble pas d'aller voir les gens. En même temps, en ce moment je me ressemble pas. Je pleure, je déprime, je deviens muette par moment. J'suis un truc vide en fait. J'ai l'impression d'être une faible gamine qu'y connaît rien. C'est bizarre. Et l'effet ne fait que se renforcer vu la taille du mec en face de moi. Alors qu'y a probablement pas plus sympa. Mais bon. Voilà.

Keith m'invite à entrer. Sans me demander ce que je fous devant sa porte, et j'apprécie pas mal. J'aurais pu lui dire quoi ? Écoute j'ai essayé les autres 'amis' que j'ai n'ont pas réussi. Soit ils comprennent pas soit ils sont en chien et complètement cons. Super hein. J'ai besoin de compagnie et je sais que tu me feras pas chier. Non, je sais pas. Je passe la porte, et mis à part l'odeur d'herbe ambiante qui me choque pas franchement, le truc qui me saute aux yeux c'est les affaires du mec qu'est dans la chambre avec Keith. Et j'ai l'image de la porte qui me revient en tête. Je l'ai regardé sans le voir, mais y avait le nom d'Arthur. Putain. Putain de merde.

Je reste un moment immobile, carrément paumée. J'suis partagée niveau réaction. J'ai envie de m'effondrer en chialant, comme une pauvre merde. Mais j'ai aussi envie de balancer toutes ses affaires par la fenêtre, de toute cramer. J'veux qu'il reste plus rien.

- C'est à lui ? Hein Keith ? je demande en remettant correctement mes bretelles. J'me prépare.

J'attends même pas qu'il me réponde, je remonte cette fois-ci mes manches et attrape un tas d'affaires appartenant je suppose à ce sale connard. La fenêtre est ouverte, tant mieux. Je m'approche et lâche tout au-dessus du vide. Je passe le dos de ma main sur ma joue pour essuyer mes larmes. Quel sale bâtard. Qu'il revienne j'le saigne à vif. J'vous jure j'le tue. J'en fais de la chair à pâté. J'veux qu'il souffre. J'lui arrache les membres qui lui restent. Je le fais souffrir autant qu'il a fait souffrir Aria.

- Il avait pas le droit de faire ça. Il avait pas le droit. Comment il a pu ? J'te jure j'vais le retrouver. J'vais le retrouver et j'vais le tuer de mes propres mains, je menace tout en continuant d'attraper les affaires de l'autre con. J'crois que j'pleure même plus parce que j'suis triste, j'pleure de colère. J'peux plus. Il a tué Aria et il s'est cassé. Il s'est cassé putain. C'est qu'un lâche, il est parti après l'avoir tuée. Fallait pas. J'vais le chercher. Et si j'le retrouve j'te jure je le finis. J'vais le buter, lui et sa gueule de pd. J'vais l'envoyer en enfer sans qu'il s'en rende compte.

Je tremble tellement j'suis énervée. Mais j'arrive pas à me contrôler. Faut que tout disparaisse hors de ma vue. J'me sens mal, j'ai chaud mais j'ai des frissons de ouf. Au final je lâche ma troisième brassée de fringues. J'ai carrément oublier que Keith est là. Je prends mon visage entre mes mains, essayant de respirer plus calmement. J'suis à bout. Mes nerfs lâchent. J'en peux plus. J'y arrive plus. J'ai tellement honte. Bâtard. Comment tu veux que je sois crédible après ces conneries. Je m'énerve, je chiale, je suis calme, et encore deux minutes après je chiale. Puis je m'arrête. J'suis complètement débile. J'suis trop conne. Trop tard Shay, ce qui est fait est fait.

Après être entrée et avoir fermé la porte, Shay reste bloquée quelques secondes au beau milieu de la chambre, visiblement assez paumée. Perplexe, je regarde tout autour de moi, et réalise la raison de sa réaction : les affaires d'Arthur. Y en a partout. C'est limite s'il y a pas encore l'odeur de son parfum dans la salle de bain. Et j'imagine à quel point elle doit le détester, si Aria était une bonne amie à elle - voire sa meilleure amie, je sais pas exactement ce qu'elles représentaient l'une pour l'autre.

