Putain. Putain de bordel à putes. Alors les petites soirées comme ça, genre pool party, c'est vachement cool. Bon on s'arrache pas la gueule non plus comme des oufs mais c'est cool. T'as un tas de gens en maillot et c'est plutôt sympa à regarder, on va pas dire le contraire, ce serait mentir. Sauf qu'il existe des gens - ouais ça existe j'ai du mal à y croire sérieusement - qui ne se lave pas. Ou genre avec l'eau de la rivière, ou celle des égouts. Comment c'est possible ? J'en ai pas la moindre idée. À un moment, j'me suis isolée avec quelques gens pour fumer tranquille. Et là, y a un gros sale qu'est sorti de nulle part. Boum. Le mec c'est E.T. il apparaît comme ça là. Sauf que le souci, c'est qu'il est devenu collant. Dans tous les sens du terme. Genre collant lourd, mais il l'était aussi, collant. J'sais pas ce qu'il m'a pris, j'ai voulu le pousser, l'envoyer lui et sa crasse voir ailleurs si on y était. Grosse erreur, putain de grosse erreur.

J'ai les mains moitié poisseuses. C'est super agréable. J'vous raconte pas. Le-rêve. Du coup j'me suis levée et ni vu ni connu j'ai plongé mes mains dans la piscine, histoire d'enlever le plus gros. Sauf qu'il devait s'être roulé avec Durden dans sa mare de gadoue ou j'sais pas quoi. Bref. J'ai encore l'impression d'avoir les mains dégueulasses. Une horreur. J'peux même pas récupérer mon gilet histoire de me couvrir, j'veux pas le salir. Du coup j'vais rentrer dans l'hôtel en bikini comme ça tranquillou. T'façon ce sera pas moi la plus gênée si j'croise des membres du personnel. Limite j'pourrais me balader à oilp qu'j'en aurais pas plus à foutre tu vois, alors bon. Mais bon, après c'est attentat à la pudeur tout ça tout ça, alors bon. On va éviter, j'suis quand même là pour dix jours, pas seulement pour deux.

J'passe par la porte où tous les étudiants qui couchent ici passent, encore une fois avec la discrétion d'un ninja - comme quoi mon expérience ça sert à quelque chose - et je me faufile dans les couloirs à la recherche des toilettes. Faut que je nettoie ça avec du savon, j'pourrai pas être tranquille sinon. Sauf que impossible de trouver ses putains de chiottes. Genre ils sont partis en vacances ou à la piscine eux aussi. C'est dingue que ce soit pas mieux indiqué. Doit bien y avoir des toilettes dans ce bordel à putes quand même, vu la taille de la piscine si ils ont pas de chiottes c'est quand même le comble. Bordel j'vais jamais réussir à les trouver. J'vais péter une pile. Me sens sale. Pourquoi y a personne qui passe là merde. Les gens veulent plus aller pisser maintenant ?

Quelle belle journée. Rien de tel pour commencer les vacances. Eh ouais, maintenant je suis enfin en vacances. Plus de responsabilités, plus d'obligation de tenir les gosses en laisse, me voilà enfin libre de tout mouvement, véritable citoyen québecois parmi tant d'autres et heureux festivalier d'un temps. Quand je ne suis pas au centre ville ou près des scènes, je passe mon temps à l'hôtel. Canon l'hôtel, d'ailleurs. En plus aujourd'hui, l'établissement a organisé une pool-party, donc c'est plutôt l'ambiance. Il vaut mieux, je hais les endroits trop calmes.

Et comme tout heureux festivalier en vacances, j'en profite à fond. Je me balade entre la terrasse de l'hôtel et son intérieur, bois plus ou moins avec modération, et me dandine au rythme du fond sonore. J'adore ma vie. Seule ombre au tableau : je dois généralement me coltiner quelques uns de mes collègues qui sont venus assister, eux aussi, au FEQ. Heureusement, j'ai réussi à les éviter pour l'après-midi, c'est plutôt plaisant.

Ah, mon verre est vide. Alors que j'étais monté à l'étage pour déposer mon t-shirt dans ma chambre, je redescends en tongs, bermuda à motifs et lunettes fumées, en direction de la piscine et de son bar. C'est alors que je croise une étudiante. Tiens donc, la jolie Shay Marshall. C'est pas la première élève que je croise, mais il faut avouer que je suis particulièrement content de la voir par rapport à d'autres. Shay a toujours été présente aux activités sportives, c'est une excellente étudiante que je classe volontiers parmi mes préférées. Donc forcément, je m'empresse d'aller à sa rencontre. Elle a l'air complètement paumée, si je peux lui venir en aide c'est tout bénef.

Tiens, bonjour Shay, tu cherches quelque chose peut-être ?, je demande, un léger sourire aux lèvres.

Sachez, chères chiottes, que j'ai juste horreur de jouer à cache-cache. Alors soit vous pointez le bout de votre porte, soit j'fais péter tout l'hôtel. Putain, mais pourquoi j'les trouve pas. Et pourquoi y a pas un pauvre con qui se balade là. Y a deux secondes, y a la moitié des gens qui rentrait, et maintenant, plus personne. Genre c'est fait exprès, tu sais, ils se sont tous ligués contre moi et le gros sale c'était histoire de m'entraîner à l'intérieur. J'vais tous les faire péter, un à un, en leur foutant de l'explosif dans le cul. Aller, du calme, Shay, tu vas bien les trouver, ces toilettes. J'peux même pas chasser mes cheveux de mon visage, j'ai touché un cousin de Durden, oh mon dieu. Sachez, aussi, tous, que j'ai juste horreur d'avoir les mains sales. L'hygiène c'est un truc important, bande d'affreux. "Tiens, bonjour Shay, tu cherches quelque chose peut-être ?" Je tourne la tête vers celui qui peut s'apparenter à mon sauveur du jour. Oh. Reid. Quelle coïncidence.

