C'est la tête haute et le sac sur le dos que je rentre, pour la première fois dans les couloirs de ma nouvelle université. L'université de mes rêves, située en plein cœur de Montreal. Ça faisait longtemps que j'attendais -et en même temps appréhendais- ce jour. J'étais excitée, j'allais faire de nouvelles rencontres, j'allais apprendre des nouvelles choses et surtout, c'était un nouveau départ pour moi. Une nouvelle Anna allait naître, enfin... Je l’espère.

 On m'avait dit de rejoindre une certaine Sam, elle était présidente de ma maison et si j'avais des questions c'était à elle de les poser. Je traversais à toute vitesse les couloirs de la grande université sans vraiment faire attention aux gens autour de moi. J'étais trop occupée à contempler les fenêtres, les murs et toutes les salles autour de moi. J'avais l'impression que tout ça n'était pas réel. C'est un rêve de gosse qui se réalise. Pour beaucoup venir à l'université c'est emmerdant et chiant mais pour moi c'est génial. J'ai hâte d'être en cours, d'analyser des livres en littérature, de rédiger des articles pour mes cours de journalisme ou encore de faire des dissertations. Certains diront que je suis complètement folle d'aimer travailler mais pour moi c'est surtout un échappatoire, une façon d'oublier.

 Ça fait bientôt une heure que je cherche l'endroit ou je suis sensée être. J'ai peur de faire attendre cette fameuse Sam. C'est tellement grand ici, j'ai l'impression que je suis passé six fois devant cet escalier. Je soupire et je regarde autour de moi, à la recherche d'un inconnu ou d'une inconnue qui pourrait m'aider. Justement une fille qui a l'air sympathique à première vue passe devant moi.

Excuse moi, je cherche Sam, hum... Sam Felicis je pense.

J’espère qu'elle la connait sinon je suis un peu dans la merde et dire que je suis déjà perdue, ça fait combien de temps ? A peine une heure que je suis ici ? Je vais bien galérer je pense... Déjà plus jeune j'avais aucun sens de l'orientation, je me perdais dans ma petite école de 200 élèves, j'étais vraiment ridicule... Je me perdais également sur le chemin de l'école, pourtant c'était très simple, c'était tout simplement tout droit, mais évidemment je pensais que traverser un chant allait être un excellent raccourci, mais oui Anna, évidemment.

La jeune femme que j'avais abordé est jolie, grande et bien habillée. Elle avait tout pour plaire. Elle sursauta avant d’annoncer que Sam c'était elle. Wow, de la chance sur ce coup là ! Elle était donc la présidente de la maison Opal, ça doit être une chouette expérience, franchement. Sam fit un grand sourire et je lui rendis. J'aime me montrer souriante, d'ailleurs je déteste les gens qui ne répondent pas à mes sourire ou mes bonjours. Je peux vite me faire une idée préconçue sur la personne rien qu'à la façon dont elle m'aborde, enfin bref... Je m'égare !

Oh ! Eh bien, enchantée Sam !

M'exclamais je en plaçant une mèche blonde derrière mon oreille. Annabelle, ça sonne bizarre, ça fait longtemps qu'on ne l'a plus appelée comme ça. C'était sa mère qui l’appelait comme ça, elle ne me donnait pas de surnom, seulement Annabelle, ça sonnait si doux dans sa bouche. Ma mère était si belle, elle était grande, blonde et elle avait un sourire qui malgré ses 40 ans en faisait tomber plus d'un. Depuis son décès je refuse catégoriquement qu'on m'appelle Annabelle, ça me rappelle trop de souvenirs. Je suis venue ici pour essayer d'oublier mon passé alors maintenant c'est Anna, et pour tout le monde, pas d'exception. Même ma famille ne m'appellent plus comme ça, mon frère a eu du mal à l'accepter mais il s'y est fait. En même temps je ne répondait pas quand il m'appelait par mon vrai prénom, je refusais de lui parler même. Quand je repense à lui j'ai presque les larmes aux yeux, il me manque et je me sens perdue sans mon protecteur.

Hum... Oui c'est ça, mais je préfère Anna.

