Je danse. Tout mon corps se laisse aller au rythme de la musique. Et heureusement, ma jolie robe blanche assez moulante me laisse libre de mes mouvements. Je chantonne, mais ma voix est recouverte par la sonorité raisonnante dans toute la salle. Et pour marquer le coup, je suis très bien accompagnée. Eliott. Je n'aurai jamais cru qu'il puisse accepter de m'inviter. Bon c'était un cadre particulier, je ne lui ai peut être pas laissé le choix, mais il n'a pas l'air mécontent de sa décision. C'est le principal. On est là pour oublier les examens, oublier les éventuels problèmes qu'on a pu avoir dans l'année. Bref, on remet les compteurs à zéro.

Après une danse assez romantique, je préviens Eliott que je rejoins le buffet pour me resservir une coupe de champagne. Je le laisse en profiter pour aller voir son amie Anna, et lui accorder une ou deux danses si l'envie lui dit. J'ai des difficultés à rejoindre le comptoir. J'essaie de me faxer entre les gens qui déambulent sans les gêner mais c'est pas évident. Je m'excuse mais on ne m'entend pas, alors je m'immisce entre chaque personne. Je commence à en voir le bout, quand mon pieds se prend dans une jambe. Je trébuche maladroitement et atterris dans un costume bleu soyeux qui sent divinement bon. Mes bras s'aident de ses mains pour me redresser jusqu'à ce que mes yeux rencontrent les siens.

« Ouah... »

Oui, j'ai pensé tout haut. Ma voix n'a pas du être assez prononcée pour être comprise. J'ai l'air d'une conne à rester figée face à lui, bouche bée. Ce jeune homme qui m'avait giflé à son insu l'autre fois est une autre personne ce soir. Pas de tee shirt froissé, pas d'odeurs nauséabondes, pas d'yeux explosés, juste un prince bien apprêté. Je le lâche et repositionne ma robe délicatement.

« Eh je... Désolée »

Je manque de bafouiller, époustouflée par son charme. Je lui souris poliment et reprends ma course. Je me rends rapidement au buffet où des flûtes de champagnes pétillent encore en attendant d'être dégustée. J'en saisi une, doucement, la porte à mes lèvres et je laisse opérer la chaleur de l'alcool dans ma gorge. Je reste dos à la piste de danse. J'hésite à me retourner. Recroiser le regard de cet inconnu qui m'avait rencontrée dans un état déplorable me forcerait à engager une conversation dont j'ignorais la tournure. Alors j'espère sincèrement qu'il ne m'a pas reconnue. C'est pas que je ne veux pas lui parler, c'est que je ne saurais pas quoi lui dire. Ni comment réagir, ni...

J'étais tranquillement avec Len quand celle ci m'a quitté pour aller je ne sais ou. C'est du Len tout craché quoi. Je me rends donc vers le buffet, à la recherche d'une coupe de champagne ou d'un truc à manger. Mine de rien, danser et draguer ça donne faim. Je traverse la piste d'un pas assuré avec cette éternelle confiance en moi. Je vois souvent des filles me regarder avec des yeux ronds mais je n'y prête plus trop attention. Vous savez, c'est pas facile d'avoir un faciès agréable à tous. Bon, je m'emporte, je suis pas si narcissique quand même... J'arrive au buffet et je choppe une coupe de champagne qui se trouvait sur un beau plateau d'argent. J'ai un peu l'impression de me retrouver chez moi à Londres, dans ma famille de bourges. Evidemment, le champagne était de bien meilleure qualité et on avait des majordomes qui nous suivaient partout ou on allait. M'enfin bref, c'est plus ma vie tout ça et ça me convient très bien, je préfère être moi même ici, à Montréal.

Je suis un peu perdu dans mes pensées lorsqu'une fille en robe blanche me bouscule, en même temps il n'y a pas beaucoup de place pour circuler ici. Je baisse les yeux pour regarder la personne qui m'a bousculé et... Merde. Non, pas elle, pas la fille que j'ai frappé, pas la fille qui m'a vu dans des états pas possible. Je n'étais pas moi même, on aurait dit un être complètement paumé et à moitié fou, j'aime que tout le monde me voit comme un garçon dragueur, arrogant et sur de lui. Pas comme cette fille m'avait vu. J'ai honte. J'essaye de reprendre mon air assuré et je dépose ma coupe sur le buffet recouvert d'une nappe blanche.

Ah, euh pas grave.

