Je trace un grand trait en travers de ma feuille, la déchirant puis la froissant avant de l'envoyer rejoindre ses copines près de la corbeille. Je me penche en avant, soufflant un grand coup, passant mes mains sur mon visage. Pourquoi dès que je commence à dessiner quelque chose, ça part en couille, ça me plaît pas, je rate tout, hein ? Pourquoi ? Tu devrais peut-être regarder la bouteille entamée à côté de toi. Ta gueule.

Je me redresse, finissant par me relever, laissant mon cahier et mes crayons à terre, rattrapant juste ladite bouteille. Je m'avance vers la fenêtre, unique source de lumière. Enfin la lune. Ouais, fait nuit. Il est tard, j'voulais juste être tranquille. Sans coloc qui me dirait de me calmer ou quoi. Tran-quille. Toute seule, sans emmerdes. Pour avoir un minimum de concentration. D'inspiration. Concentration et inspiration se faisant la malle, accessoirement, ces connasses.

Je porte la bouteille à mes lèvres, avalant une ou deux gorgées tout en regardant à l'extérieur avant de partir à l'autre bout de la pièce pour regarder les toiles séchant au fond de la salle. Pourquoi tous ces gens réussissent à sortir un truc potable et pas moi, hein ? J'peux savoir ? Peut-être parce qu'eux, étaient sobres. Je suis sobre. C'est pas avec trois ou quatre gorgées de whisky qu'j'vais finir bourrée, encore heureux. Ouais bien sûr. Toi tu le ressens pas, mais ton esprit si. Oh, m'encombre pas l'esprit, d'ailleurs, avec tes conneries de conscience, là. J'vois même pas pourquoi j'te parle. Peut-être parce que tu te fais chier. La ferme. C'est ça la solitude, Indi. Si tu t'ouvrais un peu plus aux autres tu te ferais moins chier. Va t'ouvrir aux autres quand t'es bipolaire, maso, et que ton ex t'a battue, on verra si tu t'ouvriras aux autres, connasse.

Je tire sur le bas de mon pull pour couvrir un maximum mes jambes. Ouais, j'suis en pyjama. Et alors ? Ceux qui sont pas contents ils vont se faire enculer par Aly. Qui est Aly ? J'sais pas. C'est le premier truc qui m'est venu. Bref. Tout ça pour dire qu'ici, il fait pas franchement chaud. Il ferait même presque froid. Mais bon, pas de là à en frissonner, hein. Je reviens vers le centre de la pièce, posant ma bouteille sur la table avant de me rasseoir devant mon cahier et mes crayons, me mordant la lèvre pour essayer de trouver un peu d'inspiration, en vain.

Je ressemblais à une délinquante voleuse de bières dans un supermarché. J'étais en réalité vêtue d'un sweat un peu grand, d'un bonnet noir de schrtoumpft, j'appelle ça comme ça, parce que le bout du bonnet retombe un peu en arrière. Puis, j'avais des gants noirs, c'est l'hiver après tout, et j'avais mes dr martens noirs. J'pourrais facilement m'glisser dans les portes d'un magasin, mais entre nous, j'ai passé l'âge, allez. Mais à présent, ce genre d'habits me sert à quelque chose de plus constructif; en effet, j'me glisse des soirs, assez régulièrement entre les portes de la salle d'Art. J'aime, me retrouver là, seule. Enfin, avec ma bouteille de rhum, s'il vous plait. A vrai dire, j'avais bien décidé de me poser et de vachement bien me détendre les amis.

Je marchais donc, silencieusement sur les graviers du chemin qui conduisait à la salle d'art. J'avais un sac à dos sur les épaules, noir, lui aussi, qui se tenait de garder mes crayons et quelques croquis au chaud, et surtout ma bouteille de rhum. Je le remercie, d'ailleurs. Mort de rire, Levis. Je sais ! Ahahahaha.

Mon souffle formait des nuages dans l'air, et ça m'amusait, ça faisait genre je fume, j'suis trop rebelle. J'me la pétais trop quand j'étais petite, à faire semblant que j'fumais. Mais bon, on était cons, hein! Que voulez-vous. Ah, la voilà, la porte de l'établissement des activités. Génial, j'commençais à avoir largement froid!

J'entra donc, vraiment en douce. Ce qui m'étonna, quelques secondes après, c'est que la porte était déjà ouverte. Alors, quelques hypothèses. Soit, quelqu'un de coul comme moi serait venu aussi, ici, aurait les mêmes idées que moi. Improbable, y'a trop de cons ici. Soit, y'a un voleur. Soit, y'a un couple qui s'est retrouvé accidentellement ici pour une intimité quelconque, soit.. j'suis crevée. Allez, go la salle. J'avançais donc d'un pas, plutôt méfiant, et j'ouvris la porte. Putain! Je du me retenir de crier, en voyant une silhouette installée sur une chaise. Sa mère! La coquine. Je soupirais, de soulagement, par la suite. Merde ! Y'a quelqu'un. Bon, en espérant que c'est pas encore une de ces gonzesses désespérantes et superficielles. Je m'avançais donc, ôtant ma capuche de ma tête. Je pu distinguer une bouteille de whisky, ce qui m'échappa un sourire assez malicieux. Je pris mes aises, et jeta mon sac à dos sur le petit fauteuil. Je m'assise, et sortis ma bouteille. Je fixais la fille, d'un air malicieux et bu une gorgée. Mais bon, j'rigolais intérieurement parce que la marque de son whisky c'était d'la merde. c'est celui qu'Adam prenait des fois, trop merdique.

J'prend mes aises, les petits gars ! Allez, j'sors mon matos. J'continue le portrait d'ma bouteille, j'ai l'air vraiment d'une putain d'alcolique, c'est triste à voir vraiment.

Puis, soudainement dans le vide, je dis.

Tu devrais changer de marque de whisky.
C'est surement l'alcool qui vient à ce que je parle aussi facilement aux gens, j'crois. Ou plutôt la révolution. C'est vrai, cette marque, bah y'en a pleins qui valent bien mieux que celle-là. Mais bon, j'quittais pas les yeux de la feuille, ne voulant pas non plus faire la meuf trop extravertie ou encore j'sais pas quoi.