Reid, sa tenue d'été, son corps de sportif, son sourire de petit con, son charme d'enfoiré, et tout c'qui fait que j'le trouve baisable réunis, là, devant moi. Et j'ai les mains dégueulasses. Trop. Génial. L'occasion rêvée. J'aurais limite préféré faire péter les gens dehors un à un, pour le coup. J'adresse un sourire à mon professeur préféré. Je me racle la gorge, reprenant plus ou moins mon calme.

- Bonjour Monsieur. Effectivement. Les toilettes, j'les cherche depuis tout à l'heure et il semblerait qu'elles se soient planquées, les putes. Y aurait bien autre chose, mais je suppose que ça ne vous intéresse pas, je fais en penchant légèrement la tête sur le côté toujours avec le sourire, avant de reprendre : Et apparemment, y a pas que votre pote Durden qui s'lave pas ici.

Si on pouvait dessaper les gens du regard, y a bien longtemps que Reid serait nu, si vous voulez mon avis. C'est juste l'horreur. Je déteste ça. J'ai juste l'impression d'être faible, à désirer un mec comme ça. Si j'étais en cloque j'pourrais accuser les hormones, là c'est même pas ça. Juste le putain de pouvoir de tête de con de Reid. J'sais pas, y a un putain de truc chez lui qui m'attire de dingue, et j'sais même pas ce que c'est. J'y résiste pas, c'est une horreur. Ah, j'aurais bien besoin de faire un tour dans la piscine. Et tant pis pour mes mains. C'qu'il faut c'est imaginer qu'c'est Sylvester, et ça risque de redescendre en flèche. Rester sérieuse et concentrée. Mmh, ça va à peine mieux.

"Bonjour Monsieur. Effectivement. Les toilettes, j'les cherche depuis tout à l'heure et il semblerait qu'elles se soient planquées, les putes. Y aurait bien autre chose, mais je suppose que ça ne vous intéresse pas. Et apparemment, y a pas que votre pote Durden qui s'lave pas ici." Ahah, Shay et son tact légendaire. J'éviterai de parler à Leeroy de son manque d'hygiène, il risquerait de mal le prendre... Ou alors, au contraire, de complètement s'en foutre. Il faut avouer que c'est un drôle de personnage, ce Durden. Et malgré son odeur persistante - surtout maintenant que le FEQ a commencé, j'ose même pas imaginer ce que ce sera dans dix jours - c'est vraiment un type hyper sympa et passionné. Enfin bref, ça n'excuse pas le fait de ne pas se laver, ne serait-ce que les dessous de bras. Les dessous de bras, c'est la base.

Autre chose ? Qui ne m'intéresse pas ? De quoi est-ce qu'elle parle ? Je fronce légèrement les sourcils, intrigué, ne lâchant cependant pas mon sourire en coin. Elle aussi c'est un drôle de personnage. Heureusement qu'elle sent bon, elle. Et qu'elle est moins poilue, aussi, tant qu'à faire.

T'entends quoi par "autre chose" ?, je ne peux m'empêcher de demander, ignorant au passage la remarque à propos de Leeroy. Il reste quand même un membre du corps enseignant, comme moi, et bien que je sois en vacances, je me dois de rester un minimum pro et de ne pas le dénigrer. J'imagine même pas ce que ce sera à la rentrée sinon. Et viens, suis-moi, je vais te montrer où sont les toilettes.

Je lui fais signe de me suivre. Voilà, on y est !, j'annonce enfin, une fois arrivés devant la porte tant recherchée.

"T'entends quoi par "autre chose" ?" me demande Reid, l'air intrigué sans lâcher son léger sourire. Je passe mes bras dans mon dos, m'approchant de monsieur Reid. Assez près pour sentir qu'il n'a pas froid, mais juste assez éloignée histoire de ne pas le toucher. Parce qu'il peut y avoir du passage, et qu'il faut parfois savoir la jouer subtil. Sachez qu'y a pas toujours besoin de foncer dans le tas comme une pauvre nympho.

- J'vous le dirais bien, mais ce serait déplacé de ma part de parler comme ça à l'un de mes professeurs, aussi désirable et ouvert d'esprit soit-il, je lui souffle à l'oreille avant de lever les yeux vers lui et de reculer, me mordant les lèvres en gardant l'ombre d'un sourire.

"Et viens, suis-moi, je vais te montrer où sont les toilettes." Trop serviable, le Reid. À l'écoute de ses élèves et toujours prêt à les aider... Quel professeur formidable. Ah, croyez-moi qu'il en profite bien aussi. Il a pas le poste le plus désagréable, si vous voulez mon avis. Bon il s'intéresse pas aux mecs, et c'est dommage parce que généralement ils sont tous plutôt bien gaulés, à la salle de sport. Mais avec toutes les nanas en tenue moulante - confort pour la muscu oblige - il doit pas franchement être déçu. Surtout que souvent, c'est pas les plus moches qui s'entretiennent. Enfin j'dis pas y en a elles ont de ces tronches, même dans le noir le plus complet et en étant aveugle tu voudrais pas les baiser, mais bon. Y en a quelques unes plus que potables. J'en suis la preuve vivante. Matez-moi j'vous en prie.

On arrive devant les toilettes. Et effectivement, elles étaient bien planqués ces putes. Si on vit pas là j'sais pas trop comment on peut les trouver à vrai dire. Parce que j'ai pas un sens de l'orientation merdique, v'voyez. Ou alors c'est juste l'odeur du fric qui m'attire, j'sais pas vraiment. Allez savoir. L'argent n'a pas d'odeur seulement pour ceux qui ne le côtoient pas.

- Merci bien monsieur, je le remercie en me glissant devant lui pour rejoindre les chiottes, passant juste assez près de lui pour l'inciter à me suivre du regard. Je me retourne, le cul contre la porte. Ouais parce que j'compte pas toucher la poignée avec mes mains dégueulasses, si jamais j'y retourne ça le fait pas. J'suis pas sûre de pouvoir retrouver le chemin, m'abandonnez pas. Qui sait où j'pourrais me retrouver sans vous.. Et puis j'suis sûre qu'on pourrait encore discuter un peu, vous pourriez me faire visiter.. Vous pensez pas ?