Je ne sais que dire, je n'ai pas envie d'aborder le sujet de l'autre jour mais j'ai pas envie de rester comme un con, sans rien dire, planté là dans mon costume bleu. De plus j'ai envie de connaître son prénom, j'en ai besoin. Je sais pas pourquoi mais j'ai vraiment envie de savoir.

Je sais pas si... Enfin, je voulais savoir comment tu t'appelles ?

C'était pas très français tout ça mais j'étais un peu déboussolé, la voir maquillée dans une jolie robe changeait de sa grosse doudoune et de ses yeux rougit. Elle était jolie, elle avait un visage simple, mignon. Enfin bref, je reprends mon verre et je le porte à mes lèvres, histoire d'un peu me détendre.

Comment tu t'appelles ? Impossible de me faire d'avantage de films. Il est là, prêt de moi, je ne peux l'éviter. Je vais devoir l'affronter. Et assumer. Mais quelque part, je suis partagée, autant je crains de lui parler, autant ça me fait plaisir qu'il fasse le premier pas. Alors, j'amène une nouvelle fois mon verra à la bouche pour me donner du courage, puis je me tourne vers lui, yeux dans les yeux. Je me force pour ne pas détourner le regard. Parce qu'il m'intimide. Parce qu'il a vu une facette de moi que peu de gens connaissent. Parce qu'il est sexy (et il doit bien le savoir). Parce que...

« Lindsey »

J'arrive enfin à sourire. Mais je ne fais toujours pas de phrase complète. Mes joues rougissent légèrement. Merci le champagne. Enfin, je crois. Je le sens aussi mal à l'aise que moi. C'est vraiment trop bizarre ce qui est entrain de se passer. Et je suis sûre que ce n'est pas dans notre nature d'être aussi gênés, coincés, envers qui que ce soit. Alors j'engloutis la fin de mon verre. Plisse un peu les yeux – je ne croyais pas qu'il restait autant de pétillant là dedans – et et souffle un bon coup. La musique devient forte, alors je m'approche de son oreille pour pouvoir me faire entendre.

« Faut qu'on... oublie c'qui s'est passé... parce que là... ça craint. »

Ouais ça craint. Ça craint de rester là comme deux potiches à se regarder, en ressassant la scène dramatique qu'a été notre premier contact. Je retrouve un peu d'assurance. J'ai chaud, tout à coup. Je sais pas si c'est une montée d'adrénaline, l'effet secondaire de l'alcool, ou simplement oser m'adresser à lui avec confiance.

« Alors, à qui ai-je l'honneur ? »

Moi aussi j'ai besoin de connaître le prénom de ce jeune homme qui a osé lever la main sur moi, mais qui n'était pas dans son état normal ce jour là. On s'est rencontré, on était tous les deux au plus bas. Aujourd'hui, on est là pour tout effacer, et tout recommencer.

Lindsey, ok. J'essaye de sourire avant de boire à nouveau une gorgée de ce champagne trop sucré à mon goût. La musique est forte et on s'entend à peine. Je suis content de savoir son prénom en tout cas. C'est pas dans mon habitude de me montrer si gentil et si... coincé, je devrai me ressaisir, c'est pas une attitude à avoir quand on s'appelle Harry James Wells. Il y'a un silence de plomb et je suis bien content qu'elle le brise. Elle s'approche de mon oreille, sûrement pour que je parvienne à l'entendre à travers tout ce raffut.

Ouais, elle a raison, ça craint. On est là comme des cons à discuter en essayant de pas aborder le sujet mais on a l'air vachement ridicule. Je hoche la tête et je souris doucement en regardant cette jeune femme qui aux dernières nouvelles s'appelle Lindsey.

Ouais, tu as raison. Ça craint.

Je dis, simplement en reprenant cette assurance et ce charme habituel. Je suis plus détendu, pas spécialement grâce à l'alcool mais surtout grâce au fait qu'on efface tout, je n'aurai pas pu être moi même si on revenait toujours sur cette soirée un peu... Étrange. Parce oui, c'est une rencontre étrange, particulière on va dire.

Harry, enchanté.

Je dis, comme si on venait de se rencontrer. C'est marrant parce que je ne suis pas du tout la même personne que celle qu'elle a rencontré il y'a quelques jours, je suis si différent, cette personne là, cette personne complètement paumé est enfuie au plus profond de moi même et j'espère qu'elle n'en sortira plus jamais. En tout cas, je ferai tout pour que ça n'arrive pas. J'aime avoir le contrôle, j'aime être maître de mes émotions si je ne suis pas maître de la situation, je panique et demandez à Lindsey, c'est pas beau à voir.

