Dans un incendie, entre un Picasso et un chat, je sauverais le chat [Pv Ivy]

J'adorai le samedi. C'était le jour parfait pour tout faire, puisque généralement je n'avais pas encore la gueule de bois, et surtout, je pouvais faire la très grasse matinée sans risque, car pas de cours à l'horizon. Je me levai donc ce jour-là à une heure avancée, dans ma nouvelle chambre étudiante. Pour l'instant vide et froide, mes parents m'avaient assuré qu'ils m’enverraient au plus vite le reste de mes affaires, mais rien même un dieu du stade en colocation ne vaudrait jamais mon ancien appartement. Je secouai ma main devant mon visage pour chasser toutes ces pensées déplaisantes, et regardai par la fenêtre le temps de décider comment occuper mon après-midi. Mon ventre grogna comme une alerte à la bombe. J'irai manger d'abord. Pas au RU, puisqu'ils foutaient des œufs et du lait partout, mais je pensai d'avantage retourner à ce sympathique resto où j'avais pris mon premier repas ici. Je pensai à envoyer un message à Jun et un à Akira pour leur raconter ma vie et leur demander des nouvelles.
Ensuite, j'irai faire des photos: il faisait beau -enfin... on pouvait voir le soleil, mais on devait quand même se les peler un max-, la lumière était parfaite et la neige lisse, que demande le peuple? Je me bougeai donc les fesses, attrapai des habits et filai sous la douche. Après quarante-cinq minutes à faire le canard et à massacrer Nightwish, Coldplay et Amaranthe, j'étais sur le départ. Je récupérai mon sac avec toutes mes affaires essentielles à l'intérieur, la sacoche de mon appareil photo, et quittai ma chambre. Dans les couloirs de la fac, j'avais constamment l'impression d'être observé, ça me stressait, mais c'était sans doute parce que j'étais nouveau. Ça passerait, que je me disais.

Sitôt que je fus sorti du bâtiment, je tirai mon paquet de clope de ma poche et en allumai une, que je fumai en marchant et en attendant le bus. J'avais raison sur la température: je congelai sur place malgré le soleil. Avec dix minutes de retard, le bus arriva finalement. J'en descendis quelques arrêts plus tard, devant le centre commercial. J'allai manger et repartis sans y passer plus de temps. J'avais vu un parc plus loin dans une rue, alors je laissai mes pas m'y conduire? J'aimai beaucoup les parcs -tant qu'il n'y avait pas d'enfants hurlant dedans. Celui-ci était presque désert: une mamie qui se promenait tranquillement, un maso qui faisait un footing, et une jeune femme et son chien qui jouaient ensemble comme si la neige les indifférait. J'aimai bien cette relation avec les animaux: simple et amicale, sans aucun rapport de domination. Je voulais aller demander à la jeune femme son autorisation de les prendre en photo, seulement mon pied heurta dans la neige quelque chose qui n'en était pas. Intrigué, je m'accroupis. Ne voyant rien j'écartai la neige du bout de mes doigts déjà tétanisés par le froid.
Je mis plusieurs secondes à comprendre ce qu'était la tâche grisâtre à mes pieds. C'était un chaton, une toute petite boule de poils détrempée.

"Pauvre petite chose!", m'exclamai-je en le récupérant d'une main. Comment, dans quelles circonstances un chaton de cette taille aurait pu se retrouver ainsi perdu dans la neige? Et par quel alignement des astres aurais-je pu lui shooter dedans? Peu importait, la question n'était pas là. De ma main libre, j'enlevai mon écharpe et enroulai le petit chaton dedans. Clairement, je savais pas quoi en faire; je n'étais pas véto. Je trottinai donc jusqu'à la demoiselle avec son chien et lui demandai où se trouvait la clinique vétérinaire la plus proche. Suivant ses indications, j'y arrivai en cinq minutes à pieds. Heureusement, il n'y avait personne hormis une gamine et son hamster, accompagnée par sa mère, qui repartaient. J'interpelai donc la première personne avec une blouse que je vis.

