Je passe rapidement une main dans mes cheveux, observant brièvement mon reflet dans le miroir. J'ai encore changé, oui. J'ai tout coupé, un sidecut, une couleur, et un tie&die. En gros j'suis devenue brune, le bout de mes cheveux est bleu turquoise. Quoi ? J'aime l'originalité. Le brun tout court c'pas pour moi. Et c'est beaucoup moins rigolo d'être tout brun ou tout blond. J'préfère faire sourire les gens parce que j'ai une gueule de bisounours que de les voir tirer la tronche.

Je passe la porte du self et me dirige vers le rang. Le temps d'attraper une plâtrée de haricots verts, du pain, et des clémentines que je cherche une table du regard. Heum. Bon faut qu'j'me dépêche sinon j'vais passer pour une conne. Je me mords la lèvre et aperçois alors une fille seule à une table. Tiens ! Elle a pas l'air méchante, donc bon. Je m'avance vers elle et l'aborde avec un grand sourire.

- Je peux m'installer ? je demande à la brune.

J'ai été aimable comme Po dans les teletubies, ça devrait passer je pense. Ça me fait penser que j'ai vu que mon nom était affiché dans le couloir. Ben ouais, j'suis nouvelle, alors bon. Par contre ils m'ont qualifiée de 'farfelue aux cheveux roses' ou une connerie du genre. Ils pourront changer tiens. Et d'ailleurs, y a un autre nouveau. Ezra Atchoum. Atchoum parce que son nom est allemand, imprononçable donc, et inretenable. Donc bon. J'aimerais bien le rencontrer, il doit être cool ! Tu trouves tout le monde cool... Et alors, c'est un défaut ?

Waaah dis donc, cette salade font plaisir à mes papilles, dis. Elle est si bonne, et son fromage de chèvre est si crémeux, que j'ai l'impression d'être la déesse du yahourt sur son nuage en personne, ses feuilles sont si fraîches qu'on dirait qu'elles ont été produites par un iceberg, et ce pain grillé, si croquant, et ce miel, on dirait que les abeilles qui l'ont fait étaient des déesses aussi. BREF. Fin de l'extasie, Phoenix Jr. Je crois que si on saurait extraire tes pensées ce serait un peu flippant, j'dois dire. Je me souris à moi-même, imaginant.

Je soupirais, continuant machinalement de manger et gardant mes fantasmes de bouffe pour moi-même, et heureusement, entre nous. Soudainement, une voix féminine plutôt bien agréable m'aborda.

Je peux m'installer ? me demanda-t-elle.

Je relevais les yeux, la contemplant automatiquent d'un sourire. Elle était brune, enfin presque, sur le bout de ses cheveux régnait la couleur bleu, c'était pas très originale puisque tout le monde a des tye and dye aujourd'hui, mais c'était quand même hyper sympa et joli. Elle avait l'air d'avoir la même tranche d'âge que moi, et sa voix était si amicale. Je m'amusa donc à répondre sur le même ton qu'elle a employé.

Hey, bien sûr! J'suis Nell.

Ouah, c'est pas si spontané d'habitude, miss Sherwood! Savez, conscience de Nell, quand les gens sont si gentils, enfin j'veux dire, que, cette jeune femme dégage tant de gentillesse déjà que, voilà, il me doit de déjà me présenter. Comme dans les films cul-cul.

Wyatt le jeune qui se sent tout petite parmi les autres. Malheureusement c'est un jeune homme qui se renferme avec les autres surtout avec les filles. Une peine de coeur qui reste toujours ancré en lui, a vrai il ne s'en est toujours pas remis. Il l'aimait vraiment cette fille, mais malheureusement, elle ne l'était pas autant que lui. Mais c'est du passer, il doit tourner la page rapidement s'il ne veut pas encore se faire marcher dessus par les autres en attendant, il se dirige vers le self car il a faim. Ne vous dites pas qu'il ne mange pas beaucoup parce qu'il est fin voir maigre, c'est juste sa morphologie qui fait ça. Le voilà qu'il entre à l'intérieur, tout a avançant à pas de loup.

Une fois à l'intérieur, il se dirige vers les plateaux puis vers le présentoir ou se trouve entrées, plats et desserts. La tête basse afin de ne pas se faire remarqué, on trouve des personnes blondes au yeux bleus facilement ici. Il remplit son plateau d'une salade verte, nature juste avec un peu de vinaigrette, ensuite il attrape une assiette de steak pâte et pour dessert... rien. Il n'en veut pas, c'est son choix après tout. Malheureusement pour lui, il n'y a plus de place. Euh pas vraiment mais plus de table toute seule. Et puis la table qui va lui sembler la plus accueillante est entouré de demoiselles dont une aux cheveux particulièrement voyant. Tout timide, celui ci s'avance vers elle. Il relève la tête, met ses cheveux derrières les oreilles, oui il a les cheveux longs pour un garçon. Il parle avec une voix très douce, fine, timide et surtout peu sur de lui.