Je lui adresse encore un sourire avant de passer la porte. Et j'dois vous avouer que j'suis carrément soulagée de pouvoir me laver les mains. Tellement que je me savonne jusqu'aux avants-bras, essayant de pas trop foutre de savon sur mes bracelets. On va éviter de les abîmer mh. J'suis trop maniaque de l'hygiène. Vous allez me dire qu'j'ai choisi le camping et qu'ça a pas de sens. J'conçois. Mais c'est question pratique, c'est beaucoup plus simple d'être sur place si jamais on a un peu trop bu ou un peu trop fumé. Croyez-moi.

Bon, en espérant que j'aie réussi à convaincre Reid de m'attendre. Maintenant qu'j'le tiens j'veux pas le laisser filer. Ça risque de devenir légèrement plus intéressant si vous voulez mon avis. Généralement il suffit de les complimenter un peu, de leur lancer un ou deux sourire, et de les frôler en faisant genre j'le fais pas exprès. Bon après faut savoir le faire dans les règles de l'art, employer le bon ton, les bons regards, les p'tites mimiques qui tuent. C'tout un art, de savoir charmer les gens. Et j'dois dire qu'j'm'en tire pas trop mal. Bon après, j'suis plutôt avantagée. J'suis pas plate, bien au contraire, qu'ça soit aussi bien devant que derrière. Et généralement, c'est bien pratique. J'comprends, j'aime pas spécialement non plus les nanas qu'ont ni eins ni cul. Autant se faire une porte de placard, ça revient quasi au même. Aller, demi-tour, je sors des chiottes.

Shay s'approche, avec l'air d'une première de classe ou que-sais-je, et vient me souffler quelques mots à l'oreille. "J'vous le dirais bien, mais ce serait déplacé de ma part de parler comme ça à l'un de mes professeurs, aussi désirable et ouvert d'esprit soit-il." Puis, elle retourne à sa place initiale, en se mordant la lèvre inférieure. Je penche la tête sur le côté et lui jette un regard qui en dit long. Le tout accompagné d'un fin sourire. Sacrée Shay, tu m'étonneras toujours. Je pense qu'elle se fiche complètement du fait que j'aie... Seize ans ? de plus qu'elle - ça ne me rajeunit pas, tout ça - un homme est un homme. Un bel homme bien conservé, qui plus est. Est-ce qu'elle se lasserait des gamins de son âge ? Ou est-ce qu'elle cherche simplement à vérifier si son charme est efficace sur tout le monde ? Si la seconde hypothèse est la bonne, alors oui, son charme fonctionne visiblement sur n'importe qui. Sur moi, en l'occurrence.

Une fois ces fameuses toilettes trouvées, Shay s'avance vers la porte, se plaque contre celle-ci pour éviter de salir la poignée, et me remercie. "J'suis pas sûre de pouvoir retrouver le chemin, m'abandonnez pas. Qui sait où j'pourrais me retrouver sans vous.. Et puis j'suis sûre qu'on pourrait encore discuter un peu, vous pourriez me faire visiter.. Vous pensez pas ?" Si j'avais encore le bénéfice du doute jusque là, je crois que maintenant c'est bien clair. Fais pas de bêtises, Shay, je reste ton prof de sport... En vacances, ce qui limite la casse certes, mais quand même. Je réitère ma précédente réaction, fin sourire et tête penchée. Je t'attends alors, t'inquiète. Petit clin d’œil qui va bien. C'est toujours agréable de se sentir désiré comme ça, surtout par une aussi jolie demoiselle. En général, c'est moi qui aborde les filles. Pour une fois c'est l'inverse, et c'est bien loin d'être déplaisant. Alors autant se laisser faire, on verra bien où ça nous mène.

Au dernier moment, alors que Shay s'apprête à entrer dans les toilettes, je l'interpelle à nouveau. Au fait, Shay, on est en vacances hein, t'es plus obligée de me vouvoyer !, j'annonce, très amusé par la situation.

Maintenant, attendons le retour de la Garnet.

J'ai réussi à le convaincre de m'attendre, maintenant il suffit juste de le convaincre que si t'façon ça va plus loin, on s'en fout, ce sera qu'une bonne partie de plaisir à réitérer. Si vous voulez mon avis, c'est pas c'qu'il y a de franchement de plus compliqué. C'est Reid j'vous rappelle, pas Lucas. Et puis vu les regards qu'il m'a lancés, mh. J'suis sûre qu'il s'est déjà fait quelques habituées de la salle de sport, alors une de plus. Et comme il l'a si bien dit avant que je rentre, on est en vacances. Raison de plus pour se laisser aller.

Vous remarquerez aussi qu'j'suis pas une crevarde, si je m'intéresse aux hommes plus vieux - enfin surtout à Reid, le reste je m'en branle pas mal - c'pas pour leur fric mais leurs compétences physiques. Et tout ce qui va avec. Parce qu'un homme d'une dizaine d'année plus vieux et aussi bien conservé que Reid, avec le même esprit, ça doit pas mal déménager. Sans oublier que ça fait du bien de parler avec quelqu'un d'un peu plus réfléchi. Et que ça fait toujours plaisir de savoir qu'on plaît à à peu près toutes les tranches d'âge. C'est bien pratique des fois, si vous voulez mon avis.

Avant de sortir, je m'inspecte brièvement dans le miroir, reculant plus ou moins pour pouvoir voir à peu près chaque partie de mon corps. Rien à redire. Si c'est pas beau ça. Je fais donc demi-tour et sors des toilettes. Et oh, non surprise puisqu'il m'avait dit qu'il m'attendait, Reid est là, dans le couloir. Donc. Il m'a dit que j'pouvais le tutoyer. Ce qui veut dire, théoriquement, que je peux aussi l'appeler par son prénom non ? Parce que bon 'Monsieur, tu peux me ramener dans ta chambre, ce serait carrément plus divertissant, tu verras' ça fait franchement pas sérieux. Genre on dirait que j'me fous de sa gueule. Et croyez-moi, généralement j'évite de me moquer des gens que j'veux. Alors bon.