"C'est à lui ? Hein Keith ?" fait-elle finalement tout en désignant les fringues d'Arthur. Euh, je..., je bafouille. De toute manière, ma réponse n'importe que très peu, puisque Shay m'écoute à peine et s'empare aussitôt des affaires du blond. Affaires qu'elle balance directement par la fenêtre grande ouverte. J'hésite à faire quoi que ce soit. J'adore ce type, mais je comprends complètement la douleur de Shay, et il est hors de question que je l'empêche de se défouler sur l'assassin de son amie, quand bien même ledit assassin serait mon pote. Je suis un peu partagé là, du coup. Je fais un pas en avant dans l'idée de la retenir, mais j'abandonne vite. "Il avait pas le droit de faire ça. Il avait pas le droit. Comment il a pu ? J'te jure j'vais le retrouver. J'vais le retrouver et j'vais le tuer de mes propres mains. Il a tué Aria et il s'est cassé. Il s'est cassé putain. C'est qu'un lâche, il est parti après l'avoir tuée. Fallait pas. J'vais le chercher. Et si j'le retrouve j'te jure je le finis. J'vais le buter, lui et sa gueule de pd. J'vais l'envoyer en enfer sans qu'il s'en rende compte."

Shay tremble, pleure et continue de balancer les affaires d'Arthur par la fenêtre. Elle a l'air exténuée, complètement à bout. Elle me fait vraiment de la peine, et me ferait presque haïr Kelman. Alors qu'elle lâche finalement le dernier tas de fringues qu'elle comptait jeter, elle prend son visage dans ses mains et craque à nouveau, je crois. Faut que je fasse quelque chose, je peux pas la laisser comme ça dans cet état, et faire la plante à côté en attendant qu'elle se calme. Je m'approche donc et l'attire vers moi, puis la serre dans mes bras. Il parait que ça détend et ça soulage, les câlins. Je pose mon menton sur son crâne, et caresse ses cheveux, ça aussi ça détend il me semble. Puis, je soupire. J'comprends complètement que tu le détestes et que t'aies envie de le buter, c'est logique. Et j'irai pas le défendre, il a vraiment pété un plomb pour le coup. Mais.. Je sais même pas où je vais, en disant tout ça. C'est vrai, je peux pas le défendre. Il était complètement fou amoureux d'elle, et un peu jeté sur les bords. Au final, je suis même pas sûr d'être réellement étonné par la tournure que leur relation a prise. Choqué évidemment, mais pas forcément étonné. Je soupire une fois de plus, et reprends. Je sais pas si ça peut te rassurer ou quoi, mais je suis presque sûr qu'Arthur est plus en vie, là.

Je m'écarte un peu de l'étreinte, histoire de ne pas l'étouffer de trop non plus, et tente de sourire un peu, pour lui prouver mon soutien, ou je sais pas, juste parce qu'un sourire, ça fait jamais de mal, que je sache. Puis, je lui indique mon lit. Elle a l'air crevée par tout ça, ça lui fera du bien de s'assoir un peu. Reste pas debout, va t'assoir si tu veux, je propose.

J'suis pitoyable, j'me fais pitié. Pourtant j'arrive pas, faut que je ressemble à une épave pour aller mieux. Mais j'vais quand même pas bien. C'est n'importe quoi. J'ai juste besoin de craquer j'crois. C'est horrible. J'voudrais être restée en Finlande, même si Kevin y était plus. Peut-être que ç'aurait été mieux. Mais en y réfléchissant j'en doute. Enfin réfléchir. J'suis trop fatiguée pour penser à toutes ces merdes. J'suis pire qu'émotionnellement crevée, j'ai l'impression que j'agonise dans ma tête. C'est simplement terrifiant. Pourtant tout se bouscule dans ma tête, et j'me sens aussi vide que la bouteille de whisky qui traîne sous mon lit. C'est dingue.

