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 le retour | Keithana

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Indiana P. Sherwood
"Puissance et Sagesse"
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Indiana P. Sherwood

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MessageSujet: le retour | Keithana   le retour | Keithana EmptyJeu 29 Aoû - 17:36

Y a ce genre d’habitude, tu sais qu’elle est mauvaise, et qu’il faut tout faire pour arrêter, vraiment. Mais le fait est que tu peux pas t’en empêcher, et que t’y reviens toujours, parce que si t’arrêtes, c’est pas normal. T’en as besoin, parce que ça te rassure quelque part, ça te fait sentir toi-même, même si vaudrait mieux pas. Et moi, ce dont j’ai besoin c’est lui. C’est Keith. Je peux tout faire pour l’éviter, je peux pas m’en empêcher, je reviens toujours vers lui. C’est un truc complètement incompréhensible, pour tout le monde. Je peux pas vraiment vous dire ce que c’est, et je peux même pas vous dire exactement ce que je ressens. C’est inexplicable, c’est un truc beaucoup trop fort, y a pas de mots. Ce serait comme se jeter au-dessus du vide. Tout le monde te dit que c’est fou, et que c’est pas possible de pouvoir aimer risquer sa vie à ce point-là. Mais ils comprennent pas, ils peuvent pas comprendre. Ils en font tout un foin, mais on risque pas sa vie. Quoique. J’ai failli finir étranglée par mon propre mari. Un peu de plus et j’y passais. Pourtant je ne suis même pas sûre que je changerai quoi que ce soit à ce que j’ai fait. Ces gens qui frôlent la mort en chute libre et pourtant recommencent ? J’en fais partie.

J’ai passé quelques jours à l’hosto, pourtant, après l’incident, comme ils aiment l’appeler. Plusieurs semaines avec l’empreinte de ses doigts autour du cou. Et je passerai le reste de ma vie avec les cicatrices visibles que j’en ai gardé. On les verra moins avec le temps, je m’arrange pour que mes cheveux cachent mon sourcil, et ça passe presque inaperçu, si on ne reste pas trop longtemps les yeux fixés sur mon visage. Le coin de ma lèvre, c’est plus compliqué. Mais ça passe. Si les gens demandent - ceux qui ne savent pas encore, ils sont rares - je leur sers une excuse à la malheureuse chute dans un escalier lors d’un shooting à Santorin, et ça passe. Ils me plaignent, comme tous, mais ils n’ont pas cet air de pitié plaqué au visage, et ça fait du bien. Mais là j’en ai ma claque, de tous ces foutus hypocrites qui m’entourent, tous les mêmes, y en a pas un pour rattraper l’autre, et si je continue comme ça je vais finir par les éclater tous un à un. Et ça, malheureusement, je peux pas me le permettre. Alors j’ai désespérément besoin de lui. C’est la pire thérapie du monde, et j’en suis consciente, mais je peux pas m’en empêcher, ça fait trop longtemps.

2 mois, c’est long. Beaucoup trop. Mais fallait que je fasse disparaître ces foutues marques, il était juste hors de question qu’il voit ça. Et fallait aussi finaliser ce foutu divorce, et j’ai beau y avoir mis le prix, pour que ça aille vite, y a toujours un con pour faire traîner en longueur. Et pourtant comme mon père disait ‘j’ai toujours été impatient, c’est pour ça que j’ai toujours adoré l’argent’. Mais même avec le fric qu’on les paie, certains se permettent de prendre du retard. J’ai eu le temps de jeter mon alliance aux ordures et d’emménager dans un nouvel appartement. Encore trop grand pour moi, et la solitude commence à peser lourd. J’ai besoin de lui.

Alors ce soir je me retrouve garée en bas de son immeuble. Et laissez-moi vous dire que même si ça ressemble pas aux immeubles de l’Upper East Side, c’est mieux que ce motel miteux où il vivait avant avec cette blondasse. C’était limite insalubre et savoir qu’elle vivait là-bas avec lui ça avait le don de me rendre tarée. Plus de blondasse, plus de chambre étriquée où l’air était à peine respirable. Tant mieux, c’était un coup à choper des allergies.