-Excusez moi, est ce que je peux m'assoir ? Je ne serais pas long, c'est promis...

En arrivant, il avait pu distinguer le nom d'une des jeunes femmes. Elle se nomme Nell, c'est peu commun, même la première qu'il entend un prénom comme celui ci.

La jeune fille semble complètement soulagée de me voir. A vrai dire elle avait vraiment l'air de se faire chier comme un rat mort dans un caniveau à putains. La pauvre hu. Je pose mon plateau sur la table et m'installe en face, alors qu'elle se présente. Nell. C'est original comme prénom, je connaissais pas. On dirait qu'on a enlevé le y de Nelly. Enfin c'est un peu le cas remarquez hé.

- Ava, enchantée !

Enfin je peux parler moi, niveau prénom pas commun. J'ai l'impression d'être la cousine d'Irma la voyante, c'est dire. Genre on me fout un foulard sur la gueule, des gling-gling moches sur la chemise, et une boule de cristal et on me prendrait pour une medium. 'Yé voua yé voua beaucoup dé bonhur dans voutre vie foutoure, owi, dé argent, dé enfant, lé grande amour, oh et célébrité aussi, tapis rougé et tout et tout'. Enfin bref j'arrête mon délire là.

" Excusez moi, est ce que je peux m'assoir ? Je ne serais pas long, c'est promis..."

Je lève les yeux vers le jeune homme. Je ne l'ai même pas entendu arriver tellement il est discret. Il a l'air tout timide tout penaud. J'ai envie de lui faire un gros câlin. Ouais enfin calme tes élans d'affection, Ava. Et pourquoi pas mes rennes, hein ? ... Ok je la ferme. Je jette un oeil à Nell, ne voyant aucune opposition à ça dans son regard, je décide d'autoriser le jeune homme à s'asseoir.

- Oui, bien sûr ! Mais prends ton temps surtout, tu déranges pas ! Tu es ? Je suis Ava ! je lui lance un sourire pour le rassurer, histoire qu'il ne se sente pas trop mis à l'écart. Il me fait de la peine le pauvre.

Il fait perdu itoo. Tu vas voir, à la fin du repas il va sourire. Parce qu'il faut sourire pour être en bonne santé. Objectif 1 : faire sourire le jeune homme. C'est parti.

Ava, enchantée !

Ava? C'est plutôt mignon comme p'tit prénom. J'trouve ça coul, du fait que ce soit peu commun, ça fait de toi une personne spéciale, j'sais pas. C'est trop bien d'avoir un prénom rare. Et, moi aussi d'ailleurs il est rare, mon prénom. Mais bon, moi j'suis moi, j'ai pas la confiance nécessaire pour dire que je suis spéciale, haha.

De même!

Allez bon, j'me remets à ma salade, et j'essaie de combler le mini blanc qu'il y a entre Ava et moi.

Mais, heureusement, un jeune homme arriva et le combla, sans le vouloir. Ouais! Je n'avais pas d'idées, là, tout de suite. C'est discrètement qu'il nous avait rejoint, l'air tout timide. On aurait dit qu'il se faisait harcelé ou battre. Waw.

Excusez moi, est ce que je peux m'asseoir ? Je ne serais pas long, c'est promis...

Oh, dis! Il me fait trop de la peine. Pourquoi on pourrait refuser une demande aussi gentille? Gars, tu peux prendre le temps que tu veux! T'as l'air si innoffensif. Han, dis! Je souriais, bêtement. Ava répondit en première.

Oui, bien sûr ! Mais prends ton temps surtout, tu déranges pas ! Tu es ? Je suis Ava !

Toujours aussi amicale, donc, Ava! Ça fait plaisir, franchement. J'avais mal aux joues, tellement j'avais pas cessé de sourire. Ça en devenait même pitoyable. Mais bon, c'est moi qui souffre après c'est plutôt amusant pour l'ambiance entre nous tous. A mon tour, je pris la parole, trouvant par la même occasion un petit sujet à entâmer.

Ça fait plaisir d'avoir du monde! Aha. Et moi, c'est Nell. je fis un clin d'oeil amical, soulignant mes propos.

- Oui, bien sûr ! Mais prends ton temps surtout, tu déranges pas ! Tu es ? Je suis Ava !

