Début d’après-midi et un temps plutôt clément. La journée s’annonçait parfaite. Je me vois déjà aller dans une salle de classe isolée afin de danser ou mieux, voir le beau Adam où la dernière fois que je l’avais vu sa présence ne m’avait pas laissée indifférente. Un beau programme en somme puisque Enamor avait revêtit ses couleur d’hiver, un épais manteau de neige recouvrait le sol. C’était la 3ème fois de ma vie que j’en voyais, autant vous dire que je me transformais en véritable enfant. Je goûtais même (discrètement) la neige pour voir si ça avait un goût particulier. Il y avait des lumières de noël accrochées aux lampadaires enveloppant la ville d’une joyeuse ambiance festive.
Je m’étais presque habituée au froid Canadien, emmitouflée dans un manteau gris, des gants en cuir noir et ma grosse écharpe rouge qui faisait penser à un gros doudou je m’armais d’écouteur. La musique In Bloom de Nirvana résonnait à présent dans mes oreilles : He's the one
Who likes all our pretty songs
And he likes to sing along
And he likes to shoot his gun
But he knows not what it means
Knows not what it means when I say ah...
Puis quelques minutes plus tard la musique changea pour passer à un tout autre répertoire : le concerto de Beethoven, le 5ème mouvement. Les cordes commençaient tout d’abord andante puis vient ensuite les flûtes qui font leur apparition. Je fermai les yeux, transportée par la beauté de ce concerto. Puis, j’entendis comme une petite voix qui m’appela. 30 secondes plus tard je mis en pause mais je n’entendais rien. Je deviens folle ou quoi ?
Et d’un coup une voix familière qui criait la fin de mon prénom «éééééé » Je regarda derrière moi puis à ma gauche, devant moi et je reçu à ma joue droite un coup de poing. Je m’écroulai dans la neige. Folle de rage je lui lança un regard vengeur, presque tueur. Je me releva aussitôt et lui lança un sourire cruel, d’une voix mauvaise et pleine de haine je lui lançai :

-Oh toi mon coco tu ne me connais pas… Tu sauras bien vite qu’on ne s’attaque pas à moi.

J’entendis derrière lui un rire moqueur. Ils étaient deux. Et à terre coincé au fond de la ruelle je vis… Nathan. C’était lui qui m’avait appelé. Je lui lançai un regard noir, j’étais folle de rage à présent. Aussitôt, dans mon élan de folie je lui pris les épaules et avec mon genou lui assena de toutes mes forces un coup aux parties génitales. Il s’effondra par terre et j’en profitai pour lui foutre un coup de pied à la tête. Il tomba par terre, évanoui. Je l’avais eut par pur effet de surprise mais ma force ne me permettait pas de me battre face à l’autre sans effet de surprise. J’allais plutôt jouer sur la ruse. D’une voix glaciale je m’adressai à l’autre. Mon attitude était menaçante et imposante, je fulminai de rage.

-Tu viens de faire la pire erreur de ta vie toi en t’attaquant à lui… Maintenant tu le lâches si tu ne veux pas finir comme ton misérable pote qui est à terre comme une pauvre merde.

Suite à ma menace le gaillard n'insista pas, me prenant sans doute pour un génie des arts martiaux. Il emporta son  pote avec lui et je tournais maintenant mon regard vers mon ami. Je courus vers lui et le releva délicatement le calant contre moi. Il parvint à murmurer mon prénom. Le voir autant souffrir me faisait tout autant du mal. Je n'étais pas intervenue assez tôt.

Puis, lorsque Nathan se mit à pleurer je ne savais trop quoi faire. Faire un câlin était tout sauf dans mes habitudes. À vrai dire, j'avais eu extrêmement peur aussi. Maintenant que les deux ordures étaient parties je réalise que j'aurais pu être à deux doigts de finir comme lui: humiliée, par terre et le visage en sang. Avec l'adrénaline je n'avais quasiment rien senti du coup reçue tant j'étais folle de rage mais maintenant je ressentais la douleur monter progressivement au niveau de ma joue. Mon dieu... j'allais aller au bal de noël avec un énorme bleu disgracieux. À cet instant je regrettais même de l'avoir sauvé. Comme d'habitude dans ce genre de situation mon égoïsme reprenait le dessus.