"Excusez-moi! J'ai trouvé ce chaton dans la neige il est tout froid et tout petit du coup je pouvais pas le laisser mais je sais pas comment ça se soigne un chaton!"
J'avais parlé d'une traite, tout en sortant la boule de poils de mon écharpe et la poser dans mes mains pour la lui montrer.

Bon bon, je suis un poil anxieuse quand même. Premier jour en tant qu'apprenti ASV, enfin en tant que bénévole ASV plutôt. Je viens simplement donner un coup de main à une clinique vétérinaire de la grande ville de Montréal, petit job de secrétaire le week end. Vu la superficie certaines cliniques ont bien besoin d'aide ne serait-ce que pour accueillir les clients et les diriger vers les différentes salles de consultation, chenil ou salles d'opérations entre autre. Pour le coup on m'a mis à l’accueil des urgences véto alors autant dire que je suis anxieuse à l'idée de voir arriver des animaux ensanglanté ou en pleine crise d'épilepsie ou que sais-je encore. Je suis accompagnée bien heureusement. J'ai juste à rentrer dans l'ordi les coordonnées des différentes personnes, le type d'animal et son état à l'arrivée - avec décès ou non mais ça j'en fais l'aparté pour pas être trop pessimiste -. J'ai plus peur de l'état des animaux quoi eh.

Après un petit trajet en jeep je gagne le parking de la clinique. À moitié plein en ce début d'après-midi, je qualifierai ça de normal. Puis je pénètre dans le bâtiment, passe les différents sasses d'hygiène puis je me poste derrière le comptoir au côté d'une ASV, une vraie eheh. On discute un peu quand il n'y a pas d'urgences, une bonne femme sympathique et très énergique. Ça doit pas traîner avec elle! Puis un homme (Hiro) fait irruption dans le hall d'accueil, un poil essouflé. Il tient dans ses mains une toute petite boule de poils tremblotante. Excusez-moi! J'ai trouvé ce chaton dans la neige il est tout froid et tout petit du coup je pouvais pas le laisser mais je sais pas comment ça se soigne un chaton! Ma collègue ASV se charge du petit chat et part en salle d'examen pour voir l'état du petit, invitant la personne a resté avec moi pour la paperasse. Pauvre petite chose, on en a plein des comme ça en ce moment. Je tente, pour ouvrir la conversation et paraître sympathique malgré la situation. Je vais avoir besoin de votre nom s'il vous plaît. Je commence par dire, rentrant dans la paperasse. Et éventuellement votre numéro si vous souhaitez vous porter garant du chat, je fais, espérant une réponse positive de sa part, sinon le chaton partira à l'adoption et Dieu sait quand est-ce qu'il trouvera une maison.

"Pauvre petite chose, on en a plein des comme ça en ce moment."

Tu m'en diras tant. Je haïssais les gens qui pensaient avoir le droit de maltraiter ainsi les animaux. (Je compte l'abandon dans la maltraitance). Je ne comprenais pas dans quel état d'esprit il fallait être pour croire que puisque l'homme avait une société plus évoluée que celle de la plupart des animaux, il devait se donner le droit de décider de ce qu'il devait leur arriver. Alors les gens qui oser prétendre qu'un animal n'était qu'un objet de décoration qu'on pouvait jeter comme un déchet parce que l'on n'en voulait plus, ou qu'il n'allait pas bien avec la tapisserie -on aura tout entendu, je les enverrais volontiers à poil dans la neige en plein milieu de l'hiver digne du Jour d'après.
Énervé, je n'essayai même pas de lui répondre. J'étais parfois un peu trop convaincu dans mes idées et ce n'était pas toujours une bonne idée d'en faire part aux autres quand j'étais énervé. Aussi, au lieu de me lancer dans un grand discours sur la défense des animaux, je me contentai de croiser mes bras sur mon torse et de grommeler:

"Ça n'se fait pas."

Clairement, je devais juste avoir l'air d'un sale gosse mal poli. Je m'excuserais quand je serais un peu moins énervé, sinon j'allais parler dans le vide pendant des heures et la pauvre secrétaire n'avait sans doute pas que ça à faire.

"Je vais avoir besoin de votre nom s'il vous plaît."

