Retrouvailles | Alestasia

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J'observe ma montre toutes les minutes, attendant impatiemment la fin du cours d'éco. Et j'ai franchement l'impression que le temps s'écoule incroyablement lentement aujourd'hui, juste pour me faire chier. Et j'vois bien que Bloom, elle s'est aperçue que j'écoute plus rien à ce qu'elle raconte, vu la manière dont elle me regarde avec insistance tout en continuant son cours. J'crois qu'elle a remarqué que toute la classe avait juste envie de se casser. La plupart regarde dehors, d'autres gribouillent n'importe quoi, et certains guettent la pendule comme s'ils attendaient qu'une bombe explose. Et là, la bombe en l'occurrence, c'est la cloche. C'est pas qu'il fait grand soleil et qu'on crève limite de chaud, mais presque. Et puis, pour ma part, j'dois aller rendre visite à quelqu'un.

J'me souviens plus à quelle heure elle m'avait dit qu'elle finissait sa séance de gym. Mais j'me souviens que c'était short par rapport à ma dernière heure. J'ai longtemps pensé à sécher, mais Bloom et ses bouclettes m'auraient manquées. J'exagère à peine.

Enfin, la cloche sonne. Soulagement. Je chope mes affaires en moins d'un quart de secondes et me rue à l'extérieur de la salle. J'prends le temps, tout de même, de balancer avec plus ou moins de délicatesse mes feuilles dans mon casier. Plus ou moins, effectivement. Il est quelle heure ? 15h15. Eh merde. Croisez les doigts. Croisez c'que vous pouvez. Tout. Sur le chemin du gymnase je réussis à voir la tronche que j'ai en passant devant une vitre, et j'ai presque le sale réflexe de la main dans les cheveux qui revient, sauf que j'ai plus de cheveux. Heureusement, avant de passer pour un con, je m'arrête à temps.

Arrivé devant le bâtiment, je jette un rapide coup d'oeil à l'intérieur. J'la vois pas. Elle est peut-être allée prendre une douche. Ou alors elle est cachée derrière je ne sais quelle poutre ou autre truc du genre. J'm'y connais pas trop, niveau matos de gym. J'espère pour vos dents que vous avez vraiment croisé les doigts. Je décide de rester appuyé un moment contre le mur du gymnase.

Après quelques minutes d'attente, la porte s'ouvre pour laisser passer deux filles, puis la brunette que j'attends. Je souris quasiment automatiquement. J'l'ai pas vue depuis longtemps. On se parlait, ouais. On a un peu repris tout à zéro, on va dire. J'pouvais pas rester sans elle. Je l'aime. Pour de vrai. C'est pas un truc par dessus lequel on peut passer. Alors après quelques mois de silence on s'est reparlés. On a recommencé depuis le début. Et c'est parfait comme ça. J'avais besoin de temps, mais j'pouvais pas non plus l'exclure comme ça de ma vie, c'était pas possible. Et j'me sens comme un ado de 14 ans chaque fois que je la vois, c'est con à dire, mais c'est réellement l'impression que ça me donne.

Profitant du fait qu'elle ne s'y attende pas et qu'elle ne m'ait pas vu, je l'attrape par la taille, et la soulève, lui faisant faire un ou deux tours dans les airs avant de la reposer à terre.

- Salut Princesse, je fais avec un sourire.

Un. Deux. Trois. Je souffle, m'élance sur la poutre. Roue, saut, écart. Souffle. J'entame une souplesse avant. Concentre-toi. Et merde, j'ai dérapé. Je remonte tout de même, bien que je n'ai que ma sortie à faire. Ça, je maîtrise. Et autant finir sur une bonne chose ! Je voulais tenter un autre enchaînement mais la sonnerie retentit. Signe qu'Alex ne devrait pas tarder à sortir de son cours. On avait convenu qu'on devait se rejoindre ici.

Je ne sais pas tellement où nous en sommes, lui et moi. Je lui ai fait beaucoup de mal, ça a été très dur pour lui. L'une des dernières fois où l'on s'est vus, c'était dans l’ascenseur. Des fois, je me dis qu'il avait bien fait d'être en panne, celui-là. Sans cet incident, je ne pense pas qu'on se reparlerait à l'heure qu'il est. Même si on ne se voit que très peu, faute de temps libre, on essaye de se parler. Par sms. C'est déjà ça. Je suis toujours folle amoureuse de lui mais c'est encore difficile d'accepter l'idée que je l'ai fait souffrir et, comment dire... Je suis... touchée ? Oui, je suis touchée qu'il partage encore mes sentiments.