Je sens alors Keith m'attirer vers lui pour me prendre et me serrer dans ses bras. Il pose son menton sur le haut de ma tête et caresse mes cheveux. Rah putain. C'est con à dire mais ça fait un bien fou là maintenant. Et ça a le don de faire cesser mes larmes.  Je réussis à peu près à me calmer au fur et à mesure, ma respiration revient quasi à la normale. J'ai l'impression d'être un nourrisson qu'on berce après un mauvais rêve. Et malheureusement, moi c'est loin d'être un mauvais rêve. Mais ça fait autant de bien. Ça me rassure un minimum. J'suis pas franchement du genre à être câline, mais pourtant je bouge pas. Limite je m'appuie contre lui. J'ai l'impression d'être 5 ans en arrière, quand James m'a rattrapée alors que je m'écroulais suite à l'annonce de la mort de Kevin.

J'inspire profondément pour calmer mes tremblements alors que Keith me parle. "J'comprends complètement que tu le détestes et que t'aies envie de le buter, c'est logique. Et j'irai pas le défendre, il a vraiment pété un plomb pour le coup. Mais.."  Il fait une pause. "Je sais pas si ça peut te rassurer ou quoi, mais je suis presque sûr qu'Arthur est plus en vie, là." Je hausse les épaules. J'aurais préféré le tuer moi-même. Il aurait pu ressentir réellement le mal qu'il lui a fait, ce sale con. J'aurais préféré l'avoir en face de moi. Pouvoir la venger avant qu'il se casse. Mais ça soulage quand même. Un tout petit peu mais c'est mieux que rien.

Keith me relâche et tente un sourire. J'essuie une dernière fois mes joues, me frottant les yeux par la suite. "Reste pas debout, va t'assoir si tu veux" m'invite Keith en désignant son lit. Je me 'rhabille' et vais me poser dans le fond, passant mes genoux sous mon pull.

- Merci Keith. Et désolée. Je reste silencieuse un moment. Le temps de remettre un peu d'ordre dans ma tête. Tu dois certainement te demander pourquoi j'viens te voir toi. C'est vrai qu'on se connaît pas vraiment, on sait même pas si on a couché ensemble ou non au final, et j'me pointe devant ta porte. J'dois t'avouer que je sais pas trop non plus ce que je fais là. J'crois que j'ai confiance en toi, j'pense que c'est ça. Voilà.

J'ai confiance en peu de gens au final. J'ai pas vraiment confiance en Jake, ni en Esfir. J'ai pas pété un câble devant eux, j'les ai pas laissés me toucher non plus. Mais lui il a le droit. C'est con mais y a sûrement un truc en lui qui m'a mise en confiance. M'enfin.

- Enfin j'veux pas te déranger, t'avais l'air occupé. Mais j'ai déjà foutu le bordel, comme une con. J'peux partir si tu veux être tranquille. J'suis peut-être moche et anéantie en ce moment mais j'suis pas aveugle, et j'ai pas perdu l'odorat non plus.

Shay suit mon conseil et va s'installer au fond du lit, les genoux recroquevillés sous sa robe, ou son pull, enfin ce qui lui couvre le corps quoi. Quant à moi, je reste debout un peu plus longtemps qu'elle, face à la fenêtre, afin d'allumer mon magnifique stick. En bas du bâtiment, au beau milieu de la cour, y a des fringues qui s'envolent par ci par là, ou qui restent collées à la neige naissante. Je reste partagé face à ce spectacle. Dans un sens ça me désole, parce qu'Arthur est clairement un gars en or malgré son côté psycho. Mais voilà, il a fait de la merde, et je comprends la réaction de Shay. D'ailleurs, Shay reprend la parole. "Merci Keith. Et désolée."