Dis je en se mordant légèrement la lèvre inférieure, un peu gênée. Autour de moi, des gens sortaient et rentraient dans les salles comme dans une usine, ça grouillait de monde. Je n'avais pas l'habitude de tout ça. Avant j'étais dans une petite école d'à peine 200 personnes alors ça change. Je me sens si petite ici, je connais personne et je me sens vraiment seule. Même si c'est mon premier jour... Ne pas avoir d'amis c'est assez difficile, mais bon après tout je suis habituée à la solitude. Enfin, peut être que cette Sam va devenir mon amie ? Qui sait ce que l'avenir nous réserve ?

J'avais peut être changé de comportement rapidement mais mon sourire regagna immédiatement mon visage, j'essaye de ne pas montrer mes émotions, je n'aime pas qu'on sache ce que je ressens ou ce que je pense, je préfère garder ça pour moi. Je suis maître de mes sentiments et personne d'autre doit lire en moi comme dans un livre ouvert. Je me suis endurcie, avant j'étais juste la fille sympa du coin qui rigole tout le temps. Maintenant on me qualifie d'un peu mystérieuse mais toujours joviale et je compte bien le rester. Je ne veux pas partager ma mauvaise humeur ou mes problèmes avec les autres... La jolie Sam était un peu gênée et confuse, zut, j'espère qu'elle ne va pas se sentir coupable.

Pas de soucis, ne t'en fais pas!

Elle essaye de détendre l'atmosphère et je lui suis reconnaissante, elle m'a l'air chouette. Je souris et je serre mon sac contre mon ventre, j'avais emporté que le stricte minimum, quelques souvenirs, des vêtements et mon téléphone, pas grand chose quoi.

Je vais les déposer ici.

Je mets mon sac sur le fauteuil en satin et je retourne auprès de Sam qui me demande si j'ai des questions.

Non, pas vraiment,... Enfin si, pourquoi il y a des maisons et pourquoi suis je dans celle ci?

Je n'avais pas vraiment compris ce système de maisons mais j'avais simplement écouté ce qu'on m'a ordonné. C'était des sortes de clans ? De sororités ou simplement des groupes qu'on t'attribuaient aléatoirement ? Je savais pas trop mais je suppose que Sam à la réponse à la question. J'étais un peu timide et je ne posais pas de questions en général mais la présidente me donnait l'impression qu'on pouvait tout lui demander, même les questions les plus absurdes.

Je suppose qu'elle a l'habitude qu'on lui pose ce genre de question, à mon arrivée ici on ne m'avait pas vraiment expliqué le système de maison, j'en déduis que tous les élèves passent par là et se demandent ce qu'ils foutent ici alors. J'essaye de l'écouter attentivement mais les longs discours comme ça, ça m'enchante pas trop et je me perds vite dans mes pensées, j'ai toujours été un peu distraite, même beaucoup. En cours, enfin surtout en maths je préférais regarder les oiseaux et les enfants par la fenêtre. Bon, ici ça va être différent et je vais être plus attentive, forcément. J'ai choisi des cours super intéressants, je serai à fond dedans et je ne perdrai pas une miette de ce que dit le professeur.

Je quitte mes pensées pour revenir à Sam, donc c'est des sortes de groupe en fonction de ta personnalité, voilà qui est plus clair et logique. M'enfin, je trouve ça un peu bizarre de séparer les élèves en quatre  groupe, ça créé des conflits inutiles je trouve... Après il y'a sûrement des points positifs, tu te retrouves avec des gens qui te ressemblent. J'hoche la tête pour monter que j'ai compris, plus ou moins.

Ok, je comprends.

Donc je suis dans le groupe des simples et gentils, je suppose que ça me va bien. En tout cas c'est ce que affirme Sam, tant mieux !

Oh, eh bien merci ! Je n'ai pas d'autre question !.

J'ai juste hâte de découvrir la vie à l'université, de m'amuser et de suivre des cours que j'ai choisi et qui me plaisent. J'ai hâte de faire la fête, enfin si on m'invite, et j'ai également hâte de faire de nouvelles rencontres. J'espère que je vais me faire des amis parce que faire sa place dans des groupes déjà formés c'est pas facile.

Je lui rendis son sourire, on a déjà un point commun, on aime toute les deux sourire. Puis, comme ça les gens croient qu'on est constamment heureuse et que notre vie est un petit nuage rose.C'est ce que j'essaye de monter aux autres, je veux qu'ils pensent que ma vie est parfaite et sans problèmes. Je n'ai pas envie qu'ils partagent ma souffrance intérieure de merde, excusez moi pour le vocabulaire. Ça fait neuf ans que j'essaye de me reconstruire et même si j'ai fait le deuil de ma mère j'y arrive pas, enfin si un peu. Je me suis épanouie surtout grâce à l'écriture. M'enfin, ici c'est un nouveau départ pour moi  alors je vais un peu arrêter de me plaindre et devenir une nouvelle Anna pleine de joie, de bonne humeur et surtout une Anna qui profite de la vie. L'Anna de mes rêves quoi.