Je me dirige vers les vestiaires en compagnie de deux filles qui s'entraînaient également en même temps que moi. On discute un peu, mais rien de folichon. Je ne me souviens même pas de leurs noms. Je retire mon justaucorps et file sous la douche, en sous-vêtements, bientôt imitée par les deux autres. Pas un mot, je veux être rapide. Il me tarde de retrouver Alex.

Même si je voulais faire ça vite, je suis quand même sortie en même temps que mes camarades. Je me rhabille. Vu la chaleur à l'extérieur, j'ai opté pour une jupe patineuse noire avec un chemisier blanc, sans manche. Une paire de sandales, un serre-tête, et je suis prête. Je sors des vestiaires.

Une boule commence à se former dans mon ventre. A tous les coups, il ne viendra pas. Peut-être qu'il ne veut plus me voir après tout. Ah, quelle idio... « Oh ! » Un moins de temps qu'il ne faut pour le dire, on m'a attrapé par la taille et fait tournoyé en l'air. Un sourire éclaire mon visage. Alex ! Alex sans cheveux, tiens. Oh, c'est bizarre, ça surprend. Enfin il m'a surprise de toute façon. « Salut princesse » me dit-il avec un sourire, en me reposant au sol. Quel plaisir. « Tiens, salut Alex. » Je sens bien que mes joues s'empourprent, et ne m'étant pas remaquillée, ça ne sera pas cachée sous le fond de teint.

Je n'ose pas l'embrasser. Après tout, il n'avait jamais été émis clairement que l'on était à nouveau ensemble. « Comment tu vas ? » Bien Spencer, bien, c'était la chose la plus originale à dire.

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« Tiens, salut Alex. Comment tu vas ? » me demande-t-elle avec un sourire. Elle a rougi, c'est trop mignon. J'lui ferai pas remarquer, je sais que généralement, elles ont horreur de ça. Ca les embarrasse plus qu'autre chose. Et c'est justifié.

- J'vais bien, et toi ? Ta séance de gym s'est bien passée ? je demande, commençant à avancer.

J'sais que la gym, elle adore ça. On a tous un truc qui nous défoule et qui nous permet de nous vider la tête. J'pense qu'on serait bien malheureux, si on ne pouvait pas s'occuper pour décompresser. On finirait tous complètement déprimés. Ce qui me fait penser que cette année, S n'a pas fait de victimes. J'pense qu'elle a dépassé son quota l'année dernière, cette sale putain. J'me demande comment on peut être horrible au point de pousser des gens au suicide. Comment on peut apprécier ça. Si on pouvait seulement la coincer, et lui fracasser la tête contre je ne sais quoi putain. Bref, ne pensons pas à ça. Il fait beau, c'est la fin des cours, et j'suis avec Spence. Rien de mieux que ça.

- Est-ce que ça te dit, on va faire un tour ? N'importe où, on se casse d'ici et on va se balader. Histoire de s'aérer la tête.

Je tâte mes poches pour vérifier que j'ai mes clés. Ce serait con d'aller jusqu'à la voiture et de se rendre compte qu'en fait, on est obligés de monter à l'internat. On a du temps devant nous, mais ce serait quand même pas mal de pas faire des allers-retours pour rien. Et pis j'ai tellement envie de sortir d'ici que bon. Plus vite on est dehors mieux c'est. Enamor c'est cool, mais j'ai franchement l'impression d'étouffer depuis quelques jours. Si ça ne tenait qu'à moi j'paierais une chambre d'hôtel une semaine sur deux. Et j'passerais la soirée d'aujourd'hui bien loin d'ici, et je ne reviendrais que demain matin. Envie de liberté, quand tu nous tiens. Bref. Tout ça pour dire que je les ai, ces fameuses clés.

« J'vais bien, et toi ? Ta séance de gym s'est bien passée ? » dit-il en marchant. Je le suis, je n'ai pas envie de déjà le laisser partir ! « Oui ça va, et c'était plutôt une bonne séance, malgré mes erreurs encore trop nombreuses, haha. » Quand Alex et moi nous étions disputés et séparés, j'avais complètement arrêté de venir au gymnase. Je n'en avais ni la force, ni la motivation. Du coup, lorsque je m'étais enfin décidée à me reprendre en main, ma souplesse en avait pris un coup et je n'étais plus aussi performante. Les compétitions inter-universités m'étaient passées sous le nez sans que je puisse protester. Mais mon objectif est simple : prendre une revanche.