Ça, je pensais être capable de le lui donner sans m'exciter. Aussi lui adressai-je un sourire qui se voulait sympathique avant de lui donner mon nom d'un air moins aigri que la dernière fois que j'avais ouvert ma bouche. En plus, elle était mignonne cette petite; je n'avais pas trop besoin de me forcer pour lui sourire.

"Kimura, Hiro.
-Et éventuellement votre numéro si vous souhaitez vous porter garant du chat."

Pas besoin de tant pour que je lui donne mon numéro. Ta gueule Kimura, elle s'en tape les ovaires de toi. Certes, mais la question n'était pas là. Si je voulais du chat? Bien sûr! Il était tellement mignon, petit, adorable et tout rond! Seulement tout le monde dit vouloir n'est pas pouvoir, et je ne savais pas si le règlement de l'internat m'autorisait les animaux de compagnie. Sans doute que si j'avais pris la peine de lire ce fichu bout de papier, je le saurais.
Cependant, règlement ou pas, je ne pouvais pas le laisser, il était tellement mignon! Et puis je refusais qu'il parte à la SPA, puisque si tel était le cas, il serait piqué dans la semaine pour éviter la surpopulation d'animaux. Non décidément, je devais adopter ce chaton si plein de cuteness. Moralement, Kant serait avec moi. Dans le pire des cas, si l'université mettait son véto à l'adoption du chat, je prendrais un vol Montréal-Paris-Toulouse juste pour le ramener chez moi, et je reviendrais. De toute façon, c'était déjà une animalerie chez moi. Alors un de plus ou de moins... ça ne changerait pas la face du monde.

"+336.40.32.**.**"

Bon, ceci étant fait, il ne me restait plus qu'à... ~~draguer cette jolie demoiselle~~ compter les pâquerettes, faire la plante verte comme dans les stages en hôpital. Ah si, je pouvais m'excuser.

"Désolé de vous avoir répondu comme ça, c'est juste que ça m'saoule les gens qui abandonnent les animaux comme si c'était des objets et qu'ils n'avaient pas d'âme..."

Je préférai m'arrêter avant de partir trop loin. Autant partir sur un autre sujet. Je restai silencieux quelque secondes.

Elle ne me semblait pas très vieille, peut-être même plus jeune que moi, alors je me décidai à lui demander quelque chose qui n'avait peut-être aucun rapport et sans doute ne pourrait-elle pas m'aider. Mais ça ne coutait rien d'essayer.

"En fait j'aurais une question. Je sais pas si vous pourrez répondre, mais je suis à l'université Enamor ici, et la vérité, c'est que j'ai pas lu le règlement de l'internat, alors je sais pas s'ils acceptent les animaux de compagnie... A tout hasard, vous n'en sauriez pas quelque chose?"

Je vous explique mon résonnement: elle avait l'air plutôt jeune, sans doute jeune diplômée, et comme elle travaillait à Montréal, peut-être sortait-elle de cette université justement, ainsi peut-être -sans doute pas- pourrait-elle être au courant de si ou non, on avait le droit d'avoir un chaton. C'était certes un peu capilotracté, mais savait-on jamais, sur un coup de chance...