Je rentre mes mains dans mes manches, me creusant la tête. Putain. Aucun moyen de trouver quelque chose. Comment c'est possible. Co-mment. Je souffle, dégageant ma main droite pour attraper un crayon et commencer à dessiner. Un trait, un second, un troisième coup de crayon, quatrième et oh putain de merde, cte blague. Pourquoi y a rien qui en sort, de ce putain de crayon. Je saisis une nouvelle fois ma bouteille, la reposant quelques gorgées plus tard à la même place. J'ai jamais eu aussi peu d'inspiration. J'sais pas comment ça se fait. Y a quelque chose que j'ai fait et qu'il ne fallait pas que je fasse ? Y a quelque chose que j'ai pas fait ? J'en ai pas la moindre idée. Mais ça me casse les couilles, très sérieusement.

Je lève les yeux vers l'entrée lorsque je perçois un léger bruit. La porte s'ouvre puis se referme mais je ne distingue pourtant pas encore de silhouette. Une fille apparaît alors, venant s'installer à la table, étalant donc ses affaires. Je la suis du regard tout le long de ses opérations. Elle pose une bouteille de rhum sur la table. Je hausse un sourcil, l'observant toujours.

J'allais reprendre mon crayon lorsqu'elle ouvre la bouche : "Tu devrais changer de marque de whisky."

J'appuie mes coudes sur la table, posant mes avant-bras avant de détailler la fille. Elle est blonde, j'crois bien. Je fronce légèrement les sourcils. De quoi elle se mêle, elle ? Que j'sache, elle a son rhum, qu'elle me fasse pas chier. J'crois bien qu'elle aime pas le whisky. Celui-là est vraiment bon. Alors, au pire, elle la ferme ? Indi, détends-toi, tout va bien se passer. Souffle.

- Pardon ? Ecoute, occupe-toi de ta bouteille. D'ailleurs, tu fais quoi ici ? A... Je passe un doigt sur mon téléphone. A 1h24 du matin ?

Je baisse les yeux vers sa feuille. D'accord. Elle dessine sa bouteille de rhum. D'accord. Elle est ici juste pour ça ? Recopier une vulgaire bouteille ? Pour le coup, j'suis pas tranquille, si elle commence à me faire chier. Tu vois, quand je te disais que la solitude ça aidait pas à être un minimum aimable. Souffle un coup Indi, ça va aller.

- Et t'es qui, au fait ?

Sa tête me dit vaguement quelque chose. Une blonde, pas trop petite. Il me semble qu'elle a les yeux clairs. Un air hautain. J'ai dû la croiser au détour d'un couloir. Mais pourtant, même avec cet air supérieur, elle ne me fait pas penser à Ashley Bomond. On dirait qu'elle reste un minimum modeste. Pas comme Bomond. Bomond c'est moi, moi, et peut-être les petits zozios. Mais même avec ce air, là, elle paraît pas bien méchante. Sympa, même. Et on dirait qu'on veut toutes les deux penser à autre chose ce soir. Comme quoi. On a peut-être un point commun, c'est un bon début.

La fille, posa ses avant coudes sur la table, s'intéressant vaguement, je crois à mes propos. Je relevais la tête, entendant le choque de ses coudes sur la table de verre. Je la regardais, passivement.

Pardon ? Ecoute, occupe-toi de ta bouteille. D'ailleurs, tu fais quoi ici ? A...  A 1h24 du matin ?

Ok, merde, j'ai affaire à une chieuse, une emmerdeuse, merde, j'me sens trahie. Pourquoi j'lui ai causé, à c'te.. brune, non? En fait, Aria, dans l'obscurité on est tous brun. ALLO crépuscule, éclaire-là, je veux pouvoir la nommer par sa couleur de tignasse, rien que ça. Je la regardais, elle avait froncé les sourcils. J'suis pas un bourrée? J'me fis une pichnette discrète sur la cuisse, sous la table, pour essayer de me réveiller. Je la regardais, prenant ma défense, discrètement. C'que je fous ici? J'viens me détendre, ça se voit pas ? C'est un peu similaire à ce que tu fais, non?

Je la vis ensuite baisser ses yeux vers ma feuille, et je suivis son regard. J'me retenue de pouffer de rire en réalisant l'image que je donnais à cette fille, l'image d'une grosse alcoolique au bout de sa vie. J'avais les joues presque contractées, retenant mon rire.

Et t'es qui, au fait ?

Ho, l'alcool n'a pas encore fait l'effet? Calme-toi, putain. Si t'as du whisky, c'est que tu dois être détendue, men. Sérieusement, je suis bourrée. J'en peux déjà plus, avec cette chaleur, là tout d'un coup. J'me suis foutue dans une Aria pas habituelle. Plutôt à l'aise, j'me laissais basculer le dos sur le fond de ma chaise et soupirais, l'air mélancolique.

T'inquiète pas, j'ai pas fini de m'en occuper. Je suis ici pour me détendre l'esprit, pas toi ? Et profiter de mon rhum. Et détend ton sourcil, tu risques d'être ridée trop tôt, roh là là. J'suis Aria, on est là pour se détendre, c'est le destin, puis j'ai pas envie qu'on se fasse chier l'une l'autre, la.. brune, ouais.

"T'inquiète pas, j'ai pas fini de m'en occuper. Je suis ici pour me détendre l'esprit, pas toi ? Et profiter de mon rhum. Et détend ton sourcil, tu risques d'être ridée trop tôt, roh là là. J'suis Aria, on est là pour se détendre, c'est le destin, puis j'ai pas envie qu'on se fasse chier l'une l'autre, la.. brune, ouais."

Elle s'écrase dans le fond de sa chaise, abandonnant son dessin. Elle, elle est cuite. Jusqu'aux bout des ongles. Ben alors, chérie ? On tient pas bien l'alcool ? J'esquisse un faible sourire. Mêmes dans ses propos elle est moitié incohérente. Moi ça me fait rire. Bon, c'est presque parce que j'ai déjà un peu d'alcool dans le sang, mais même en temps normal je l'aurais trouvée drôle, la gamine.

- Indiana. Appelle-moi Indiana. T'as raison. Se détendre. Pourtant j'arrive pas à trouver cette putain d'inspiration et ça me, je souffle, ouais ça me gonfle royal.

Je me penche et attrape mon sac, le posant sur la table. Je fouille un instant dedans et finis par en sortir une autre bouteille. Bon, c'est pas que, mais le whisky, je supporte un moment. Après j'finis par trouver ça dégueulasse. On s'en lasse vite, vous comprenez ?

- Alors. T'aimes pas le whisky mais tu préfères peut-être la vodka, Aria ? Attends, ton nom me dit quelque chose. C'est toi l'affichée du panneau d'affichage ? C'est que t'es populaire cette semaine, je fais en avalant une ou deux gorgées de la nouvelle bouteille. T'es là pour oublier que t'aurais trompé ton mec ?