Alors que nous marchions maintenant à l'extérieur du gymnase, Alex commence à s'agiter, fouillant dans ses poches. « Est-ce que ça te dit, on va faire un tour ? N'importe où, on se casse d'ici et on va se balader. Histoire de s'aérer la tête. » Ah, il cherchait ses clés peut-être. Je lui lance un grand sourire. Quel plaisir, cette proposition. Je ne pourrais pas demander mieux. Je me rappelle, une des premières fois où nous étions sortis en ville tous les deux... Bon, c'était mignon, on avait mangé des viennoiseries tels deux gosses mais ça c'était, encore une fois, fini en crise de jalousie si je peux dire ça, par rapport à Alice... Et dire qu'à ce moment, je pensais que c'était lui qui me tromperait. J'ai vraiment mal agi. Mais bon, il faut aller de l'avant, comme on dit. Et on va considérer ce moment comme un nouveau départ. « C'est carrément une bonne idée. Je te suis ! »

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Spence a l'air enchantée de pouvoir sortir, vu le sourire qu'elle me lance. « C'est carrément une bonne idée. Je te suis ! » Je lui lance un sourire, après avoir trouvé mes clés. J'me souviens parfaitement de la première fois où on est sortis ensemble. On était passés chez le boulanger en bas là, qui fait des trucs tellement bons que c'en est à peine croyable. Aujourd'hui c'est un peu comme si c'était de nouveau la première fois. On a fait table rase, et là on recommence. Juste on va pas juste en bas de la rue, on prend vraiment le large cette fois-ci. J'pense qu'Enamor nous monte à la tête parfois.

- Alors allons-y. J'sais pas trop où on va aller, tu me dis si t'as une envie spéciale. Après toi, je fais en ouvrant la porte côté passager de la berline.

Ouais j'suis pas peu fier dma grosse bagnole de fils de riche, m'enfin. Si j'avais pu me payer une Porsche je l'aurais fait aussi. Mais bon. Ça sert à rien de trop crâner non plus hu. Je referme la portière une fois Spencer installée et fait le tour de la voiture pour passer derrière le volant. Je mets le contact et on est partis. J'vais juste rouler moins vite que d'habitude, j'sais pas comment Spencer se sent hu.

- Si ça te dérange pas trop on va déjà sortir de Montréal, qu'ça nous fasse une vraie sortie, je dis tout en lui jetant un coup d'oeil.

"Alors allons-y. J'sais pas trop où on va aller, tu me dis si t'as une envie spéciale. Après toi." Woah. Nom de d'là, je savais qu'il était plutôt bien loti, mais quelle voiture ! Mes parents refuseraient totalement de m'en offrir une du genre. "Jolie voiture !" je dis avec un sourire. Il m'ouvre la portière du côté passager, me laisse m'installer puis ferme avant d'aller de l'autre côté. Je respire un coup. C'était une sensation bien étrange de me trouver là. Dans la voiture d'Alex, avec Alex. Il s'assoie à côté de moi et met le contact. "Si ça te dérange pas trop on va déjà sortir de Montréal, qu'ça nous fasse une vraie sortie." Je me raidis. Je suis seule en bagnole avec un mec qui m'emmène loin. Et si ça recommençait ? Et si tout ça se reproduisait ? Alex ne ferait jamais ça. On dit toujours ça. Jusqu'au jour où ça arrive. Qu'est-ce que je vais faire ? Faut que je me calme. Alex ne fera jamais une chose pareille. Il me respecte, et il m'aime. Peut-être. Sans doute. Je dois penser à autre chose. "Oui, c'est une très bonne idée..."

Peu à peu, nous quittons la ville, la foule, les voitures en masse, les bouchons. Un soulagement. L'étreinte de la ville devient parfois étouffant. Je suis étonnée qu'un homme comme Alex roule aussi prudemment. Surtout avec une voiture comme ça. "Hmm... Sinon, tu sais où tu vas ? Je suis très peu sortie depuis que je suis à Enamor, je me suis contentée de l'université et du centre ville de Montreal, donc je connais pas trop les environs." je demande, un peu nerveuse. Je ne devrais pas, c'est mal. Je suis en sécurité avec lui, je suis sûre. En me levant ce matin, je pensais vraiment pas me retrouver là. "Tu sais, ça me fait plaisir d'être là. Enfin j'veux dire, avec toi." je marmonne. Je tourne la tête vers le vitre et fais mine de regarder l'extérieur. Pas facile de dire ça.