J’observe une dernière fois mon reflet dans le miroir du pare-soleil. Ça passe ou ça casse. Et j’essaie réellement de me convaincre que ça va passer, même si je sais que ça va pas le faire. J’ai beau insulter Keith de con, il l’est pas et il est pas aveugle non plus, il va finir par le remarquer, si c’est pas le premier truc qu’il voit. C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai attendu deux putain de mois. Pour limiter la casse, et essayer de réfléchir à un moyen de, je sais pas, comme si je pouvais effacer ce qu’il s’était passé. Mais c’est pas possible. Tout aussi impossible que ma capacité à l’oublier. Alors j’improvise. Je referme ma portière, verrouille la voiture, et j’entre dans l’immeuble. J’ai l’impression que mes talons font un bruit monstre, et je suis partagée entre l’impatience et l’appréhension. Parce qu’aussi, un détail, mais je l’ai pas prévenu de ma visite. Quoi de mieux que de réapparaître comme une fleur après deux mois d’absence injustifiée ? Pas sûre qu’il apprécie, mais au moins la surprise va le distraire quelques temps.

Je frappe à sa porte, et j’attends plus ou moins patiemment qu’il vienne ouvrir. Et lorsque je le vois apparaître dans l’embrasure, je m’arme de mon sourire en coin. J’espère que je t’ai manqué, je lui lance, finissant par me mordre la lèvre pour éviter que mon sourire ne s’agrandisse. Faudrait éviter de lui montrer que je suis trop heureuse de le revoir.
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Keith Coen
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MessageSujet: Re: le retour | Keithana   le retour | Keithana EmptySam 31 Aoû - 0:08

J'me demande si j'ai déjà un jour été pleinement satisfait de la vie que je menais. J'ai l'impression d'avoir fait le yoyo depuis que j'ai quitté l'Europe. Ça allait pas bien pendant un moment, ensuite j'arrivais à me reprendre en main et faire quelque chose de moi-même, puis je me laissais aller dans une euphorie provisoire, jusqu'à ce que je me rende compte que je sombrais à nouveau, et ainsi de suite. La boucle infernale. Et j'ai jamais su m'en sortir une bonne fois pour toutes. Même en arrivant ici, j'ai fait des efforts pour bouger de Montréal à New York, j'ai réussi à être suffisamment sociable pour me faire des potes et me trouver une meuf, mais j'ai arrêté les coups de pied dans le cul à la seconde où j'ai commencé à me sentir plutôt bien. Je passe mon temps à me reposer sur mes acquis, alors j'avance jamais.
Là encore, il y a quelques mois, j'ai décidé de larguer Aly, j'ai miraculeusement obtenu un boulot d'ambulancier, et j'ai pu sortir de ce motel miteux pour me trouver un studio largement plus confortable. Je crois que c'est à ce moment-là de ma vie que j'ai commencé à être fier de moi et de mon parcours. Après plein de galères et d'instabilité, j'ai enfin commencé à avoir un rythme plus calme. J'avais même arrêté de boire comme un trou et de sniffer de la merde. Et ça, même si je le crierai jamais sur tous les toits, c'est probablement en grande partie grâce à Indi Jolie. Je connais bien son côté princesse insupportable, là, et le regard de dégoût qui trompait personne dès qu'elle entrait dans mon ancien taudis. Et du coup, même si ça me faisait rire, de la voir descendre de sa tour d'ivoire pour rencontrer le cas social qui vit avec une escort, mine de rien, à force, j'avais honte. Alors du coup, merci pour le coup de pied indirect, Sherwood. Enfin, Wyatt, du coup. Putain, je déteste ce nom de famille.