Le joint est enfin allumé. Je tire une latte et me tourne vers la blonde en fronçant les sourcils, l'air dubitatif. De quoi est-ce qu'elle s'excuse ? D'être là ? "Tu dois certainement te demander pourquoi j'viens te voir toi. C'est vrai qu'on se connaît pas vraiment, on sait même pas si on a couché ensemble ou non au final, et j'me pointe devant ta porte. J'dois t'avouer que je sais pas trop non plus ce que je fais là. J'crois que j'ai confiance en toi, j'pense que c'est ça. Voilà" reprend-elle. Sa remarque me fait sourire, ça fait plaisir de savoir que même si, comme elle le dit si bien, on se connait à peine, elle me fait confiance. Je pense qu'elle le peut, de toute manière. Cela dit, je reste silencieux un temps et, pour toute réponse, je viens m'installer juste à côté d'elle sur le matelas.

"Enfin j'veux pas te déranger, t'avais l'air occupé. Mais j'ai déjà foutu le bordel, comme une con. J'peux partir si tu veux être tranquille" ajoute-t-elle. Je secoue la tête et tire une nouvelle latte, avant de lui tendre le Graal. Tu me déranges pas du tout t'inquiète, au contraire. C'est cool que t'aies pensé à moi, je réponds d'un ton neutre. Je marque une pause, un peu perdu dans mes pensées. Cette weed défonce vraiment tout, au passage, c'est le brouillard dans ma tête. Enfin c'est peut-être le brouillard, mais automatiquement, j'ai le visage de ce sale camé de Stephen qui me vient en tête. Je tourne alors à nouveau la tête vers Shay. Et tu peux me faire confiance, d'ailleurs. J'pense que peu de monde dans cette université peut comprendre aussi bien ce que tu vis, donc t'inquiète, t'as frappé à la bonne porte. S'ensuit un nouveau sourire ayant pour but de réconforter Marshall. Enfin je dis ça, mais connaissant toutes les foutues histoires de l'UE, il est possible que plus de personnes que je l'imagine aient eu à faire face à la mort de leur meilleur ami mais bon, c'est leur problème ça.

Keith allume son joint, devant la fenêtre, tandis qu lui raconte n'importe quoi. Il finit par venir s'installer à côté de moi, me tendant ce qu'il a entre les doigts. Et j'me fais pas prier. J'crois que c'est juste ce dont j'ai besoin. Au moins pour être posée un peu. Parce que là ça va plus. "Tu me déranges pas du tout t'inquiète, au contraire. C'est cool que t'aies pensé à moi" il me dit. A vrai dire, en temps normal, je serais certainement pas venue vers lui. Mais là ça a limite été naturel, comme si j'avais fait ça toute ma vie. C'est dingue. Surtout quand on sait que je l'ai pas croisé 50 fois. Mais bon. Des fois faut pas réfléchir et suivre son instinct. et faut croire que le mien voulait venir voir Keith.

Je tire une première latte, puis une seconde. Et j'peux vous dire au passage que Keith n'est pas un petit joueur. M'enfin, ça ça m'étonne même pas. Je laisse tomber ma tête en arrière, expirant lentement la fumée. Et j'ai presque l'impression de me sentir déjà plus légère, comme si j'arrivais enfin à me détendre depuis une semaine. Et j'vous dis pas le bien fou que ça fait. C'est tellement agréable, j'crois que ça fait une éternité qu'j'me suis pas sentie comme ça. Alors qu'Aria n'est plus là depuis seulement quelques jours. Mais quand tu dors 3 heures par nuit et que tu fous rien de tes journées parce que tu ressembles plus à une épave qu'autre chose, le temps s'étire à n'en plus finir. Et c'est certainement ça le pire. Tu te reposes pas, et plus t'es fatigué plus c'est dur. J'ai dû pleurer limite toutes les heures depuis. Voilà voilà, les nerfs n'aidant pas, je finis toujours par craquer pour n'importe quoi.

"Et tu peux me faire confiance, d'ailleurs. J'pense que peu de monde dans cette université peut comprendre aussi bien ce que tu vis, donc t'inquiète, t'as frappé à la bonne porte." Après avoir tiré une dernière fois sur le joint, je baisse les yeux vers lui. J'comprends pas. Enfin si. Il est plus ou moins en train de me dire que lui aussi il a perdu quelqu'un. Quelqu'un dont il était proche. Autant que je l'étais d'Aria. Peut-être même plus, je sais pas. Je rends le pétard à mon collègue, le détaillant. J'étends mes jambes puis m'assois en tailleur - ma robe est assez longue hein.