- Si je te tutoie, ça veut dire que je peux aussi t'appeler par ton prénom, mh ? Je lui demande en réapparaissant.

J'pense qu'il va falloir que j'me répète encore une ou deux fois que je peux le tutoyer, trop l'habitude de lui dire vous. Après faut pas non plus que je prenne trop l'habitude de le tutoyer hm. Encore une fois, je me rapproche, sauf que cette fois-ci j'compte pas me barrer trois secondes après. Je suppose qu'il a bien compris c'que je voulais, vu les regards qu'il m'a lancé précédemment. Maintenant c'est juste plus ou moins le moment de voir s'il va me suivre ou pas. J'aurais pu attendre encore un peu, histoire d'être sûre, mais j'ai le goût du risque faut croire. Et puis faut savoir montrer qu'on est entreprenant. Surtout dans ce genre de choses. Soit je réussis encore une fois, soit j'me fais rejeter comme une Opal, et ce sera certainement la plus grosse honte de ma vie. J'dois être mi-suicidaire, mi-accro au stress. Comme quoi. Donc je me rapproche, pas aussi près que les dernières fois seulement, et instaure le premier contact physique, je pose un doigt sur son torse.

- Si t'es resté c'est soit qu'tu veux continuer à parler, soit que tu comptes me faire visiter, j'me trompe ? Je laisse glisser mon doigt, l'arrêtant un peu avant la fin de ses abdos. Je penche alors la tête sur le côté, comme lui tout à l'heure, le même sourire, et le regard malicieux. C'est le moment où jamais les gars. Ce sera décisif. La suite de l'aventure se joue maintenant. Enfin on est quand même pas dans Koh Lanta, bien que ce que j'viens de faire soit limite aussi risqué que de bouffer un scorpion vivant.

Shay ressort enfin des toilettes, visiblement ravie de s'être lavée les mains. Ou juste de constater que je suis resté pour l'attendre, à voir. Elle me rejoint, et me demande si, puisqu'elle me tutoie, elle peut également m'appeler par mon prénom. Évidemment, l'un ne va pas sans l'autre ! Seuls quelques grands habitués de la salle de sport, en plus d'être mes élèves à temps plein - comme Adam Foster et ses amis par exemple - font un mélange des deux. Il m'appellent "Reid" et me tutoient. Ça ne m'a jamais vraiment dérangé, maintenant je vois plus mon nom de famille comme mon deuxième prénom, en fin de compte. Mais, puisque Shay a plutôt l'habitude de m'appeler "Monsieur" en temps normal, il est évident qu'elle ne va pas garder ce terme maintenant qu'on est en vacances et que je lui ai donné l'occasion de me tutoyer. Surtout dans de telles circonstances, en plus. Fais-toi plaisir, je réponds simplement, sourire en coin.

La blonde passe rapidement la deuxième. Elle n'a visiblement pas de temps à perdre, et ce n'est pas pour me déplaire. Elle s'approche en effet tout près de moi et entreprend un premier contact, posant un doigt sur mon torse. Puisqu'elle vient de les laver, ses mains sont froides, aussi je ne parviens pas à retenir un très léger frisson. Je suis discrètement du regard sous mes lunettes le parcours de son doigt, avec amusement. Il faut croire qu'elle a complètement oublié le rapport qu'un prof devrait avoir avec une étudiante. Mais bon, il m'arrive déjà de déroger à cette règle de pseudo-distance pendant la période scolaire et, je le dis et le répète, ce sont les vacances. Plus de règles, plus de limites, et plus de politiquement correct.

"Si t'es resté c'est soit qu'tu veux continuer à parler, soit que tu comptes me faire visiter, j'me trompe ?," demande-t-elle de son air malicieux et faussement ingénu. Je pouffe. J'ai eu tout mon temps pour te parler pendant l'année Shay, je pense qu'il y a plus intéressant à faire que de partager un thé et des petits gâteaux maintenant. Je fais mine de regarder tout autour de moi à la recherche d'un endroit sympa à visiter, puis me tourne à nouveau vers Shay. L'hôtel est sympa, mais y a pas grand chose à visiter ici, à part ma chambre. Alors si ça te tente de monter y faire un tour,.. Je laisse ma phrase en suspend, taquin. Inutile de perdre du temps, mh. Je passe alors une main dans le creux de son dos afin de l'inviter à m'accompagner à l'étage.

"Fais-toi plaisir" me répond Tyler lorsque j'lui demande si je peux l'appeler par son prénom. Ça fait bizarre. J'veux dire, pas mal de gens de mon âge s'appelle Tyler. Comme quoi Reid est pas franchement si vieux que ça. Et qu'il a encore tout d'un jeune, même le prénom. J'pense qu'j'vais avoir un peu de mal au début, mais ça viendra bien vite. Dans certaines situations, ça vient même naturellement vous voyez. Bientôt, j'espère, j'aurais plus trop le choix.

Il semblerait que j'aie réussi à attraper Reid. Quand j'vous avais dit que c'était pas bien compliqué et qu'il fallait seulement savoir le faire dans les règles de l'art pas que ça fonctionne. Finalement, le mec qu'a bouffé le scorpion s'est pas étouffé. Et tant mieux pour le coup. Reid regarde autour de lui, l'air de chercher quelque chose à visiter. J'me fiche bien de visiter le restau, l'accueil, les couloirs ou le local à poubelles. J'veux juste pouvoir être tranquille avec sa petite personne, histoire d'éviter correctement les emmerdes. Non mais parce qu'y aura toujours une ou deux langues de putes pour gueuler qu'on a baisé dans le couloir près des toilettes. Et puis bon, à la limite c'est pas moi qu'aurais le plus d'emmerdes, ce serait lui. Et ça fait chier quand même. Le rapport prof/élève pas respecté ça vaut cher. Surtout que là ce serait briser toutes les barrières hm. J'suis sûre qu'ils le renverraient. Sauf que je veux pas et lui non plus j'suppose. Alors on va se faire discrets.