Oui mais voilà, depuis quelque chose comme deux mois, silence radio. Plus de nouvelles d'Indiana. Pas un message, pas un appel, pas une visite. Que dalle. Et putain, mais ça me rend dingue. J'ai l'impression qu'elle fait toujours tout pour me foutre au plus mal. Je sais même pas si elle se rend compte que j'ai fait tout ça pour elle. Elle apparaît, on reste en contact, sa présence m'insupporte mais me fait du bien en même temps, et puis d'un coup elle disparaît. Et c'est quoi maintenant ? Elle a déménagé sans prévenir et on se reverra plus ? Putain ça me rend ouf.
Du coup, alors que je pensais être un peu sorti de ma boucle infernale, ben je me rends compte que j'y suis encore bel et bien. Depuis quelques temps là, c'est la merde. Je compte même plus le nombre de fois où j'ai failli me faire griller au boulot parce que j'étais pas sobre, ni le nombre d'objets que j'ai éclaté contre le mur. La caution va coûter cher, ça c'est sûr. Mais bon, je vois pas pourquoi j'attendrais une aristo lunatique jusqu'à la fin des temps. Et puis forcément, je me remets à sortir, je me tape les plus gros déchets de Brooklyn pour sentir ne serait-ce que quelques heures de cette putain d'euphorie que je chasse depuis toujours. Mais à peine minuit passée, c'est comme un conte de fées, tout retombe et je redeviens le cas social pathétique qui a juste la flemme de s'en sortir.

Alors ouais, je lui en veux, ouais. Aujourd'hui, par exemple, je suis en congés, et je tourne en rond, seul, sans savoir quoi faire de ma vie. J'ai même plus envie de sortir peindre sur des murs ou sauter de toit en toit. Même pas la motivation pour sortir ma pauvre Banksy. Je suis juste éclaté sur mon lit, à écouter Eminem en boucle et à enchaîner joint sur joint en espérant que le temps passe plus vite. Elle a juste réussi à m'enfoncer un peu plus et à me retirer le peu de joie que j'avais. Putain, mais c'est incompréhensible. Parce que, quand elle est là, ça me soûle. Elle est chiante, et elle le sait, elle aime me pousser à bout. Mais quand elle est pas là, c'est encore pire. Parce que, quand elle est pas là, je ressens plus rien. J'essaie de me rattacher à quelque chose, que ce soit quelque chose de bon ou de mauvais, juste histoire de ressentir quelque chose qui puisse se rapprocher de ce qu'elle me fait éprouver quand on est ensemble. Ça me tue, c'est horrible. Et puis je pense à elle tout le temps, quoi. Même là, je peux pas m'empêcher de l'accuser de mon manque de motivation.

Finalement, pas d'autre choix, je dois me lever quand j'entends qu'on frappe à ma porte. J'éteins la musique, j'enferme Banksy dans la salle de bain histoire qu'elle s'enfuie pas comme une idiote, et je vais finalement ouvrir la porte. Et qui est-ce que je vois ? Une revenante. Indi, dans mon entrée. Qui se pointe comme une fleur après deux mois de ghosting.
J'avoue que j'ai un bug l'espace d'une seconde. Je passe un peu par toutes les émotions, surtout énormément de joie et de colère. Et la colère qui se décuple à chaque instant, à mesure que je me rends compte de la joie qu'elle me procure.

Et le voilà, ce shot de sensations qui me manquait tant.
"J’espère que je t’ai manqué" me dit-elle, avec son sourire en coin. Mais bien sûr que tu m'as manqué, crétine. Mais jamais je vais te le dire. J'ai même pas envie de te donner raison, là. T'es sérieuse ? C'est quoi ton problème ?, je lui lance sèchement. Ouais, y a pas à dire, c'est clairement la colère qui l'emporte. Mais qu'est-ce qu'elle est belle. Mais qu'est-ce qu'elle fout là ?
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Indiana P. Sherwood
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MessageSujet: Re: le retour | Keithana   le retour | Keithana EmptySam 31 Aoû - 14:38

Je vous l’avais dit, non, qu’il apprécierait pas ? Enfin. Je sais qu’il est content de me voir, sinon il ne serait pas en train de s’énerver, il m’aurait juste claqué la porte au nez. Mais oui, il est un poil en colère. Et ça ne me fait que sourire un peu plus. Ça y est. Ça recommence. Et je me sens vivre à nouveau, ça fait un bien fou, c’est inimaginable. Ça faisait deux mois, et pourtant j’ai l’impression que c’était y a des années. C’est là que je me dis que j’ai un problème, parce que sans lui je survis juste péniblement, alors que lorsqu’il est là je suis vivante. Comment peut-on dépendre de la présence de quelqu’un à ce point là ? J’ai pas de réponse à cette question, et je suis pas non plus certaine d’en vouloir une. Quel accueil chaleureux, Keith. Je m’attendais au moins à un peu plus de sympathie, tu pourrais faire un effort, je fais en levant les yeux au ciel. Tu me laisses entrer ou on campe sur le pas de ta porte ?