- J'suis désolée Keith. Je reste silencieuse, levant les yeux vers le plafond un instant. ça s'est passé comment ? J'veux pas être indiscrète, me dis rien si tu veux pas. On passera à autre chose.

Je tourne de nouveau la tête vers Keith, attendant patiemment. En fait, y a pas besoin de se connaître depuis des années pour se comprendre. C'est agréable. C'est bizarre aussi. Mais bon. C'est comme ça.

Le stick a l'air de détendre Shay, c'est cool. Si je peux au moins faire ça pour l'aider, c'est tant mieux. Et puis, c'est cool pour moi aussi, j'ai toujours trouvé qu'il n'y avait rien de plus triste que de fumer seul, j'aime bien la compagnie de temps en temps, alors bon, la présence de Marshall est la bienvenue. Surtout dans de telles circonstances. C'est toujours mieux d'avoir du monde autour de soi quand c'est la merde comme ça, émotionnellement parlant.

A ma réflexion, Shay tilte un peu, je vois même son regard intrigué se poser sur moi. Ouais, je pense qu'elle s'attendait pas forcément à ça, enfin je sais pas. "J'suis désolée Keith" répond-elle. Je hausse lentement les épaules, paupières fermées, l'air compatissant. Ça le ramènera pas de toute manière, faut juste savoir apprendre à vivre avec, ou plutôt sans. Puis, je récupère le joint et tire longuement dessus, tandis que la blonde reprend. "Ça s'est passé comment ? J'veux pas être indiscrète, me dis rien si tu veux pas. On passera à autre chose." Sa remarque me fait sourire, je sais pas trop pourquoi. Sûrement parce que je suis un peu stone, ou alors que la situation m'étonne complètement. Faut avouer que je pensais pas un jour aborder ce sujet avec qui que ce soit à l'UE, ni même ailleurs, sauf si on compte la parenthèse de l'été dernier avec Adrien, Evan et les autres. Je pensais sincèrement que je continuerais à vivre comme si de rien n'était, et que personne ne serait jamais au courant que mon meilleur ami est mort, et que je garderais tout ça rien que pour moi, dans un coin de ma tête. Mais non, faut croire que ça voulait sortir. Mais si ça peut lui faire du bien de savoir qu'elle n'est pas seule, et si en plus ça peut me soulager d'un léger poids de parler de ça, alors tant mieux. On s'en fout du reste, en fin de compte.

Je tire une fois de plus sur le stick, et recrache la fumée dans un long soupir. Il a fait une overdose en quelque sorte, et c'était mon meilleur ami. Et c'est moi qui ai retrouvé son corps, dans l'idée, je réponds d'un ton parfaitement neutre. Vraiment neutre, pour le coup. C'est pas tout à fait vrai ce que je dis là, Stephen est mort des suites d'une surconsommation régulière. Le jour où je l'ai retrouvé froid, il s'était pas shooté plus que d'habitude, il allait mal depuis déjà pas mal de temps. Mais ça me forcerait à raconter toute mon histoire, et au fond, j'ai pas vraiment envie d'entrer dans les détails, ni d'attirer la pitié. Je me suis retapé la scène tellement de fois dans ma tête, que j'arrive presque à y rester insensible désormais. Il me manque ce con, et il me manquera toujours, c'est indéniable. Mais il faut savoir aller de l'avant, c'est tout. Je tire une ou deux fois de plus sur le joint, puis le tends à nouveau à Shay, un timide sourire aux lèvres. Enfin c'est une longue histoire, quoi.