Ouais, que 't'aurais' tout simplement parce que je me fie pas trop à ce que cette S raconte. Bon, y a des trucs, c'est sûr, c'est tout à fait juste. Mais bon, j'la connais pas, la fille en face, alors qu'est-ce que vous voulez que je la juge ? Si ça se trouve, elle l'a pas trompé, son mec. Adrien, ou j'sais plus trop son nom, au garçon. Ou alors, elle l'a fait. Mais il me semble que c'est avec son frère, ouais. Attention, pas le frère d'Aria, mais le frère d'Adrien. C'est quoi son nom ? Il a un prénom de dragon. Casimir ? Ouais, peut-être. Donc en gros, Aria aurait fait ami-ami avec Casimir, alors qu'elle est la copine d'Adrien. En gros, la merde. J'imagine pas, ça va péter entre Adrien et Casimir. Boum. Paf. Qu'est-ce qu'ils font pas, les jeunes d'aujourd'hui. Ils se trompent avec le frère du copain et de la copine. Ouais enfin comme je l'ai dit, j'sais pas. J'connais pas Casimir. Aria, Indi. Ofh, c'est la même chose, je connais pas plus Casimir qu'Aria. Ni Adrien, remarque.

- Attention, j'te juge pas, hein. J'm'informe juste, en fait. Enfin t'inquiète, j'irai pas répéter ça aux gens. J'suis pas du genre à parler. Enfin là. C'est ouais. C'est l'alcool ouais.

L'alcool et ta saute d'humeur presque alarmante, mais vu que ça, elle ne le sait pas, elle peut mettre tout ça sur le compte de la bouteille que t'es en train de t'enfiler. T'as de la chance, des fois, Indi, beaucoup de chance. Ouais, c'est ce qu'on me dit pas vraiment souvent.

Indiana. Appelle-moi Indiana. T'as raison. Se détendre. Pourtant j'arrive pas à trouver cette putain d'inspiration et ça me, souffla-t-elle, ouais ça me gonfle royal.

Elle se pencha, ensuite, soudainement et fouilla dans son sac. Elle sortit, une autre bouteille, nous avons ici à une bien armée question alcool, de son sac. Alors, on s'influence sur ma phrase, on abandonne le whisky pour ma volonté, haha? Non, mais bon, je cromprends, c'est humain, ce whisky est dégueu, et puis le whisky, c'est écoeurant, pas bon, y'a rien de bon dans le whisky ! Je l'observais donc, Indiana. J'aime bien ce prénom, tiens. C'est plutôt.. Indien. Je suis pétée de rire. Je souriais dans le vide, soulignant ma blague de merde. L'inspiration, alors donc, que tu ne trouvais pas, Indiana. Je comprends, j'ai déjà eu affaire de nombreuses fois à ça. Putain, abandonne. Détend-toi. Oh lo lo, Sky, ça ne va plus pour toi, ma petite. J'haussais les épaules, d'un air mélancolique, toujours, pour répondre à ses propos.

Alors. T'aimes pas le whisky mais tu préfères peut-être la vodka, Aria ? Attends, ton nom me dit quelque chose. C'est toi l'affichée du panneau d'affichage ? C'est que t'es populaire cette semaine, elle avala entre temps deux gorgées de cette nouvelle bouteille, T'es là pour oublier que t'aurais trompé ton mec ?

La vodka? Elle se fout de la gueule du pape? C'est pas mieux que le whisky, la vodka. C'est genre trop l'alcool de tout le monde, que les gens arrête pas de prendre et qui devient beaucoup trop commercial. Non, non, non, fille. RHUM! Moi, c'est le rhum. Le pur, le bon. Avec la bonne boule de glace vanille, là ! Tu piges ? Faut t'apprendre ou quoi à quel point le rhum c'est l'alcool de dieu?Bourdel ! Tu vas pas m'échapper.

Merde, bah ouais. Maintenant, on va tous me répliquer la même phrase, attend j'connais ton nom, ect ect, puis j'ai pas envie qu'on connaisse mon nom, tout les cons d'Enamor me font pitié, ils sont cons, cons, cons. L'ironie, par rapport à la popularité. Bonne blague, Indiana.

Pardon? Ah ouais, elle y croit. Y'a tellement de moutons à Enamor, ça m'avait échappé sous l'influence de l'alcool, excusez-moi. Je la regardais, fronçant les sourcils, hochant de la tête, désespérément. Merde, pourquoi ils sont tous cons ici ? J'me suis trompée ou quoi ? J'ai pris une école pour retardés mentales ? Puis, j'ai parlé à une conne de fille ? Calme, Levis. Calme-toi. J'allais répliquer, quand, Indiana reprit, me devançant.

Attention, j'te juge pas, hein. J'm'informe juste, en fait. Enfin t'inquiète, j'irai pas répéter ça aux gens. J'suis pas du genre à parler. Enfin là. C'est ouais. C'est l'alcool ouais.


Ses paroles apaisèrent mon cas de suite. Mais, j'étais toujours un peu nerveuse de ses paroles. C'est normal, des trucs comme ça ça passe pas comme un yahourt. C'est énervant, délicat. Je me contentais d'hausser les épaules innocemment à ses phrases, l'air de dire; c'est pas grave, ect.  Ouais, moi non plus en réalité. Mais bon, là jd'ois répliquer.

Y'a des gens, Indiana, des déchets de la société, sans but dans la vie, qui s'amuse à réduire leur culpabilité sur le fait qu'ils soient nés cons, en emmerdant les autres. Sauf que, moi j'suis consciente de mes actes. Après tout, ici y'a que des moutons. Ils suivent tout, à la lettre. Une vrai dictatrice, la fameuse S. C'est pitoyable, aaah.. C'est juste mon pote, ha là là. je secouais la tête, exaspérée, puis je repris, sérieusement, d'un air malicieux J'suis pas de ce genre là, non plus. Mais qu'est-ce tu veux? Et puis, moi j'suis pas vodka, hein. Oh, Indiana. J'espère que tu sais savourer comme il se doit le rhum? lui demandais-je d'un air interrogatif en pointant du bout du doigt ma bouteille de rhum.

"Y'a des gens, Indiana, des déchets de la société, sans but dans la vie, qui s'amuse à réduire leur culpabilité sur le fait qu'ils soient nés cons, en emmerdant les autres. Sauf que, moi j'suis consciente de mes actes. Après tout, ici y'a que des moutons. Ils suivent tout, à la lettre. Une vrai dictatrice, la fameuse S. C'est pitoyable, aaah.. C'est juste mon pote, ha là là. J'suis pas de ce genre là, non plus. Mais qu'est-ce tu veux? Et puis, moi j'suis pas vodka, hein. Oh, Indiana. J'espère que tu sais savourer comme il se doit le rhum?"