Attendre la permission, c’est pas vraiment mon style, qu’on soit d’accord. Je n’attends donc pas qu’il m’autorise à entrer pour mettre un pied à l’intérieur, prenant évidemment grand soin de légèrement le bousculer au passage. C’est pas ma faute non plus, c’est pas comme si je pouvais faire sans, il est devant la porte. Et si ça peut me permettre de le voir s’agacer un peu plus, je ne vais évidemment pas l’éviter. J’aime ça, pourquoi s’en priver ? Mais lorsque j’entre là-dedans, l’odeur de l’herbe me frappe en plein visage. Quelle horreur. Jamais compris le goût des gens pour cette merde. C’est moins pire que le reste, certes, mais c’est tout autant de la merde. J’ai jamais compris pourquoi il faisait ça, et j’ai jamais aimé qu’il le fasse non plus. Je sais que ça tue, et ça suffit à me donner l’envie de tout balancer par la fenêtre. Hors de question qu’un truc comme ça lui arrive. Mais je sais qu’il s’est calmé, ça se voit. Et puis je trouvais plus trop rien de suspect, ou alors il sait maintenant à quoi s’en tenir et il planque toute cette merde dans une cachette super secrète que mes doigts baladeurs ne trouveront pas. Mais deux mois c’est long, et il peut se passer tout et n’importe quoi, je ne le sais que trop bien. La prochaine fois je te préviens avant de venir, t’auras le temps d’aérer comme ça, je lance avant de me tourner à nouveau vers lui, les bras croisés. Non, je ne peux pas m’en empêcher, c’est plus fort que moi, faut que je l’emmerde. C’est aussi comme ça que ça marche, notre relation, ou je ne sais pas quel mot on pourrait utiliser pour nommer ce qu’il y a entre nous. On s’engueule plus qu’on se parle calmement, j’adore le provoquer, et je suis heureuse comme une gamine parce qu’il réagit exactement comme j’en ai envie, comme j’en ai besoin. Et puis on se supporte à peine, y a pas plus différents que nous, mais je vous l’ai dit, j’ai besoin de lui. Comme une putain d’accro finalement.

Je m’avance vers lui, pour attraper sa mâchoire d’une main. Ça aussi, ça m’avait manqué. La proximité physique. Je m’approche un peu plus encore. Fais pas la gueule, j’ai une nouvelle que tu trouveras très réjouissante à t’annoncer, je dis plus bas, plus sérieusement, avant de le lâcher et de reculer d’un pas. Il a jamais aimé Aaron. C’est compréhensible. J’ai jamais aimé sa pute blonde non plus. Et j’ai toujours été très violente dans mes propos quand il s’agit de cette blondasse, mais j’en ai pas grand chose à foutre à vrai dire. Je l’admettrais jamais tout haut, mais je suis une grosse jalouse quand il s’agit de Keith. Je supportais pas qu’il voie quelqu’un d’autre, ça me rendait complètement tarée. Je supportais pas cette fille, et je la connaissais même pas. Et pourtant, de nous deux, c’était moi qui étais mariée. Maintenant on est à égalité, j’ai plus personne à qui dire que j’ai une migraine quand je rentre. Ce putain de divorce m’aura coûté trop cher, mais au moins c’est fini. Débarrassée. Vous me verrez plus jamais porter une alliance de ma vie. J’ai fait la connerie une fois, je la ferai pas deux. Pas temps qu’il est là, toujours. C’est quand il sort de ma vie que je fais des conneries.
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Keith Coen
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MessageSujet: Re: le retour | Keithana   le retour | Keithana EmptyMer 4 Sep - 22:54