Quand il entend le deuxième prénom ou plus tôt le prénom de l'autre jeune fille il se rendit compte quelle avait elle aussi un prénom peu commun.

Ça fait plaisir d'avoir du monde! Aha. Et moi, c'est Nell.

Wyatt se sent un peu perdu avec tant de sourire et surtout de sympathie en vers lui. C'est tellement rare que les autres soient comme ça avec lui. Voyant qu'il n'est pas mis a l'écart avec ces jeunes femmes, il finit par s'assoir sur la chaise. Bien sur avant de savoir il avait posé son plateau pour ne pas le faire tomber qui amènerait toutes les moqueries des autres. Il ne tente même pas de sourire, c'est déjà rare quand il sourit. Mais il va tout de même prendre le temps de leurs répondre.

-Merci. Et moi, je suis Wyatt.

Il parait peut-être froid comme garçon mais certainement pas méchant. Il suffit juste que vous gagniez sa confiance et de la vous pourrez rire avec très facilement. Il prit délicatement sa fourchette, il la tien du bout des doigts et commence à manger. Il n'a pas l'habitude de prendre son temps, en règle général il mange très vite pour ne pas croiser le regard des autres. Wyatt parle peu, essaie de ne pas parler de son passé. Il ne veut pas qu'on apprenne comment il est né ou plutôt ce qui sait passé concernant sa naissance. Sa mère est comme morte à ses yeux, il se sent trahi par ce qu'elle a bien pu faire à son père même si génétiquement ce n'est pas son père, il le considère ainsi. Il l'a tout de même élever, aimer comme son propre fils.

"Ça fait plaisir d'avoir du monde! Aha. Et moi, c'est Nell."

J'avoue. Y a du monde à Enamor mais des gens aimables, t'en as vraiment peu. Disons que les gens ici, soit ils te crachent à la gueule, soit ils te cherchent la merde, soit ils tirent une tronche de quinze culs. Faut pas déconner, quoi. L'amabilité faut croire que ça leur tranche les cordes vocales. C'est ouf. Moi ça m'déprime. Certes on est pas dans le monde des bisounours, mais quand même, un sourire, pas d'agression, ça fait de mal à personne. Enfin bon.

- A qui le dis-tu ! J'ai l'impression qu'les gens sont avares de respect, ici, c'est dingue.

"Merci. Et moi, je suis Wyatt."

Wyatt. J'avais pas entendu ce prénom depuis un bout de temps. Par exemple, Wyatt, il a l'air vachement timide. Et plutôt distant. Bon, en soit, c'pas franchement étonnant vu qu'on se connaît pas, mais bon. Après tout y a des gens plus timides que d'autres. Heureusement, par exeeeempple, qu'il y a des gens un peu plus ouverts, sinon on serait pas sortis de l'auberge, vous voyez ce que j'veux diiiire.

- Est-ce que l'un de vous c'est qui est exactement S ou ?

J'veux pas jeter de froid, là, comme ça, mais elle m'intrigue cette Dame du Tableau ou cette jenesaisqui. Je jette un regard aux gens qui mangent autour de nous. Si ça se trouve, cette gamine est ici, en train de nous observer en mangeant sa cuisse de poulet comme une femme des cavernes. Ou alors c'est une des grosses cuisinières frustrées qui peuvent pas se faire dépuceler par le directeur qui veulent leur moment de gloire. Ou bien, c'est simplement une de ces garces populaires qui s'amusent à tyranniser les gens. J'sais pas. Mais ça doit être tordu. Elle doit être tordue.

Merci. Et moi, je suis Wyatt. dit-il, sans réelles émotions.

Wyatt, donc. J'dirais que c'est pas non plus hyper commun. Mais c'est sympa, comme prénom. J'pouvais donc mettre un nom sur ce mystérieux jeune homme. Il était si timide, on dirait qu'en réalité il n'osait pas sourire, mais qu'il le voudrait au fond. Vraiment, il a l'air d'avoir une timidité maladive, mais quoi bon.. C'est toujours mieux d'être distant pareillement que de raconter ses problèmes au premier inconnu venu! Mais bon, j'espère qu'il allait pouvoir se mettre à l'aise, c'serait sympa, on le connaîtrait plus, et ça m'ferait chaud au coeur. Je souriais donc à Wyatt, acquisceant de la tête en guise de prise de connaissance de son prénom.

A qui le dis-tu ! J'ai l'impression qu'les gens sont avares de respect, ici, c'est dingue.

Les paroles d'Ava me firent plaisir. Elle aussi, a le même ressentit. J'hochais de la tête, un sourire compatissant et à la fois désespéré, pour souligner la situation. C'est coul. Ava avait l'air d'être une fille pas superficiel et naturel. Mais je m'emballe pas. Je dois garder la limite de méfiance recquise, comme on me l'a toujours appris, mais elle me semble tellement si.. Bisounours, ouais? Une bisounours sûre d'elle. C'est vraiment sympathique.