On ne pourra jamais faire comme s'il ne s'était rien passé. Mine de rien, on a quand même partagé un moment 'intime', autant moi je ne pleure pas devant n'importe qui, autant lui, je pense qu'il ne montre pas ses faiblesses non plus. Ça reste un mec hein. Il a sa fierté d'homme. C'est viril, un mec. C'est fort. C'est protecteur. C'est invincible ! Du moins, c'est ce qu'ils pensent tous ! Alors je sais pas, j'ai l'impression de partir avec un point d'avance, concernant... Harry, donc.

J'affiche un large sourire lorsqu'il m'annonce son prénom, avec son air charmeur que je ne connaissais pas encore.

« Tu es accompagné, j'imagine ? »

Question idiote. Bien sur qu'il n'est pas venu seul. J'essaie simplement de faire la conversation. De le voir prêt de moi, comme ça, malgré moi, j'ai le cœur lourd. Je me revoie m'agripper à lui, pour qu'il me sert de toutes ses forces. Cette image me fait détourner le regard à ses pieds. Et j’aperçois ses mains, en passant. J'ignore ce que mon corps, ou mon cerveau, (les deux ?) concocte, mais je prends sa main, pas n'importe laquelle, celle qui m'avait touchée. Et je caresse sa paume en la scrutant du regard. Mes doigts fins parcourent chaque ligne, chaque doigt. Je l'étudie. Un frisson parcoure mon dos dénudé, ma peau me trahit en hérissant mes poils. J'ai comme un sentiment de peur tout à coup. Mais je ne veux pas avoir peur de lui. Il n'est pas … Lui. Alors je porte sa main à ma joue pour y réfugier mon visage. Je veux oublier la froideur avec laquelle il a porté cette gifle, je veux oublier à quel point je lui en voulais, à quel point j'étais hors de moi, je ne veux retenir que la chaleur qu'il peut me procurer.

Mes yeux verts légèrement brillants vont à la rencontre des siens, encore une fois, et j'ai toujours ce choc lorsque je soutiens son regard. Je ne lâche pas sa main. Et je lui souris, tendrement.

« On danse ? »

J'sais pas si c'est un slow, ou quoi, la musique est lente. J'aimerais lui dire que je suis désolée, j'aimerais lui pardonner son acte. Je ne parviens pas à aligner ces mots qui sont pourtant si simples. Alors, avec cette danse, s'il me l'accorde, j'espère ne plus avoir aucune rancœur envers lui.

Elle me demande si je suis accompagné, c'est une question qui ne se pose pas, pas à moi en tout cas. J'ai presque un fan club de nanas alors venir seul serait un peu... étrange. Je suis venu avec Len, cette fille que je connais depuis longtemps avec qui je fricotais et jouais souvent. On a une relation un peu ambiguë elle et moi. J'adore ce jeu de séduction entre nous. Je hoche donc la tête avec mon éternel petit sourire.

Ouais, je suis venu avec Len, une garnet.

Cette maison lui correspondait à merveille, en faite, Len et moi on se ressemble. Enfin bref, je dépose ma coupe de champagne et je sens quelque chose, ou plutôt Lindsey me prendre la main. Wow, euh je m'attendais pas à ça. Je l'interroge du regard mais elle ne me regarde pas, elle n'a d'yeux que pour ma main, la main qui, quelques jours auparavant avait rencontrée sa joue assez violemment. J'ai l'impression qu'elle reste des heures, devant cette main, je commence a être un peu gêné, je ne la connais pas mais en même temps elle a pleuré devant moi, je ne serai pas décrire notre relation, connaissances ne serait pas le terme exact et encore moins amis, c'est compliqué.
Alors elle pose ma main sur sa joue chaude. Je ne sais pas comment réagir. Je la laisse faire. Mon regard est confus, je suis confus, tout est confus. Alors elle me propose de danser.

Euh... Oui. D'accord.

Je suis toujours un peu confus, on se dirige vers la piste, c'est une chanson lente, évidemment, ils étaient obligés, sinon ce n'est pas marrant. Alors je la prends dans mes bras, j'essaye d'oublier et on danse au rythme de la musique qui résonne dans la salle.

Une Garnet ? Ça ne m'étonne absolument pas. Len ? Ouais, je crois que c'est tout l'opposé de ma personne. A côté, j'ai l'air d'une pimbêche. Je ne me dévalorise pas par rapport à elle, c'est juste qu'on ne vit pas dans le même monde. Après coup, je regrette un peu de lui avoir proposé de danser, je ne voudrai pas lui faire honte, si c'est son genre de nana. En même temps, je ne le connais absolument pas. Et pourtant... Et pourtant... J'ai l'impression d'en savoir bien plus que certaines. Elle ne l'a pas vu comme ça, Elle.