Bon, les chambres, je sais pas comment ça se passe de ce côté là non plus et je ne sais pas si on est seule ou accompagné. On verra au pire.

Et toi sinon, ça fait combien de temps que tu es ici ?

Je demande, curieuse en la suivant dans les couloirs de la maison d'Opal, parce que si elle est présidente ça doit faire un bon bout de temps qu'elle est à l'UE... Et dire que j'y suis, à l'université, ça y est. Je n'en reviens toujours pas, c'est grâce à mon frère que j'ai intégré l'école et je lui suis reconnaissante, il m'a toujours soutenu et protégé, c'est une personne plus qu'importante dans ma vie.

J'avais entendu quelques rumeurs sur l’université mais je n'y avais pas prêté attention, on m'avait dit qu'il y'avait une sorte "d'harceleuse" qui rabaissait constamment les élèves d'Enamor. M'enfin, j'y crois pas trop, vous savez les rumeurs ça va très vite et la plupart d'entre elles sont complètement fausses. Je suis pas venue ici pour me disputer avec des gens ou encore faire véhiculer des rumeurs, je compte bien rester pacifiste et rester à l'écart des mauvaises fréquentations. Enfin j'essayerai, après ma première tentative de suicide je commençais à fréquenter des gens vraiment pas bien, j'avais à peine 14 ans et ils me faisaient boire jusqu'à en vomir. Je pensais que c'était ça la liberté, mais pas du tout. Je l'ai réalisé seulement à mes 18 ans, j'ai donc perdu 4 ans de mon existence à faire des conneries et à être défoncée du soir au matin.

Ah oui, tu connais tout le monde alors haha !

Pourquoi j'avais choisi Enamor ? Parce qu'on me l'avait conseillé et qu'il y avait une excellente formation pour le journalisme et la littérature alors je n'ai pas réfléchis et j'ai foncé. J'espère que je ne vais pas le regretter...

On m'a dit que c'était une bonne école, même si j'ai entendu quelques rumeurs...

Je suppose qu'elle doit être au courant de tout, 3 ans ça fait un bon bout de chemin.

Pas amie avec tout le monde ? Çà ne m'étonne pas, je suppose qu'il y ici aussi des mauvaises personnes, un peu comme partout en faite. Depuis deux ans je suis assez sélective, je choisi mes amis et ils doivent correspondre à mes critères, c'est à dire simple, ouvert d'esprit et respectueux. Après, j'accepte à peu près tout le monde monde et je comprends totalement que chaque personne à ses défauts mais j'aime que mon entourage soit digne de confiance.

Je comprends, on peut pas aimer tout le monde.

Dis-je simplement en haussant les épaules, Sam avait l'air de quelqu'un de bien, je l'appréciais déjà. Elle s’interrogea sur les rumeurs que j'avais entendues, je suis sûre qu'elle est déjà au courant mais elle veut sûrement savoir si on parle de la même chose. On ne m'avait pas donné de nom précis de cette "harceleuse" mais je suppose qu'elle en a un, c'est sûrement une sorte de gossip bidon qui assume pas et qui se cache derrière un écran.

Hum... Apparemment il y'aurait une "cyber-harceleuse" mais franchement, je m'enfiche un peu.

Ce genre de gaminerie ne m’intéresse vraiment pas et ce n'est pas dans mes projets de m’intéresser à ces choses là.