Ça n'se fait pas, dit le jeune homme la mine boudeuse et les bras croisés. Oh, on a affaire à un grand défenseur des droits des animaux. C'est respectable, dans la limite du raisonnable quoi, les extrémistes des droits des animaux ça me gonfle léger. Je fais mine de ne pas entendre, vu la manière dont il l'a dit ça devait être à moitié audible pour lui so. Kimura, Hiro, fini-t-il par me répondre. Je souris pour lui faire comprendre que j'ai entendu et rentre son nom sur l'ordinateur. Puis il hésite avant de me donner son numéro, que je tape à l'écran. Un garant peut, s'il le veut, prendre l'animal avec lui et devenir un adoptant ou payer les soins de l'animal qui ira rejoindre une des familles d’accueil affiliées à la clinique. Une manière de soulager financièrement ses familles qui adoptent parfois tout une troupe d'animaux. Désolé de vous avoir répondu comme ça, c'est juste que ça m'saoule les gens qui abandonnent les animaux comme si c'était des objets et qu'ils n'avaient pas d'âme... Je lève la tête de mon écran pour lui faire face. C'est une homme avec des traits asiatique, on va pas se leurrer je constate, il paraît jeune, dans mes âge je dirai même, puis il m'a l'air sympathique, je vais accepter ses excuses je crois eheh. Je suis d'accord, c'est malheureux, je dis en soupirant. J'ai vécu dans un ranch vous savez, j'ai toujours été entourée d'animaux et j'ai appris à vivre en les respectant alors forcément ce genre d'acte me déplaît aussi. Mais bon, je vais pas lui raconter ma vie à ce pauvre garçon. En fait j'aurais une question. Je sais pas si vous pourrez répondre, mais je suis à l'université Enamor ici, et la vérité, c'est que j'ai pas lu le règlement de l'internat, alors je sais pas s'ils acceptent les animaux de compagnie... A tout hasard, vous n'en sauriez pas quelque chose? Ah bah ça alors, on en voit partout de l'UE. Les yeux étonnés je reste silencieuse un moment, tentant de me rappeler du règlement intérieur, dans les grandes lignes. Et je crois que, malheureusement, on a pas le droit d'inviter notre ou nos animal/animaux de compagnies à l'internat. Je fais une moue triste avant de répondre. Je viens aussi de l'UE et il me semble qu'ils sont interdits. Mais comme vous vous portez garant de l'animal il a plus de chance d'intégrer une de nos familles d’accueil comme vous vous chargerez des frais avant qu'il trouve un vrai foyer. Ou que vous le rameniez dans votre famille à vous! je finis pas dire en souriant. Faut garder espoir dans ce bas monde. J'attends sa réponse avant de poursuivre la conversation, il me paraît intéressant puis faudra meubler la conversation en attendant que l'examen du chaton soit fini.

"Je suis d'accord, c'est malheureux"

Réponds pas Kimura. Je m'étais dit pas de débat, alors même si le sujet prêtait à controverse et à de longs discours engagés contre tout ce qui me déplaisait dans notre système de consommation américanisé, je ne relevai pas.
Cependant, elle avait l'air d'avoir relever quelque chose que j'avais dit, puisqu'elle semblait relativement étonnée. Euh... j'avais dit quelque chose de mal? A la réflexion, il ne me semblait pas lui avoir dit quelque chose de déplacé... J'avais répondu à ses questions, je m'étais excusé, je lui avais demandé si elle en connaissait un peu sur le règlement de l'internat alors... Ah! Sans doute était-ce une sainte-ni-touche habituée à marcher sur les œufs, alors le fait que quelqu'un puisse ne pas lire le règlement la choquait. Ça devait être ça, je ne voyait rien d'autre sinon. Je m’apprêtais à secouer ma main devant son visage et à lui demander si j'avais dit quelque chose de mal, seulement elle sembla retrouver le cours de ses pensées, puisqu'elle me répondit avec une petite bouille tristounette parfaitement adorable.

" Je viens aussi de l'UE et il me semble qu'ils sont interdits. Mais comme vous vous portez garant de l'animal il a plus de chance d'intégrer une de nos familles d’accueil comme vous vous chargerez des frais avant qu'il trouve un vrai foyer. Ou que vous le rameniez dans votre famille à vous!" Conclut-elle avec un sourire.

Son sourire, tout magnifique qu'il fut, me semblait être un sourire du faux espoir; quel taré en internat donc potentiellement habitant loin de la fac aurait la foi de se taper l'aller-retour jusqu'à chez lui pour un chaton? Dans l'absolu, moi, mais elle ne le savait pas, et semblait croire que personne ne le ferait. Détrompe-toi miss. Je rigolai légèrement avant de lui répondre.

"Sans n'y croyiez-vous pas vous même en disant ça, mais ça pourrait s'envisager, de retourner chez moi pour que mes parents en prenne soin."

Ça s'envisageait surtout quand je pensais au fait que généralement, les animaux adoptés par des familles étaient adoptés par des familles sur les caprices des gamins. Or, les gamins, ce sont des enfoirés nés avec les animaux; leur faire descendre les escaliers sur les pattes avant tout ça tout ça, j'étais un expert pour torturer les animaux: j'avais été un enfant moi aussi. Remarquez qu'entre temps, je m'étais repenti.