"L'hôtel est sympa, mais y a pas grand chose à visiter ici, à part ma chambre. Alors si ça te tente de monter y faire un tour,.." Et comment refuser une telle proposition. C'est tout bonnement impossible. Même si j'le voulais pas, j'devrais le faire. Rien que le ton qu'il utilise pour me dire ça c'est une invitation au mal. Quand j'vous disais qu'il a un charme à tomber par terre. Pour toute réponse, j'me contente de sourire. Y a pas besoin de plus que ça, c'est bien assez. On se comprend pour le moment. L'une de ses mains se loge dans le creux de mon dos pour me guider jusqu'à l'étage où se trouve sa chambre, et je ne peux retenir plus longtemps un sourire satisfait. J'ai réussi. Enfin j'ai presque réussi. Le reste devrait être simple comme bonjour si vous voulez mon avis.

Même les couloirs de l'hôtel font carrément bourgeois c'est dingue. Jamais vu un bordel pareil. J'voyage un peu, mais j'vais jamais dans des trucs de ce genre pour y rester seulement une nuit. Jvois pas l'intérêt. Autant mettre moins cher mais pouvoir visiter une autre ville après, tu vois ? M'enfin. Finalement on arrive dans la chambre de Reid et j'dois dire que. Ouah. Elle a de la gueule sa piaule. C'est pas juste un lit autour duquel on a construit quatre murs. C'est vachement spacieux. On pourrait loger à 20 dans la pièce sans se toucher j'suis sûre. Le lit a l'air pas mal grand lui aussi. Et c'est pas plus mal. Mieux vaut avoir de l'espace. On a jamais trop d'espace. Croyez-en mon expérience.

- On s'embête pas trop dis-moi, ça va. Ça a l'air sympa. Le lit a l'air particulièrement confortable, je lance l'air de rien. La salle de bain est aussi grande ? je demande, me permettant d'avancer jusqu'à la porte entrouverte. J'en profite pour laisser glisser l'une de mes mains de son dos à ses abdos pour l'effleurer doucement, passant tout près pour rejoindre la salle de bain. Savoir en profiter lorsqu'il le faut. Savoir tenter lorsqu'il le faut.

Toujours utile d'avoir une grande salle de bain. Une grande douche et/ou une grande baignoire. C'est bien plus sympa. Y a des fois j'me dis que j'aurais dû prendre une chambre pour avoir le même confort. Mais après j'me dis que ça me donne toujours une bonne raison pour revenir par ici mh.  J'veux dire, y a pas de raisons qu'ça s'passe mal. Plus je regarde Reid plus j'me dis qu'ça va très très bien se passer. Parce qu'y a pas que ses abdos de bien musclés v'voyez. Il a aussi des fesses qui valent le détour mh. Et j'espère que j'pourrai très bientôt en profiter comme il se doit. Et qui sait ce qu'on pourrait découvrir d'autre.

Avant d'entrer dans la chambre, je jette un regard attentif tout autour de moi, puis scanne la carte magnétique. Mieux vaut être aux aguets, on ne sait jamais; si un étudiant ou un de mes collègues se promène par là, je risque gros. Déjà que je commence à avoir ma place sur le panneau d'affichage pour tout et n'importe quoi, je préfère garder un minimum d'intimité concernant ma vie privée. A la limite, si on tombait sur un étudiant qui ne prendrait pas de photo compromettante, ou sur un collègue sympa, ça passerait. Mais il suffit que cette vieille carne de Jordanne Sylvester décide de se poser pour faire une sieste à cet instant précis, et je suis foutu. Elle ne m'aime pas - pure jalousie professionnelle - et ne se gênera pas pour tout rapporter au directeur et là, je risque bien de me faire virer. Même si ce sont les vacances, ce que je trouve complètement aberrant, mais bon. Par chance, pas de Jordanne en vue, ni personne d'autre d'ailleurs, la voie est pleinement libre, pour notre plus grand plaisir.

Shay a l'air plutôt ébahie par la taille et le prestige de la chambre. Et ben quoi ? Je reste professeur d'une des plus grandes universités au monde, il faut bien ça pour une personne de mon rang... Non je plaisante, je me serais sûrement contenté du tiers. Seulement, la chambre était en partie payée par Enamor, notamment par mes heures sup' non rémunérées jusque là. J'avais bien le droit de m'accorder une telle suite vu les efforts accumulés tout au long de l'année, ça ne fait pas de mal. "On s'embête pas trop dis-moi, ça va. Ça a l'air sympa. Le lit a l'air particulièrement confortable." Je pouffe, avant de jouer discrètement de mes sourcils. T'as pas idée du confort que c'est, ce lit. Super large, dur mais pas trop pour ne pas se casser le dos, et plein d'oreillers. Il l'est ouais. Mais bon, quand on y dort seul, on s'y perd, tellement il est grand, j'insinue, avec plus ou moins de discrétion, l'idée qu'à deux, c'est mieux.

"La salle de bain est aussi grande ?" Avant même que je réponde quoi que ce soit, Shay s'en va vérifier par elle-même. Elle en profite pour effleurer mon dos puis mes abdominaux à son passage, et ouvre la porte de la salle de bain. Je reste dans un premier temps en retrait, et l'observe se diriger vers la seconde pièce. Je me doute qu'elle ne se gêne pas pour me mater, alors autant en faire de même. Et je dois avouer que je suis plutôt fier des heures d'entrainement qu'elle m'avait demandées. Elle était déjà bien foutue avant d'arriver dans ma salle de sport, mais là, ça m'éblouit. Ses jambes, ses fesses, tout en fait, c'est juste... Wow. Réjoui par un résultat aussi parfait, je laisse échapper un sourire, puis m'avance jusqu'à m'adosser à l'encadrement de la porte et croise les bras, amusé par la petite visite de Shay. La salle de bain est assez grande aussi ouais, comme tu peux le voir. On pourrait tenir à six sans problème dans la douche, et se faire une pool party privée dans la baignoire. Y a de quoi regretter de dormir en camping hein ?, je me permets de la taquiner. En vérité, je ne sais même pas où est-ce qu'elle s'est installée. J'ai simplement déduit le camping parce que je n'ai pas eu l'occasion de la croiser dans les parages auparavant. Elle est peut-être discrète mais, la connaissant, ça m'étonnerait pas mal.