Est-ce que l'un de vous c'est qui est exactement S ou ?

Sa question lança en moi un conflit intérieur. Je ne sais pas qui est cette prétendue S, et mes amis, j'aimerais tant le savoir. Elle a déjà commis tant de douleurs dans cette université, tant de conflits inutiles, que j'aurais envie qu'elle perde la vue, par exemple. C'est un déchet de la société, elle ne sert à rien. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il vaut mieux ne pas la chercher. Et surtout, ne pas parler de choses intimes. Même à tes meilleurs amis.. On dit.. Les murs ont des oreilles. C'est absurde, mais j'y crois d'un côté. Quand j'entend tout les trucs farfelus qu'elle a déjà révélé..
Dans un soupire assez désespéré, je répondis à Ava, d'une voix pareille à mon soupire.

Non. Personne ne le sait. Et, je crois qu'on ne le saura jamais. Ce que je sais, d'elle, c'est qu'elle est impitoyable, c'est clair, et assez dangereuse. Il y a déjà eu de nombreuses histoires, ici.. Vaut mieux pas être dans sa cible. Et toi, t'as une idée, Wyatt?

Ouvrons un peu la conversation!

"Non. Personne ne le sait. Et, je crois qu'on ne le saura jamais. Ce que je sais, d'elle, c'est qu'elle est impitoyable, c'est clair, et assez dangereuse. Il y a déjà eu de nombreuses histoires, ici.. Vaut mieux pas être dans sa cible."

Personne ne le sait, on ne le saura jamais. Mais peut-être ne veut-on pas le savoir ? En réalité, tout le monde la craint. Et donc on l'évite - vous me direz c'est normal, qui veut se retrouver sur le PA, avec en gros titre "Machin est une pute" ? personne, on est d'accord. Alors c'est peut-être pour ça qu'on sait pas. Parce qu'on ne cherche pas à savoir. J'suis sûre que si on veut, on peut découvrir qui elle est. Mais après, comme Nell le dit, elle est dangereuse. Donc on peut facile se faire niquer. Y en a qui en sont venus au suicide il paraît. Ou alors ce sont des meurtres. Genre, on est dans Hercule Poirot en fait. Ta gueule Ava, tu pars loin là. Ah tsuh.

"Et toi, t'as une idée, Wyatt ?"

Je tourne la tête vers Wyatt, commençant à manger mes haricots. Il bredouille, d'abord, déclarant qu'il ne savait pas. Il a l'air complètement paumé, le pauvre, j'ai envie de lui faire un câlin, de lui parler, bref, de le réconforter. J'suis pas du genre à être débordante d'affection envers les autres, pourtant. Mais là j'sais pas. C'est peut-être le dimanche, qui me rend comme ça. Jour du seigneur, du coup, ben, j'suis pleine de bonté, de générosité, et de tout ça tout ça quoi.

"Je n'ai pas d'idée. A vrai dire, j'ai juste entendu dire qu'elle était horrible par ce qu'elle fait, qu'elle détruit des personnes mais je m'attarde jamais sur ce genre d'histoire. Les panneaux d'affichages ne sont plus important pour moi. Si les autres croient à ce qu'il y a de marqué c'est des idiots."

PAN. Des idiots, direct. Ouais enfin, mon petit, tu sais, avec tout ce qu'elle raconte on peut venir à la croire. Elle relate les faits, et des fois, elle en invente, alors écoute, chéri, c'est presque normal qu'on commence à la croire. Regarde, elle a dit que j'étais nouvelle, c'est vrai. Après, y a sûrement des trucs qui sont faux sur les panneaux, mais, quand tu connais pas les gens, qu'est-ce tu veux ne pas y croire ? Tu sais pas, si ça se trouve c'est tout ce qu'il y a de plus vrai. Alors moi, j'y crois pas, mais j'y crois aussi. Vous me suivez ? Au pire, laissez tomber.

- Ouais, elle a l'air un peu, ouais, dangereuse. Mais tu vois Wyatt, j'pense pas que les gens sont idiots. Tu sais, j'pense que S elle est comme les médias. Elle raconte des choses justes, mais aussi des trucs faux. Et comment veux-tu faire la différence quand tu ne connais pas les gens ? Les gens ne sont pas idiots, ils sont humains, crédules, c'est tout. Si tu veux savoir ce que j'en pense, évidemment.

Je hausse les épaules, baissant de nouveau les yeux vers ma fourchette.