"Il a fait une overdose en quelque sorte, et c'était mon meilleur ami. Et c'est moi qui ai retrouvé son corps, dans l'idée" me répond Keith. T'as perdu une occasion de la fermer, Marshall. J'imagine même pas l'état dans lequel Keith s'est retrouvé après ça. Il l'a vu mort devant lui, c'est lui qui l'a secoué pour savoir s'il était encore conscient, c'est lui qui a écouté son souffle pour voir s'il respirait encore. A côté j'serais presque chanceuse. C'est horrible. Mais lui a à peine l'air atteint lorsqu'il m'annonce ça. J'sais pas si c'est dû au fait qu'il est dans le brouillard ou autre chose. Peut-être ne veut-il plus y penser, ou alors qu'il a plus ou moins réussi à passer au-dessus, ou qu'il se montre juste fort à côté de l'épave que je suis. J'sais pas. J'trouve pas ça effrayant, mais un peu bizarre. Je sais pas, mais ça m'arrache un frisson. Ou alors c'est le froid qui commence sérieusement à me mordre la peau.

"Enfin c'est une longue histoire, quoi." Keith me tend de nouveau le joint, avec un léger sourire timide. Ouais, une longue histoire, alors c'est peut-être pas la peine de nous étendre là-dessus. Je lui rends son sourire, appuyant ensuite ma tête contre son épaule. Parce que j'vois pas quoi ajouter. Que j'suis bien. Que j'suis là ? J'sais pas, une envie aussi. J'vous dis pas depuis combien de temps j'ai pas parlé comme ça avec quelqu'un, parce que ça fait tellement longtemps que j'm'en souviens pas. Quelques années, au moins. Faut dire que quand tu te dois d'être un bonhomme, t'as pas franchement le temps de jouer à la princesse. J'en ressentais pas forcément le besoin non plus, j'avais certainement pas non plus envie de parler avec les gens avec qui j'étais. Enfin bon, voilà.

- Tiens, finis-le, je fais à Keith après avoir tiré une ou deux lattes.

Je remonte mon pull sur mes épaules. Bâtard j'ai la chair de poule. J'enferme mes mains dans mes manches, relevant mes genoux une nouvelle fois pour retrouver ma position initiale, cependant toujours appuyée sur mon collègue.

- T'as franchement pas vécu quelque chose de facile. Faut croire que même avec 3 mètres de hauteur et 60 kilos tout mouillé on est balèze, je lance en le poussant un peu avec un sourire. Tentative de détendage d'atmosphère pourrie, mais bon.

Shay ne répond pas. Ouais, pas étonnant dans un sens, c'est vrai que ça peut faire une petite claque, ce que je viens de dire. A la place, elle me rend un sourire et vient poser sa tête contre mon épaule. Je passe alors une main dans son dos pour venir la poser sur son bras et la fais machinalement glisser de haut en bas, histoire qu'elle se réchauffe un peu. J'ai l'habitude d'avoir la fenêtre ouverte comme ça moi, je fais ça tous les soirs. Mais ça doit pas être super agréable pour elle.

Shay me rend à nouveau le joint en m'indiquant que je peux le finir. Ofh, de toute façon il reste plus grand chose, ça devrait aller vite. Je tire une longue latte, puis une deuxième et paf, fini. Je préfère me dépêcher, la blonde à côté de moi va finir en glaçon si je ferme pas la fenêtre au plus vite. "T'as franchement pas vécu quelque chose de facile. Faut croire que même avec 3 mètres de hauteur et 60 kilos tout mouillé on est balèze" commente-t-elle en souriant. Je pouffe, elle me fait marrer cette fille mine de rien. Enfin elle a raison de détendre l'atmosphère comme ça, ça sert à rien de s'apitoyer pendant des heures. Je hausse alors les épaules, l'air apaisé. Sûrement, ouais, je réponds sans trop réfléchir.

Je me lève alors du lit et balance le mégot par la fenêtre, avant de fermer cette dernière. Ouais elle avait raison en fait Shay, il faisait méga froid. Je reviens ensuite à ma place, à côté de la blonde. Enfin tout ça pour te dire que, si moi j'ai pu passer à autre chose, toi aussi t'en es largement capable. J'peux pas te dire qu'elle arrêtera de te manquer un jour, mais petit à petit t'apprendras à vivre sans elle, c'est juste une question de temps quoi, j'ajoute d'un air qui se veut rassurant, ou j'sais pas, amical du moins.