Je suppose qu'elle est du même avis que moi, on ne peut pas côtoyer tout le monde et encore moins leur faire confiance, enfin bref. Elle prend un air assez sérieux qui m'inquiète un peu à vrai dire, c'est donc bien vrai cette histoire d'harceleuse ? Ça avait l'air de l’inquiéter, je suppose qu'elle se fait du soucis pour moi, elle doit penser que je suis inconsciente et naïve mais je sais typiquement à quoi ressemble ces gens là, ces harceleurs qui pensent détenir tout le pouvoir. Ce sont simplement des gens qui sont mal dans leur peau et qui ressentent le besoin de rabaisser les autres. Ils sont tout simplement ridicule, j'ai même envie d'en rire. Je m'y connais, j'ai déjà eu affaire à ce genre de personne, je me suis déjà fait harceler et croyez moi ce n'était pas du léger. On me suivait dans la rue, m'insultait à peu près tout le temps, ça allait même jusqu'à me frapper. C'est à cette époque là que j'ai tenté de me suicider pour la deuxième fois puis j'ai décrété qu'ils n'en valaient pas la peine et qu'au fond d'eux ils étaient aussi mal que moi. J'ai simplement arrêté de leur répondre et ils ont alors arrêté de m'embêter en voyant que je n'entrais plus dans leur jeu. Enfin, tout ça pour dire que je n'ai pas peur, plus peur.

Eh bien, cette Dame du Tableau ne me fait pas peur, c'est quand même ridicule de faire ça, c'est pas en primaire qu'on pratique ce genre de chose ?

Dis je avec un léger sourire moqueur aux lèvres.

Je regarde Sam qui semble réfléchir. Je hoche la tête suite à sa remarque, en effet, il vaut mieux rester prudent. De toute façon je n'ai pas grand chose à cacher... Enfin c'est faux mais j'essaye de me dire qu'il ne pourrait rien m'arriver et que personne ne le remarquera. Je mets toujours des pulls longs pour cacher mes poignets, j'évite de les montrer et de serrer la main aux gens parce que j'ai honte. J'ai honte d'avoir voulu me suicider, c'est tellement ridicule, j'étais tellement conne. Il y'a toujours de l’espoir et moi j'ai abandonné, de toute façon c'est du passé, je ne suis plus la même et je referai sûrement pas cette erreur complètement débile.

Nous marchons encore un moment et nous arrivons devant une porte qui apparemment serait la mienne. J'ai hâte d'entrer et en même temps je suis un peu stressée, je ne sais pas pourquoi. Le nouveau me fait un peu peur en faite. Après quelques secondes à peine j'entre.

La chambre était pas spécialement grande mais bien assez pour moi. Les murs étaient verts et la pièce était pas mal éclairée, c'était sympa, j'avais hâte de décorer à ma façon, je comptais mettre des photos un peu partout, pour me sentir chez moi. Je me tourne vers Sam qui est restée dans l'encadrement de la porte et je lui fais un grand sourire.

C'est parfait, vraiment.

Dis je ne toute sincérité.

Je me doutais bien qu'elles se partageaient, enfin à moins que j'ai deux lits pour moi. Je souris en regardant mon côté, parce que oui j'ai déjà choisi, ce sera le côté gauche. Ça ne me dérange absolument pas d'avoir un colocataire, ça me plait même, au moins je ne serai pas seule. J'ai toujours eu l'habitude de dormir avec mon frère, j'ai été également aux ronflements de ce dernier... Croyez moi, il n'est pas très discret. Mais bon j'avais ma réserve de bouchons, ils m'ont sauvé la vie beaucoup de fois. Je remercie dieu d'en avoir crée. De toute façon je n'aimais pas trop dormir seule, de nombreuse fois mon père m'avait proposé d’emménager au grenier mais ça ne m'enchantait pas du tout. Je préférais rester avec mon frère et ses ronflements, puis on s'amusait bien ensemble. Il avait à peine 4 ans de plus que moi.

Ça ne me dérange absolument pas, ça m'enchante même.

Dis je en souriant, comme à mon habitude. Je me demande si tous les autres gens de cette maison sont aussi sympa que Sam, franchement je l'aimais bien. Elle était simple, je comprends bien pourquoi elle est présidente de cette maison maintenant. Je me demande comment sont les présidents des autres maisons, sûrement moins sympathique. Enfin je suppose. Je me demande ce que Sam étudie tiens, je lui demanderai un peu plus tard si j'en ai l'occasion.

Et toi ? Ou est ta chambre ?

Dommage, mais bon de toute façon je ne vais pas rester dans ma chambre h24. Je compte bien visiter les alentours et faire la fête. Profiter est mon mot d'ordre même si je suis à fond dans mes études. Je lui souris et pose mes affaires.

C'est un peu dommage mais bon, on se reverra...

Dis je en souriant et en m’asseyant sur le lit, elle me salua en affirmant qu'on allait se revoir et je m'étends sur le lit. Je ferme les yeux un instant avant de me lever et de commencer à ranger mes affaires.