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"Oui, c'est une très bonne idée..." répond Spence lorsque je lui propose de sortir de Montréal. J'la sens tendue, je sais pas si c'est que j'deviens parano ou que je me fais des idées, mais j'ai réellement l'impression que c'est un peu mitigé. J'la sentais carrément partante tout à l'heure quand on était encore à Enamor, et là c'est comme si elle avait brusquement changé d'avis. C'est bizarre. Elle a peut-être tout compte fait pas franchement envie de sortir. Ou alors ça la gêne, ou j'sais pas. J'y comprendrai jamais rien, à ce qu'il se passe dans la tête des nanas. J'me souviens de l'année dernière, en revenant du bal de Noël, on s'était retrouvés dans ma chambre, mais j'avais aucunement l'intention de tenter quoi que ce soit hein, mais pareil, elle semblait nerveuse. C'est vrai qu'à un moment, j'ai dû être un peu trop pressant sans faire gaffe, du coup elle m'a renvoyée chier, mais elle semblait réellement chamboulée après. Elle en avait pleuré, même, il me semble. Alors d'accord, j'avais pas franchement respecté ses volontés sur le coup, mais j'avais pas non plus compris sa réaction.

"Hmm... Sinon, tu sais où tu vas ? Je suis très peu sortie depuis que je suis à Enamor, je me suis contentée de l'université et du centre ville de Montreal, donc je connais pas trop les environs." me demande Spencer après que nous soyons sortis de la ville. Et c'est beaucoup plus agréable pour rouler, y a déjà moins de cons sur la route. J'leur apprendrais à conduire, moi, tiens. Et à nouveau, Spence semble nerveuse. Comme si j'allais garer la voiture dans un coin sombre et inoccupé pour en profiter. Et voilà j'me fais encore des idées sur ce qu'elle croit.

- A vrai dire non, j'sais pas trop où ça va nous mener, mais on a le temps, non ? T'inquiète, ça fait du bien de se retrouver loin de la pression qu'on peut ressentir à l'Université, je lui réponds, lui jetant un coup d'oeil pour lui sourire, histoire de la rassurer.

"Tu sais, ça me fait plaisir d'être là. Enfin j'veux dire, avec toi." souffle Spencer avant de tourner la tête pour observer le paysage. J'esquisse un sourire. Les compliments. Ou plutôt les remarques sympathiques. On peut dire que ça n'a jamais été le point fort de Mademoiselle Hastings, fierté oblige. Limite on dirait que ça lui arrache les cordes vocales et qu'elle est au bord d'un gouffre à chaque fois, j'trouve ça marrant. Disons que ça fait partie de son charme d'élève parfaite.

- Moi aussi, ça me fait plaisir, tu m'avais manqué, Spence. Ça faisait longtemps, je fais à mon tour en posant ma main sur sa jambe.

Le contact physique, lui aussi, m'a manqué. Y a des trucs comme ça c'est horrible, t'en deviens limite dépendant. Et Spencer fait partie de 'ces trucs' justement. Et y a des fois, c'est franchement dur. Demandez à un camé comment il fait quand il a pas sa dose en temps et en heures, vous verrez.

"A vrai dire non, j'sais pas trop où ça va nous mener, mais on a le temps, non ? T'inquiète, ça fait du bien de se retrouver loin de la pression qu'on peut ressentir à l'Université." Il me jete un coup d'oeil et me sourit. Il a raison. Se voir, loin d'Enamor, loin des autres, loin de la Dame du Tableau... Ça ne peut-être qu'une bonne idée. Je me rappelle encore de ce message que j'avais reçu sur mon portable, après la nuit que j'avais passé aux côtés d'Alex... "Alors, comment a été ta première fois ? S." Un frisson me parcourt à ce souvenir. Je n'en avais pas parlé à Alex, ni à personne d'autres d'ailleurs. De toute façon, maintenant, ce n'est plus important. "Tu as raison, de toute façon, on est en vacances, il n'y a rien qui nous retient là-bas." je dis en lui relançant son sourire.

"Moi aussi, ça me fait plaisir, tu m'avais manqué, Spence. Ça faisait longtemps." Là non plus, pas de maquillage. J'aurais du. Je vais encore rougir. Je m'abstiens de le regarder mais mon sourire en dit long. Un mouvement. Sa main. Sur ma jambe. Mélange de sensations.