Il se remit à terre et je ne pus que lui caresser la tête. Il y eut un blanc, j'entendais ses reniflements juste ses reniflements et son corps bouger dans la neige.

-Chhhht, ça va aller.

C'était là mon maximum. Je toussa bruyamment, être par terre avec toute cette neige n'était pas très bénéfique... À vrai dire j'étais plus forte pour jouer la grosse loubarde que pour faire la gentille petite infirmière qui réconforte.

Je pressa ma main sur ma joue, comme si cela pouvait changer quelque chose, ce geste reflétait un simple réflexe qui est égale à se lécher une blessure de la main. Il n'y a qu'un intérêt psychologique qui est celui de nous rassurer. J'enleva ma main de ma joue pour chercher des mouchoirs dans ma poche quand quand Nathan me colla de la neige sur la joue, je réprima ma surprise et un cri de stupeur. Je ne m'attendais pas à tout ce froid en une fois ni même à qu'il colle ses mains ensanglantées sur mon visage.

"Je suis tellement désolé, je sais pas pourquoi je t'ai appelé, c'est de ma faute si maintenant tu es blessé."

Mon regard était quelque peu déconcerté, il était maintenant trop tard pour s'excuser une fois le mal fait. Il m'avait appelé et puis tant pis, maintenant il était temps juste de réparer les dégâts.
"Ça pique je sais, mais ça te fera que du bien par la suite."

Effectivement ça piquait beaucoup, mes petites grimaces de douleur étaient compréhensibles. Je n'appartiens pas à cette catégorie de personne qui possède l'intelligence de ne pas être agacée lors d'un contact physique avec un ami simple. Ma tête se baissa, comme pour rappeler que j'ai autre chose à faire.
Je fis mine de chercher à nouveau mon paquet de mouchoir dans ma poche d'un air concentré. Je déplia le mouchoir et décida de l'appliquer sur ses blessures en sang qui était malgré tout beaucoup plus graves.

"Tiens, prends-le."
Il me pris de court, j'ouvra grand les yeux et ouvra la bouche d'un air hébété. Je n'avais pas remarquée que je tremblais, ce fut sûrement de peur une fois le choc passé. Et après tout, le grand blessé dans l'affaire ce n'était pas moi, c'était lui. Déconcertée par tant de gentillesse je ne sus vraiment que faire lorsqu'il me mit son manteau sur moi.

"Si tu savais à quel point je m'en veux Chloé. Pardonne-moi, j'aurais dû essayer de me défendre et ne pas appelé à l'aide. À cause de moi, te voilà blessé."

-Nathan... je marqua un temps avant de reprendre. Mon attitude était maintenant sûre et sage. Je ne viens pas en aide aux personnes que je n'aime pas. Si je suis venue c'est par pur choix, ce qui est fait est fait et il est trop tard pour s'excuser. Tu ne sais pas te battre et moi non plus d'ailleurs. Et puis le grand blessé dans l'affaire ce n'est moi c'est toi, allez hop récupère ton manteau.

J'avoue que la délicatesse ne fait pas partie de mes grandes qualités, je suis plutôt quelqu'un de bourru mais je ne voyais pas comment le dire avec comment dire.... Plus de diplomatie.
J'enleva aussitôt son manteau, je n'étais pas en sucre et j'avais connue bien pire même si le froid ne m'étais pas quelque chose de familier. Par contre ce que Nathan ne voyait pas c'est que j'avais 5 couches sous mon manteau (je ne suis pas habituée au froid je vous l'ai dit..), si j'avais tremblé c'était à cause de toute la pression que j'avais accumulée lors de cette "bataille" qui était retombée. Je sortis donc des mouchoirs et épongea le sang aux endroits où il saignait. Je lui pris par le bras et l'aida à se lever. Je lui donna ses béquilles.

