Le soleil était chaud contrairement à l’air froid qui me fouettait le visage. J’étais assis sur l’un des bancs du parc, me transformant lentement en statue de glace. J’étais habitué aux climats froids, mais comme j’étais nul pour prendre soin de moi, j’avais oublié de mettre une tuque et des gants. J’avais les mains enfoncées dans les poches, pour essayer de les garder aux chauds. Audrey avait promis de me rencontrer  devant l’immense magasin Archambault de la rue St-Catherine. Bien entendue, comme elle adorait l’école et y mettait tous ses efforts, cela voulait dire que j’attendrais qu’elle veuille bien se présenter. Je l’adorais, mais j’aurais mieux aimé qu’elle ne me fasse pas mourir de froid sur un banc, Rue St-Catherine. Quand je vis, Audrey se diriger vers moi, je lui souris, les yeux brillants de malice.
- Tu en as mis du temps.

Je levais les yeux aux ciels, un petit sourire aux lèvres. Bien sûr qu’elle avait étudié jusqu’à ce que ses yeux ne se ferment tous seuls! J’attrapais les gants qu’elle me lançait et lui fit un grand sourire. Je mis les gants de laine et fermait les yeux de bonheur, je commençais à sentir mes doigts se dégeler.
- Merci! Je savais que tu ne me laisserais pas mourir de froid! T’es la meilleure, tu le sais?
Je me levais rapidement et pris mon sac à dos que j’avais laissé sur le sol. Je marchais à reculons pour faire face à Audrey, nous nous dirigeons vers un Starbucks non loin du parc dans lequel nous nous étions donné rendez-vous. Les étudiants occupaient les rues, parlaient avec enthousiasme, tout ce dont on entendait parler c’était le début du nouveau trimestre. Les étudiants d’art avaient déjà des tâches de peinture et d’encre sur les joues et les doigts. Tout semblait normal et avec ce soleil, c’était surprenant qu’ils n’y aient pas plus de monde dans les rues. Audrey m’empêcha à quelques reprises d’entré en collision avec des gens, mais je continuais de marcher à reculons. Vivons dangereusement, la vie est trop courte! Si elle me fit des gros yeux, je ne fis que lui tirer la langue.
- Tu me paie un café? Demandais-je, elle n’avait pas besoin de dépenser de l’argent pour moi, mais je l’appréciais tout de même. Je ne t’en voulais pas de toute façon, mais si tu l’offres. Un café noir avec de la crème.
Je lui tenu la porte et ensemble nous entrèrent dans le Starbucks, lui aussi bondé.

J’optais pour une des tables vides près d’une des fenêtres, faire mon chemin au travers tout ce monde était assez ardue. Je fus heureux d’enfin pouvoir m’asseoir au chaud et de pouvoir trouver…trouver un endroit assez bruyant pour enterré mes pensées. Je ne parvenais plus à endurer cette petite voix cynique qui me disait : Tu es un mauvais frère. Je le savais, mais je n’avais pas besoin de me le rappeler toutes les heures. Donc, cela me faisait le plus grand bien de pouvoir simplement éviter de me retrouver seul avec mes pensées. J’entendis à peine Audrey lorsqu’elle s’assied à mes côtés.

- Euh…ben en fait…pas vraiment. Dis-je vaguement

Je pris une gorgée de café et soupirais de bonheur, rien de mieux qu’un bon café.

- Je suppose donc, que toi et le sommeil…vous n’avez pas la meilleure des relations, ses temps-ci? Demandais-je

Je retirais mon manteaux, et jetait un alentours aux gens autour de nous, c’était étrange de ne reconnaître personne, j’étais habitué de voir les visages familiers de ma sœur, de Ray, de Jake…mais ici, personne ne me connaissait.

-En fait, c'est à peine si j'arrive à fermer l'oeil. Mes parents me manque même si c'est incroyable, même mon père me manque un peu. New York me manque, nos amis me manque et..



-Laisse tomber, je n'ai rien dis. La seule chose que je sais, c'est que la transition est difficile. Et que dormir l'est tout autant.  En plus. il y a une atmosphère bizarre à l'école. Tu n'as pas remarqué? On dirait que tout le monde est sur leur garde et tout le monde semble nous regarder comme des monstres de foires! 


Depuis le début du trimestre , les gens semblaient très réservés et par moment rude. Ils n'acceptaient que très peu de gens avec eux et semblaient tous nous fuir ou nous regarder d'un air méfiant.

Je voyais toute les émotions traversé le regard d'Audrey, lorsque l'on connaissait quelqu'un depuis que l'on avait 5 ans, c'était difficile de ne pas remarquer les petits détails qui les rendaient...eux. Avec Audrey c'était ses yeux, elle pouvait vous envoyer un de ses regards noirs qui aurait fait fléchir même les plus durs d'entre nous et à d'autres moments...c'était un océan de sentiments refoulé, de tristesse, de peur, d'amour, d'exaspération...beaucoup d'exaspération...j'ai le défaut d'être assez exaspérant quand je le veux, surprenant non? Bon, tout ce bla bla pour dire qu'Audrey crois pouvoir me cacher qu'elle est troublée, mais je la connais trop bien pour ne pas le remarquer.

- Je comprend ce que tu veux dire. Tout me manque, même le goût du Kraft Diner est différent ici. Et...évidemment...il me manque.

Je n'avais pas besoin de lui donner d'explication, elle est la personne la plus intelligente que je connaisse, elle saura déchiffrer mes mots à merveille. Nous formons une jolie bande de jeunes au visage grave tout les deux. Je sais bien que nous portons tous nos démons, mais les miens...ils me font peur, je ne veux pas être cette personne. Je ne veux pas être celui qui détruira la vie de ma sœur.