Elle a raison. C'est sûr que les cons, ici, y en a vraiment pas mal. A chaque coin de rue. Mais S, j'la qualifierais pas de conne. Elle est pas stupide. Au contraire, elle est bien loin de l'être. Elle est bien plus intelligente que la moitié des gens qui sont ici. C'est bien ça le problème. Elle est beaucoup plus futée que nous, et elle sait en jouer. La preuve, elle nous mène par le bout du nez, elle pousse au suicide les étudiants, elle fait de nous ce qu'elle veut. C'est comme si on était des pions. Des putains de pions. Et on s'en rend même pas compte. Si ça se trouve, tout ce qu'il se passe ici, c'est parce qu'elle l'a choisi et, ok je pars loin là, faut que je m'arrête.

- Moi j'pense qu'elle est intelligente, parce qu'elle réussit à nous faire croire tout et n'importe quoi, tu comprends ? Manipulatrice, voilà. La plupart des gens pensent ce qu'elle veut qu'ils pensent. J'me demande comment elle fait, alors qu'on ne la voit même pas. Enfin là n'est pas la question, je fais en haussant les épaules. Trop attachée à ton rhum, Aria ? Tu loupes des choses. Ofh, moi, tu sais, j'sais savourer tout et n'importe quoi.

Tout et surtout n'importe quoi, avouons-le. Enfin. Peut-on encore dire que je savoure ? J'me suis tellement brûlée le gosier avec n'importe quoi que c'est sûrement pour ça que je bois de la vodka aussi facilement. Tous les cocktails possibles et imaginables, j'ai dû les faire. J'm'en souviens même pas, à vrai dire. J'me rappelle juste que le lendemain, j'avais des migraines de dingue. Merci Jake. Enfin bon, j'pense que j'le voulais bien. Enfin d'après Olivia, j'étais 'sous son emprise' elle me sortait un tas de trucs du genre pour essayer de m'écarter de ce connard en vain. L'amour rend aveugle, les gars, c'est à ce moment là que j'm'en suis rendue compte. Et j'pense que c'est bien la dernière fois. La toute dernière.

- J'espère que ton copain te comprendra. Adrien c'est ça ? Il me semble qu'il est dans la même maison que moi. Comme Casimir d'ailleurs. Remarque, t'as pas pris les plus vilains, hein. Enfin le plus vilain, étant donné que c'est Adrien ton copain, et pas Casimir, et okok, je ferme ma gueule là. Enfin bon. Tu viens souviens ici minuit passé ?

Je rattrape ma bouteille, claquant mes ongles contre le verre pour me dégourdir les doigts. Chacun fait son jogging comme il peut, écoutez. Non c'est bon, j'déconne. Quoique, j'suis pas franchement sportive vous savez. Courir, tout ça, c'est pas pour moi. Enfin bon. On s'en fout, me semble-t-il.

Moi j'pense qu'elle est intelligente, parce qu'elle réussit à nous faire croire tout et n'importe quoi, tu comprends ? Manipulatrice, voilà. La plupart des gens pensent ce qu'elle veut qu'ils pensent. J'me demande comment elle fait, alors qu'on ne la voit même pas. Enfin là n'est pas la question elle haussa les épaules, puis repris Trop attachée à ton rhum, Aria ? Tu loupes des choses. Ofh, moi, tu sais, j'sais savourer tout et n'importe quoi.

Oui, l'intelligence de manipuler, mais manipuler, c'est stupide, c'est sans coeur, ça n'a aucun but dans la vie, c'est inutile. Mais sinon, là-derrière, y'a pas de conscience humaine. Et les gens qui se font manipulé par elle, c'est encore plus débile. Les rumeurs, c'est vraiment stupide. Stupide, de chez stupide, tu vois? Les rumeurs ne font pas ce que tu es. Oh. Ouais, voilà, changeons de sujet, ça pourrait être pas mal.

Oh, ouais, j'y suis attachée comme un agneau à sa mère mouton. Non, j'loupe pas des choses, je suis juste sélective matière d'alcool, Indiana. Je comprends, c'est bien, ça. Tant que tu ne savoures pas que ce stupide whisky et cette stupide vodka, nous sommes sortis de l'auberge, hein.

Enfin. Bref. Ouais, non, pas attachée, sélective niveau alcool. C'est bien que tu saches savourer autre chose que ces deux merdes commerciales, ça me rassure, Indiana. j'affirmais mes propos en hochant de la tête comme dignement, un sourire épuisé sur les lèvres.

J'espère que ton copain te comprendra. Adrien c'est ça ? Il me semble qu'il est dans la même maison que moi. Comme Casimir d'ailleurs. Remarque, t'as pas pris les plus vilains, hein. Enfin le plus vilain, étant donné que c'est Adrien ton copain, et pas Casimir, et okok, je ferme ma gueule là. Enfin bon. Tu viens souviens ici minuit passé ?

Adrien! C'est hyper moche ce prénom, je trouve. Enfin, Adam c'est quand même le premier homme, donc c'est assez perturbant. Moonstone, alors, l'Indiana? Je vois! Moonstone, qu idit sagesse et puissance, là on voit pas trop la sagesse de la belle, c'est même marrant. J'eus un sourire malicieux, à cet instant, pensant à cela. Casimir? Eliott? Waouh, qué des prénoms qu'elle sait mettre quand elle connaît pas, la barre est haute! C'est sûr qu'ils sont plutôt pas mal foutus, enfin, Adam est pas mal foutu. C'est Indiana qui m'a embrouillée, hein. Puis, y'a l'alcool. Ma réflexion est très restreinte. Hein. Je souriais à la jeune femme, d'un air fier.

Ouais, carrément. J'y viens au moins 4 fois par semaine, ce qui est déjà pas mal. Voir, même tout les jours. Quasiment. Je n'arrive pas à dormir, je n'arriverais jamais. Je serais toujours hantée par ça, c'est une embuscade. Un engrenage, pas moyen d'en sortir. Enfin, bon.. Je soupirais, et j'avais toujours ce foutu air mélancolique, qui me donnait encore plus l'aspect d'une grande alcoolique de la banlieue de Paris, là. Je buvais souvent seule à Paris, dans les rues, pour échapper à ce putain de merdier.