Son contact, toujours aussi agréable. Ce truc qui ne s'est jamais brisé entre nous, ce courant qui me traverse lorsqu'il me touche. Chaleur, envie, amour. De mauvaises choses me reviennent en tête. Toujours les mêmes. Et nous sommes seuls. Souvenir, peur, douleur.

Je pose ma main sur le sienne, la prends. Je voulais la repousser mais... Je n'en ai pas le courage. Je me rends compte que ça m'avait vraiment manqué. Je l'aime, c'est une évidence, et j'ai besoin de lui près de moi. Je serre légèrement sa main, comme pour approuver ce qu'il venait de dire.

*TU DUUU TU DU DU*

Je sursaute. Mon téléphone. Je crois que j'étais partie dans un autre monde. Je lâche sa main et la montre du doigt. "Je pense que tu as besoin de ça pour conduire !" puis je me penche pour fouiller dans mon sac et attraper mon téléphone. Je peux même pas dire qu'il a gâché le moment puisque je ne savais plus franchement quoi dire. Au moins, ça aura évité un long silence.

Tiens, c'est Robyn. Mon sang ne fait qu'un tour. Argh. C'est sympa de me prévenir... Mademoiselle S nous a vus partir avec Alex et elle ne s'est pas fait priée pour en parler. Mince, moi qui pensais pouvoir y échapper. Rien de grave en somme mais ça m'énerve. Je range mon téléphone et croise les bras sur ma poitrine avant de me renfoncer dans mon siège.

"L'université entière sait que nous sommes sortis. C'est cool."

toute ressemblance de la sonnerie de Spencer
avec la sonnerie des Totally Spies est purement fortuite ~

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"Tu as raison, de toute façon, on est en vacances, il n'y a rien qui nous retient là-bas." me répond Spencer avec un sourire. Plus détendue à nouveau ? J'sais pas vraiment. Mais déjà, elle sourit. On est sur la bonne voix. J'pense que Spencer a toujours été de nature stressée. Son côté perfectionniste doit pas vraiment l'aider, remarque. Donc j'pense qu'elle devrait sortir s'aérer la tête plus souvent. Surtout pendant les vacances, ouais. Elle en a bien besoin je pense. Le cerveau d'une Hastings bouillonne constamment.

J'ai bien fait de tenter un contact physique, puisque Spencer ne me repousse pas ; au contraire, elle prend ma main et la serre légèrement, comme pour approuver ce que je viens de dire. Je savais qu'elle me manquait terriblement, mais le fait de sentir sa peau contre la mienne me colle une des plus grosses gifles de ma vie. J'en viens juste à me demander comment j'ai pu me passer d'elle pendant aussi longtemps. C'est tellement con à dire, mais j'pense que j'ai besoin d'elle et que j'aurais toujours besoin d'elle. J'ai l'impression de faire le bisounours mais j'sais pas. J'pense que ça arrive à pas mal de monde quand on aime quelqu'un. Et ça me ressemble tellement pas. Mais bordel, je l'aime et j'en deviens con. C'est les effets secondaires de la piqûre de Cupidon.

Le téléphone de Spencer fait des siennes, et je la sens sursauter. Elle relâche ma main tout en la pointant du doigt, ajoutant que j'en ai certainement besoin. Ofh. Tenir le volant à une main c'est pas ce qu'il y a de plus compliqué, à vrai dire. Et vu que les vitesses se passent automatiquement, c'est d'autant plus simple. Au moins t'es sûr d'avoir aucun souci avec ça. La modernité a du bon si vous voulez tout savoir. Princesse Anastasia checke son téléphone et annonce à voix haute "L'université entière sait que nous sommes sortis. C'est cool." avant de croiser les bras et de se renfoncer dans son siège. Je soupire. Mademoiselle S, encore et toujours. Enfin je suppose. J'ai horreur de me sentir épié comme ça, j'trouve ça particulièrement désagréable. T'as plus de vie privée, en fait. Limite elle va affiche au PA que tu t'aies acheté une nouvelle paire de chaussettes, c'est chiant.

- Elle fait chier, cette nana. Faut croire que sa vie est tellement vide qu'elle se sent obligée d'emmerder les autres. Au moins on sera tranquilles, loin de l'Université. Elle va pas nous suivre.

Tout du moins j'espère. M'enfin elle risquerait de manquer des infos encore plus juteuses. J'me demande d'ailleurs comment elle fait pour être partout à la fois, c'est pas possible. Et surtout rester aussi discrète. C'est pas possible d'épier tout le monde sans se faire remarquer, ou alors c'est la fille de l'homme invisible, c'est pas possible autrement, j'vois pas d'autres solutions.