Evidemment, à la seconde près où elle revient dans ma vie et où je la retrouve sur le pas de la porte, c'est comme si rien ne s'était perdu, comme si elle avait jamais disparu du jour au lendemain. Elle me sort une remarque sur mon manque de sympathie qui, de toute évidence, est juste faite pour me soûler. Et le pire, c'est que ça marche. Et que ça a beau me soûler, ça me plait aussi. Putain, c'est la merde. Mais j'ai même pas envie de lui répondre, dans l'immédiat. De toute manière, j'ai même pas le temps de lui répondre quoi que ce soit, puisqu'elle me bouscule pour entrer chez moi. Je soupire bruyamment et sèchement, déjà prêt à éclater le premier truc qui me passera sous les yeux. Dans l'idéal, vaudrait mieux pas que ça soit Indi.

Mais rien qu'à voir sa tronche quand elle rentre, ça aide pas. C'est vrai, j'ai pas fait le ménage, j'ai pas non plus ventilé la pièce, mais bon. Faut dire que j'avais pas prévu d'avoir de la visite aujourd'hui, encore moins de la part d'une revenante. D'ailleurs, heureusement que mon stock de weed est au plus bas. J'avais prévu d'en racheter ce soir. Au moins, si elle s'amuse encore à balancer ce qu'elle trouve par la fenêtre, ça sera pas une perte énorme. Ouais, faut prévoir ce genre de choses. Mais bon, c'est compliqué d'anticiper quand on fait face à Indi l'imprévisible. "La prochaine fois je te préviens avant de venir, t’auras le temps d’aérer comme ça", qu'elle lâche avec son air supérieur, là. Quant à moi, je referme la porte d'entrée, serre la mâchoire un instant, puis tente de faire bonne figure. J'étire un sourire hypocrite. Ça serait vraiment sympa de ta part, vraiment j'apprécierais, parce que tu penses bien qu'au bout de trois ou quatre mois sans nouvelles j'ai fini par arrêter d'anticiper, je réponds sur un ton sarcastique. Trois, quatre, ou plus, ou moins, je sais même plus. J'ai la mémoire fucked up pour ce genre de choses. J'ai même pas la motivation de compter correctement là, de toute manière.

Puis, Indi s'approche. Mon cœur rate un battement et mon sourire devient soudain plus sincère. Ça y est, elle est vraiment là, de retour, avec son regard de biche et son allure de chieuse. Et même si ça ne dure que quelques petites secondes, je prends le soin d'observer son visage dans les moindres recoins, à la fois comme si je le connaissais par cœur, et comme si je le découvrais pour la première fois. Y a pas à dire, elle est vraiment belle, elle est pas comme les autres. Mais surtout, ce que je remarque maintenant, c'est qu'elle est pas comme avant. J'ai une plutôt bonne mémoire pour sa tronche, et pourtant je me souviens pas l'avoir déjà vue avec autant de cicatrices. J'aime pas ça du tout. Du coup, j'écoute à peine quand elle me dit qu'elle a une nouvelle "réjouissante" à m'annoncer. Je reste focalisé sur son visage et sur ces marques qui me sont pas familières, tandis qu'elle me lâche la mâchoire pour reculer d'un pas, me laissant alors l'observer dans son intégralité.
C'est sûr, je pourrais continuer sur le même ton ironique et lui demander si la grande nouvelle, c'est qu'elle a tout quitté de son ancienne vie pour accepter de vivre dans une certaine précarité avec le cas social instable en face d'elle dont elle est tombée éperdument amoureuse. Mais je suis pas d'humeur à ça. Pour l'instant, tout ce que je trouve à lui dire, c'est Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, t'as quoi au visage ? Parce que j'ai beau avoir envie de la traîner par les cheveux ou de la balancer par la fenêtre à chaque fois qu'elle ouvre la bouche pour dire de la merde, il se trouve que je tiens un peu à elle, et que je serais incapable d'apprendre sans broncher que quelqu'un lui veut du mal.
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MessageSujet: Re: le retour | Keithana   le retour | Keithana EmptyJeu 5 Sep - 16:35