Ouais. J'y viens presque tout les jours. Y'a tellement de calme, ici, personne, pas de cons, juste le calme. Toi, et le silence. Puis, t'as cette belle baie vitrée, et tu vois les étoiles. J'adore les fixer, elles sont si inoffensives et innocentes. Puis, j'adore échanger mille pensées avec. C'est magique. Et ça donne l'inspiration que chaque dessin mérite. Et toi?

Pourquoi j'ai l'impression qu'elle se fout de ma gueule quand je dis que je suis Moonstone ? Ben, Indi, t'as une bouteille à la main, il est 1h30 du matin, demain t'as cours, la moitié de tes cheveux se barrent de ton chignon, et t'as pas de pantalon. C'est un short, on va pas jouer sur la longueur. Il n'empêche. Donc je pense que, ouais, elle a de quoi se foutre de ta gueule. T'es censée aider les gens, tu ne leur parles pas, t'es censée être pleine de joie de vivre et de sympathie, t'es pessimiste la moitié du temps vu qu't'es bipolaire. Mais ça, écoute moi, petite conscience, c'est parce que toi seule le sait. Je fais croire aux gens ce que je veux qu'ils croient. J'sais me faire discrète et quand les gens me croisent, ils pensent ce que je leur laisse penser, c'est tout. Tu devrais me féliciter, d'être aussi bien placée à l'UE rien qu'avec mon jeu d'actrice, au lieu de te demander ce que je fous chez Moonstone, d'accord ?

"Ouais. J'y viens presque tout les jours. Y'a tellement de calme, ici, personne, pas de cons, juste le calme. Toi, et le silence. Puis, t'as cette belle baie vitrée, et tu vois les étoiles. J'adore les fixer, elles sont si inoffensives et innocentes. Puis, j'adore échanger mille pensées avec. C'est magique. Et ça donne l'inspiration que chaque dessin mérite. Et toi?"

Y a deux secondes, j'avais une Aria presque sauvage en face de moi, et là, j'ai l'impression d'avoir un chaton. Vous savez à qui elle me fait penser ? A Fauve. Cte nana est complètement frâlée. Mais genre, bien comme il faut. Mais j'la trouve vachement rigolote, n'empêche. La fois où je l'ai rencontrée, elle avait l'air tellement indépendante, et la seconde d'après, une porte qui claque et elle s'était faite toute petite. Un peu comme une gamine qui joue à la grande, mais qu'est bien vite ramenée sur Terre quand il s'agit d'aller regarder sous le lit voir si y a pas de monstres, vous voyez. Enfin, pour en revenir à Aria, ce qu'elle vient de me dire, c'est très joli.

- J'suis d'accord avec toi. Moi aussi j'viens ici pour le calme. Pas de coloc, pas d'emmerdes, tu vois ? Sauf que j'y viens moins souvent. Une fois par semaine, peut-être. Et je t'ai jamais croisée. A vrai dire j'ai pas l'habitude de venir le dimanche. J'trouve qu'ici, on a la paix et on peut méditer, entre guillemets, tranquille. Ouais, ici, c'est vraiment cool. Faudrait juste qu'ils pensent à allumer le chauffage, je raille.

Ouais enfin l'inconvénient, c'est que vu que la moitié des toiles sont exposées ici, on peut pas mettre le chaud trop haut non plus. C'bien ça l'inconvénient efh. M'enfin bon. La prochaine fois j'emmène ma couette. Je serai moins discrète mais tant pis, c'est pas grave. Faudra juste que je fasse gaffe à pas la laisser traîner par terre en venant. Vu les trombes d'eau qu'il tombe en ce moment, ce serait facile de la salir, si vous voyez ce que je veux dire.

- Dis-moi Aria, tu fais que tu dessin ou alors tu peins ? Ou de la photo, peut-être. Entre nous, si c'est pas indiscret. Comment t'en es venue à dessiner ?

Vous voyez, ça, c'est le genre de trucs hyper intéressants. Enfin, pas toujours. Mais c'est raconter une partie, même infime, de son histoire. Et, avouons-le, j'suis plutôt curieuse de nature, on va pas se le cacher. Et j'aime bien savoir qui est la personne en face de moi. Ofh, j'me vexerai pas si j'sais pas. C'était juste pour relancer la discussion.

J'suis d'accord avec toi. Moi aussi j'viens ici pour le calme. Pas de coloc, pas d'emmerdes, tu vois ? Sauf que j'y viens moins souvent. Une fois par semaine, peut-être. Et je t'ai jamais croisée. A vrai dire j'ai pas l'habitude de venir le dimanche. J'trouve qu'ici, on a la paix et on peut méditer, entre guillemets, tranquille. Ouais, ici, c'est vraiment cool. Faudrait juste qu'ils pensent à allumer le chauffage.

Ah ouais, putain les colocs. Ce qu'ils sont chiants. Moi cette année, ça va. C'est une fille de 16 ans, je crois, elle est plutôt discrète et elle fait pas chier. Elle a l'air même pas superficielle. Enfin bon, ces superficiels savent bien jouer leur jeu aussi. Et surtout, quand ils sont pas en meute, bah, ils sont rien. D'la merde congelée ! D'la merde bien grasse d'un sumo. Donc, et bien j'hochais de la tête, répondant oui par un geste, à la question d'Indiana.

C'est vrai qu'on s'est jamais croisées, mais comme elle dit, elle n'a pas l'habitude de venir le dimanche, donc c'en est peut-être la cause, après tout. Enfin, en résumé, je crois qu'Indiana avait les mêmes raisons que moi pour venir ici. Et sa dernière phrase m'arracha un sourire, et je levais les yeux au ciel. Il n'en mettront jamais, ces radins.

C'est clair. On amènera nos couvertures, c'est pas un problème encore.

Bon, après ce sera assez encombrant pour venir jusqu'ici, mais c'est vrai qu'on se les gèle souvent ici. Moi aujourd'hui, ça va. J'suis bien habillée. Mais, quand je vois Indiana, elle est en petit shirt, et sa nuque et découverte, puisqu'elle a un chignon. Donc, putain, elle commence à me donner froid la gonz! Enfin, bon, j'pris quelques gorgées de rhum.

Dis-moi Aria, tu fais que tu dessin ou alors tu peins ? Ou de la photo, peut-être. Entre nous, si c'est pas indiscret. Comment t'en es venue à dessiner ?

Oh ohwwwwn, un sujet bien intéressant que voilà. C'est bien constructif pour des meufs un peu bourrées. Ou, sous la faible influence de l'alcool. Héhé. Bah, autant répondre à Indiana, ça peut être bien. Soit ça l'intéresse, soit elle a rien d'autre à m'dire. Bon, dans tout les cas, j'vais pas me permettre de me casser d'ici comme un fdp, hein, pas cette fois-ci. Bref, quoi, j'avais toujours ce ton au soupçon de mélancolie.