- Bah c'est normal que l'on nous observe comme des bêtes de foires. On est nouveaux...et en plus on assez sexy.

Je vis son regard exaspérer et je baissais les yeux un peu gêné. Elle voulait être sérieuse, parfait, je serais sérieux.

- C'était une blague, ne m'étrangle pas s'il vous plait. Lui fit-je un sourire. Je sais que l'école est étrange, je le ressens moi aussi...mais c'est pour le mieux. Je n'aurais pas pu rester là-bas.

Entendre mon cher Nathan, cette boule d'énergie commencer à trouver des excuses drôles (mais farfelues) oui, ça m'exaspère. Si vous connaissiez Nathan depuis aussi longtemps que moi, je suis certaine que vous ressentiriez la même chose. Je lève les yeux vers Nathan lorsqu'il me parle qu'il lui manque. Je me mords la lèvre. Je crois être la seule de la bande d'amis à savoir ce qui ce passe entre eux. Et d'une façon, j'espère que cela restera de même pendant un long long long moment. En certaines circonstance, la vie risque de changer très vite si ses pensées se savaient.

- Il me manque aussi. Ils me manquent tous.

Il me parle d'un drôle de ressentiment par rapport à cette école. Je soupire et prend une gorgée de mon café. Ce n'était pas seulement un ressentiment. Quelque chose était bizarre avec cet endroit. Je tourne la tête vers le groupe attroupé autour d'une table un peu plus loin et qui était un peu plus bruyant que les autres. Des élèves de l'école, ça se voyait à leur façon d'agir. Je reporte mon regard vers Nathan.

- J'ai l'impression de toujours avoir quelqu'un derrière moi qui épi mes moindres mouvements. Et c'est vraiment désagréable. Tu sais très bien ce que je veux dire. Ils... je ne me sens pas en sécurité...mentalement parlant. J'ai l'impression que tôt ou tard, quelqu'un va tenter de jouer avec ma tête. Il y a quelque chose de pas rond ici. Quelqu'un. Ce sentiment d'insécurité me vient de notre condition. Dis-je en chuchotant à mon ami.

Je lui souris en regardant par la fenêtre, oui, à moi aussi ils me manquaient, j'avais sur ma table de chevet une photo de notre petit groupe un été où nous avions tous été au même camp de jour...je ne l'avouerais jamais à haute voix et ne la montrerais à personne, mais cette photo me réconfortais et me faisais rire, nous avions des faux tatous dans le visage, des tresses dans les cheveux et un chandail orange hideux avec le logo du camp imprimer en gigantesque sur la poitrine.

- Jake te parle souvent?

Je sais que c'était un sujet sensible, mais elle aimait Jake et en parler lui faisait du bien...tout du moins, c'est ce qu'elle me laissait croire. Je comprenais ce qu'elle voulait dire au sujet de l'école, c'était bel et bien comme si quelqu'un essayait de lire ce que je cachais au plus profond de moi, parfois c'était au point de me rendre fou, et d'autre fois c'était seulement un sentiment de malaise.

- Mais qu'est-ce que tu veux que nous fassions? Nous n'allons pas mener un enquête. Je sais que quelque chose ne tourne pas rond, nous avons vécus assez de trucs...surnaturels ensemble pour que je reconnaisse que ce qui se passe ici est étrange, mais...je risque trop en me mêlant à cette affaire.

Je lâche un soupir lorsqu'il me parle de Jake. Mon petit-ami. Ami depuis l'enfance. On se détestait quasiment pour mourir. Un rebel et une intellecte, rien de plus étrange comme couple.

-Quelques fois, mais tu sais, avec nos horaires différents, c'est difficile. Il m'a dit qu'il viendrait nous voir dans quelques mois.

Je lui lance un petit regard fâché lorsqu'il ne veut pas enquêter sur cette étrangetée.

-Nathan, écoute, on risque déjà tout en étant ici auprès de toute ces personnes. Alors que nous enquêtions sur ça ou pas, il n'y aura pas de grande différence. On a réussi à cacher à toute l'école et au joueur de foot que jake et Rayon sont étrange en les amenant dans le fin fond des bois. On a même perdu les gars dans la forêt.

Je croise les bras et accote mon dos contre la chaise.

-En plus on a kidnappé un gars d'un hopital en pleine nuit. J'ai du être dans un tiroir qui sert pour les personnes décédée. Coller avec Jake. Et tu connais Jake. Alors ne vient pas me dire que tu ne veux pas risquer ça.

Et moi qui croyait que mes jours d'aventures étaient terminés...semble qu'il ne faut jamais dire jamais. Je tic quelque peu lorsque Audrey prononce le nom de Ray, cette école me rend un peu plus dingue à chaque jour. Bon, il est vrai que par le passé j'ai eu une relation particulière avec la légalité. Je me rappelle notamment d'avoir "kidnapper" (enfin, plus, sorti un patient de l'hôpital sans permission) un patient de l'hôpital et j'ai dû reposé dans un tiroir de la morgue avec nul autre que le dit patient...j'en fait encore des cauchemars.

- Oui...oui je me rappelle très bien avoir passé d'interminables heures avec Tom dans la morgue, merci de me le rappeler. Dis-je en boudant, d'accord c'était que 15 minutes, mais c'était 15 minutes de trop collé contre Tom dans un espace tellement restreint que son air était mon air.

Je soupirais et passais une main dans mes cheveux. Si je me lançais la dedans je n'avais qu'une condition.

- Si nous faisons cette enquête...c'est toi qui monte le plan, tu sais que les miens on une tendance à...nous mettre dans la merde.