« Ça serait vraiment sympa de ta part, vraiment j'apprécierais, parce que tu penses bien qu'au bout de trois ou quatre mois sans nouvelles j'ai fini par arrêter d’anticiper » il me répond, sarcastique. Je l’agace, et vous savez pas comme ça me satisfait. J’adore ça, et je sais que c’est vraiment pas sain du tout. On notera aussi que Keith ne sait plus compter, visiblement. Les deux mois se sont transformés en trois ou quatre. Il sait plus compter parce qu’il est complètement défoncé ouais. Ça me fait serrer les dents. Va falloir sévir, mais attendons un peu. Je roule des yeux, Deux mois Keith, ça fait deux mois, je me sens obligée de préciser. Moi je les ai presque comptés les jours, alors aucune chance que je me trompe. Visiblement c’est pas le cas de tout le monde.

Ce que je redoutais le plus arrive plus tôt que prévu, puisque Keith se fiche éperdument de ma grande nouvelle et me demande « Qu'est-ce qu'il t'est arrivé, t'as quoi au visage ? », les yeux fixés sur mon visage. Et mon excuse toute prête de la chute dans les escaliers en shooting s’est évaporée. J’ai la gorge nouée, et ça fait vraiment un drôle d’effet pour quelqu’un qui a toujours quelque chose à dire. J’ai l’impression de me sentir toute petite d’un coup, alors que grimpée sur mes talons je fais 1m88, et que même s’il est plus grand, c’est de peu de chose. Je suis pas sûre de réussir à lui mentir, je sais pas pourquoi ça m’est impossible alors que je peux mentir relativement bien quand je le souhaite. Je suis pas vraiment honnête comme personne, loin de là, mais là j’y arrive pas. Mais faut que je me reprenne, rapidement. J’ai un mal infini à garder mon regard ancré dans le sien, et si je me presse pas, je vais me griller. J’avais dit que j’improviserais, alors c’est le moment où jamais. Woh, t’en as fumé combien Keith ? Tu sais plus compter et t’es même plus capable de te concentrer quand je te parle, c’est grave tu sais, je réponds, l’ignorant totalement. Je vais aller ouvrir la fenêtre, ça devient irrespirable, je continue en faisant volte face. Je suis pas sereine, et si je reste immobile ça va beaucoup trop se remarquer. Je vais donc joindre le geste à la parole et j’ouvre la fenêtre en grand. Et j’essaie de me convaincre que ça va passer, faut que ça passe. Ça va passer, il a la tête dans les nuages, ça va passer. Je me vois pas lui dire, j’ai pas envie. Je veux pas que ça change quoi que ce soit, qu’il agisse comme tous ces gens qui pensent qu’il faut me prendre avec des pincettes. C’est bon, je suis pas faible, au contraire. J’ai survécu merde, et je suis pas une petite fleur fragile putain. Hors de question qu’il se comporte comme ça, je le supporterai pas.

Je finis par lui faire de nouveau face, m’appuyant contre le rebord de la fenêtre, je croise les bras. On va continuer de lui parler, on va changer de sujet, il oubliera bien vite. Pas vrai, hein ? Bon, vu que tu te fous bien de ce que j’ai à dire, vas-y Keith, raconte moi ce que t’as fait pendant ces deux mois, hormis fumer je veux dire ? Parce que ça je l’avais deviné, j’enchaîne directement. J’ajoute à ça un de mes sourires irrésistibles mais insupportables. Le meilleur moyen de le distraire c’est de l’énerver, non ? Et ça, je sais faire, j’excelle en la matière. Mes doigts tirent sur mon chemisier, faut bien que ma nervosité s’évacue quelque part. Mais ça va, on voit pas, mes bras croisés les cachent assez bien. Malheureusement, mon cher nouveau réflexe vient faire son apparition, et l’un de mes bras se décroise pour que ma main vienne entourer mon cou. Y a plus rien, je sais, tout est parti. Théoriquement. Visuellement. Moi j’ai l’impression de toujours les sentir. C’est ridicule, certainement, peut-être. Et encore là ça va, pendant plusieurs jours, j’avais l’impression que ses mains y étaient encore. Je me réveillais la nuit en sursaut parce que je pensais manquer d’air. J’ai fini par prendre des médocs pour dormir, comme ça j’étais sûre de pas me réveiller. J’en prends plus maintenant, les réveils en panique me sont passés, bien heureusement. Parce que c’était juste impossible de se rendormir après ça.