"Il l'est ouais. Mais bon, quand on y dort seul, on s'y perd, tellement il est grand" répond Reid. J'esquisse un sourire. T'inquiète pas va, tu seras pas seul ce soir. Y a très peu de chances que tu te perdes. J'vais t'aider à pas te paumer, j'ai toujours eu un bon sens de l'orientation, il paraît mh. Demandez à Jake, si j'trouve pas toujours le bon chemin vous verrez. Et puis bon, j'vais pas laisser l'un de mes professeurs se perdre dans son lit, ce serait pas franchement sympa. Et puis vous me connaissez, j'suis gentille, toujours prête à aider les gens. Tant qu'ils font plus d'un mètre 75, qu'ils ont un minimum de tifs et de muscles, qu'ils sont sportifs, endurants, et incroyablement sexy, ça le fait. Ma générosité est sans limites, vous remarquerez.

Et putain, cette salle de bain est immense. On se croirait dans un de ses hôtels à Dubaï où les pièces font le quadruple de la taille normale, c'est de la folie. Bon là on est pas t'à fait au quadruple, mais au moins au double et demi. C'est dingue, il pourrait inviter tous les sportifs de l'UE à venir se laver dans sa salle de bain. Je me retourne, faisant face au sourire de Tyler, appuyé contre le chambranle de porte. mh, j'aime vraiment bien l'appeler comme ça, finalement. "La salle de bain est assez grande aussi ouais, comme tu peux le voir. On pourrait tenir à six sans problème dans la douche, et se faire une pool party privée dans la baignoire. Y a de quoi regretter de dormir en camping hein ?" me fait-il, taquin. Avec l'air qu'il a, ça me donne juste encore plus envie de lui faire un tas de trucs à faire pâlir les bonnes soeurs d'horreur. Faut croire que les têtes de con me font de l'effet. Plus que les pseudo-lovers à la Gabriel Laurence, coqueluche des vierges en chaleur, tout ce qu'il y a de plus ennuyant selon moi.

- Peut-être que je regretterais, ouais, si ça me donnait pas une raison de plus pour revenir par ici, je lui réponds avec un léger sourire en revenant vers lui. Rassurez-moi, vous compter pas inviter tous ces gens d'un coup au moins ? Mmh, des soucis avec le vouvoiement encore. Faut que je m'habitue. Mieux vaudrait tester à moins, si tu veux mon avis. Ce serait bête d'inviter ces gens et de pouvoir y loger qu'à deux, mh ? Je mords ma lèvre inférieure, croisant les bras comme lui. On va peut-être pas rester dans la salle de bain indéfiniment. Enfin du moins pas pour le moment. Et si on retournait dans la chambre ? Voir si ton lit est si confortable que tu l'dis.

A ce moment précis, j'ai juste une puissante envie de l'embrasser. Mais on va retenir ses petites envies pour le moment. Pas parce qu'il faut attendre, mais plutôt parce que j'ai envie d'attendre. Honnêtement, j'pourrais très bien me jeter sur lui maintenant, mais non. Plus on attend plus ce sera intéressant. Pas qu'j'sois refroidie, mais il fait pas encore assez chaud si vous voulez mon avis. J'l'ai attendu, je peux encore attendre. C'est l'histoire de quelques minutes. Je passe à côté de lui pour rejoindre la chambre, et ah merde quel dommage, y a pas assez de place pour que j'évite de le toucher. Oups, mauvais calcul. Shay est pas bonne en maths, non non non. Je laisse traîner mes lèvres sur son épaule, l'histoire de quelques secondes, y déposant un baiser. Faut quand même pallier à ses envies un minimum mh.

Shay revient vers moi, un léger sourire sur son visage. "Peut-être que je regretterais, ouais, si ça me donnait pas une raison de plus pour revenir par ici. Rassurez-moi, vous compter pas inviter tous ces gens d'un coup au moins ? Mieux vaudrait tester à moins, si tu veux mon avis. Ce serait bête d'inviter ces gens et de pouvoir y loger qu'à deux, mh ? Et si on retournait dans la chambre ? Voir si ton lit est si confortable que tu l'dis." Je dois avouer qu'elle me fait rire. Pas dans le sens où sa démarche est ridicule, bien au contraire. C'est juste que la situation est, avouons-le, plutôt improbable. Elle peine à me tutoyer, et à côté de ça elle nous veut ensemble dans un lit. Improbable, certes, mais pas dérangeant pour autant. Au moment où elle croise les bras et se mordille la lèvre, les miens se relâchent et mon sourire s'élargit. Mon regard oscille entre ses yeux et sa bouche. Je laisse mon index effleurer le coin de sa mâchoire et se balader jusqu'à son menton. L'embrasser ? Non, pas tout de suite. Ce serait trop facile. Mieux vaut attendre encore un peu, le moment fatidique n'en sera que plus beau. Ce n'est pourtant pas l'envie qui manque.