La peinture, pas trop mon truc. J'fais de ces putains de trucs qu'on faisait en primaire quand j'touche à un pinceau, c'est trop horrible. J'suis plus dessin, au crayon et au bic, branché sur les portraits, comme en photo, oui, également. J'en suis venue à l'art, comment.. A vrai dire, pour le dessin, c'est depuis que je suis petite, que je tiens un crayon. Donc bon, ça je sais pas vraiment dire. Ensuite, pour la photo, c'est que j'flânais beaucoup sur des sites, j'voyais ces beaux portraits, et ça m'a plutôt intéressée, alors voilà. je souffle, puis repris Mais, rassures-toi, j'suis pas la meuf là dans les lycées qui a toujours son reflex comme une touriste et qui emmerde son monde à prendre tout ce qui bouge en photo. je pouffais seule de rire, imaginant les nombreux cons qui font ça. Ca me pète l'anus.

Bref, quoi, je repris encore mon souffle, puis je rajouta :

Et toi?

"La peinture, pas trop mon truc. J'fais de ces putains de trucs qu'on faisait en primaire quand j'touche à un pinceau, c'est trop horrible. J'suis plus dessin, au crayon et au bic, branché sur les portraits, comme en photo, oui, également. J'en suis venue à l'art, comment.. A vrai dire, pour le dessin, c'est depuis que je suis petite, que je tiens un crayon. Donc bon, ça je sais pas vraiment dire. Ensuite, pour la photo, c'est que j'flânais beaucoup sur des sites, j'voyais ces beaux portraits, et ça m'a plutôt intéressée, alors voilà.  Mais, rassures-toi, j'suis pas la meuf là dans les lycées qui a toujours son reflex comme une touriste et qui emmerde son monde à prendre tout ce qui bouge en photo." finit-elle par pouffer.

J'esquisse un sourire. Disons qu'elle est un peu comme tout le monde, petit à petit on s'intéresse. Et quand ça remonte à longtemps, on ne se souvient pas bien, si les souvenirs ne sont pas réellement marquant. Et j'espère bien qu'elle n'est pas cette nana qui se balade son appareil à la main. Je sais qu'y en avait une dans mon lycée au Nevada. Elle prenait quelqu'un en photo, puis un autre, elle disait "Non, mais faîtes comme si j'étais pas lààà" sauf que bon, elle prenait trois chaises, elle parlait fort, alors 'faire comme si elle était pas lààà' c'était plutôt, comment dire. Impossible.

"Et toi ?"

Et moi. J'ai commencé à dessiner parce que, petite, vu que je restais chez moi toute seule sans compagnie, je me faisais royalement chier, et la seule chose que je trouvais pour m'occuper assez longtemps c'était gribouiller sur une feuille.  Parce que, bon, jouer à la poupée ça va une heure, mais quand tu restes un samedi entier, depuis 7h, à jouer à la poupée, ça ne va plus. Alors t'attrapes une feuille, un crayon de couleur - noir parce que c'est mieux - et tu te mets à dessiner un peu ce qui se passe dans ta tête. Des larmes. De la tristesse. De la pluie, un orage. Une petite fille seule au bord d'un trou. Et là, à ce moment-là seulement, tes parents découvrent que, peut-être, j'dis bien peut-être, tu ne vas pas bien, tu te sens seule, alors ils t'emmènent voir un psy. Un psy qui ne comprendra rien non plus à ce qu'il se passe dans ta tête car c'est trop brouillon. Il voit seulement une chose : quelque chose te manque indéniablement. De l'amour ? Un frère, peut-être ? Un jumeau qu'on t'a enlevé à la naissance, par exemple. Enfin bon. C'est depuis mes 6 ans que je dessine, cool, hein, la dépression à 6 ans.

Puis la photo, c'est vers mes 16 ans, quand j'ai quitté New-York pour Carson, dans le Nevada, pour habiter chez ma tante et mon oncle. On allait se balader le soir dans les plaines. Les couchers de soleil. C'était magnifique. Alors j'ai eu envie d'immortaliser tout ça. J'ai eu mon premier appareil photo à 16 ans, acheté avec le fric que mes parents m'envoient tous les mois. Et je me suis vraiment prise de passion pour la photo. J'ai eu un petit passage à vide lorsque j'ai vécu avec Jake. En même temps, en étant sobre un jour sur deux, battue un jour sur quatre, sortie tous les jours, généralement, on a pas trop le temps de prendre de jolis paysages en photo. Vous voyez.

- Ben disons que j'ai commencé vers mes 6 ans, pour le dessin. J'dessinais ce que je voyais dans ma tête. C'est con, hein, mais quand tu te fais chier, ben. Tu dessines ce que tu peux. Parait qu'c'était plutôt représentatif. Enfin bon, je t'épargne les détails. La photo c'est quand j'suis allée habiter à l'Ouest, dans le Nevada. Les couchers de soleil, là bas, si tu savais, ils sont magnifiques. Ouais, j'm'intéresse surtout aux paysages. Mais j'aimerais pouvoir shooter Kate Moss. J'y arriverai un jour. Avec beaucoup d'acharnement, mais j'veux y arriver, je fais en portant ma bouteille à mes lèvres.

Et apparemment, je photographierai encore mieux. Enfin bon. J'y crois pas trop, c'est une voyante de fête foraine qui me l'a dit, alors j'me méfie. Paraît que j'serai mariée, riche, que j'ferai des couvertures pour Vogue ou Harper's Bazaar, et que j'commettrai une chose irréparable. Mais que, finalement, grâce à ça, j'serai heureuse. Enfin il me semble que c'est ce qu'elle a dit. Après, j'm'y fie pas. C'était juste pour déconner, elle m'a juste dit ce que je voulais entendre, j'en suis sûre. Enfin, le mariage, j'pense pas, non. J'veux pas me marier. Et avec qui ? J'en ai pas besoin.

Indiana sourit face à mes propos, ce qui me fit sourire à mon tour. Puis, le sourire du être effacé, puisque je porta la bouteille, encore une fois à mes lèvres. Je crois bien que je la terminerais, même si je serais dans un sale état. Y'a cours en plus, demain. Mais bon. Tant pis.. Je n'irai pas. C'et pas pour une fois, hein. Pour une fois, Sky? Tu as déjà beaucoup manqué pour tes petits délires la nuit, ici. Ouais, mais là ça va plus. J'me sens plus. J'ai été perturbée, et là, y'a ce merdier avec les deux Foster. Merde, hein.

