La semaine a été rude. Entre le froid hivernal qui se fait de plus en plus ressentir, la galère des cours, la fatigue, il y a vraiment de quoi péter un câble. Et puis il y a cette foutue rumeur, là, comme quoi Aria me tromperait avec Eliott... J'ai beau m'être expliqué avec les deux concernés et avoir mis les choses au clair, les bruits de couloirs sont toujours présents. J'ai l'impression que l'on n'est que trois à avoir bien compris que ce n'étaient que des foutaises. Et honnêtement, c'est pesant. Du coup, en ce vendredi soir, je me suis permis de décompresser un maximum, lâcher toute cette tension et profiter du weekend, en le démarrant au bar avec quelques potes.

Les verres s'enchainent, se vident un à un. Je n'ai pas ri ainsi depuis bien longtemps, il me semble. Et plus je ris, plus je bois ; plus je bois, plus je ris. C'est ainsi que la soirée passe, à la vitesse de la lumière. Je ne réalise même pas le nombre de verres vides sur notre chère table basse, ni même combien m'appartiennent. Mais qu'importe, au moins je m'amuse et je décompresse, c'est ce que je voulais après tout.

Vers trois heures du matin, la fin de soirée se profile. On a beau être là pour trinquer au weekend, la fatigue emmagasinée tout au long de la semaine a finalement raison de nous. On se lève et, alors que mes amis rejoignent la sortie, je suis pris d'un profond vertige. "Ça va Foster ? T'es tout pâle d'un coup !" me lance mon voisin. J'ai sûrement bu un verre de trop. Ou deux ou trois ou quatre. Ouais ouais ça va, je marmonne, plutôt étonné de tenir encore plus ou moins debout. Allez-y toujours, l'UE est tout près, y a pas de souci ! j'ajoute, le sourire aux lèvres, l'air convaincu. Convaincu et convainquant, à ma plus grande surprise. Après une légère hésitation, tous se dispersent et rentrent chez eux. Ça vaut mieux comme ça, j'ai trop de fierté pour gerber devant eux.

Une fois seul, je fonce discrètement vers le fond du bar pour rejoindre les toilettes et, enfin face à la cuvette, je crache mes intestins. Bordel, heureusement qu'il n'y a personne ici. Je reste bien cinq bonnes minutes à vomir mes consommations de la soirée. Puis, une fois les nausées passées, j'attrape la brosse à dent et le dentifrice qui se trouvent dans mon sac, et sors me laver la bouche. Règle n°1 : un Foster a toujours l'haleine fraiche.

C'est alors que je tombe nez à nez avec un jeune homme brun, d'à peu près mon âge je dirais, qui se recoiffe face au miroir. La brosse à dent déjà en bouche, et la tête encore un peu dans le pâté, je reste le dévisager quelques secondes, en silence, avant de réaliser qu'il a probablement entendu ma symphonie gutturale. Super. Euh... Désolé pour ce que tu viens sûrement d'entendre, je bafouille tout en me rapprochant du lavabo libre.