Shay sort finalement de la salle de bain. Malheureusement, le cadre de la porte est trop petit pour que l'on y passe facilement à deux, mince alors. Je ne me décale qu'à peine pour la laisser passer. Juste ce qu'il faut. Elle en profite pour déposer un infime baiser sur mon épaule à son passage. Tu joues avec le feu Shay, ne t'étonne pas si tu te brûles, à force. Je me retourne et la suis à nouveau jusqu'à la chambre. Je lui passe finalement devant, en laissant malencontreusement une main glisser dans le bas de son dos. Une invitation à me suivre, en quelque sorte. Puis, je vais m'assoir au fond du matelas, pose mes lunettes de soleil sur ma table de chevet, croise les bras derrière le crâne et m'appuie contre la tête de lit. Sans lâcher Shay du regard, je penche légèrement la tête sur le côté, un fin sourire en coin, afin de lui proposer de me rejoindre et de vérifier si "le lit est si confortable que ça." Je doute fort qu'elle ne le trouve pas à son gout de toute manière.

Ça se voit, qu'il en a envie, lui aussi, de m'embrasser. La façon dont il sourit, dont ses yeux passent des miens à mes lèvres, et l'index qu'il laisse glisser du coin de ma mâchoire à mon menton aussi. Ça se voit, mais pourtant il se retient, tout comme moi. Et tout comme moi, il sait certainement que ça va pas tarder à arriver, mais que pour le moment faut réfréner ses envie. Mais que ça risque de déménager une fois qu'on sera lancés. Il va passer la meilleure partie de jambes en l'air de sa vie. Et j'ferai absolument tout pour pas qu'il l'oublie de si tôt. Que Shay Marshall est imbattable, tous domaines confondus.

Tyler passe devant moi, laissant traîner l'une de ses mains dans le bas de mon dos, histoire de m'inviter à le suivre. J'aime bien ça. Je m'arrête au pied du lit, croisant de nouveau les bras, l'observant attentivement gardant un léger sourire en coin. Il va s'installer sur le matelas, bien au fond. Il pose ses lunettes de soleil, croise ses bras derrière sa tête, et s'appuie tranquillou contre la tête de lit. Sans me lâcher du regard. Ai chaud moi. Il penche légèrement la tête sur le côté, réaffiche l'un des fins sourires dont il a le secret. J'sais pas ce qui m'empêche de le bouffer maintenant tout de suite. Ma retenue légendaire, très certainement. Laule. J'viens de vous sortir la plus grosse blague de l'année, l'absurdité du siècle. Le jour où j'ferai preuve de retenue comme une vierge effarouchée, Jordanne Sylvester se trouvera un mec. Autant dire qu'ça n'arrivera jamais, vu qu'elle a l'air plutôt lesbienne. Ou d'aimer personne tout court, en fait.

Je passe mes mains dans mes cheveux, avant de grimper sur le lit pour rejoindre Reid, une patte de chaque côté de lui. Je laisse mes lèvres l'effleurer du bas de son ventre jusqu'à son cou, où je dépose un ou deux baisers. Sent bon, Tyler Reid.

- Effectivement, il a l'air bien, ton lit, je fais tout bas, me redressant pour attraper mon téléphone que j'avais coincé sur le côté de mon haut de maillot. Je me sépare jamais de mon téléphone. Chose à savoir et à retenir. Je pose mon portable près de ses lunettes de soleil, sur sa table de nuit. Enfin vous remarquerez, quand même, que j'en ai strictement rien à cirer, de son matelas, à ce moment précis. Il pourrait être dur comme du béton ou mou comme de la guimauve que j'en aurais rien à branler.

Comme lui tout à l'heure, je passe mon index du coin de sa mâchoire jusqu'à son menton, à la différence que tout de suite, là, on est bien plus proches. Que j'ai plus chaud. Et que je peine un peu plus à me retenir de choper ses lèvres. La vie est bien plus dure qu'elle en a l'air. Surtout quand on est dans une situation pareille mh. Mon index vient légèrement relever son visage, mais j'regarde plus ses yeux depuis bien longtemps. Fifi a raison, les Moonstone me brûleront vive un jour.

- J'crois que j'ai très envie de t'embrasser, là maintenant, je souffle, ne pouvant plus m'empêcher d'au moins effleurer sa bouche, tandis que mes mains descendent dans sa nuque.

Sauf qu'j'ai plus envie de me retenir. Qu'y en a certainement plus besoin, de mon point de vue à moi. C'est inutile d'attendre plus longtemps, et puis tant pis si vous me prenez pour une faiblarde, j'assume. Ne retenant plus mes petites envies, je décide de franchir les derniers millimètres qui séparent ses lèvres des miennes. Et bordel j'ai l'impression qu'c'est la libération, sans déconner. Mais ça ça reste entre vous et moi mh.

Comme prévu, Shay me rejoint sur mon lit. Enfin, sur mon lit... Techniquement, oui, mais elle a plus l'air intéressée par moi que par le confort de ma chambre, pour ainsi dire. Et ce n'est évidemment pas pour me déplaire. Elle passe en effet ses jambes de chaque côté des miennes, et commence doucement à se lâcher. Ses lèvres se promènent du bas de mon ventre jusqu'à mon cou, avant d'y déposer quelques bises. Je contracte ma mâchoire pour résister aux quelques frissons qui me parcourent, et tourne la tête sur le côté afin de laisser place libre aux volontés de Shay. "Effectivement, il a l'air bien, ton lit" fait-elle avant de déloger son portable et de le poser sur la table de chevet, à côté de mes lunettes. A ses mots, je retourne la tête en sa direction, et lui souris à nouveau, l'air à la fois fier et malicieux.

J'ai rarement vu Shay d'aussi près. Sûrement jamais, même. C'est très agréable, d'ailleurs. Elle m'imite en laissant son index se balader de ma mâchoire à mon menton, et relève légèrement mon visage. Comme tout à l'heure, je peine à m'empêcher d'alterner les regards de ses yeux à sa bouche. Sauf que là, la tentation est d'autant plus rude qu'à peine quelques centimètres nous séparent. Je me mordille la lèvre inférieure, sourire en coin. "J'crois que j'ai très envie de t'embrasser, là maintenant." Et moi donc Shay. Mais est-ce que c'est vraiment raisonnable ?