"Je pense que je vais le garder, j'aime pas trop l'idée de ne pas savoir là où il va atterrir. Vous pensez qu'un chien attaquerait un petit chaton?"

Bon, le chien de mes parents était surtout un énorme nounours en peluche qui vivait avec quatre chats depuis la nuit des temps, mais peut-être que ce chaton serait le félin de trop, où que l'énergie de bébé du chaton le saoulerait... Peut importe dans le fond, je préférais demander son avis à quelqu'un de plus qualifié que moi sur ce domaine. Après, j'aurais pu le ramener à l'appart, mais euh... loin de moi l'idée de penser que mes collocs' étaient incapables de s'occuper d'un animal, mais dans un appartement comme ça avec des alcooliques pareils à l'intérieur, en plein milieu de Toulouse où il serait écrasé par un bas deux jours après son arrivée, je préférais autant l'amener tranquillou à la campagne avec mes trente-six animaux de compagnie.

"La question vous semblera sans doute débile mais... un chaton sera mieux à la campagne plutôt qu'en ville, non?"

Le bonhomme semble quand même nerveux à faire les 100 pas devant le comptoir. J'hoche un sourcil, l'observant quand ses yeux sont fixés sur le sol ou les murs. Ça doit pas mal cogité dans sa petit tête, c'est ouf quand même. Sans n'y croyiez-vous pas vous même en disant ça, mais ça pourrait s'envisager, de retourner chez moi pour que mes parents en prenne soin. J'hausse les épaules, présentant un sourire perplexe, on ne sait jamais faut tenter, on peut passer à côté de bonnes familles si on avance pas la question du garant. Je pense que je vais le garder, j'aime pas trop l'idée de ne pas savoir là où il va atterrir. Vous pensez qu'un chien attaquerait un petit chaton? Je lève les yeux vers mon interlocuteur. Franchement aucune idée, ça dépend des tempéraments. Je ne sais pas, ça dépend du chien. Le votre a-t-il déjà été en contact avec des chats? Est-ce que ça se passait bien dans vos souvenirs? Faut se poser toutes ses questions là, et oui. En général ce qu'on conseille c'est de rester près d'eux la première fois, en tenant le chaton dans les mains histoire de pouvoir le mettre loin du chien si ça se passe mal. En l’occurrence c'est un bon cas de figure, tout bébé l'adaptation est plus simple, il suffit juste de caresser le chien si il présente une curiosité "saine" je dirai, et le réprimander d'un non sec si il grogne. Pour qu'il comprenne que le chaton fait partie de la famille. Bon, j'ai peut être un peu déballée toute ma science mais c'est important de lui faire comprendre ça, ça évite les blessures voir pire sur les chatons et la mise à l'écart du chien qui se sent rejeté face à ce nouvel animal qu'il voit comme un concurrent au lieu d'un membre à part entière de sa famille. La question vous semblera sans doute débile mais... un chaton sera mieux à la campagne plutôt qu'en ville, non? Efh, bonne question, après y a des races de chat de salon donc je dirai que dans les deux cas ça marche. Je dirai qu'un chat s'adapte à tout type d'environnement dès qu'il y est habitué tout petit. Personnellement les miens sont en campagne, il chasse et on une activité physique, je pense que c'est la seule chose qui fait la différence. Mais vous pouvez toujours sortir le chat et adapté son régime alimentaire à son mode de vie. Comme un humain en soit, je conclue en riant presque.

"Je ne sais pas, ça dépend du chien. Le votre a-t-il déjà été en contact avec des chats? Est-ce que ça se passait bien dans vos souvenirs? En général ce qu'on conseille c'est de rester près d'eux la première fois, en tenant le chaton dans les mains histoire de pouvoir le mettre loin du chien si ça se passe mal. En l’occurrence c'est un bon cas de figure, tout bébé l'adaptation est plus simple, il suffit juste de caresser le chien si il présente une curiosité "saine" je dirai, et le réprimander d'un non sec si il grogne. Pour qu'il comprenne que le chaton fait partie de la famille."