Faut que je respire, tout va bien. Putain, pourquoi ça me tend autant. Ça fait deux mois, j’en ai géré des situations du genre depuis. Je vais faire mon malheur moi-même, à me crisper comme ça. Faut que je me détende, parce qu’il a beau être défoncé si je suis tendue comme une arbalète ça va finir par se remarquer.
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Keith Coen
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MessageSujet: Re: le retour | Keithana   le retour | Keithana EmptyMar 17 Sep - 22:23

Forcément, Indi me reproche mon manque de précision dans le comptage des jours. Evidemment. Parce que peu importe ce que je dis, elle trouvera forcément toujours un moyen de se plaindre. C'est devenu tellement normal venant d'elle, je cherche même pas à répondre. Au lieu de ça, je l'imite en levant les yeux au ciel, puis hausse les épaules. Enfin, même si elle le tourne sous forme de critique, il n'empêche qu'elle a pris le soin de se souvenir de notre dernière rencontre. Et malgré sa réaction désagréable, comme à son habitude, ben j'apprécie. Je le montre pas, mais j'apprécie.

De toute manière, dans l'immédiat, je suis pas vraiment dans un mood "trop mignonne de t'en être rappelée, on oublie tout et on se prend dans les bras, et même que je vais faire comme si j'avais pas remarqué que t'as pas répondu à ma question". Non. Je suis déjà soulé à cause de son retour comme une fleur, de ses réflexes qui me rendent dingue là, alors si en plus elle est pas capable de répondre à ma question, ça commence à faire. Et surtout, à m'inquiéter. Parce qu'elle m'aurait juste dit "je me suis essayée à la chirurgie esthétique et on m'a foirée", je me serais foutu de sa gueule et on serait passés à autre chose. Mais sa réaction, là, le fait qu'elle me réponde pas, ça me donne juste l'impression qu'il s'est passé quelque chose de plus grave que ce que je pensais. Et elle a beau être la personne la plus insupportable que je connais et me donner à chaque fois envie de tout péter, ben mine de rien, je tiens à elle, et ça me plairait pas vraiment de savoir qu'il lui est arrivé quelque chose.

Du coup, je m'impatiente. Je la cherche du regard, mais elle fuit le mien. Ça lui ressemble pas. Surtout quand elle me lance des piques, en général elle le fait avec un regard intense et provocateur comme elle sait si bien le faire. Mais pour le coup, elle m'évite complètement. "Woh, t’en as fumé combien Keith ? Tu sais plus compter et t’es même plus capable de te concentrer quand je te parle. Je vais aller ouvrir la fenêtre, ça devient irrespirable", lance-t-elle, avant se retourner pour joindre le geste à la parole. Elle a clairement pas envie de me répondre. Et je suis clairement pas d'humeur à marchander patiemment pour avoir une réponse. Alors quand elle l'ouvre pour encore me reprocher de fumer, je réfléchis même pas à ma réponse et je lâche juste un Oh, ta gueule sorti de nulle part.

Mais le pire, c'est qu'elle en rajoute une couche. Et ça me gave, parce que je sais que quelque chose va pas. Quand elle cherche à me piquer comme ça, elle le fait presque avec gaieté de cœur, et même si c'est insupportable, c'est plaisant, parce que c'est comme ça qu'on "fonctionne". En l'occurrence, je sens qu'elle est pas à l'aise, et ça m'énerve, mais pas dans le bon sens. Je soupire sèchement, croise les bras, et cherche à nouveau à intercepter son regard. Indi, je lâche, le ton sévère, en insistant sur la dernière syllabe de son surnom. T'as quoi au visage ?, je répète plus sèchement. Je sais que c'est important, elle réagirait pas comme ça sinon.