Et après tout, est-ce qu'on a vraiment besoin d'être raisonnables ? Non, pas vraiment. On n'est que deux, ici. Elle, moi, et personne d'autre. Alors où est le problème ? Nulle part. Il n'y a aucun problème. Le seul problème qui pourrait se poser ici est, qui de nous deux craquera le premier. Mon sourire s'étire un peu plus. Je vois pas ce que t'attends, je lui réponds tout bas, passant une main dans ses cheveux tandis que ses lèvres s'approchent dangereusement, au point d'effleurer les miennes.

A partir de là, plus aucun problème ne se pose. Shay craque la première, et vient m'embrasser. La libération soudaine, quel bonheur. C'est comme si je l'avais attendu pendant des semaines, alors que l'on ne s'est croisés qu'il y a une heure, tout au plus. A croire qu'elle est irrésistible. Sans jamais me décrocher de ses lèvres, je laisse ma main libre parcourir son dos, effleurant sa peau du bout des doigts.

Que le jeu commence. Hors de question que je me laisse guider ainsi plus longtemps. Je me retourne, entrainant Shay dans mon élan, et me retrouve alors juste au-dessus d'elle. Ma main qui s'occupait de lui caresser l'échine, se plaque finalement dans le bas de son dos et soulève légèrement la belle blonde, afin de laisser le moins d'espace possible entre nos deux corps. Je me détache finalement de ses lèvres l'espace d'un instant, et remonte jusqu'à son oreille. T'as pas peur de jouer avec le feu, Shay ? je souffle en lâchant un léger rire. Je descends alors le long de son cou, déposant au passage quelques bises ici et là, jusqu'à atteindre son épaule. Pas très pratique, cette ficelle de son maillot de bain. Il faudra que je pense à la lui retirer.

Je le sens frissonner sous mes baisers, même s'il semble vouloir résister à l'effet que je lui fais. Et j'trouve qu'y a rien de plus plaisant que ça. De savoir que c'qu'on fait a un impact. Surtout quand c'est le cas pour ta petite personne aussi. C'est réellement agréable. J'aurais très bien pu attendre encore avant de céder, mais c'était tout bonnement impossible. Ça devenait limite une obsession. Et avec ses dents qui s'attaquaient à sa lèvre inférieure, son sourire en coin et "Je vois pas ce que t'attends", j'pouvais décidément pas résister une seconde de plus. Et ça fait tellement de bien. Comme de l'eau après une traversée du Sahara sans de quoi s'hydrater.

Sa main libre - l'autre s'étant glissée dans mes cheveux juste avant que nos lèvres se joignent - effleure mon dos, et il ne m'en faut pas plus pour que je frémisse à mon tour. Putain c'est clair. J'veux ce mec comme j'ai jamais voulu personne auparavant. Le fait que l'autre m'ait pas accompagnée au FEQ, le lit trop confortable, ou juste Reid, lui et seulement lui, son charme et ses sourires en coin carrément irrésistibles, j'sais pas exactement c'que c'est, mais ça me fait définitivement de l'effet. J'pense que la dernière hypothèse est certainement la plus plausible. Personne peut rester de marbre face à un homme pareil, même avec 16 ans d'écart. C'est probablement ça le meilleur, même.

Le mâle dominant ne tarde pas à se manifester, et ça ne me déplaît franchement pas. Rapidement, Tyler se retourne, m'entraînant avec lui, j'me retrouve allongée sur le matelas. Et j'peux que confirmer à nouveau, il est parfait. Sa main occupée à caresser mon dos se retrouve plaquée dans le creux de mes reins, m'attirant vers lui pour réduire un maximum l'espace entre nous deux. Sauf que ça ne suffit pas tout à fait, pas de mon point de vue en tout cas. J'ai terriblement envie de sentir sa peau contre la mienne. Et même, ce n'est plus une envie, c'est limite devenu un besoin, j'en crèverais. Alors que mon corps se cambre presque automatiquement, Tyler détache ses lèvres des miennes et me souffle "T'as pas peur de jouer avec le feu, Shay ?" tout en lâchant un rire. Je pouffe à mon tour, caressant tout doucement sa nuque. L'interdit ne me fait pas peur, au contraire, j'trouve ça particulièrement excitant, si c'est plus ou moins la question. J'adore ça. Les règles sont faites pour être brisées, à quoi serviraient-elle sinon ? Il n'y en aurait pas, c'est aussi simple que ça, si tout le monde les respectait.

- Au contraire, j'adore ça, même. J'le dompte, moi, le feu. Je laisse échapper un soupir, sentant ses lèvres descendre le long de mon cou. Ce serait plutôt à moi de te demander ça, mh ?

L'une de mes mains part caresser ses omoplates, descendant peu à peu vers ses côtes. Mes doigts se crispent, autant sur sa nuque que dans son dos, lorsqu'un long frisson remonte jusque dans mon cou. Cette zone est vraiment hypersensible dans de telles circonstances. L'un de mes pieds effleure doucement son mollet, et continue son chemin pour venir se caler juste au-dessus de ses fesses. il est vite rejoint par son frère, ma deuxième jambe venant elle aussi s'enrouler autour de ses hanches. Y a peu de moyens d'être plus près. Enfin si. Mais j'veux choquer personne mh.

Mes pieds, coquins qu'ils sont, commencent à plus ou moins jouer avec la ceinture du bermuda de Reid. Mais hophophop, faut attendre encore un petit peu. Sont impatients les vilains. J'vais pas le dessaper tout de suite, quand même. Patientons. Mais c'est vrai que j'ai bien envie d'avoir ses fesses pour moi mh. Je laisse tomber ma tête sur le côté, voulant retrouver ses lèvres sur les miennes. J'aime ce qu'il me fait, le souci n'est absolument pas là, mais on en manque vite. Mon index passe sur sa joue, puis court le long de sa mâchoire tandis que je me mords la lèvre, victime d'un nouveau frisson. Rah bâtard j'aime ça. Et c'est que l'début.