J'avais arrêté de marcher comme un dromadaire en cage quand elle avait commencé son petit exposé sur les premiers contacts inter-espèce. C'était intéressant, d'un certain point de vue. Après, je doutais que mon chien fut seulement capable de grogner contre autre chose qu'une mouche qui le gênait quand il dormait. Il grognait aussi quand il avait faim, mais le reste du temps, il faisait le paillasson. C'était qu'il commençait à vieillir le gros.

"Il vit avec quatre chats, mais il ne les croise presque jamais et ne les attaque pas quand c'est le cas, mais je préfère savoir si quelque chose de plus turbulent que quatre loques de canapé ne risque pas de l'énerver."

Après, j'aurais pu lui demander si un poney pourrait poser problème, mais Tekila était un poulain falabella minuscule de la taille d'un gros chat, alors il ne devrait pas représenter une grande menace. Et le Mushu le pogona, il vivait seul dans son vivarium alors lui, on s'en foutait carrément. Donc techniquement, le seul problème pouvait être mon chien. J'avais bien dit que je vivais dans une animalerie. Mais c'était bien plus amusant comme ça.

"Je dirai qu'un chat s'adapte à tout type d'environnement dès qu'il y est habitué tout petit. Personnellement les miens sont en campagne, il chasse et on une activité physique, je pense que c'est la seule chose qui fait la différence. Mais vous pouvez toujours sortir le chat et adapté son régime alimentaire à son mode de vie. Comme un humain en soit"

Je l'écoutai rire, un peu surpris. J'avais déjà entendu l'expression sortir le chien, mais sortir le chat? Qu'était-ce encore que cette idée saugrenue? J'imaginai un instant un homme promenant son chat en laisse, et haussai un sourcil. L'idée me paraissait absurde, puisqu'un chat était beaucoup plus indépendant qu'un chien, et bien plus sauvage également. Les miens n'ayant même jamais accepté un collier, je n'osai pas les imaginer en laisse. Pauvres bébés. Après, puisqu'elle riait, peut-être se moquait-elle de moi.

"Euh... Vous vous moquiez de moi en parlant de sortir un chat? Ou ai-je dit quelque chose qui vous a fait rire?"

Même si je ne voyais pas ce qui aurait pu la faire rire dans mes paroles, ça devait être ça, puisqu'en tant qu'assistante véto, peut-être pensait-elle réellement qu'on puisse balader un chat en laisse, même si l'idée me paraissait absurde.

Il vit avec quatre chats, mais il ne les croise presque jamais et ne les attaque pas quand c'est le cas, mais je préfère savoir si quelque chose de plus turbulent que quatre loques de canapé ne risque pas de l'énerver. Ofh, si c'est un vieux chien dont l'unique occupation est de dormir en paix, ça passe. Sauf si le chaton vient lui mordre les oreilles pour jouer mais comme je lui disais faudra surveiller pendant quelques temps. Maintenant qu'il me dit qu'il a quatre chats, ça peut aussi être problématique, feulements, coup de pattes si le chaton est malgré lui trop entreprenant... C'est pas plus facile et je sais de quoi je parle. Entre le doyen et le nouveau venu, le plus vieux à déjà évité la maison pendant plusieurs jours, le temps de s'habituer. Mais une fois les territoires redistribués ils sont copains comme cochon! Euh... Vous vous moquiez de moi en parlant de sortir un chat? Ou ai-je dit quelque chose qui vous a fait rire? Occupée à rire devant l'écran de l'ordinateur je ne m'étais même pas aperçu de mon erreur de conduite. Bah oui, disons que vois une pauvre potiche s'égosiller sans voir l'écran, on peut se demander si elle se fout pas de notre tête. Je tente de me rattraper. Ah non pas du tout, ce n'était pas contre vous, je lance, perdant mon assurance. En étant plus sérieuse, un chat n'aime pas être sorti en laisse, c'est pas naturel pour eux. Vous me direz pour le chien c'est à peu près le même cas de figure, sauf qu'un chat est trois fois plus débile et se couche sur la chaussée pour que vous le rameniez à la maison. Trop cool non? À ce même moment la vétérinaire revient. Le chaton était en léger état d'hypothermie, sous alimenté aussi. On est en train de lui faire une perfusion, il va rester un temps ici histoire de reprendre du poil de la bête et de le sevrer... Il a été abandonné trop tôt ce pauvre petit, conclue-t-elle la moue à moitié agacée par le comportement de certaines personnes vis-à-vis de leurs animaux.