Pendant cet instant de silence, alors que j'appuie ma tête contre son épaule, Keith passe un bras dans mon dos et viens frotter mon bras, comme pour me réchauffer. Et j'crache pas dessus. On se pèle vraiment le cul ici. Pourtant le froid ça me connaît, j'ai connu que ça de ma courte vie. La fatigue ne me va pas. "Sûrement, ouais" répond Keith avant de se lever balancer le mégot et refermer la fenêtre. Pendant tout ce temps je reste à bloquer sur ma main tatouée. Aria était là. Je retrace plus ou moins bien les contours de la rose. Elle me restera toujours en fait. Comme Kevin sera toujours là parce que c'est lui qui m'a emmené me faire tatouer la première fois. C'est bizarre. Le premier ça a été lui, et le petit dernier pour le moment c'est elle. Trop étrange.

"Enfin tout ça pour te dire que, si moi j'ai pu passer à autre chose, toi aussi t'en es largement capable. J'peux pas te dire qu'elle arrêtera de te manquer un jour, mais petit à petit t'apprendras à vivre sans elle, c'est juste une question de temps quoi" Je lève les yeux vers Keith, qui vient de se rasseoir à côté de moi. Je sais qu'il a raison. Je sais. Mais pourtant, aujourd'hui, là, maintenant, ça me paraît quasi impossible. Pourtant je sais que Keith a raison. Mais voilà. J'y peux rien.

- Je sais bien. Mais c'est toujours dur, je soupire en grattouillant les ailes encrées à ma cheville. Toujours ce foutu temps, on peut vraiment rien faire contre lui, pas vrai. Faut qu'on l'attende, tout le temps. Pire qu'une pétasse dans la salle de bain. Je me laisse glisser, gardant seulement mes épaules et ma tête appuyée contre le mur, puis regarde de nouveau Keith. J'sais pas comment tu fais pour t'entendre avec Jake. J'comprends pas. T'es pas comme lui.

La question mérite d'être posée. J'comprends vraiment pas. Keith, de ce que j'en ai vu, c'est le total opposé de Jake. Il est pas constamment sur les nerfs, il est pas violent, il te parle pas comme de la merde, et apparemment il te fait pas chier quand tu ressembles à une épave. Au contraire. Il est là. Et il fait comme il peut. Alors qu'on se connaît pas. C'pas parce qu'on a partagé la même banquette dans un bus et le même lit qu'on se connaît. C'est fascinant.

"Je sais bien. Mais c'est toujours dur. Toujours ce foutu temps, on peut vraiment rien faire contre lui, pas vrai. Faut qu'on l'attende, tout le temps. Pire qu'une pétasse dans la salle de bain" lâche-t-elle dans un soupir. J'aime beaucoup la comparaison, au passage. Plus sérieusement, ouais, je suis complètement d'accord. C'est long, putain que c'est long. Et plus on y pense, plus on s'impatiente, plus ça dure en longueur. Faut rester patient, et chercher à passer à autre chose. Mais y a pas grand chose de plus difficile que ça, à mon sens. Savoir que la personne avec qui tu passais le plus clair de ton temps, est morte. Et que tu la reverras plus jamais, ou du moins dans très longtemps, pour l'agnostique optimiste que je suis. Ça te fait un putain de coup, ouais. Ça te donne juste envie de ne plus t'attacher à personne, pour justement éviter le risque de devoir revivre une telle douleur. Ça te fait perdre toute saveur, ça te fait perdre toute motivation. Et puis tu te sens seul, mais tellement seul. C'est juste plus pareil. Je l'ai déjà dit mais je le répète: je sais ce qu'elle vit là, Shay, et je sais que maintenant plus que jamais, elle a besoin d'attention, et de savoir que quelqu'un est là pour la soutenir. Et c'est complètement dingue de se dire que c'est moi qui suis là pour elle, alors qu'on se connait même pas. Mais si c'est moi qu'elle est venue voir, c'est pas pour rien, je suppose. C'est mon rôle, faut croire. Pire qu'une pétasse dans la salle de bain, ouais, je répète en pouffant nonchalamment.