-Viens, tu seras mieux au chaud et ce sera plus simple que de te soigner dans la neige.
D'un regard furtif j'observait si les deux ados n'étaient plus là. C'est bon, on pouvait y aller.

"Bon"
Nathan sembla avoir compris que je l'avais fait par pur choix et tant mieux, les fleurs dans le genre Mon dieu tu es ma sauveuse! Trop gentille! ce n'était pas pour moi. Je préférais de loin les compliments sur le physique, donc oui c'était superficiel mais les vrais sentiments pur m'effraie. Je pense que c'est ça. Les sentiments à l'eau de rose mais qui pourtant respirent d'un accent de vérité m'effraie trop. Je préfère me réfugier dans une illusion plastique.

"Mais, tu es sûr que ça va aller pour toi?"
Mes maximillaires se resserrèrent et j'eut un petit bruit au niveau de la langue d'agacement.

-Mais oui, arrêtes de t'inquiéter, jsuis pas en sucre.

J'espérais sincèrement qu'à la suite de mon ton dur il n'allait pas s'excuser une fois de plus. Je ne supportais pas non plus les excuses incessantes dites sur un ton de teckel. J'aida nathan à se relever et l'aida à marcher, l'incitant à s'appuyer sur mon épaule. Pour l'aider à s'appuyer sur moi je lui pris sa seconde béquille puis lentement nous nous dirigâmes vers un bar.
Les passants semblaient être plus présent une fois éloigné de la ruelle et ils nous regardaient avec de grands yeux. Curiosité qui m'agaçait. Si ça ne tenait qu'à moi je leur beuglerait de regarder ailleurs pour aller se faire foutre aussi soit dit-en passant.
Nathan quant à lui penait à marcher, déjà que par habitude il éprouvait des difficultées. Là, il semblait vivre un véritable calvaire. Je ne le montrais pas mais je me faisais beaucoup de soucis pour lui, lançant des regards réguliers et nerveux vers mon protéger.
Une fois dans le bar je poussais violement la porte avec mon pied ce qui bien évidemment choqua les serveurs mais je m'en foutais pas mal. Je voulais me réchauffer et rien d'autre.
Une fois tout les 2 assis, nous semblions chacun revivre et nous étions soulager d'être enfin assis et au chaud.

-Je te payes quoi? Café? Alcool? Choisis ce que tu veux.

Je voyais déja venir la réponse de Nathan. Quelque chose du genre: Oh non ne t'embête pas, je paye! Tu as déja tant fais pour moi!
Rien que d'imaginer cette scène cela m'agaça d'office.
Mais qu'il laisse tomber, je paye et un point c'est tout et pas de discussion sur ce sujet.

"J'veux bien un café noir serré "
Ah? Je l'aurais plus vu avec un thé vert ou encore un chocolat chaud, pas vraiment avec un son café noir serré. J'interpellas le serveur qui faisait mine d'être occupé à quelque chose mais nous étions quasiment seuls, son astuce était bonne mais dommage pour lui j'avais travaillé dans la restauration pendant quelques vacances donc je connaissais l'astuce qui consistait à prendre sa pause et faire mine de travailler.
Je commanda donc son café sans sucre, noir et serré avec un verre de vin rouge pour moi. Je fus contente de voir nos commandes arrivées après, après l’effort le réconfort. Je profita de ce verre de vin bien mérité, ce n'était pas un vin de haute qualité mais il était tout à fait acceptable à goûter malgré tout.

"Au fait tu écoutais quoi en chemin? "
Je fis surprise que malgré qu'il était en train de se faire battre il ait remarquer ce détail infime qui était mon port des écouteurs. Je me demandais sincèrement si ce timide allait connaître. Je le voyais plus écoutant un prélude de Chopin que In Bloom de Nirvana.

-J'écoutais In Bloom du groupe Nirvana, tu connais?

Cependant je me souviens que lors de notre rencontre il jouait à merveille de sa guitare. Donc peut-être était-ce une référence pour lui.