"Ah non pas du tout, ce n'était pas contre vous"

Tant mieux alors; ça pouvait paraître con, mais j'avais été éduqué dans l'idée que dans le monde professionnel, il fallait toujours être parfait, sans jamais dire une connerie ou quelque chose qui pourrait être mal pris - j'avouai que ç'avait été un brillant échec depuis que j'étais entré dans cette clinique. Du coup, j'étais rassuré, mais de son côté, en revanche, elle semblait un peu perturbée la demoiselle. J'observai son visage déconfit et esquissai un sourire amusé, que j'essayai de faire passer pour un sourire de politesse. Comme pour lui montrer que dans tous les cas, ça n'importait que peu.

"En étant plus sérieuse, un chat n'aime pas être sorti en laisse, c'est pas naturel pour eux."

Je hochai la tête, ça me semblait logique; je connaissais déjà peu de chats qui toléraient les colliers, alors les laisses, ça devait être folklorique. A mon humble avis, c'était de la torture psychologique liée à l'enfermement, mais bon... tout le monde s'en foutait. A vrai dire, je ne savais plus vraiment quoi ajouter là dessus, mais sans doute ne serait-il pas nécessaire de savoir quoi dire, puisque la véto revint simultanément.

"Le chaton était en léger état d'hypothermie, sous alimenté aussi. On est en train de lui faire une perfusion, il va rester un temps ici histoire de reprendre du poil de la bête et de le sevrer... Il a été abandonné trop tôt ce pauvre petit"

La situation semblait la saouler autant, si ce n'était plus, que moi. Ce qui pouvait largement se comprendre: elle devait un minimum aimer les bestiaux pour faire son métier. Je hochai la tête comme un petit élève bien sage pendant qu'elle parlait et m'inclinai légèrement en signe de respect.

"Merci beaucoup"

Heureusement que je lui avais shooté dedans, à cette boule de poils. En hypothermie et sous alimenté, je ne savais pas comment fonctionnait un félin, mais dans le cas d'un humain, les petits étaient les premiers à en mourir. Mais surtout, remercier la véto parce que clairement, je n'aurais pas été capable d'en prendre soin tout seul directement. Du coup, je le récupérerai plus tard, sitôt fait, je rentrerais à Toulouse pour le déposer à la maison, et tout irait pour le mieux pour cette boule de poils à qui il faudrait que je donne un nom.
Je me tournai vers la jeune ASV, puisque cette question devait être de son ressort. Je préférais poser la question, puisque si en France on assumait les frais de véto quand on récupérait l'animal, peut-être fonctionnaient-ils différemment dans ce pays glacé.

"Je vous dois quelque chose?"

Merci beaucoup, dit-il à la vétérinaire en s’inclinant légèrement. Il a des manières celui-là dites donc, c'est bien hein, je dis pas le contraire. Je regardais la scène que je m'aperçus que le jeune homme m'observait. Je vous dois quelque chose? Ah oui en effet, on allait passer sur le règlement partis comme ça efh. Normalement on fait pas payer pour ce genre de cas, sauf si l'animal nécessite une intervention chirurgicale où dans la plupart des cas l'euthanasie pure est simple est la seule alternative... Les gens qui nous amène des bêtes amochées n'en sont généralement pas propriétaire donc ils n'ont et ne veulent aucun droits dessus. La vétérinaire répondit à ma place, me voyant jouer des doigts sur la réponse. Rien du tout, mais si vous vous portez garant jusqu'à ce qu'il soit remis sur pattes on vous demandera de payer une petite pension, 10$ la semaine. En soit c'est pas excessif, dans deux mois il pourra récupérer le chaton, à peine 100$ le tout.

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