Ben disons que j'ai commencé vers mes 6 ans, pour le dessin. J'dessinais ce que je voyais dans ma tête. C'est con, hein, mais quand tu te fais chier, ben. Tu dessines ce que tu peux. Parait qu'c'était plutôt représentatif. Enfin bon, je t'épargne les détails. La photo c'est quand j'suis allée habiter à l'Ouest, dans le Nevada. Les couchers de soleil, là bas, si tu savais, ils sont magnifiques. Ouais, j'm'intéresse surtout aux paysages. Mais j'aimerais pouvoir shooter Kate Moss. J'y arriverai un jour. Avec beaucoup d'acharnement, mais j'veux y arriver.

J'écoutais ses propos avec attention. Se faire chier à 6 ans? C'est assez peu commun, Indiana se sentait seule ou quoi? Peut être n'avait-elle pas de frère. En fait, je peux un peu le comprendre, moi non plus. Oh, ou l'absence de ses parents. Enfin, je n'en sais rien. Ah et bien, si c'était représentatif à cet âge-là, ça devait d'office être prometteur ! En pensant cela, je fixais sa feuille, qui manquait d'inspi. Elle la trouvera bien, enfin, sauf si on continue de picoler comme des vieilles gueuses bien sûr, hem.

Puis elle me parlait de comment elle est venue à toucher à la photo. Ca a commencé au Nevada, j'ai jamais été là-bas. Mais vu comment Indiana décrivait ses couchers de soleil, ça m'alléchait. A noté, le jour où j'aurais du fric. Enfin, j'ai le minimum. Ma mère m'en envoit le minimum chaque fois. Ma pauvre mère. Je lui ai détruite sa vie. Enfin.. Bref.

Donc Indiana était plutôt basée sur les paysages, c'est vrai que c'est très bien aussi comme sujet de cliché. Puis, bah elle aimerait shooter Kate Moss. Ah bah, pourquoi pas! Puis bon, si elle y arrive, tant mieux pour elle!

Ah bah dis. C'est bien intéressant tout cela, j'trouve. J'espère que tu y arriveras. Note, que j'aime les gens qui veulent arriver au bout de leur défi. C'est génial. disais-je en agitant ma bouteille, et ensuite je la porta à mes lèvres, encore une fois.

Je sentais la chaleur monter en moi, l'alcool faisait assez d'effet, ça m'amusait, ça m'apaisait et j'oublais peu à peu, inconsciemment tout. Je m'échappais dans l'alcool, et ce qui inquiétait Aria, c'est que je le faisais de plus en plus en file du temps, et que je devenais malheureusement indépendante. Elle espère que je pourrais m'en sortir et que quelqu'un m'aiderait un jour. Wala, bon. Entre temps, j'suis bourrée. J'fixais la bouteille d'Indiana d'un air perdu, puis j'eus un sourire malicieux.

J'espère que la prochaine fois que je te croiserai ici, ce sera autre chose que du whisky ou de la vodka. Peut être même, avec mon espoir le plus grand, que tu prendras du rhum. je relevais la tête et souriais bêtement, me laissant tomber contre le fond de ma chaise. Ah, j'suis bien, là.

"Ah bah dis. C'est bien intéressant tout cela, j'trouve. J'espère que tu y arriveras. Note, que j'aime les gens qui veulent arriver au bout de leur défi. C'est génial."

En même temps, si on a pas d'objectifs, on ne sait pas où on va. Ok, tu continues ta vie, mais pour aller où ? Si tu ne sais pas où tu vas, tu vas finir par te paumer. On peut se paumer même en ayant une destination prédéfinie, seulement, on finira toujours par retrouver le droit chemin. Alors que si tu sais pas où aller, tu te perds, et tu restes perdu un bon bout de temps. Et c'est là que tu peux plonger dans les ennuis. La tête la première, en plus. T'en es conscient mais tu t'en fous, de toute façon, qu'est-ce que tu ferais à part ça ? Hein ? Rien. Alors bon. Tout ça pour dire qu'avoir un but, c'est essentiel pour pas avoir d'emmerdes.

- En parlant de défi. T'en as un, toi, Aria ?

"J'espère que la prochaine fois que je te croiserai ici, ce sera autre chose que du whisky ou de la vodka. Peut être même, avec mon espoir le plus grand, que tu prendras du rhum."

Cte nana est timbrée, j'vous jure. J'suis sûre qu'elle est de ce genre de gens à foutre du rhum n'importe où. Dans la salade, avec une pomme, dans un boeuf bourguignon, ce genre de connerie vous voyez hu. Promis, faut que je note sa date d'anniversaire et  j'lui offrirai une bouteille de rhum. Alors ça. Faut qu'j'lui demande ça, tiens.

- Alors, c'est quand ton anniversaire ? J'te jure, j't'offre une bouteille de rhum, je fais avec un sourire. Comme ça tu me ficheras peut-être la paix avec ton très cher.

J'lui offre une bouteille, et on s'en boira une à deux, comme ça j'suis sûre que je serai débarrassée. Le rhum c'est pas quelque chose que je peux boire en trop grande quantité sans le couper avec quelque chose, perso. J'trouve ça vite écoeurant. A petite dose c'est bon, hein, j'dis pas le contraire, mais j'en boirais pas des litres et des litres quoi. Enfin ça, j'me garde bien de le dire à la demoiselle en face de moi. Sinon j'en suis presque certaine, elle me couperait la tête et me ferait avaler son rhum d'une façon que je ne préfère pas imaginer, hef. Alors bon. Une fois dans ma pauvre vie, je la ferme. Ouais, ça a de quoi en étonner plus d'un. Hein, toi.

En parlant de défi. T'en as un, toi, Aria ?

Je n'ai pas du but, ni d'objectifs normaux, que les gens pourraient comprendre, ou même, j'en ai pas. Le seul que j'ai, c'est cacher cela toute ma vie, mon objectif c'est d'échapper à ces murs et à ces barreaux. Ou même, me libérer de ce poids et dire la vérité, mais personne pourrait comprendre. J'aimerais bien avoir une putain de vie normale, j'aimerais bien avoir aussi des objectifs, mais j'suis pourrie de l'intérieure, je ne vis que pour penser à ça chaque jour, chaque heure, chaque demie heure, chaque secondes. C'est ça ma putain de vie. Mais bon, voilà. Je suis Aria, et mon histoire c'est peut être comme dans les films fantastiques, mais c'est pas aussi facile. C'est donc en pouffant légèrement de désespérance et en haussant les épaules et en perdant mon regard dans le vide que je répondis un simple:

Nan.