Et à ma grande surprise, il m'emmène. Il m'enlace. Comme ça, direct. Je sens son contact à même la peau dans mon dos. J'apprécie. Mes bras entourent ses épaules. Et je sens son parfum. Pour dire à quel point nous sommes proches. Et étrangement, agréablement, là, dans ses bras, je me sens en sécurité. Comme avant. Comme après cet épisode. Je me sens mieux. Je me sens bien. Et je ne comprends rien. Je suis dubitative par rapport à ce qu'il se passe. Je le sens aussi … sceptique que moi.

« Tu penses à quoi ? »

Nous suivons le rythme de cette chanson qui semble durer une éternité. Je sais que je ne fais pas partie de son fan club. Et c'est peut être ça qui fait toute la différence. Je ne suis pas à ses pieds, et avant ça, on ne s'était jamais remarqué. Mais est-ce qu'il y a des possibilités de ? Je ne sais rien. Je ne sais même pas de quoi je pense. Mais c'est comme si... comme si, je n'avais pas besoin de parler. La souffrance qu'on a partagé nous a lié malgré nous. On en revient toujours au même. Mais c'est comme une évidence. A partir d'aujourd'hui, on se reconnaîtra dans les couloirs. C'est tellement le bordel dans ma tête. Mais qui es-tu ? Pourquoi je me pose tant de questions ? Et si j'arrêtais de réfléchir ? Je ressers simplement mon étreinte. Et pose délicatement ma tête contre lui, tout en fixant la foule, qui devient floue petit à petit.

Peut être que lui, il arrivera à mettre des mots sur ce qu'il ressent là, tout de suite.

Je pense plus  à rien, j'ai l'impression de ne plus être moi même. Je ne comprends plus rien mais où est passé ce garnet insupportable ? Avec cette fameuse Lindsey j'ai l'impression de perdre le contrôle, de perdre confiance en moi. Je me sens pas vraiment bien, j'ai mal au ventre et j'ai l'impression que je vais vomir. Mais qu'est ce que je fous là ? Pourquoi je danse avec la fille que j'ai frappé il y'a trois jours à peine ? Je peux pas, c'est trop pour moi... Puis cette question, la question que je déteste par dessus tout. Je ne pourrai jamais dire ce que je pense à quelqu'un parce qu'alors je ne serai plus maître de la situation et c'est une de mes phobies, perdre le contrôle. Je suis perdu, je sais pas quoi dire. J'ai juste une envie, retrouver les miens, les garnets. J'ai juste envie de m'éloigner de cette fille qui me fait ressentir un truc étrange, je veux redevenir moi même.

Je m'éloigne alors de Lindsey, j'ai envie de me trouver à des kilomètres, de ne plus sentir son parfum ni de voir son visage si angélique, je veux stopper tout ça. JE suis maître de la situation, putain. Je m'éloigne et je la regarde d'un air... Perdu, je dirai presque effrayé. Je vais vomir si je ne pars pas, j'ai l'impression de me retrouver aussi faible que la dernière fois et et je m'étais promis de ne plus jamais l'être.

Désolé, je peux pas.

Non, je ne peux pas faire comme si de rien n'était, je ne peux pas danser avec elle ni lui dire à quoi je pense. C'est au dessus de mes forces. On a tous nos faiblesses, la mienne c'est Lindsey.

Tu peux pas quoi ? Putain. Je l'interroge du regard et remarque la même expression que la dernière fois. C'est moi, qui te fais cet effet là ? Ou quoi ? J'suis pas assez bien pour toi ? Ou quoi, j'te dégoûte ? J'te fais peur ? J'ai envie de lui dire que ça va aller. Que .. mais non. Rien n'ira. Il a raison, putain. Qu'est ce que j'espérais ? On danse et pouf, plus rien ? On devient les meilleurs amis du monde ? Même dans les films c'est pas aussi simple.

Et maintenant on est à un mètre l'un de l'autre. Les gens continuent de se mouvoir l'un contre l'autre. Et pourtant, j'ai cette sensation que le temps s'est arrêté. Je n'entends plus rien. Je le regarde, désappointée. J'aimerais que quelqu'un démêle cette situation. Que ce malaise disparaisse. Mais j'ai cette horrible appréhension qui vient s'installer au creux de mon estomac et qui pose ses valises. Nerveuse, je passe la main dans mon cou. J'aimerais lui dire que je suis désolée. J'aurais essayé. Mais impossible d'articuler. Ma voix reste là, bloquée au fond de ma gorge nouée.