"J'sais pas comment tu fais pour t'entendre avec Jake. J'comprends pas. T'es pas comme lui" ajoute-t-elle ensuite en me regardant. Je hausse les épaules. Je sais pas trop. C'est vrai qu'on est différents, Jake et moi. La plus grosse différence entre lui et moi, c'est que moi j'étais un con, et que lui en est toujours un. Du coup, il pense qu'il est un peu le "mâle dominant" partout où il va, parce que ses muscles et ses tatouages impressionnent tout le monde et que les gens ont l'impression qu'il cherche à tabasser n'importe qui au premier croisement de regard. Sauf qu'au final, il reste un mec un peu attardé, à mon sens. J'pense qu'il serait bien mieux vu s'il était respecté pour son caractère plutôt que pour ses gros bras. Mais au final, j'adore ce gars, je passe toujours de bons moments avec lui et, j'sais pas, il me rappelle un peu un ancien moi, ça m'amuse. A nouveau, je souris, et regarde Shay. J'dois avouer que je me pose la question des fois, moi aussi ! Je lâche un rire franc, puis enchaine. Mais j'étais comme lui avant, alors j'arrive un peu à le comprendre. Je marque une pause, en pleine réflexion. Sauf quand il traite les gens comme de la merde. Ça je comprends pas. Mais bon, ça lui passera, hein. Toujours ce foutu temps, quoi. Pire qu'une pétasse dans la salle de bain.

"Pire qu'une pétasse dans la salle de bain, ouais" répète simplement Keith en pouffant. J'crois que j'ai trouvé la comparaison parfaite, c'est définitif. Suite à ma plus ou moins question à propos de Jake, mon collègue sourit de nouveau et me regarde "J'dois avouer que je me pose la question des fois, moi aussi !" il rit "Mais j'étais comme lui avant, alors j'arrive un peu à le comprendre." C'est pas possible. J'vois pas du tout Keith être aussi con que Jake. Jake a un besoin constant de se sentir supérieur et ce genre de connerie. Il aime se sentir craint autant qu'il adore quand les nanas soupirent devant son cul. C'est dire à quel point il aime ça. Et j'vois très mal Keith à sa place. "Sauf quand il traite les gens comme de la merde. Ça je comprends pas. Mais bon, ça lui passera, hein", ajoute le grand à côté de moi.

- J'ai franchement du mal à t'imaginer comme Jake. T'as pas la tronche du mec con comme Jake l'a. J'ai trop de mal à te voir aussi brute, stupide et jaloux. T'imagines pas la gueule qu'il tirerait s'il savait que j'étais là au lieu d'être chez lui. Il nous défoncerait chacun notre tour, j'pense. Je soupire, jouant avec les mailles de mon pull. T'sais que quand même, à la rentrée, il m'a pris la tête pour les supposées photos que t'aurais prises. Ouais ouais. C'est pour ça que j'ai pas envie d'aller le voir. J'ai pas envie de me friter en ce moment. Je rentre mes mains dans les manches de mon pull, toujours pas franchement réchauffée, les laissant retomber sur mon ventre.

J'suis fatiguée de tout, en ce moment, alors j'ai certainement pas besoin de Jake pour m'emmerder un peu plus. J'suis à bout, j'ai juste envie de pioncer et de me réveiller dans 15 jours. Sauf que j'arrive pas à dormir, et que plus j'suis fatiguée moins j'y arrive. J'ai l'impression qu'j'trouverai jamais de solution à cette merde. Et pourtant c'est pas les nuits passées à réfléchir qui manquent.

- Enfin évitons de trop prononcer son nom, il serait capable de s'pointer, je fais avec un faible sourire.