Après encore quelques kilomètres, on se retrouve dans une petite ville. J'ai pas regardé le panneau, et je m'en fous pas mal j'vous avouerais. Le principal, c'est que Montréal soit déjà loin, et Enamor aussi. Y a moins de passage, ça se voit, et ça a l'air beaucoup plus calme. M'enfin on est quand même pas dans un temple hippie, mh. Soit on s'arrête là et on trouve un café, soit on bouge encore un peu.

- Un café ou tu veux encore t'éloigner Spence ? Ici ça m'a l'air bien calme et plutôt sympa, je fais en freinant, arrivant à un stop.

« Elle fait chier, cette nana. Faut croire que sa vie est tellement vide qu'elle se sent obligée d'emmerder les autres. Au moins on sera tranquilles, loin de l'Université. Elle va pas nous suivre. » Manquerait plus que ça ! Je lâche un petit rire nerveux. « Bah oui quand même, j'espère... »

Un silence s'installe. Humpf, j'ai jeté un froid. Enfin c'est pas vraiment ma faute, mais voilà. Alex rentre dans une autre petite ville. Pensant qu'on allait une nouvelle fois la traverser, j'ai pas pensé à regarder le nom. En même temps, on s'en fiche un peu. J'étais bien, moi, là. Les sièges sont confortables, je suis avec Alex, c'est plutôt cool. Et puis, généralement, j'aime bien la route, c'est reposant. Si ce n'est pas moi qui conduit, bien entendu.

Il s'arrête finalement. Ah, un stop. Pourquoi il ne continue pas ? Il n'y a personne ! Tiens, c'est vrai ça, y'a personne. Du moins pas grand monde. Je prends le temps d'apprécier un peu plus l'endroit où nous nous trouvons. Un joli village, avec de belles maisons et quelques commerçants. Le calme règne, et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle.

"Un café ou tu veux encore t'éloigner Spence ? Ici ça m'a l'air bien calme et plutôt sympa." Pourquoi partir encore ? Nous sommes déjà assez loin et puis, on a pas toute la journée. Il vaut mieux qu'on se pose et qu'on profite de ces quelques moments à passer ensemble. Je tourne la tête et lui adresse un sourire, plein d'attentes. « Ici, ça me va ! » je dis sur un ton enjoué. Je n'arrivais pas à croire que j'étais ici avec lui. A vrai dire, je n'avais pas cessé de me haïr depuis que j'avais embrassé Emily. Il s'était passé tellement de choses en si peu de temps. Aujourd'hui, je suis soulagée.

Et soulagée de descendre de cette voiture et d'être en pleine rue, avec d'autres gens...

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« Ici, ça me va ! » Parfait, donc. Passé le stop, je continue un peu jusqu'à rentrer dans le centre-ville. Un peu moins désert, mais y a toujours pas foule. C'est certainement un village de p'tits vieux, pour qu'ça soit aussi silencieux que ça en plein été. Enfin, y a du bruit, j'dis pas, y a des gens dehors, mais c'est pas non plus la folie. Mais bon, c'est pas plus désagréable, on sera pas emmerdés si on s'installe en terrasse. Enfin j'compte pas rester trop à l'intérieur, il fait beau sans faire trop chaud, alors faut en profiter. C'est pas comme si la moitié du temps y avait trois mètres de neige et des températures négatives, mais un peu quoi. Canada bonjour.

Je me gare là où j'trouve de la place, et y a beau pas avoir grand monde dans les rues, y a pas mal de voitures. Donc bon. On sort de la berline, que je verrouille d'une pression sur le bouton qui se trouve sur les clés. Ah la modernité. Une fois qu'on y a goûté on peut plus s'en passer. Je passe une main dans le dos de Spencer pour l'inciter à me suivre, sans pour autant continuer après. C'est pas franchement l'envie de l'avoir près de moi qui manque, mais on va faire les choses en douceur. J'pense que c'est mieux, autant pour elle que pour moi. J'ai pas franchement besoin de me réhabituer, c'est juste que bon. Vaut toujours mieux y aller doucement dans ce genre de situation.

- J'pense qu'on trouvera un bar dans le centre. Y a juste à marcher un peu.

Effectivement, on continue notre chemin, et peu de temps après, on débouche sur une place bien entretenue, et comme prévu, un ou deux cafés sur les bords. On va prendre le plus proche, ça a l'air d'être moins un coin à arsouilles, mh.

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