J'ai l'impression que son regard me supplie de l'autoriser à s'en aller. S'il est encore là, c'est parce que je le retiens, dans un sens. Alors quoi, j'ai une certaine emprise sur lui ? Et moi, pourquoi j'ai envie que tout se passe bien ? Mon monde de papillons s'écroulent. Il est là, emprisonné sur place par des chaînes que je lui impose, s'en m'en rendre compte. Qu'est ce qu'il se passe ?

« Ok »

Il va finir par croire que c'est le seul mot que j'ai en tête de liste dans mon vocabulaire... A contre cœur, je recule encore d'un pas. Respire garçon. J'ouvre ma main, lui indiquant la direction qu'il peut emprunter. S'il veut partir. S'il ne peut pas me supporter. Qu'il parte. Qu'il se casse. J'en ai rien à foutre. C'est ce que j'ai envie de me persuader. Mais, je sens mon cœur se serrer. Maintenant, c'est moi qui le supplie de disparaître. Vas t en. Parce que toi aussi, tu me fais ressentir des trucs que je ne connaissais pas. Pars, avant que je ne devienne folle.

Je n'ose pas vraiment partir, je comprends pas pourquoi... Bordel mais Harry, ressaisit toi sérieux. C'est pas moi là, qui suis je ? J'ai envie de me casser, loin d'ici, qu'on me foute la paix putain. Je veux pas de cette Lindsey dans mes pattes. C'est une sorcière ou quoi ? Elle me jette des sorts ? Je comprends plus rien. Je dois me reprendre en main. Je dois rassembler mes forces et partir loin de cette fille que je ne connais à peine. Ouais, je ne la connais pas alors pourquoi je suis dans des états pareil ? On est pas dans un film, on est dans la réalité, redescends Wells. Je la regarde intensément, je ne sais pas pourquoi je fais ça mais je le fais. De toute façon au point ou j'en suis... Je comprends plus rien à rien, mes pensées sont confuses, je ne sais pas aligner deux mots correctement.

Ok. Elle n'a que ça à dire ? Ok ? Bon, en faite ça m'arrange, au moins elle ne me fait pas un discours, c'est bref. Elle comprend. Enfin j'espère, je sens qu'elle me laisse le passage, c'est l'occasion ou jamais, je me casse. Je m'en vais pour retrouver le vrai Harry, pas ce mec paumé que je suis actuellement.
Je hoche la tête, je sais pas vraiment pourquoi, pour la remercier de me laisser partir ? C'est absurde. Je prends mon courage à deux mains et je m'en vais, d'un pas décidé. Je ne me retourne pas. Surtout pas. Je m'en vais rejoindre Len, avec elle je suis normal, au moins.

Son regard poignant... Je le soutiens, de toutes mes forces, je ne baisserai pas les yeux. Si tu veux partir, assumes ! Son hochement de tête, signe d'approbation, il comprend qu'il est libre. Libre de choisir. En aucun cas je serai celle qui le neutralisera. Je sens mes dents se refermer fortement sur ma lèvre inférieure, parce qu'une douleur aiguë me le rappelle. Un goût de fer se propage dans ma bouche. Merde, je suis si crispée que ça ?

Je le vois s'éloigner, sans un mot, sans un regard, se confondre et disparaître dans la foule. La première fois, j'avais tourné les talons, sans me retourner. Aujourd'hui, c'est son tour. Ça rime à quoi ? Mon corps est comme aimanté dans sa direction. Mais je refuse de l'écouter. Je prends le chemin opposé, pour m'adosser au mur. Encore. Je suis un peu... déboussolée. Mes yeux se posent sur le buffet. Il reste encore quelques flûtes. Je m'étais promis de ne pas abuser de la boisson ce soir. Mais là, j'ai besoin de courage pour continuer la soirée. Alors j'en saisi une, la troisième, la dernière, en bois deux ou trois gorgées. Ok.

Je cherche Eliott du regard. De lui même, il revient vers moi. Il a fini ses petites affaires, et j'ai clôturé les miennes. Du moins, c'est ce que j'espère. Mais j'ai comme un sentiment de manque d'assouvi. Une certaine frustration qui danse dans mon ventre. Est-ce que j'ai des regrets ? Putain. Eliott, fais moi danser. Fais moi virevolter. Changes moi les idées. Ou je vais m'effondrer.

Rp terminé