Spoiler:
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Indiana P. Sherwood
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MessageSujet: Re: le retour | Keithana   le retour | Keithana EmptyMer 18 Sep - 17:13

Bon. Ça n’a visiblement pas marché. En même temps, c’était un peu n’importe quoi, comme technique de dissuasion. Mais j’arrive pas à fonctionner correctement. J’arrive pas à réfléchir, c’est comme si mon esprit était parti en même temps que mon excuse toute prête. Elle était là, pourtant, la chute dans les escaliers, sur le bout de ma langue. Je l’ai sortie tellement de fois que ça en devenait naturel. Et là non. Putain, comment c’est possible. Je savais que ça allait arriver, je le savais, c’était prévu, il aurait fini par s’en rendre compte. Il est pas aveugle, pas plus con qu’un autre. Et pourtant j’ai cru que j’allais pouvoir gérer ça, je pensais que ça allait être aussi simple qu’avec tous ces gens que je connais à peine, et qui me connaissent à peine. Quelle naïveté.

« Indi. T'as quoi au visage ? » il insiste. Et je sens qu’il perd patience. Je sens qu’il s’énerve, ça s’entend, et c’est pas comme d’habitude. Je serre un peu plus les dents, comme si c’était possible. Je peux pas. Je peux pas, je peux pas. Je peux pas lui dire. Impossible. Mais si je dis pas, si je fais pas quelque chose tout de suite c’est mort. Enfin, c’est déjà bien cramé là, mais si je continue comme ça, c’est tout l’immeuble qui va brûler. Faut que je réussisse à faire quelque chose, n’importe quoi pour me sortir de là. Ma main se crispe autour de mon cou, et je finis par le lâcher. Je pousse un soupir qui se veut excédé, et je me tourne vers la fenêtre. Parce que fuir son regard s’avère être beaucoup plus compliqué que prévu. Ça me permet de gagner du temps. Juste un peu. Comme si ça pouvait aider ma tête à réfléchir, alors que je sais que c’est déjà perdu d’avance. Je trouverai rien, je le sais. Pourquoi je m’acharne. Je hausse les épaules, toujours dos à lui. T’as bien vu non ? Je me suis blessée, ça a laissé des marques, voilà. C’est pas un mensonge, après tout. Je lui mens pas là, c’est la vérité. Et puis, c’est vrai aussi, que  je suis tombée. Il m’a giflée, c’est ce qui a dû m’ouvrir la lèvre, je suppose, je crois. J’ai perdu l’équilibre, j’ai chuté, le rebord du plan de travail m’a écorché l’arcade. C’était pas beau. Et ce sont certaines des zones qui pissent le plus le sang. Je ressemblais pas à grand chose, non. Un gros frisson me remonte le long de la colonne vertébrale, ça me glace des pieds à la tête. Pourquoi tu tiens tant à le savoir ? Dis-moi si ça te dérange autant, que je perde pas mon temps, je fais en me retournant, m’appuyant à nouveau contre le rebord de la fenêtre. Je dégage les cheveux de mon visage, les calant derrière mes oreilles. Vas-y Keith, observe et dis-moi. Dis-moi que « c’est moche, ma pauvre », j’imite les gens. Ou « oh, t’as quand même eu de la chance, un peu de plus et tu perdais un œil », « tu méritais pas ça », «  est-ce que ça va rester longtemps ? », « tu le vis comment d’avoir gardé ça ? ». Allez, laquelle te plaît le plus, Keith ? Tu peux même les combiner, pourquoi choisir ? C’est le moment ou jamais. Fais-toi plaisir, t’as l’embarras du choix.

Je croise les bras, ne pouvant m’empêcher de taper du pied. J’ai le cœur qui bat à 100 à l’heure. La peur, ma soudaine colère, j’en sais rien. J’ai l’impression de perdre la tête, et je le sens mal. Je me sens mal. J’ai beaucoup trop chaud d’un coup, je suis pourtant juste devant la fenêtre. J’ai des fourmis qui me remonte dans les doigts, et j’ai l’impression que je vais pas tarder à étouffer. Faut que je respire, faut que je respire. Putain comme si c’était vraiment le moment idéal pour ce genre de truc à la con.
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