Je crois qu'Indiana allait se dire, bah quelle vie passionnante qu'elle, a Aria. Dément, une montagne russe qui ne fait que monter! Pleines de sensations. Mais bon, nan. Voilà, quoi. Je repris quelques gorgées, ça me brulait la gorge, et ça m'amusais. Ça fait un bien fou.

Alors, c'est quand ton anniversaire ? J'te jure, j't'offre une bouteille de rhum. elle sourit, puis repris Comme ça tu me ficheras peut-être la paix avec ton très cher.

Héééé! En voilà une Enamorienne bien fûtée! Ca fait plaisir. On m'a jamais encore vraiment offert ça, donc ce sera genre bah trop bien. J'voterais même pour un rhum arrangée à la vanille et à la mangue! Mais bon, déjà un rhum c'est bien. Tout ça laissa s'échapper un sourire tel que celui d'Indiana. Ouah, trop bien! Et sa dernière petite phrase laissait mes yeux s'élancer vers le ciel, pouffant.

Ouah, trop bien de fou, Indiana. C'est le 3 juillet, sinon. Ouais, ça c'est ce qu'on verra. Le jour où j'te verrais en boire et l'apprécier, j'fermerais ma gueule, t'en fais pas. je fis un clin d'oeil.

Des simples gestes peuvent me faire un bien fou, c'est vrai. Oh, Sky, là, t'es bourrée à mort. Je commençais à être prise soudainement d'un fou rire, et j'avais ma bouteille en main, quand, bah elle me glissa des mains. Là, bah, mon rire s'était envolé comme quand on enlève les jouets aux gosses. J'crois même que soudain j'étais plus bourrée, qu'on m'avait passer sous une douche froide. PUTAIN, PAS MON RHUM! Je laissais ma tête couler vers le côté et grommelait des injures. Puis je me levais.

Putain, de bordel de chiasse, pas mon rhum. Ouah, j'ai envie de faire bouffer de la merde décomposée à toute l'humanité pour apaiser ma colère! J'suis con, putain.

Je soupirais, à bout, et me laissais tomber sur le canapé qui était tout près. J'avais envie de chialer, mais nan, c'est l'alcool, Sky. Reprends-toi. T'as raison. Puis, ce sera la femme de ménage qui nettoiera; Mais c'est risqué, ils risqueraient de fermer les portes soupçonnant des gens qui viennent. Donc, lève ton cul et cache-le.

Je me levais donc et partie prendre la poubelle, et comme une bourrine, j'mettais tout le verre dans la poubelle et je me coupais les mains, et j'avais pleins de rhum sur les mains. Puis, j'pris le rideau et avec son bout qui traînait parterre, j'essuyais le rhum. Je lâchais:

Bôh, ça devrait faire l'affaire, t'en penses quoi Indi.. J'peux t'appeler comme ça? Question de flemme.

Puis, sans attendre sa réponse, j'partie en lavabo et j'lavais mes mains, avant de revenir, l'air déprimé aux côtés d'Indiana.

J'ai mal au crâne. La fatigue. L'alcool. J'sais pas trop. Un mélange des deux, très certainement. Toujours est-il que c'est assez désagréable. Très désagréable. J'pense que je vais pas trop tarder. Et puis bon. Demain on est lundi, alors certes j'embauche à 10h, mais bon. Woh, Indi, tu m'impressionnes, un minimum de bon sens, je te reconnais à peine ma parole. Ta gueule toi là-haut, j'ai pas besoin de tes vannes, ok.

"Ouah, trop bien de fou, Indiana. C'est le 3 juillet, sinon. Ouais, ça c'est ce qu'on verra. Le jour où j'te verrais en boire et l'apprécier, j'fermerais ma gueule, t'en fais pas." répond alors Aria suite à ma question.

3 juillet, c'est noté, j'oublierai pas. J'lui enverrai juste sa bouteille, si on se revoit pas d'ici-là, parce que bon, perso, le 3 juillet, j'serai plus ici, hein. Donc j'y penserai. Faut qu'j'le note quelque part. Je me penche en avant pour attraper l'un de ses stylos, évitant de perdre l'équilibre. Ouais, j'pense qu'il est temps de rentrer, j'commence à plus être très droite dans mes pompes là. Je relève ma manche gauche, écrivant rapidement 3 juillet sur l'intérieur de mon bras avant de rebalancer son stylo devant la demoiselle.

Alors que le stylo parvient à sa destinataire, un bruit de verre qui s'éclate me fait sursauter. Aria vient de lâcher sa bouteille, et évidemment, pas au-dessus de la table. Du coup elle a explosé au sol. Je fais tout pour me retenir de rire. Non mais avouez qu'elle sort des putains d'expressions quand elle est énervée, on peut pas dire le contraire hu. "Ouah, j'ai envie de faire bouffer de la merde décomposée à toute l'humanité pour apaiser ma colère !" Donc ouais, je me retiens de rire. Elle soupire et se lève, nettoyant sa merde comme elle peut, et attrapant le rideau pour essuyer le rhum. Je ne peux m'empêcher de pouffer.

"Bôh, ça devrait faire l'affaire, t'en penses quoi Indi.. J'peux t'appeler comme ça? Question de flemme."

- Azy, la moitié de la Terre finit par m'appeler Indi, alors bon, je déclare en haussant les épaules avant de me redresser. J'crois qu'j'vais te laisser, Aria. L'inspi vient pas, et j'commence à avoir mal au crâne.

Je repousse ma chaise, me levant avant d'attraper mon carnet et mes crayons, les fourrant dans mon sac avec les bouteilles. Tu sais que je commence à croire que t'es pas totalement mauvaise, Indi ? Ben merci. En même temps vaut mieux pas que je me ramène demain en cours alors que j'aurai moitié pas décuvé, les Moonstone risquent de me tomber dessus. La perfection peut être ennuyante, parfois. Enfin bon, quand on y pense, c'est surtout Adrien qu'on risque de regarder, lundi matin. Donc j'pourrais peut-être même me permettre de ne pas bouger mon cul de mon lit demain. J'vois déjà les grands titres "L'un de nos Moonstone les plus populaires cocufié ?" "Les Moonstone tombent bien bas." "Il semblerait que la première place revienne aux Garnet, niveau fidélité." Enfin j'vous raconte pas quoi. Bref.

- Bon, à bientôt Aria, je fais en passant la porte de l'atelier.